Les Amants d'Hérouville - Une histoire vraie
Le château d'Hérouville est un véritable condensé des années 70. En y créant ses célèbres studios, Michel Magne découvre l'amour fou, rassemble les plus grands créateurs de l'époque et révolutionne le sens de la fête.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Biographies Les prix lecteurs BDTheque 2021 Musique Photo et dessin Région parisienne
1970. Marie-Claude rencontre Michel Magne, génial compositeur de musiques de films. C’est le coup de foudre. Elle le rejoint dans son château d’Hérouville où Bowie, Elton John et bien d’autres stars se pressent pour enregistrer des disques. Mais le succès attise les convoitises. Derrière le conte de fée, la tragédie se profile. Ce roman vrai révèle le destin inouï de Michel Magne au cœur de la pop culture des années 50 à 80.
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Date de parution | 17 Février 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Grand coup de coeur pour cette BD. Le formalisme très atypique (mélange de dessins et de photos d'époque) et le choix de l' esthétique des dessins m'ont beaucoup plu. C'est moderne, coloré, vif, beau... Et l'aventure que représente ce château et ses occupants est tout simplement incroyable. Je suis heureux d'avoir découvert ce Michel Magne de cette manière là.
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2021. Elle a été écrite par Yann Quellec, avec la participation de Thomas Cadène, dessinée et mise en couleur par Romain Ronzeau. Il s'agit d'un ouvrage d'environ 250 pages. Les auteurs remercient Marcie-Claude Magne pour ses témoignages et l'accès à ses archives, Magali Magne et Serge Moreau pour leurs témoignages, et d'autres pour leur connaissance du château d'Hérouville et de la carrière de Michel Magne. Ils remercient également Bill Wyman, Sempé, Costa-Gavras et Eddie Mitchell pour leurs postfaces si personnelles et généreuses. le tome se termine par une histoire du château d'Hérouville richement illustrée par des œuvres picturales de Michel Magne, et par sa discographie et ses musiques de film. En 1969, un incendie détruit toute l'aile nord du château d'Hérouville, le lieu qui abritait toutes les partitions et toutes les bandes originales du compositeur Michel Magne. Pendant ce temps-là, il se fait attendre à un repas où ses amis sont déjà attablés au restaurant : il fait son entrée par la fenêtre, tout de noir vêtu. Un serveur vient lui apporter le téléphone alors qu'il évoque les Beatles à table. Il reprend le volant de son coupé sport et constate le désastre : toute sa musique, son œuvre entière a brûlé. À l'été 1970, il fait la route au volant de sa Porsche de Paris à Hérouville, et il prend une jeune autostoppeuse : Marie-Claude Calvet, 16 ans. Il en a 40. Il lui laisse son numéro de téléphone. Elle le rappelle avec une copine et il lui propose de passer une journée au château. Il répond à la sonnette en traversant la pelouse dans son tenue moulante noire, avec son doberman à ses côtés. Une semaine plus tard il est chez les Calvet, et explique qu'il souhaite louer les services de Marie-Claude comme baby-sitter pour ses deux enfants Magali & Marin de 9 et 6 ans. Marie-Claude vient s'installer dans une chambre du château. Michel l'invite pour une fête donnée le soir dans le parc. Il y a des dizaines d'invités, un cheval, un batteur, un groupe de jazz. Comme à son habitude, Michel fait l'équilibriste sur une pile instable de chaises. Tout le monde finit habillé dans la piscine. Le lendemain, Michel Magne revient du marché avec le cuisinier Serge Moreau et il lui expose ses projets : bâtir un studio pour réenregistrer tout ce qu'il a perdu dans l'incendie, inviter des artistes à enregistrer en résidence pour couvrir les frais. Serge est sceptique : il n'est pas certain que des artistes accepteront d'enregistrer loin de Paris. Il dit qu'il pense à l'Albatros de Charles Baudelaire. En 1970, le château d'Hérouville comprend une aile gauche à laquelle est accolé le bâtiment du réfectoire, une aile droite, une bergerie, une piscine, une mare, un donjon, une allée végétale, un court de tennis, dans un grand parc. Bientôt es travaux commencent et Marie-Claude s'occupe des enfants, tout en regardant ce châtelain à la belle prestance aller et venir. Les travaux vont bon train, avec des ouvriers, des techniciens, un responsable qui teste le son de chaque pièce en tirant des coups de pistolet. Il ne reste plus à Michel Magne que d'utiliser son Rolodex pour inviter les artistes. Le Château d'Hérouville : un lieu mythique pour les musiciens, mais aussi pour les amateurs de musique pop et rock, ayant investi du temps pour déchiffrer toutes les mentions sur les pochettes d'album. Dans des interviews, les auteurs ont expliqué que leur première intention était de faire revivre ces moments d'enregistrement mythique, avec des artistes en résidence dans un site prestigieux, et des conditions d'hébergement fastueuses. Pour ce faire, ils ont contacté des témoins de cette époque, à commencer par Marie-Claude la veuve de Michel Magne (1930-1984), puis le cuisinier Serge Moreau. Au fil des discussions, leur projet a évolué en intégrant pour une plus grande part la biographie de Michel Magne, et sa relation avec Marie-Claude. Cette dernière leur a confié des archives photographiques dont ils ont incorporé une partie dans leur bande dessinée. le lecteur découvre donc bien plus qu'une simple reconstitution d'une époque disparue, ou que la simple évocation factuelle d'un microcosme artistique, pendant une courte période de 1970 à 1972. L'ouvrage contient des morceaux d'anthologie des fêtes nocturnes où tout le monde termine dans la piscine, au concert gratuit donné par le groupe Grateful Dead le 21 juin 1971 au bénéfice des habitants du village, l'arrivée de Johnny Hallyday avec Sylvie Vartan, le dirigisme de Tony Visconti, etc. le lecteur venu chercher l'ambiance de l'époque et les frasques du milieu en a pour son argent. Romain Ronzeau réalise des dessins dans un registre descriptif, avec des traits de contour un peu lâches, pour des personnages très vivants, et une reconstitution très évocatrice, sans aller jusqu'à une précision photographique. le lecteur peut donc reconnaître des éléments de la vie de tous les jours d'époque, comme les modèles de voiture, ou les tenues vestimentaires. Il peut se projeter dans chaque lieu : l'artiste a effectué un travail de recherche solide pour pouvoir les décrire. Par exemple, il est évident qu'il a étudié les équipements d'un studio d'enregistrement, ainsi que les phases de construction, même si es pages correspondantes donnent une impression d'esquisse rapide. Il met l'accent sur les activités humaines dans chaque endroit, avec un effet irrésistible, par exemple le test de l'acoustique avec un pistolet. le lecteur peut ainsi se projeter dans chaque environnement au milieu des personnes qui l'habitent : les studios du château d'Hérouville, le parc avec sa piscine, les bureaux des studios Davout, les appartements de la bergerie, la plage de Saint Paul de Vence, la place où l'on joue aux boules, le petit appartement parisien, la chambre d'hôpital au Centre Hospitalier du Kremlin-Bicêtre. Le dessinateur représente les personnages avec un bon degré de simplification, parfois une forme de jeunisme. Cela leur confère une vitalité épatante, comme si le lecteur voyait plus leur vie émotionnelle. Il est impossible de résister au charme de Marie-Claude, sans jamais que cela ne devienne malsain, même si elle n'est pas majeure au début du récit. Les artistes célèbres sont facilement identifiables de Johnny Hallyday à Jerry Garcia, en passant par Marc Bolan (T-Rex) Elton John, et Eddy Mitchell, ou Jean Yanne. le lecteur remarque que Michel Magne bénéficie d'un traitement un peu particulier : ni sa pupille, ni son iris ne sont visibles, son regard étant toujours limité à ses sourcils épais. Par ailleurs il dispose d'une silhouette plus athlétique, sans aller jusqu'au culturisme. Il est visible que les auteurs ont souhaité le mettre en scène comme une force plus que comme un être humain, lui donner une discrète aura de mythe. La narration visuelle s'avère très agréable par son entrain communicatif, et sa joie de vivre sous-jacente, ce qui crée un très fort contraste avec l'assombrissement progressif de Michel Magne pendant les dernières années de sa vie. Elle s'avère également très variée : Ronzeau conçoit des plans de prise de vue spécifique pour chaque scène, intègre des photographies à bon escient, ajoute des éléments plus symboliques comme des portées, intègre des respirations avec des pages dépourvues de texte, etc. Arrivé à la page 41, le lecteur découvre un chapitre qui correspond à du texte illustré, et pas à une bande dessinée. Afin de d'ouvrir leur récit, les auteurs ont opté pour cette forme pour évoquer la biographie de Michel Magne (compositeur de 73 musiques de films, musicien, interprète, peintre) en plusieurs chapitres venant s'intercaler au cours de la bande dessinée : pages 41 à 47 Michel fait ses gammes (1930-1950), pages 103 à 111 À l'avant(-garde) 1950-1955 avec 1 dessin de Sempé pour la pochette d'un album de Michel Magne, pages 139 à 146 Les amitiés magnifiques de 1955 à 1960 (avec Françoise Sagan & Juliette Gréco), pages 171 à 175 Magne, star de la musique de films, de 1960 à 1965, pages 197 à 203 : Hérouville s'enflamme de 1965 à 1969. Dans un premier temps, le lecteur peut se demander si c'était bien nécessaire d'alourdir ainsi la bande dessinée, puis il se rend compte qu'il attend ces passages car la personnalité de Michel Magne est véritablement magnétique, et il souhaite en savoir plus sur cet être humain si formidable, cette puissance créatrice inépuisable. Il découvre ainsi progressivement un créateur hors norme, de musique de films mais aussi d’œuvres picturales conceptuelles, d’œuvres d'art modernes (les compositions réalisées avec les bandes magnétiques de ses propres enregistrements), la poursuite d'un rêve devenu inaccessible. Les auteurs réalisent leur hommage sur les années fastes d'enregistrement aux studios d'Hérouville. En revanche, ils ne portent pas de jugement de valeur sur la vie de Michel Magne. Ils ne cachent rien de ses facettes délicates : un mauvais gestionnaire, un individu hanté par une forme de ténèbres, la séduction d'une mineure plus jeune de 24 ans que lui, mais aussi des aspects sous-jacents. Les auteurs ne souhaitent pas s'étendre sur des aspects comme les pique-assiettes, les amis qui le laissent tomber, vraisemblablement l'usage de produits stupéfiant (dimension quasi occultée sauf pour le LSD ajouté à l'insu des invités dans leur boisson à l'occasion du concert gratuit du Grateful Dead), la justice des hommes favorables aux affaires plutôt qu'aux rêveurs. Ils préfèrent développer la création que ce soit directement celle de Michel Magne, ou par l'entremise des poèmes récités par le cuisinier singulier d'Hérouville, Serge Moreau présentant ses plats aux invités en récitant L'albatros de Charles Baudelaire, Colloque Sentimental de Paul Verlaine, À Clymène de Paul Verlaine, ou encore Les caprices de Marianne d'Alfred Musset. le lecteur est laissé libre de penser ce qu'il veut de la vie d'un individu aussi singulier. Il est possible que le lecteur vienne à cet ouvrage avant tout pour profiter de la reconstitution des fastes des conditions de vie des artistes en résidence pour enregistrer aux studios d'Hérouville. Avec le titre, il comprend bien qu'il sera également témoin de la relation amoureuse de Michel Magne, le propriétaire, avec sa compagne Marie-Claude. Il est très vite emporté par l'entrain de la narration visuelle, simple en apparence, riche en profondeur, et par la vie incroyable de Michel Magne. Il a vite fait de ressentir la même fascination que les auteurs, pour cet homme, pour ce créateur à l'énergie folle, et il les en remercie d'avoir fait évoluer une évocation très vivante et précise, en une évocation de sa vie.
J'ai un sentiment mitigé après la lecture de cette série. Perso je trouve le titre est un peu trompeur. En effet si la BD se focalise sur la relation Michel/Marie-Claude et justifie le titre, une grande partie de l'ouvrage revient sur une biographie assez complète du Michel d'avant sa rencontre avec la jeune fille. J'ai donc eu l'impression de lire deux ouvrages différents ce qui nuit pour moi à la cohérence de la narration et à la fluidité du récit. Ainsi les longs épisodes des frasques de Michel avec Françoise Sagan ou ses provocations dans la musique expérimentale n'ajoute pas grand-chose "aux amants" et a alourdi ma lecture jusqu'à la rendre un peu ennuyeuse par moment. J'ai eu l'impression que les auteurs ont voulu rééquilibrer ce "défaut" en ajoutant une multitude de photos presque toutes de Marie-Claude. Perso j'ai préféré ce côté-là. Tout d'abord on ne se lasse pas de voir la beauté naturelle de Marie-Claude à toutes les époques de sa vie. Ensuite par certains détails (les robes, les coiffures, les poses très libres) ces photos apportent beaucoup à l'ambiance 70 du corps du récit. Ado des 70's j'ai donc retrouvé un parfum particulièrement agréable à mes souvenirs. Toutefois je rejoins totalement les commentaires de Mac Arthur sur le côté soft et édulcoré de certains passages. Pour avoir lu et avisé plusieurs ouvrages des grands groupes de rock de ces années on retrouve toujours le cocktail "Sexe, Drogue et Rock'n roll" avec un dosage assez équilibré au tiers. Si le sexe est tout juste suggéré, la partie drogue est complétement omise même dans la fameuse partie des Grateful Dead. Il faut bien lire le commentaire d'une photo de l'épilogue pour retrouver l'épisode du LSD administré en cachette à tous les invités. Que les auteurs transforment cet épisode (aujourd'hui fortement punissable pénalement) en grande fête psychédélique très peace & love comme "un grand moment de communion !"(p67) est assez problématique à mes yeux. Je connais une personne qui a pris une seule fois du LSD à cette époque et qui en paye encore la note. De plus j'ai eu du mal avec les choix chronologiques des auteurs si la période 71-73 est bien centrale, les retours en arrière cassent la fluidité du récit et imposent une fin expéditive en sauts de puces peu approfondis. Finalement cette lecture me laisse perplexe entre un hommage biographique assez hagiographique d'une vie peu commune et un récit intimiste beaucoup plus nuancé. A mes yeux l'équilibre n'a pas été trouvé.
Un peu ennuyé avec cet album. Une lecture fluide et intéressante, servie par un bon dessin et couleur, je trouve que les auteurs ont fait du super boulot. Il propose un bel hommage au lieu, à l’époque et au compositeur, dont j’ignorais tout. Bref une réalisation solide et plaisante, content de l’avoir lu mais à mes yeux, c’est typique de l’album que je ne relis pas, une fois les faits connus, ça perd de l’intérêt. 3,5
Je ne connaissais ni ce château d'Hérouville et son histoire musicale, ni Michel Magne qui eut un parcours de vie tout à fait singulier comme nous le montre ce gros ouvrage. Il faut dire que les compositeurs de films, qui fut une de ses activités, ne sont pas toujours les plus mis en avant. On a une bonne partie des faits qui semble avoir été recueillie directement auprès de Marie-Claude, sa compagne qui était tout d'abord habitante de la commune et la babysitter des enfants de Michel, le nouveau châtelain. Il faut dire que d'après les quelques photos qui parsèment le récit dessiné c'était une très belle femme et Michel Magne ne put y résister, et réciproquement. On nous montre cet homme comme un touche-à-tout musical de génie, un perfectionniste et avant-gardiste incompris qui fit néanmoins fortune ce qui lui permit d'acheter et créer ce lieu dédié à la musique éloigné de Paris. Les fêtes y étaient gargantuesques, beaucoup profitaient de la générosité de leur hôte qui débouchait les meilleurs vins. Cela causera en partie sa perte et l'album conclut sur sa déchéance après les problèmes financiers qui vont le miner. Le livre s'attache à toute la biographie de M. Magne et pas seulement la période du château. Parti de rien et d'origine modeste il côtoya plein de personnalités culturelles de l'époque telle que Françoise Sagan. J'ai lu ça sans déplaisir mais sans emballement non plus. Peut-être un peu trop hagiographique même si les auteurs montrent aussi une face plus sombre vis-à-vis de sa famille.
Je ne connaissais ni Michel Magne, ni ce « manoir », et cet album, en plus de me les faire découvrir, a le mérite de nous faire visiter un pan de l’histoire culturelle et mondaine des années 1950 à 1980. Car Magne a été au cœur d’une certaine agitation, créant un pont entre une certaine avant-garde – qu’il incarnait au niveau musical, mais aussi par ses actions proches de l’agit-prop lettriste, et la pop culture naissante dans l’après-guerre. Et le fait est que ce bonhomme a vraiment brûlé la vie par tous les bouts, à tel point que sa fin est presque prévisible, tant sa santé devait en prendre un coup, et tant on pressent que les pique-assiettes, mais aussi la société et autres rapaces affairistes, ne manqueraient pas de lui transmettre la note. Très intéressant sur le fond donc, au niveau sociologique, historique et culturel, cet album ravira aussi les amateurs du sujet car au milieu de la partie proprement BD, une biographie, mais aussi de nombreux documents (photos, articles de presse, etc.) donnent un petit air anthologique au travail des auteurs. Les auteurs ont fait le choix de tout centrer sur Magne, et sa biographie éclipse donc un peu l’activité du « château », ou les personnalités gravitant autour de lui (même si Marie-Claude sa dernière épouse apparait beaucoup, plutôt comme spectatrice d’ailleurs). Reste quelques bémols. L’aspect touche-à-tout de Magne peut aussi avoir un côté gênant, surtout lorsque pointe son côté mondain (avec Sagan, Cocteau ou Barclay par exemple). De plus, si le personnage de Magne, haut en couleurs, toujours en mouvement, peut captiver, on comprend qu’il n’était pas facile de le supporter sur la durée. Et la violence qu’il a pu montrer envers ses proches, lorsque sa vie a commencé à mal tourner, détériore l’image que l’on pouvait avoir de lui. Mais ça reste quand même un album intéressant, riche.
Si j’ai trouvé cet album plaisant à lire, je l’ai également trouvé très édulcoré. A la lecture de cette bande dessinée, on pourrait en effet penser que c’est le matériel mis à disposition des artistes ainsi que les talents d’hôte de Michel Magne qui ont fait la notoriété du lieu. La fourniture de drogues en tous genres (mais du LSD principalement) et de jeunes (voire très jeunes) filles dénudées et 'libérées' n’est jamais clairement évoquée alors que confirmée par plus d’un musicien de l’époque. Le rôle de certains ingénieurs-son de très grand talent (Dominique Blanc-Francard, e.a.) me semble également trop minimisé. Et lorsque les auteurs disent que les spectateurs présents au concert de Grateful Dead se retrouvent dans un sentiment d’ivresse provoqué par la seule musique, je ris sous cape (il est connu notoirement que Michel Magne avait chargé en LSD champagne et victuailles sous, selon la légende, surveillance d’un médecin spécialement engagé pour éviter tout risque de surdosage). A la lecture, le caractère sombre et manipulateur de Michel Magne n’apparait que très partiellement, au profit de son indéniable talent de musicien, de ses qualités d'hôte et de ses gentilles « fantaisies ». Malgré ce caractère édulcoré, j’ai bien aimé ma lecture car cet album est très bien réalisé d’un point de vue technique. C’est vivant et agréable à lire et j’ai apprécié l’intégration de photographies d’époque qui permettent d’ « authentifier » les anecdotes racontées. J’aurais juste préféré que l’album se concentre uniquement sur le château durant la période 1970-1978 plutôt que de nous offrir ce qui s’apparente en définitive à une biographie de Michel Magne. Donc voilà, pas exactement le sujet auquel je m’attendais, un peu trop édulcoré à mon goût mais un album techniquement très bien réalisé et agréable à lire. Une bonne approche de ce que fût « Le Château d’Hérouville » durant sa période studios d’enregistrement… mais si vous voulez en apprendre plus sur ce sujet, je pense que d’autres livres sont plus complet (notamment « Hérouville, le château hanté du rock » de Laurent Jaoui).
Je suis bien moins enthousiasme que les autres posteurs. Certes, c'est un album bien joli, mais le contenu ne m'a pas charmé. Le dessin est bon, mais je n'ai pas aimé lorsqu'on mettait des photos sauf pour l'épilogue où c'est la seule fois que ce procédé m'a semblé pertinent. Il faut dire aussi que cette partie est 100% photos alors que les autres fois c'était intercalé entre des dessins ce qui m'a plutôt dérouté. J'avoue que je ne connaissais Michel Magne que de nom. J'avais vu son nom au générique de plusieurs vieux films français et c'est tout ce que je connaissais de son œuvre. Je n'avais aucune idée qu'il avait fait installer des studios d'enregistrement dans un château et qu'il a connu autant de grands noms de la musique francophone et anglophone. Le scénario se laisse lire, mais j'avoue que la vie de Michel Magne ne m'a pas trop passionné. Il faut dire que la plupart des artistes qu'on voit défiler me laissent indifférent et que Magne devient vite insupportable. Saluons d'ailleurs les auteurs d'avoir montré le côté sombre de l'artiste alors que d'autres biographies en BD font passer le sujet principal pour des gens pratiquement parfaits. Je pense que globalement ce qui a fait en sorte que je trouve cet album 'juste' correct est qu'il y a toujours eu une certaine distance entre moi et le personnage de Magne qui n'est pas très attachant. J'ai été plus touché par ce qu'il arrivait à son épouse Marie-Claude. J'ai aussi eu l'impression de lire une énième biographie d'un chanteur qui tourne mal après avoir connu la gloire et l'argent sauf que cette fois-ci le musicien ne meurt pas accidentellement d'une overdose de drogue.
L’histoire des studios d’Hérouville, intimement liée au destin de l’artiste Michel Magne, peu de gens la connaissent. Et pourtant, à la lecture de ce formidable one-shot, on a envie de remercier ses auteurs pour nous l’avoir mise en lumière d’aussi belle façon. Michel Magne était surtout connu pour ses musiques de films (Les Tontons Flingueurs, …), bien que sa notoriété n’ait jamais égalé celle d’un Vladimir Cosma ou d’un Maurice Jarre. Pourtant, ce dernier avait bien d’autres cordes à son arc, notamment à travers la peinture. Véritable touche-à-tout à l’appétit insatiable en matière de création artistique, il se situait à l’avant-garde dans une approche pour le moins facétieuse, qui pouvait rappeler celle des Dadaïstes. Magne a fréquenté l’élite artistique et noué de nombreuses amitiés (François Sagan, Boris Vian, Jean-Paul Sartre, Aragon, Jacques Prévert, Jean Cocteau, la liste est longue…). Il faut dire que l’homme avait une personnalité hors-du-commun, notamment par l’énergie qu’il était capable de déployer pour faire avancer ses projets, même si, las, le succès ne fut pas toujours au rendez-vous. La création des studios d’Hérouville au début des seventies inaugura une période de foisonnement artistique hors du commun. La partie du château où vivait et travaillait Michel Magne depuis 1962 venait d’être détruite par un incendie, provoquant la perte irrémédiable des documents et enregistrements de l’artiste. C’est sur ce drame que s’ouvre Les Amants d’Hérouville, montrant comment Magne trouva le moyen de rebondir en restaurant l’aile endommagée et en convertissant le château en studio, équipé des dernières technologies de pointe, avec la participation de Dominique Blanc-Francard. Dès lors, le lieu va attirer le gratin de la chanson française et du rock international, profitant d’un contexte jamais vu de libération des mœurs et d’hédonisme psychédélique (on n’oubliera pas de sitôt le passage relatant le concert des Grateful Dead donné aux habitants du village). Dépensant sans compter, Magne continuait à organiser des fêtes excentriques autour de la piscine construite sur sa propriété, aux petits soins avec ses invités (y compris les pique-assiettes…), avec le concours d’un chef cuisinier amateur de poésie… il y aura la même année la rencontre avec sa baby-sitter, Marie-Claude, qui devint rapidement la femme de sa vie et avec qui il vécut un amour passionné. Jusqu’au jour où, après quelques années fastes, le déclin et les coups durs pointèrent de nouveau le bout de leur nez… Cette biographie romancée n’est rien de moins qu’un conte de fées moderne, et la couverture ne dit pas autre chose en montrant les deux amants sur le toit du château, Magne en train de jouer une ritournelle à la guitare à l’adresse de sa bien-aimée au look hippie médiéval. Pendant ce temps, la fête bat son plein à l’intérieur comme à l’extérieur des murs, et l’on peut apercevoir Bowie en train d’enregistrer des vocaux. La narration de Yann Le Quellec est très bien construite, toute en fluidité, avec une trame principale entrecoupée de passages documentaires agrémentés de photos et d’articles de journaux sur la vie et l’œuvre de Magne. Pour accentuer l’authenticité des faits, des clichés ont été insérés sur certaines cases, répandant des arômes nostalgiques très puissants. Ce kaléidoscope chamarré et dynamique traduit parfaitement l’atmosphère de l’époque et du lieu, tel un tourbillon de folie douce et créativité libératrice sur fond d’amour pur et de substances psychotropes. Romain Ronzeau possède un trait léger et vif, jouant plus sur l’expressivité que sur la technique, avec un sens aigu du mouvement et une mise en page très variée. Son Michel Magne est dépeint comme un personnage bondissant et exubérant, haut en couleurs, mégalomane (voire mythomane) mais profondément généreux et désintéressé, d’abord amoureux de toutes les formes d’art et de leurs promoteurs. Hélas, l’aura bienveillante et hors-normes de Magne trouvera assez rapidement ses limites, suscitant la rapacité (et la jalousie peut-être) de ses partenaires, qui lui feront payer chèrement ses frasques et son style de vie dispendieux. La frénésie festive et créatrice mis en œuvre pour le projet hérouvillois se transformera alors en chaos destructeur et lugubre. Un dur retour à la réalité pour le démiurge exalté qui finira expulsé de son propre paradis, une aberration cruelle dont il ne se remettra pas. Son côté sombre sera parfaitement représenté, contrastant singulièrement avec le personnage solaire du début, dès lors que le « prince charmant » — et accessoirement prince de la nuit (toujours vêtu de noir) comme on le voit dans une scène au début du livre lorsqu’il pénètre dans la chambre de Marie-Claude — se transformera en ogre démoniaque et violent, fragile aussi, taraudé par la ruine ricanante, comme aspiré de l’intérieur par ses propres gouffres. Ou quand la bête n’est jamais loin de l’ange… En résumé, Les Amants d’Hérouville, en dehors de la touchante « love story », est le portrait tragique d’un homme dont la vie était entièrement dédiée à l’art et n’aura finalement fait que vivre dans l’ombre du gratin artistique qu’il côtoyait et aidait. Une vie dont les moments d’extase absolue précédaient immanquablement les zones de turbulence brutale où tout partait en cacahuète. Ce splendide roman graphique, chef d’œuvre de pop-culture, en constitue un excellent hommage, contribuant un peu plus à faire entrer le château dans la légende. Et si aujourd’hui les mythiques studios d’Hérouville fonctionnent encore, après plusieurs périodes de fermeture, c’est peut-être parce ses fantômes ne parviennent pas à se résoudre à la fin de cet incroyable âge d’or.
Comme l'a dit le posteur précédent, Delcourt publie un roman graphique qui sera sans nul doute un des albums de l'année. Ce livre évoque le destin tragique de Michel Magne musicien prolifique des années 60-70, souvent novateur dans son travail et parfois génie incompris. Je dois bien dire que je connaissais mal Michel Magne ; de lui, je connaissais surtout ses compositions des musiques de films pour Jean Yanne, ou encore celle des tontons flingueurs. Cela n'est qu'une infime partie de son œuvre car il a fait d'innombrables choses dans des domaines assez variés (il suffit de voir à la fin du livre le nombre de ses œuvres et de ses collaborations). Les auteurs Yann Le Quellec au scénario et Romain Ronzeau au dessin s'intéressent surtout à l'histoire du château d'Hérouville qui servit de salle d'enregistrement à des groupes aussi mythiques que Canned Heat, Magma, T Rex ou encore à des chanteurs solo comme David Bowie ou Eddy Mitchell. Le château, acheté par Michel Magne en 1962, d'abord destiné à des événements festifs devient réellement un grand studio d'enregistrement en 1969 après l'incendie qu'il a connu. Les auteurs montrent toute la démesure de Michel Magne qui dépense sans compter achetant les meilleures bouteilles pour ses convives et qui se retrouve vite en difficulté financière ainsi que sa relation tumultueuse avec sa compagne Marie-Claude beaucoup plus jeune que lui. L'album est comme constitué de chapitres entrecoupés par des entractes biographiques évoquant la vie et la carrière de Magne avant 1969 où alternent des pages illustrées quasi en roman-photo et des illustrations de l'auteur. Cela a parfois tendance à alourdir la narration. Le trait de Ronzeau est assez intéressant et traduit bien le côté bouillonnant de la vie qui se déroule au Château (qui fut -Magne ne cessant de le rappeler-un endroit que fréquentèrent Chopin et Sand). Le château est donc un élément essentiel de l'histoire ; l'on y croise un certain nombre de groupes et de pop-stars de l'époque. Il faut quand même avoir une bonne connaissance de ces années et cela fera quand même plus d'effets à un nostalgique des années 70. Le concert des Grateful Dead au château est un morceau d'anthologie, avec -histoire vraie- des policiers chargés de la sécurité sous LSD. La relation de couple entre Michel Magne et Marie-Claude sert aussi de fil narratif. Les auteurs ont d'ailleurs eu les confidences de Marie-Claude, comme nous pouvons le voir à la fin de l'ouvrage. Elle montre le côté sombre de Michel Magne car comme souvent les histoires d'amour finissent mal. On apprend donc beaucoup sur cette époque et sur ce compositeur un peu oublié et cela vaut clairement l'achat pour des passionnés d'une période beaucoup plus insouciante que celle d'aujourd'hui.
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