A Fake Story (d'après le roman de Douglas Burroughs)
Festival Polar de Cognac 2021 : Prix Polar du meilleur one shot ou diptyque de BD Dans le récit de Laurent Galandon, afin « d’échapper au massacre des Martiens », un homme tue sa femme et tire sur son fils avant de se suicider. Un ancien journaliste vedette de CBS, Douglas Burroughs, va mener l’enquête. Il en fera un livre. A Fake Story pose la question du vrai et du faux avec un art consommé, dans une enquête policière réjouissante.
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Le 30 octobre 1938, Orson Welles met en ondes, sur CBS, la Guerre des mondes de H. G. Wells, racontant l’attaque de la Terre par des extra-terrestres. C’est la panique ! « Une fausse guerre terrifie tout le pays », titrent les quotidiens du lendemain.
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Date de parution | 13 Janvier 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
« A Fake Story » est tout d’abord une enquête policière prenante, sur fond de racisme dans les USA des années 30… Douglas Burroughs mène l’enquête, et la version officielle des évènements laisse peu à peu place à des motivations beaucoup plus sombres. La révélation finale est bien amenée, logique et satisfaisante. Enfin, la mise en image de Jean-Denis Pendanx est absolument magnifique (même si je note un lettrage pas toujours très lisible). Et puis… page 85 arrive le « fameux » épilogue (dont parle Mac Arthur dans son avis) qui vient tout chambouler, avec une mise en abyme intéressante qui encourage le lecteur à faire ses propres recherches sur les faits, et propose une réflexion pertinente sur les « fake news » et notre capacité à croire l’incroyable du moment qu’on « fait confiance » à la source d’information. Difficile d’en dire plus, mais cet épilogue est assez fort, même si je ne l’ai pas trouvé d’une clarté limpide (j’ai dû en discuter avec Mac Arthur pour m’assurer que j’avais bien tout compris). Un album à lire, sans aucun doute… ne serait-ce que pour l’enquête palpitante. L’épilogue, lui, est la cerise sur un gâteau déjà bien appétissant !
AVERTISSEMENT : Si vous voulez profiter au mieux de la lecture de cet album, ne lisez RIEN à son sujet. Faites juste confiance à ceux qui vous diront que c’est un très bon polar typé « années 40 » doublé d’une réflexion sur la crédulité du public face au pouvoir des médias. Donc, s’il vous plait, si cet album vous tente, ne lisez pas mon avis !!!! Ceci dit, les auteurs de ce récit sont de magnifiques salopards ! Je le dis avec respect et même admiration mais ce sont tout de même deux salopards magnifiques… j’y reviendrai. « A Fake Story » se présente comme un récit policier à l’ambiance typique du polar américain de l’entre-deux-guerres. Son personnage pivot, Douglas Burroughs, un ancien journaliste qui s’est tourné vers l’écriture, accepte de rempiler pour une enquête sur le terrain à la demande de son ex-patron, responsable de la chaîne de radio CBS. Douglas Burroughs, c’est aussi le nom de l’auteur du roman dont est tiré ce récit, et le personnage y gagne encore en mystère. Ce récit est-il tiré d’une histoire vraie ? Ou Douglas Burroughs s’est-il mis en scène dans une fiction ? Dès l’entame du récit, nous sommes donc plongés au cœur d’un jeu de dupe, dans lequel vérités et mensonges sont savamment associés pour créer une nouvelle réalité. C’est le principe même des fake news, d’ainsi mêler des éléments tangibles et des affirmations gratuites ou carrément fausses. Et les auteurs poussent encore le jeu plus loin puisque toute l’intrigue va se construire sur les cendres d’un des canulars les plus célèbres de la radio : l’adaptation radiophonique d’Orson Welles du livre de H.G. Wells « La Guerre des Mondes », une adaptation tellement crédible qu’elle avait créé un mouvement de panique aux Etats-Unis, les auditeurs prenant l’émission en cours de route étant convaincus que les Martiens avaient bel et bien débarqué sur notre chère planète. Sur cette base, historiquement solide (l’émission d’Orson Welles, le mouvement de panique qui en a résulté) se développe une enquête policière prenante dans laquelle Douglas Burroughs va devoir séparer le vrai du faux pour enfin découvrir la vérité. Cette enquête est également l’occasion de peindre cette Amérique de 1938, avec son racisme ordinaire, la montée en puissance des médias, la fascination pour les armes à feu. Franchement, le contexte est fabuleux, les personnages sont crédibles, l’enquête offre plus d’un rebondissement. Et le dessin de Jean-Denis Pendanx apporte toute l’atmosphère attendue. Si ces planches avaient une odeur, on humerait des effluves de vieux cuir mouillé et de cendres de cigarette. Pour un amateur de polar noir des années 40, c’est un pur régal. Et par-delà l’aspect policier du récit émerge une réflexion sur le pouvoir des média et sur la crédulité du public, prêt à prendre pour vraie n’importe quelle affirmation pourvu qu’elle vienne d’une source qui lui inspire confiance. A peine terminé cette lecture, j’ai voulu en savoir plus sur Douglas Burroughs et sur ce fameux roman. Certaines révélations offertes par la bande dessinée me paraissaient bizarres ou maladroites, ce qui ne faisait encore qu’accroître mon intérêt pour ce romancier journaliste… Et là, je me suis dit que Laurent Galandon et Jean-Denis Pendanx étaient deux salopards magnifiques… et je les en remercie. Franchement bien ! Et je suis très heureux d’avoir lu cet album avant même d’en avoir entendu parler. J'espère sincèrement pour vous que ce sera également votre cas et que vous ne lirez mon avis qu'a posteriori.
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