Et on tuera tous les affreux
Quand Vian pastiche tous les genres...
Adaptations de romans en BD Auteurs argentins Boris Vian Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Jean-David Morvan
À Los Angeles, Rocky Bailey est un bellâtre, la coqueluche de ces demoiselles. Et pourtant, il se refuse obstinément à elles, désirant conserver sa virginité jusqu’à ses vingt ans. Mais un soir, il est drogué et enlevé par le docteur Schutz qui tente de le forcer à réaliser une singulière expérience : faire l’amour à une magnifique jeune fille ! Incapable de s’y résoudre, Rocky décide ensuite de mener une enquête avec son nouvel ami Andy Sigman, chauffeur de taxi, sur le diabolique docteur Schutz et ses expériences suspectes...À la différence des autres œuvres signées Vernon Sullivan, écrites dans le plus pur style des romans noirs américains de l'époque, Et on tuera tous les affreux est un pastiche burlesque, tour à tour angoissant et hilarant. Un cocktail détonnant de meurtres, de courses poursuites, d’expériences abominables et, au grand désespoir de Rocky, de filles... (site éditeur)
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Date de parution | 06 Janvier 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Tiens, je savais pas que Boris Vian avait écrit des polars sous-pseudonyme (quoique je connaissais de nom le plus connu, J'irai cracher sur vos tombes et son adaptation en film qui je pense a été retitré en J'envoie l'auteur dans sa tombe). Comme souvent avec cet auteur, il faut s'accrocher pour rentrer dans un univers délirant et justement je n'ai pas accroché. Pourtant, l'idée général est marrante sauf que le coté parodique de l'œuvre ne m'a pas fait rire, en partie parce que je ne trouve pas que le dessin soit assez humoristique pour ce genre d'histoire. Ajoutant que les personnages ne sont pas très attachants, le personnage principal est même une vraie tête à claque que j'avais envie de frapper chaque fois qu'il souriait. Bref, une œuvre spéciale qui n'était pas fait pour moi.
Ce polar de Boris Vian écrit sous son pseudo de Vernon Sullivan, est insolite et très atypique dans sa trame et son déroulement. N'ayant jamais lu ce roman, je ne sais si cette adaptation y est fidèle, je me base uniquement sur mon ressenti sur cette Bd. Le scénario de Morvan joue énormément sur le second degré et la sensualité, voire même l'érotisme. On peut même dire que c'est imprégné d'un érotisme roublard et un peu racoleur, ce qui ne m'étonne guère de la part de Boris Vian, car ça devait être pour lui une façon d'exorciser certains démons fripons et des fantasmes secrets. Alors, pastiche burlesque de roman populaire ? enquête scientifico-sociale dans une Amérique fantasmée ? expérience de polar parodique rempli de clichés ? oui c'est un peu tout ça à la fois, rien n'est vraiment sérieux, et l'ensemble est totalement inclassable. Le récit bénéficie du talent du prodige argentin Ignacio Noé dont le dessin est proprement somptueux ; son trait magique accentue le caractère sexuel et l'anatomie parfaite des corps aussi bien masculins que féminins qui est totalement sublimée, tout comme le sens du mouvement est d'une fluidité extraordinaire. Déja, dans les autres Bd que j'avais lues de Noé, c'était du travail d'artiste, mais là c'est d'une beauté inouïe, c'est le jour et la nuit entre ses bandes érotiques où le trait était massif, plus grossier et très sud-américain (comme dans La Diète), alors qu'ici c'est aérien, lisse et d'une élégance à couper le souffle. Un album surprenant, qui risque de dérouter les amateurs de polars classiques.
Je poursuis ma lecture des adaptations récentes des romans de Vian/Vernon Sullivan avec cet album, qui n’est pas forcément celui possédant le plus fort potentiel (il faut dire que « J’irai cracher sur vos tombes » avait placé la barre bien haut). C’est d’ailleurs le seul roman que je n’avais pas lu (je n’avais lu que les trois « polars »). La première surprise est visuelle. En effet, les deux premiers albums de la collection que j’avais lus avaient un dessin et une colorisation ressemblants, et celui-ci se démarque franchement avec le dessin de Noé, au trait gras, avec sa colorisation elle-aussi très riche. Il accentue en tout cas les expressions, certains sourires béats donnant un petit air décalé à l’ensemble. En tout cas, si cette histoire joue un peu moins sur la violence brute des précédents opus, et plus du tout sur le côté raciste de la société américaine, le côté érotique est toujours bien présent, et là, Noé est bien dans son domaine (pour l’érotisme en général, et la version sexy des années 1950 en particulier – voir Exposition). Comme pour les autres Vernon Sullivan, c’est une démarque de la littérature populaire américaine de l’immédiat après-guerre. Mais ici c’est un gros mélange inclassable : une enquête policière, mâtinée d’une bonne dose de science-fiction (un savant eugéniste veux supprimer les « moches » et créer une race d’hommes et de femmes « canons » - un petit air de L’île du docteur Moreau), de l’aventure, etc. Le tout est traité de façon légèrement parodique (ce qu’accentue le dessin de Noé), même si l’humour n’est pas si loufoque et visible que je l’aurais cru au vu du pitch de départ (le personnage principal, beau gosse souhaitant garder longtemps sa virginité, ou le robot qui balance tout vers la fin possède des ressorts comiques qui auraient pu être encore davantage exploités par exemple). La chute ajoute en tout cas une dernière couche comique à cette aventure visant le second degré. L’aspect SF, mais aussi le déroulé de l’enquête sont souvent improbables, mais l’ensemble ne vise ni le débat éthique sur l’eugénisme, ni l’aventure carrée : c’est du divertissement, un petit pastiche sans prétention. Qui m’a quand même laissé un peu sur ma faim.
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