Kaboul Requiem

Note: 4/5
(4/5 pour 7 avis)

"Demain, c'est un grand jour, je vais interviewer le leader taliban Siraj Haqqani pour la chaîne britannique Channel 4. Haqqani est un chef de guerre afghan de l'ethnie pachtoune, qui combat les forces américaines ainsi que celles de l’Otan. Il vit dans le Waziristan nord, au Pakistan, où il est suspecté d'héberger des combattants d’Al-Qaïda. Les Américains ont mis sa tête à prix. Dix millions de dollars pour toute information qui mènerait à sa capture."


Afghanistan Consensus sur une BD Documentaires La Boite à Bulles Les petits éditeurs indépendants Séries peut-être abandonnées Témoignages

L'Afghanistan, Sean Langan le connait comme sa poche car il y a réalisé de nombreux reportages, notamment pour la BBC. En 2008, sa femme a beau le supplier de ne pas y retourner, il part tout de même pour interviewer un chef pachtoune taliban, combattant les forces de l'armée américaine ainsi que les forces de l'Otan. Mais à peine arrivé en zone tribale pakistanaise, lui et son fixer se font kidnapper. Désormais, leur vie ne tient plus qu'a un fil ... Au travers du témoignage de Sean Langan, Nicolas Wild, l'auteur de Kaboul Disco et de Ainsi se tut Zarathoustra, porte une nouvelle fois un regard décapant et plein d'humour sur la réalité afghane.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Novembre 2018
Statut histoire Série en cours (Deuxième tome prévu sous le nom Kaboul Tango) 1 tome paru
Dernière parution : Plus de 3 ans

Couverture de la série Kaboul Requiem © La Boîte à Bulles 2018
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 7 avis)
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28/01/2021 | gruizzli
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Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Voilà encore une belle surprise de Nicolas Wild que j’ai découvert avec Kaboul Disco. On revient en Afghanistan, mais cette fois-ci pour raconter l’histoire de Sean Langan, journaliste de la BBC, pris en otage par les talibans. Langan n’est pas un novice dans la région, mais son expérience tourne vite au cauchemar. La BD est bien construite, avec un ton juste et une narration fluide. Les dessins de Wild sont toujours aussi efficaces, simples mais expressifs, apportant un peu de légèreté à un récit autrement sombre. On retrouve quelques touches d’humour, mais l’atmosphère est beaucoup plus tendue que dans Kaboul Disco. Le récit de la captivité est entrecoupé de flashbacks, ce qui permet de respirer un peu dans cette histoire oppressante. On ressent la peur, l’incertitude, et l’absurdité de certaines situations. L’album n’est pas seulement un témoignage sur la dureté du métier de reporter de guerre, c’est aussi une réflexion sur la vanité de certaines ambitions et sur la difficulté de retrouver une vie normale après avoir vécu l’horreur. Nicolas Wild prouve une cette fois qu’il sait capter la complexité de la situation afghane avec un regard nuancé et sans jugement hâtif. C’est une BD marquante, qui montre la maîtrise de Wild à la fois dans le dessin et dans la narration. Une lecture qui mérite l’attention.

21/08/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

Excellent cet album !! C’est par son intermédiaire que je découvre le travail de Nicolas Wild, je vais volontiers me pencher sur ses autres productions, tant il m’a conquis ici. De la BD documentaire extrêmement bien troussée, l’auteur semble s’être fait une spécialité de cette région du monde. Dans le cas présent, il s’associe à un journaliste de la BBC pour retranscrire son témoignage chez les talibans. C’est vraiment bien raconté, j’ai particulièrement apprécié le ton et la narration de l’auteur, je n’ai pas lâché l’album. De la rencontre fortuite dans un avion, présentation de notre journaliste, flash-back, expériences afghanes …150 pages d’une belle densité remplies d’anecdotes plus ou moins truculentes (l’accoudoir, CIA, le nanewatay, le coup du pétard, le 1er feu tricolore de Kaboul …). Un récit dur mais que l’auteur arrive à rendre « léger » par son trait tout en rondeur, instructif dans le fond et qui ne cache pas les conséquences. Malgré une issue heureuse, Sean Langan aura du mal à se refondre dans la vie moderne. S’enfuir m’avait endormi, Kaboul requiem m’a captivé.

04/11/2023 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5
L'avatar du posteur Benjie

Le hasard d’un vol en direction de l’Argentine, met Nicolas en relation avec Sean, un reporter de la BBC. Quelques mois plus tôt, Sean a été envoyé à la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan pour réaliser un scoop : interviewer un chef taliban dans une région soupçonnée d’abriter Al-Qaeda. Mais la mission tourne au drame, et le journaliste et son fixeur sont pris en otages. Le temps du vol, Sean raconte son histoire. A nouveau basé sur des faits réels, Nicolas Wild revient sur le terrain afghan mais cette fois avec moins d’humour et plus de tension dans les situations. Mission ambitieuse, prise d’otages, détention difficile et dégradante pour les otages, libération et inadaptation à revenir à une vie normale. J’avais énormément aimé Kaboul Disco et je me suis plongé avec envie dans ce nouveau récit même si cette fois, c’est Sean qui est le sujet du scénario. La dimension reportage de cet album apporte des détails intéressants sur le travail du journaliste, ses ambitions, ses dangers et finalement sa dure réalité. Le dessin est toujours aussi convaincant, l’ambiance est là, la découverte des traditions pachtounes est très intéressante et la période de détention intelligemment traitée. Encore un bon roman graphique de reportage.

01/10/2023 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Nicolas Wild fut probablement la rencontre idéale pour Sean Langan afin de transcrire sur papier sa terrible expérience de captivité chez les Talibans. En bon connaisseur de la vie afghane (voir Kaboul Disco), Nicolas Wild était l'homme de la situation pour délivrer un Sean Langan de sa prison psychique. J'ai lu Kaboul requiem comme une catharsis pour journaliste occidental un peu présomptueux. Contrairement aux autres récits de Nicolas Wild, l'auteur ne vit pas directement la situation. Pourtant je trouve que son déroulé du récit est d'une grande limpidité et permet de suivre la captivité de Langan presque de l'intérieur. Wild entrecoupe la sécheresse de l'emprisonnement des deux hommes (avec le fixeur) avec des épisodes flashback sur la carrière de Langan ou sur sa vie de famille ce qui permet des espaces de respiration dans cette atmosphère si confinée. Car si on connait le dénouement de la captivité, au moins pour Langan, dès le début du récit, Wild réussit à créer une ambiance d'angoisse telle que l'on est captif du récit et que l'on attend chaque décision des Talibans avec autant de frayeurs que les otages. Je trouve que c'est vraiment très bien fait et Wild confirme son excellence de série en série. Wild n'intervient pas ou presque dans le récit. Or l'auteur aime à se mettre en scène le plus souvent dans l'autodérision pour décrisper des récits souvent très lourds. Dans Kaboul Requiem il introduit quelques scènes, l'interview sur les pets ou le pétard de Langan, à valeur humoristique pour détendre la lecture. Cela a marché plus ou moins dans mon cas (je n'ai pas aimé la scène du pétard). J'ai beaucoup aimé le soin apporté à la description psychologique des principaux intervenants. Pas de manichéisme ni de jugements hâtifs des uns ou des autres, on a vite de l'empathie pour Nour Khan qui garde les prisonniers chez lui. C'est aussi un récit sur la vanité des ambitions : l'interview de Siraj Haqqani, vécue comme un grand jour par Langan, n'aura jamais lieu et ses employeurs sont déjà passés à " Happy days" avec Fonzie (de la variété). Pour finir, je trouve que le graphisme de Wild devient de plus en plus abouti au fil des séries. Ici ses extérieurs sont vraiment très détaillés, son trait devient plus souple ce qui enjolive les détails statiques et améliore l'expressivité de la gestuelle de ses personnages. Par exemple la dégradation physique de Langan est saisissante et très réussie. Nicolas Wild continue à nous livrer de très bonnes séries. Une lecture captivante pour qui aime ce genre.

09/09/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

On retrouve Nicolas Wild et le pays qui lui est devenu cher, l’Afghanistan, dans ce qui pourrait être une suite de l’excellent Kaboul Disco. Sauf qu’ici Wild ne fait que mettre en image (en participant bien entendu à la « scénarisation ») le témoignage d’un reporter de guerre anglais, rencontré par hasard. Wild n’apparait que dans 2 ou 3 cases, lorsque la route de ce reporter, Sean Lagan, a croisé la sienne à Kaboul (on retrouve ainsi une ou deux scènes de Kaboul Disco présentées sous un angle différent). Comme pour Kaboul Disco, la narration et le dessin de Wild sont fluides et agréables, la lecture est vraiment sympathique et recommandable. Le contexte a quelque peu changé, la tension a monté, et les talibans font monter la pression. Mais, si j’ai bien aimé cette lecture (l’album attend peut-être encore une suite), je l’ai trouvé un chouia moins bien que Kaboul Disco. Peut-être le fait que Wild soit lui-même moins présent, et que donc l’autodérision joue moins, l’humour est un peu moins utilisé (même s’il y en a quand même et que certains passages sont très amusants – dans un contexte qui l’est pourtant beaucoup moins !). Bon, ces bémols étant évoqués, ça reste quand même une lecture très plaisante, et je continuerai volontiers à lire les aventures de Nicolas Wild en Afghanistan, qu’elles aient lieu par procuration ou non. Note réelle 3,5/5.

09/03/2022 (modifier)
Par Alix
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Alix

J’ai trouvé cet album remarquable. Il se détache vraiment de la série phare de Nicolas Wild, Kaboul Disco, dans le sens où Nicolas raconte cette fois ci les déboires d’un autre : Sean Langan, journaliste de la BCC, kidnappé par les talibans en 2008… et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’on ne s’embête pas pendant les 160 pages de ce récit. On retrouve l’humour de Kaboul Disco (le passage sur les feux tricolores m’a littéralement fait exploser de rire), mais de manière générale l’histoire est quand même assez dure et édifiante, et la tension monte vraiment sur la fin (je ne connaissais pas l’issue de cet incident avant ma lecture). Le portrait brossé n’est certes pas spécialement original (on le sait que les Talibans sont des sauvages que même les Afghans détestent) mais la piqure de rappel fait quand même du bien. Au passage on en apprend beaucoup sur la culture Afghane, la vraie (cuisine, mœurs etc.) Un excellent moment de lecture : instructif, prenant et rempli d’humour. Je lirai certainement la suite (notez que ce premier tome se lit indépendamment).

12/02/2021 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Je me suis rendu compte hier soir que cette série n'avait pas été avisée sur BDthèque, et je me suis empressé de le faire. Parce que Kaboul Requiem, de Nicolas Wild, est un opus supplémentaire de l'auteur à propos de ce petit morceau du monde appelée Afghanistan et dont il explore l'histoire et les enjeux. Nicolas Wild parlait déjà, dans Kaboul Disco, de faire une suite à ces deux opus sur ses années de travail dans un pays très connoté, et cette suite se présente comme le témoignage du journaliste Sean Langan, otage des Talibans en 2008. Comme d'accoutumé, Nicolas Wild explore le récit en commençant par sa rencontre avec le journaliste, puis le récit de celui-ci, entrecoupé de flashback de ses différents voyages en Afghanistan et l'évolution qu'il connut du pays. C'est un témoignage qui a quelques notes étonnantes, notamment dans les conflits intérieurs aux différentes communautés afghanes et talibanes. Comme à chaque fois, derrière les conflits se cachent des multiplicités de visions et de volontés qui se heurtent. Pris au milieu d'enjeux, Sean Langan sera otage par principe, et s'en sortira marqué. En lisant le récit, je me suis fait la réflexion qu'il serait intéressant de le mettre en parallèle du récit de Guy Deslile, S'enfuir, qui parle du même sujet dans un contexte bien différent. Si je suis généreux avec la note, c'est que Nicolas Wild arrive aussi bien à rajouter de l'humour dans son récit, par des notes amusantes (un pachtoune ne pète pas !) et des situations assez cocasses, lorsqu'on les voit de l'extérieur (rencontrer un mollah puissant alors qu'on est défoncé, par exemple). Mais surtout, il arrive à faire sentir le poids de la captivité, et aussi celui de la situation en constante évolution de l'Afghanistan. Les récits de Nicolas Wild arrivent bien à mettre en lumière la façon dont l'occident intervient dans ce pays, par la guerre et l’acculturation qui ne marche pas (le feu rouge à Kaboul), tout en dénigrant des solutions concrètes que des acteurs sur place veulent réellement installer. Plusieurs séquences montrent notamment les femmes et leur combat pour s'émanciper dans une société extrêmement oppressive envers elle. Et de voir d'ancien Talibans ouvrir une école de conduite pour femme ... Ça surprend, mais ça donne une image de la complexité du propos. Si le premier tome se finit sur un appel à la suite, je suis impatient de découvrir ce que Nicolas Wild nous concoctera maintenant que son otage est libre. Mais vu ce que l'auteur nous présente et nous pond à chaque volume, je suis très optimiste pour la suite. Nicolas Wild nous offre encore et toujours des précisions sur la complexité du cas Afghan, aujourd'hui relégué à des banales phrases d'un JT lorsqu'on se souvient qu'il existe et que l'actualité lui laisse la place. Ce genre de BD me plait à la fois par son humour, toujours bienvenu, par le traitement de ses sujets, au plus proche, et par l'information qu'elle délivre. A force de me renseigner dessus, je comprends de plus en plus tout ce qui a été joué (et se joue encore) dans l'Afghanistan. L'histoire de ce pays est tragique, jusqu'à aujourd'hui. Et découvrir les dessous est toujours un moyen de comprendre la complexité du monde.

28/01/2021 (modifier)