Viravolta
XVIIIème siècle : le meilleur espion du royaume de France est Vénitien
1643 - 1788 : Au temps de Versailles et des Lumières De cape et d'épée Histoires d'espions Séries avec un unique avis Venise Versailles
1756, ancien agent secret de la République de Venise, Pietro Viravolta, fine lame du royaume, est surnommé "l'Orchidée Noire" ; il est obligé de fuir Venise et se rend à Versailles pour entrer au service du roi Louis XV. Le soir de son arrivée, le roi est victime d'une tentative d'assassinat. La mission de Viravolta est alors d'enquêter et de démasquer les commanditaires de cet attentat qui pourrait être l'oeuvre de membres d'un cercle occulte, le Parlement de l'Ombre, qui semble avoir pour dessein de renverser le royaume de France. Viravolta doit jouer double jeu en s'infiltrant au sein de cette société secrète.
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Date de parution | 19 Septembre 2018 |
Statut histoire | Une histoire par tome 2 tomes parus |
Les avis
Arnaud Delalande lance presque simultanément 2 séries proches ayant pour cadre le règne de Louis XV au XVIIIème siècle, l'autre étant Le Chevalier d'Eon (Glénat) que j'ai présentée il y a peu. Le héros a déjà fait l'objet d'une série de romans de Delalande à partir de 2006, et que je n'ai pas lus, je n'ai donc pas de moyens de comparer, mais peu importe, dans le cas présent, je me borne au héros de BD que le scénariste lance dans des aventures inédites, il ne s'agit pas d'une adaptation des romans. C'est une saga de cape et d'épée qui lorgne vers Le Scorpion et qui a pour ambition d'en proposer une alternative, évoluant entre Histoire officielle, aventure et espionnage. J'aurais pu classer la Bd dans le genre aventure car les péripéties sont très aventureuses, mais l'aspect historique est tout de même très présent, et l'avantage est de proposer un récit complet par tome. Dans ce XVIIIème siècle un peu difficile pour la monarchie française, où le mécontentement gronde de façon sourde, et où la diplomatie est complexe, les complots se multiplient pour déstabiliser le royaume, le récit est plein de rebondissements et de péripéties, avec un côté romanesque propre à cette époque, où pièges, duels, traquenards, rencontres de grands personnages comme Casanova, se succèdent. La Bd me rappelle ainsi les films de Jean Marais, elle est assez typée années 60 par son traitement, et sur un plan plus récent, elle rappelle aussi la série télé Nicolas Le Floch. Delalande tisse des ficelles classiques à partir de faits historiques qu'il intègre à une trame aventureuse autour d'un beau héros capé de noir, bretteur renommé et séducteur impénitent. Dans le tome 1, le scénariste relie l'attentat de François Damiens sur le roi le 5 janvier 1757 à une extrapolation plausible puisqu'on n'a jamais trop su si Damiens avait agi seul ou s'il avait été le bras armé des jansénistes ou peut-être d'une assemblée de nobles ulcérés par la politique indolente de Louis XV. Le roi ne fut que légèrement blessé par un pauvre canif, la lame ayant glissé sur sa pélerine, mais Damiens fut horriblement torturé pour lui arracher des aveux alors qu'il avait seulement voulu "rappeler le roi à ses devoirs". Le pouvoir pensait que des complices haut placés avait pu lui dicter cet attentat ; les historiens modernes ont évoqué le geste d'un exalté. En tant que régicide, Damiens fut écartelé en place de Grève le 28 mars 1757 devant une foule immense. On rapporte que le matin de son exécution, il se serait écrié : "la journée sera rude". Dans le tome 2, Viravolta est envoyé aux Provinces-Unies afin d'intercepter un agent ennemi ; il sagit là d'un récit brodant sur l'alliance franco-russe afin d'empêcher Frédéric II de Prusse d'étendre son hégémonie sur l'Europe. La partie est assez complexe et bien ficelée. La différence avec le chevalier d'Eon réside dans le fait que ce dernier était plus dans une manoeuvre de diplomatie, alors que Viravolta est un agent de terrain qui aime l'action. Comme on le voit, Delalande a su éviter l'écueil de perdre le lecteur dans des récits trop touffus et incompréhensibles avec plein de sous-intrigues qui souvent alourdissent une narration. Le tout est habilement conduit, malgré des dialogues abondants. L'ensemble est parfaitement illustré par une partie graphique de très belle tenue ; j'avais déjà apprécié le dessin d'Eric Lambert sur Le Dernier Cathare, c'est un dessin précis et soigné, avec des décors d'une richesse inouie et de superbes costumes, où Lambert excelle à reproduire des édifices aussi bien à Venise qu'à Versailles, dans une splendide restitution d'un XVIIIème siècle plus vrai que nature et fort bien documenté. Je regrette juste que l'attentat de Damiens sur le roi soit montré de façon trop économique, mais c'est pas bien grave. Voila donc des aventures passionnantes où je me suis autant régalé que sur Le Chevalier d'Eon (Glénat).
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