Dessiner encore
La dessinatrice Coco raconte "son" Charlie Hebdo et son traumatisme.
Attentat contre Charlie Hebdo Autobiographie Douleurs intimes La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Terrorisme
« Seule dans le cabinet du psycho-thérapeute, j'essaie de mettre des mots sur l'indicible. L'attentat terroriste du 7 janvier 2015 tourne en boucle dans ma tête. La prise d'otage. Les tirs. Le silence. Les images. Comment expliquer l'effroi ? Pourquoi est-ce que je me sens si coupable ? Qui pourra comprendre l'extrême solitude qui m'a traversée ce jour-là ? J'explore un brouillard épais de sensations, d'émotions, de doutes. Les souvenirs, parfois, sont rendus flous par le choc traumatique. Je rencontre des morceaux de mémoire abîmés, incomplets. Tout est épars. Je tente de reconstituer l'après. Retrouver les vivants. Trouver la force de continuer malgré le traumatisme. Faire le journal dans le chaos et le deuil. Et dessiner... Je ne suis pas morte. Je ne suis pas blessée. Et pourtant quelque chose s'est fracturé. Je vis avec. Avec ce « 7 », lourd à porter, aussi écrasant que mon sentiment d'impuissance face aux deux djihadistes surarmés. Je dessine pour ne plus penser au « 7 ». Tout fout le camp en moi mais le dessin résiste. Alors je dessine et je dessine encore. »
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Date de parution | 11 Mars 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
C'est difficile de noter un ouvrage comme celui-ci (et comme Catharsis d'ailleurs). C'est un ouvrage plein d'émotions, bien sur, dans lequel on se rend compte de l'impact et l'ampleur des attentats de 2015. Ce sont des BD chargées en émotions (et qui rappelle l'impact des attentats sur les victimes, comme dans Après le 13 novembre), mais qui sont aussi des comptes-rendus de la vie dans un journal satirique, son intégration dans la rédaction et les valeurs que celui-ci véhiculait. Il est difficile de critiquer un tel ouvrage : c'est de l'ordre du ressenti, avec également une importance que chacun aura ou non de l'information sur Charlie Hebdo que la BD véhicule. Ainsi que l'autobiographie de l'autrice qui raconte la façon dont elle y est rentrée et comment cet évènement fut difficile à surmonter (on la comprend). Personnellement j'ai bien aimé, surtout lorsque Coco présente son premier reportage et le rappel de ce que fut Charlie Hebdo dans le paysage médiatique de ces années-là : une voix dissonante et méchante, contre une bêtise crasse. La BD est un mélange du style visuel de Coco, avec des aquarelles et des ombres énormes qui parsèment les pages, métaphore de son étouffement et de ses angoisses. C'est visuel, comme l'a fait Luz d'ailleurs, mais c'est fluide et lisible. Pour ceux qui s'attendrait à des difficultés puisque le passage de la caricature à la BD n'est pas forcément simple, soyez rassuré, c'est bel et bien un objet de BD qui est là. Je n'ai pas grand chose à en dire, et en fait j'aime mieux ne pas trop me prononcer. Cette BD est personnelle, violente et difficile, mais en même temps un rappel salutaire d'à quel point l'obscurantisme doit être combattu tout le temps. Et que tout les censeurs, tout les conservateurs, tout les rétrogrades n'ont pas de fusils dans les mains, juste des mots. Heureusement, on a le rire !
Mon troisième album d'un des survivants de Charlie Hebdo qui raconte son expérience que je lis et je le mets en deuxième position juste après celui de Luz (Catharsis) et cela m'a bien mieux convaincu que La Légèreté de Catherine Meurisse. J'avais tout de même un peu peur au début parce que toute la partie où Coco raconte les traitements psychiatriques qu'elle prend n'est pas intéressante. C'est vraiment lorsqu'elle a raconté la journée de l'attentat que j'ai commencé à trouver l'album intéressant à lire. C'est le problème de l'album, ce n'est pas structuré (on dirait presque que l'autrice a dessiné au hasard selon les souvenirs qui lui venaient en tête) et du coup il y a des parties que j'aime bien et d'autres non. Le dessin est très bon. À la fois dynamique et expressif, on ne dirait pas que la dessinatrice fait surtout du dessin de presse parce qu'elle maitrise bien l'art séquentiel contrairement à d'autres qui ont la narration lourde et parfois illisible lorsqu'ils doivent décrire une action sur plusieurs cases.
Une sacrée brique cet album, une thérapie par le dessin de la part de Coco protagoniste et témoin directe des attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo. Continuer à dessiner pour ne pas donner raison à ceux qui veulent faire taire la caricature, mais aussi pour perpétuer la tradition de tous ces aînés qu'elle a côtoyé dans cette rédaction. L'auteur fait part des différents moyens qu'elle a tenté pour faire face au choc après cette affaire, la culpabilité qui la mine et toujours ce sentiment de se faire submerger comme on le voit dans de nombreuses planches. Elle raconte aussi pas mal d'anecdotes avec les dessinateurs disparus. On sent beaucoup de tendresse, de tristesse bien sûr pour un événement qui la marquera à vie.
Deuxième BD d'une victime des attentats de Charlie Hebdo que je lis, j'ai préféré celle-ci à La Légèreté car elle m'est apparu plus pragmatique et instructive. Je suis difficilement sensible aux récits qui touchent à l'émotionnel et j'ai souvent tendance à préférer l'aspect informatif des faits authentiques ou autobiographiques. C'est le cas ici car Coco est elle-même très réaliste et elle analyse avec un certain détachement tant son propre ressenti que les comportements de ceux qui l'entourent. Pour autant, elle n'évite pas d'être elle-même noyée par l'émotion, mais elle réussit à la retranscrire de manière claire, à l'expliquer à ceux qui ne savent pas ce que c'est que de ressentir un tel traumatisme. Même si son graphisme est celui des dessins de presse type Charlie, elle sait faire preuve d'esthétisme. J'aime la profondeur du bleu de ces vagues qui la submergent, et j'aime la clarté du reste de sa mise en scène. J'ai apprécié ce pragmatisme et cette clarté de la mise en scène des faits, de la vie des membres de Charlie Hebdo avant et après le drame, et la pudeur et l'efficace sobriété du récit du moment clé de la tragédie. J'ai aimé en apprendre plus sur comment les choses se passaient pour les auteurs du journal, les différentes épreuves qu'ils ont affrontés face à ceux cherchant à réprimer leur liberté d'expression et qui, au bout de plusieurs années, ont abouti aux fameux attentats. Et le pic émotionnel a été pour moi atteint dans cette fameuse réunion de clôture qui a eu lieu à peine trois jours après le drame et elle m'a permis de réaliser à quel point cette couverture avec le fameux "Tout est pardonné" était forte, autant dans son message que dans ce qu'il impliquait pour les auteurs du journal. Par contre, dans l'ensemble, l'album manque un peu de structure et cela se ressent sur son dernier tiers où j'ai un peu décroché et où j'ai senti quelques redites dans les propos. C'est ce qui m'empêche de trouver cet album vraiment bien.
Un album d’une force incroyable qui confronte le lecteur au traumatisme dont Coco, de son vrai nom Corinne Rey, dessinatrice à Charlie Hebdo, est victime après les attentats. Le 7 janvier 2015, la jeune dessinatrice est prise en otage par des terroristes qui l’obligent à ouvrir la porte de la rédaction de Charlie. Et là, elle assiste au massacre de ses amis. La scène est terrible et le bilan humain effrayant. Depuis ce jour, Coco est en état de choc post traumatique, elle y est aussi submergée par une culpabilité tenace qui s’ajoute à son mal-être. Graphiquement, elle formalise cette submersion en dessinant d’énormes vagues bleues qui font immédiatement penser à l’estampe d’Hokusai (la Grande Vague de Kanagawa) et qui l’emportent. Entre récit chronologique des événements, autoanalyse de ses sentiments et angoisses qui la poursuivent obsessionnellement, Coco tente de trouver la bonne thérapie pour s’en sortir. L’album est d’autant plus émouvant que la dessinatrice raconte aussi les jours heureux, les jours d’avant où tout le monde s’engueulait joyeusement ! C’est vraiment un album à lire.
Dessiner encore, ou comment continuer de vivre après ce traumatisme insurmontable qu'a vécu son auteur. Et on peut en effet se poser la question de savoir si ce livre est plus pour les lecteurs ou pour son auteur ? Pour faire oeuvre de devoir de mémoire, livrer un témoignage de première main, ou pour justement évacuer ces souvenirs infiniment douloureux ? Ce livre raconte de nombreux souvenirs. Avant l'attentat et après. Il parle de l'horreur de ce moment d'infamie, des séquelles, de Charlie et de ces personnages, amis ou collègues, tombés ou survivants, des tentatives pour surmonter l'insurmontable, de détails de la vie de ces personnes assassinées, et de la vie qui continue malgré tout. L'histoire n'est donc pas très construite. Et l'album commence par une séquence sur l'EMDR peu sympathique qui ne donne pas envie de l'aimer. C'est seulement après, avec monsieur Jean, que commencera vraiment l'histoire. Les pages concernant l'attentat sont juste glaçantes. Coco arrive à faire passer par le dessin l'indicible, et je pense avoir eu les yeux écarquillés pendant de longues minutes. Au final ce témoignage est fort, et je suis content de l'avoir lu. Mais je ne pense pas le relire. Note réelle : 3,5 / 5.
7 janvier 2015... Les frères Kouachi pénètrent dans l'immeuble qui abrite la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo. Au même instant la dessinatrice Coco quitte ses camarades pour aller chercher sa fille. Près de la sortie elle rencontre les deux terroristes. Sous la menace d'un fusil mitrailleur, elle va les mener à eux. On connaît la suite. L'horreur absolue. Coco restera prostrée des semaines, aura l'impression de ne plus vivre, terrassée par le chagrin, comme une suite de déferlantes qui ne s'arrête jamais. Elle va pourtant suivre une thérapie, et même plusieurs, avant de remonter, doucement, la pente. C'est l'histoire de ce traumatisme, de sa longue rédemption, qu'elle nous raconte dans ce livre, émaillée de souvenirs savoureux de sa collaboration avec quelques figures disparues du journal, comme Cabu, Wolinski, Charb, Tignous... Il en résulte un livre poignant, fort, douloureux, l'un des plus sincères et puissants sur ce choc que fut (et reste) l'attentat contre Charlie hebdo, que Coco, caricaturiste, a su mener à bien seule, avec son style simple mais très évocateur, ses caricatures tendres envers ses amis tombés face au terrorisme, livrant au passage des mots forts au sujet du journalisme, de la censure, de l'obscurantisme, retraçant d'ailleurs la chronologie des évènements depuis l'affaire des caricatures de Mahomet. Essentiel. Comme son besoin de dessiner encore et encore pour exorciser sa colère, sa haine, sa tristesse et sa peur.
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