Mégafauna

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 10 avis)

Et si Néandertal n’avait pas disparu ?… Pourquoi les Nors, descendants de Néandertal, ont-ils dressé une muraille impénétrable entre eux et les descendants de Sapiens, coupant subitement tout commerce avec leurs rivaux de toujours ?


Derrière les murs Environnement et écologie Les petits éditeurs indépendants Les Uchronies Utopies, Dystopies

Pour répondre à cette question dont dépend la paix du royaume, Timoléon de Veyres, jeune médecin tout juste promu, doit aller sur ordre du prince, et au péril de sa vie, à la rencontre de ce peuple étrange au physique rustre et primitif, mais dont le savoir et les richesses immenses sont convoités par les Hommes… En compagnie de Pontus, être pusillanime, mais ami fidèle, Timo s’embarque dans un voyage initiatique et sensuel qui changera définitivement son regard sur le monde…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 03 Mars 2021
Statut histoire Une histoire par tome 2 tomes parus

Couverture de la série Mégafauna © Sarbacane 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 10 avis)
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30/03/2021 | ThePatrick
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Par gruizzli
Note: 3/5
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Je ressors de cette BD moyennement satisfait de ma lecture et content de ne pas l'avoir achetée, parce que je n'ai pas envie de la relire. Et pourtant cette BD a tout pour me plaire, dans les thématiques, les genres et le déroulé. Et pourtant, je ressors de ma lecture avec un sentiment d'inachevé. Allez y comprendre quelque chose ! Je pense que malgré les qualités de la BD, ses personnages attachants, son univers à la croisée entre la fantasy et l'historique, s'inspirant de thématiques de mélange de races propres à beaucoup d'univers de Fantasy mais parlant de sujets historiques bien réels, je suis resté bloqué sur certains points de détails et un déroulé qui m'a semblé trop souvent aller dans plein de sens sans forcément que je ne comprenne le but et l'intérêt de tout ça. Il y a une critique de la religion obscurantiste (critique qui me gave un peu alors que je suis farouchement athée), une réflexion sur le pouvoir, sur la différence et l'acceptation, sur les problématiques écologiques, mais je pense que cet ensemble a quelque chose de trop décousu pour moi. Comme souvent avec un univers inventé, je trouve qu'on part un peu trop dans diverses options sans que je ne vois se dessiner de plan général et global. J'ai surtout senti la rupture entre le premier tome, qui est assez clair dans la grande partie de son déroulé et accélère beaucoup sur la fin, tandis que le deuxième m'a semblé beaucoup changer la donne depuis le premier. Les questions sur l'univers sont toujours là, les nouveautés légions et la fin ouvre sur les grandes découvertes, que je vois comme un élargissement possible de cet univers déjà créé. Mais j'ai l'impression d'être déjà perdu dans un monde de JDR trop vaste : tout est encore flou, niveau équilibre politique, religieux, écologique. Je suis un peu retenu dans ma note pour ce détail qui me bloque réellement dans ma lecture. Pour les qualités … eh bien je vous laisse lire tout les autres avis qui les listent bien mieux que moi. C'est original, sans doute une des BD les plus originales que j'ai vu sur son pitch de base ces dernières années. Mais l'originalité ne suffit pas et le très bon premier tome m'a laissé moins d'impressions que le second qui me semble aller un peu trop dans tout les sens sans véritablement rassembler les brins déjà installés. A voir pour la suite, mais je ne pense pas me les prendre.

24/08/2023 (modifier)
Par canarde
Note: 4/5
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tome 1 C'est l'Histoire de Timoléon de Veyres qui est envoyé par son oncle en mission vers un monde inconnu et présenté comme adverse, accompagné de son comparse Pontus , tout deux étudiants en médecine. Avant tout c'est une belle histoire, bien ficelée, bien mise en scène, avec de l'aventure, des acteurs touchants : qui ont de l'épaisseur et des ambiguïtés. Le héros est chargé de tenir un journal pour garder une trace de son voyage et cela permet d'entrer dans la pensée du jeune homme et de saisir les nuances de ses impressions. Pour le dessin, il touche au but en matière de visages et de morphologie tant humaine qu'animale, c'est le décors et les couleurs qui pèchent un peu de mon point de vue. On sent qu'il y a une réticence à s'y jeter vraiment, dans le premier tome en tout cas. L'originalité de l'aventure tient dans sa manière de représenter les enjeux actuels (environnement, genre, religion...) et de chercher dans cette fiction de quoi nous aider à réfléchir. La série se présente comme une uchronie, mais les repères sont tellement loin de notre expérience que cela confine au fantastique : deux peuples réunis par une adversité immémoriale et qui cherchent d'une certaine manière à résoudre cette opposition (ici désignés comme Néandertaliens et Sapiens). Les sapiens sont présentés dans une société quasi médiévale avec en plus un problème de ressources alimentaire qui semblent se tarir (désertification). A l'inverse les autres vivent dans une forêt luxuriante, protégée des sapiens par un grand mur, mais leur fécondité semble en recul. L'auteur imagine que d'autres peuples auraient pu faire d'autres choix pour préserver leurs ressources, cependant c'est ici avec en contrepartie des difficultés à gérer la religion et son rôle dans les choix politiques. Comme dans notre vrai moyen âge on explore deux pistes pour résoudre le conflit : le mariage et la guerre. L'album aborde ici un autre sujet d'actualité : le genre. Chez ces néandertaliens imaginaires, on ne retrouve pas le stéréotype féminin habituel : les femmes sont fortes et pas particulièrement souriantes ou accueillantes, elle font les travaux physiques au même titre que les hommes. On sent que rien que ça , c'est une marche importante qui nous secoue. Mais le genre féminin qui n'est pas fondé sur la séduction fonde la religion : seules le femmes peuvent devenir prêtresses et les hommes acquérir le pouvoir politique. c'est curieux comme c'est difficile d'imaginer un monde ou le genre social n'existerait pas... Bref, cet album m'a vraiment intéressé mais j'ai été un peu rebutée par l'épilogue qui m'a paru comme une douche froide : pourquoi refermer l'histoire sur un bain de sang, plutôt que laisser libre cours à notre imagination ?

16/07/2023 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Livre 2 : Le Livre des délices et des infortunes : Doté d’une très belle couverture mettant en scène trois personnages égarés dans une forêt épaisse et mystérieuse, espionnés par trois étranges créatures mi-canidés mi-humaines en premier plan, le récit nous met de manière inattendue dans les pas du personnage secondaire du premier volume, Pontus, en compagnie de Brumel, la fille de Timoléon et Gasgar, tous deux victimes du clan des Guérisseuses, et de Krekl, un « homonte » de la branche néandertalienne, artiste chamane dont la discrétion n’a d’égal que son aura. Les trois compagnons auront pour quête de franchir la muraille pour rejoindre la cité de Turbia. En vertu d’un accord entre Timoléon (dont on ignore ce qu’il est advenu suite au coup d’Etat des Guérisseuses) et son ami le comte Lupullo, ce dernier avait accepté de se fiancer à Brumel pour sceller une alliance entre Elbaar et Valcarna face au Dombrak. Hélas, les choses ne se dérouleront pas tout à fait comme prévu… Si l’effet de surprise du premier tome est moins flagrant (nous sommes désormais familiarisés avec les us et coutumes des Nors), ce nouveau chapitre va s’orienter vers le genre plus classique de l’épopée médiévale, avec son lot de complots et d’alliances stratégiques, jusqu’à la terrible bataille finale. Depuis la prise de pouvoir par la secte religieuse des Guérisseuses, les interactions entre Nors et Mérogs se sont accrues, et malheureusement pas dans une optique pacificatrice. Ce « Livre des délices et des infortunes » va confirmer la maîtrise totale de Nicolas Puzenat dans sa narration, d’une fluidité exemplaire, que renforce la structure minutieuse du macrocosme qu’il a créé, avec des personnages bien campés. Autant d’ingrédients qui contribuent à faire de cette bande dessinée une vraie réussite. Au-delà de ces qualités, l’auteur intègre des aspects politique, philosophique et religieux, et d’autres, plus contemporains, d’ordre écologique et sociétal, ce qui confère une certaine valeur ajoutée à l’ouvrage. A travers les personnages féminins du peuple Nors, notamment celui de Brumel, l’auteur continue à nous questionner sur la question du genre, alors même que le lecteur ne prête plus tant attention à la corpulence impressionnante de ces femmes que l’on avait découvert dans le premier volet. De même pour Pontus, qui a appris à assumer son homosexualité en vivant parmi les Nors, pour qui l’amour libre n’a rien de tabou, à la différence des Mérogs, obnubilés par leur « dieu pendu » Kmaresh. A ce titre, on apprécie l’ironie exprimée par Puzenat à l’égard de certains adeptes exaltés, les « Pendus d’amour », qui rappellent étrangement nos fanatiques monothéistes et qui, pour manifester leur foi, se font suspendre à une potence tout en tentant de rester en l’air le plus longtemps possible, jusqu’à ce que leur langue devienne bleue. Hélas, parfois ça passe, parfois ça trépasse… Si Pontus et Brumel se révèlent des héros attachants, le plus intéressant est sans doute le personnage de Krekl. De petite taille et assez insignifiant en apparence, le portraitiste homonte tient plus du gnome que du héros « sans peur et sans reproche ». Au début, il suscite parfois l’hilarité de ses amis (et du lecteur) avec ses croyances un rien extravagantes (notamment celle sur l’origine des hyènes peuplant son village), mais progressivement, Krekl va semer le doute dans l’esprit de Pontus et Brumel, beaucoup plus terre-à-terre, et gagner en crédibilité au fil de l’histoire. Krekl, c’est un peu l’Indien qui amuse le « civilisé » avec son folklore mythologique mais qui finit par rallier ses compagnons à ses vues par sa sagesse, son humilité et le respect ABSOLU qu’il voue à la nature, à la vie dans son ensemble, sa perception chamanique des choses, sa capacité à percer l’âme des gens et à communiquer avec les « Vakks » (les esprits des êtres vivants). Une approche qui s’inscrit pleinement dans le Zeitgeist. Ajoutons que Nicolas Puzenat, on lui en sait gré, n’est pas tombé dans l’écueil du manichéisme. Dans leur société quasi idyllique, les Nors ne sont pas tous biens intentionnés (on le voit avec les redoutables Guérisseuses), pas plus que les Mérogs sont tous critiquables. Dans son observation de la chose politique, c’est davantage le système et ses péchés originels qu’il réprouve, tout comme la corruption du pouvoir (décelée de façon saisissante par Krekl lorsqu’il rencontre Gasgar) et la tentation mortifère de l’« œil pour œil, dent pour dent ». D’un point de vue graphique, on reste charmé par l’inventivité et la richesse de cet univers déployé avec grand naturel. Le trait simple et sobre de Nicolas Puzenat ne cesse de gagner en finesse et de perfectionner son souci du détail, qu’il s’agisse des magnifiques paysages forestiers, ou des architectures imaginaires ou inspirées de l’époque médiévale. Le lecteur prendra beaucoup de plaisir à s’immerger dans ce monde uchronique aussi merveilleux que fascinant. Grâce à cette fabuleuse épopée qui se déroule avec une force tranquille sous nos yeux éberlués, Puzenat s’impose sans en avoir l’air comme un fabuleux conteur au potentiel « tolkienesque ». Car si on peut y trouver ça et là des références au « Seigneur des anneaux » voire à « Game of thrones » (la muraille), l’auteur ne s’est pas livré à un simple copier-coller, tant s’en faut. Il a créé ici un monde tout à fait original avec sa propre mythologie, lequel réussit à nous dépayser fortement tout en se voulant un miroir à la fois réaliste et bienveillant, empreint d’une subtile pointe d’ironie, sur les travers de notre monde bien réel, avec « ses délices et ses infortunes ». La fin ouverte de ce second volet laisse sans trop de doutes entrevoir une suite. Certaines régions et villes de la carte n’ont pas encore été décrites dans le récit, et la mer de Brumine, que Pontus s’apprête à prendre, semble pleine de promesses… -*-*-*-*-*-*-*-*-*- Livre 1 : Cette histoire, qui bénéficie d’un pitch très original, s’avère tout à fait dépaysante. Trop peu académique pour s’apparenter à série des « Jour J », « Megafauna » plaît beaucoup pour son côté à la fois artisanal et ambitieux. Pour réaliser cette uchronie à l’atmosphère médiévale, Nicolas Puzenat s’est nourri des études paléoanthropologiques les plus récentes, selon lesquelles l’homme de Néandertal aurait bien croisé notre ancêtre l’homo-sapiens avant de disparaître, et aurait même déposé quelques gênes dans son cousin, ou plutôt sa cousine si l’on parle d’accouplement… une partie des scientifiques évoquent même l’idée d’un métissage au profit de Cro-Magnon (autre nom de l’homo-sapiens), en plus grand nombre. Quant à l’auteur de cet album, il va jusqu’à imaginer que Néandertal n’a pas regagné le néant, mais aurait continué à vivre dans notre millénaire, au moins jusqu’au Moyen-âge puisque l’histoire se déroule en 1488. Et sa survivance a eu des conséquences sur le cours des choses puisque les Sapiens ont dû apprendre à cohabiter avec ces voisins à la fois semblables et pourtant si différents. Le mélange des deux races n’a pas eu lieu, et Néandertal, peu désireux de faire cause commune avec ses rivaux, a fait ériger une muraille gigantesque sur leurs frontières communes, traversant de part en part le continent européen, ainsi divisé en deux entités distinctes. Officiellement en guerre, les deux peuples ont toutefois maintenu des relations commerciales. Les Sapiens échangent du bétail et des vivres contre de l’or, des pierres précieuses et des épices dont les « Nors » raffolent. Mais depuis quelques temps, ces derniers ont mystérieusement suspendu toute relation avec leurs voisins du Sud, menacés par la famine. Pour tenter d’en savoir plus, les Sapiens vont envoyer discrètement un émissaire qui sera chargé de rencontrer le « Dimaraal » Vorel, l’un des chefs les plus puissants du camp ennemi. L’émissaire en question, Timoléon de Veyres, jeune étudiant en médecine, va prendre la route en compagnie de son ami, Pontus, qui fera office de garde du corps. L’accueil de la population néandertalienne sera plus que tiède voire hostile, et Timoléon aura fort à faire pour gagner sa confiance. C’est ainsi qu’au fil de l’histoire, on va comprendre peu à peu pourquoi les Nors ont décidé non seulement de couper les relations avec le Sud, mais également de maintenir depuis plusieurs siècles ce « cordon sanitaire » qu’est la grande muraille pour tenir à distance les Sapiens. Nicolas Puzenat nous offre ici une parabole bien sentie sur notre civilisation « occidentale ». La société médiévale où a grandi « Timo », c’est la nôtre. Les Nors, c’est le peuple exotique et méconnu, qui donne lieu à toutes sortes de préjugés quant à leur primitivité. Mais bien vite, Timo, auquel le lecteur va s’identifier facilement par son approche candide et son ouverture d’esprit, apprendra à revoir son point de vue en vivant parmi eux. Le contraste est d’autant plus saisissant lorsque le jeune homme franchit la frontière. La région au sud de la muraille est quasi désertique, résultat des pratiques agri-économiques inconséquentes des Sapiens, et la violence s’accroit parmi les habitants faméliques. Derrière la muraille en revanche, le paysage est luxuriant et les forêts abondent, riches en faune et en flore. Les Nors, tout en vivant en harmonie avec la nature, semblent avoir atteint un stade de développement technologique aussi avancé que leurs rivaux. Avec ce récit très bien mené, Nicolas Puzenat parvient à nous sensibiliser sur les dérives de notre monde, de façon assez subtile, ainsi que sur une quantité de thèmes comme les préjugés racistes ou la question des stéréotypes de genre, par le biais de la relation amoureuse entre Timo et la néandertalienne Gargar, très corpulente et d’une tête plus haute que son amant. Le trait certes peu académique trouve son équilibre dans l’univers enchanteur déployé ici. Et la magie opère facilement. On savait que l’auteur, à travers « Espèces invasives » avait du goût pour l’architecture, et une fois encore, il l’exprime ici de fort belle façon. Si les constructions des Sapiens sont conformes à l’époque médiévale, celles des Néandertaliens, désireux de préserver leur environnement, semblent par contraste être inspirées par l’Art nouveau, tout en courbes et en circonvolutions végétales. « Megafauna » est un alliage parfait entre aventure et réflexion politico-philosophique sur le devenir de notre monde, ainsi qu’une invitation à rencontrer l’« étranger », en faisant abstraction des préjugés, de ses mœurs qui nous paraissent si étranges. L’auteur évite de tomber dans le prêchi-prêcha, et nous sert d’ailleurs une conclusion plutôt sombre. Heureusement, il y a cet humour discret qui irrigue le récit, notamment sur la question du culte religieux. Ici, le « fils de Dieu » n’est pas Jésus mais Kmaresh, et il a été pendu ! Lieux saints et jurons font ainsi référence à la potence ou à la corde, et c’est plutôt bien vu. Encore une publication éminemment sympathique des Editions Sarbacane.

05/04/2021 (MAJ le 31/03/2023) (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

C’est une histoire un peu fourre-tout, qui use de différents thèmes sans vraiment en développer beaucoup, mais qui se révèle plutôt agréable à lire. La couverture m’avait un peu rebuté lorsque j’avais vu cet album sur les présentoirs. Le dessin lui-même n’est a priori pas ma tasse de thé, mais je m’y suis fait, et il passe bien, finalement. L’intrigue est située dans une Europe étrange, dans une temporalité indécise, en jouant sur la présence de plusieurs espèces d’hominidés (dont des néandertaliens). Deux espèces qui ont des points communs, mais aussi de fortes différences (en particulier religieuses). L’histoire se laisse lire, mais en commençant ma lecture, j’espérais quelque chose de plus original et/ou de plus dynamique. Une lecture sympathique tout de même.

08/07/2022 (modifier)
Par cac
Note: 3/5
L'avatar du posteur cac

Mégafauna c'est d'abord une couverture qui ne fait pas super envie mais un pitch à son verso qui attire l’œil de l'amateur d'uchronie. Il s'agit d'un monde où l'homme de Néandertal, le Nor, aurait survécu et cohabiterait avec Homo Sapiens mais séparé par un grand mur traversant l'Europe à l'horizontale. Malgré le mur il y avait tout de même quelques échanges commerciaux entre les deux races mais depuis quelques années plus rien. Le récit est bien pensé, on voit bien sûr en sous-jacent le discours sur l'être différent, chaque race voyant l'autre comme d'un physique hideux et d'une odeur fétide. On a aussi un discours sur la religion, les uns croyant au dieu unique avec sa sainte Corde - parallèle assez drôle - et les autres à des dieux souterrains qu'il faut nourrir de pierres précieuses, mais aussi sur l'écologie avec là encore deux approches différentes de la nature. Bref on a plusieurs sujets pas mal développés pour une petite centaine de pages sans que ce soit manichéen, une bonne surprise.

10/10/2021 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Et ben moi j'ai adoré ce one-shot, une de mes meilleures lectures de 2021 en ce qui me concerne. J'ai trouvé le scénario très intelligent. L'auteur imagine un monde où les Néandertaliens ont survécu et j'ai trouvé que ce monde était très bien pensé. On voit bien les différences entre les deux peuples et aussi la société des Néandertaliens n'est pas présentée comme une utopie où tout est beau et joyeux. Même si le héros homo-sapiens finit par admirer cette société, on voit très bien que tout n'est pas rose et qu'il a y a des luttes de pouvoir. J'ai ressenti de la tension tout au long de la lecture parce qu'on sent bien qu'un seul faux pas peut causer la perte du héros et de son compagnon. Le scénario est prenant et brasse plusieurs thèmes de manière intelligente. J'ai eu un peu de la difficulté avec le dessin au début, et la couverture est même un peu moche, sans ce site peut-être que je n'aurais jamais lu cet album. Puis, petit à petit, j'ai fini par aimer ce style. Pour moi une lecture indispensable, mais je pense qu'il faut aimer les récits politiques et par là je veux dire les récits qui mettent en avant les réalités de la géopolitique, les manipulations pour accéder au pouvoir, comment des gens ayant différents buts peuvent finir par s'allier et d'autres trucs de ce genre.

23/09/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

J'aime ces récits qui imaginent un monde original mais réaliste et qui amènent les lecteurs à le découvrir comme un voyage exotique et sociologique. Celui-ci part d'une drôle d'idée, celle d'une Terre où les Neandertal auraient survécu et auraient formé une civilisation concurrente de celle d'Homo Sapiens, séparée d'eux par une muraille qu'ils auraient érigé au fil des siècles pour que chacun évolue avec le minimum d'interaction avec l'autre. Les héros, deux jeunes médecins novices, vont être amenés à voyager de l'autre côté de la muraille et découvrir cette civilisation étrangère et différente, avec ses merveilles et ses dangers. Il y a clairement ici de ces récits utopiques à l'ancienne, ceux de Thomas More ou de Voltaire. La découverte de cette nouvelle civilisation est bien évidemment un moyen de montrer les défauts de celle humaine de cet univers et combien les hommes qui peuvent se croire au centre du monde peuvent paraitre comme des rustres barbares pour une autre population avec d'autres mœurs. Ici les auteurs mettent notamment l'accent sur l'avidité des hommes qui ont détruit leur environnement sans réfléchir alors que les Néandertal l'ont beaucoup plus respecté et rendu florissant, de même qu'ils ont davantage développé leur technologie. Pour autant, leur monde n'est pas parfait, avec eux aussi des tensions et des rivalités entre factions politiques et religieuses. Cette tension, on la ressent tout au long de l'album, avec une vraie menace qui pèse sur la vie des deux jeunes explorateurs qui sont à la merci de leurs hôtes bien plus forts qu'eux et dont ils ne comprennent que ce qu'ils veulent bien leur laisser apprendre. J'ai bien aimé ce voyage et cette exploration d'une civilisation. Son graphisme, sans qu'il ne me charme particulièrement, est bon et fonctionne bien. Le déroulé de l'intrigue est crédible et le rythme tient bien la route. Mais je n'ai pas été aussi enthousiasmé que je l'espérais. Je crois que cela tient en plusieurs facteurs assez subjectifs. Le premier et que cette fameuse civilisation Néandertal ne me séduit pas vraiment et que je lui trouve moi aussi des aspects assez rustres et peu engageants, à l'image de leur physique j'imagine. La seconde est que la manière dont la politique et les manipulations s'introduisent dans le récit ne m'a pas non plus captivé, les trouvant là encore bassement matérialistes. Disons que tout reste crédible mais peu passionnant à mes yeux et j'ai attendu vainement que la mayonnaise prenne pour de bon à mes yeux. Ceci étant dit, même si j'ai moins été emporté que je l'espérais, ça reste une bonne BD, structurée sur une idée originale et intéressante, qui mérite d'être lue.

30/08/2021 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 3/5
L'avatar du posteur fuuhuu

Comme mon prédécesseur, j'ai du lire cette BD dans le cadre de mon comité de lecture (chouette boulot hein?). Sans cette obligation, il est certain que je ne l'aurais jamais lu. Je trouve la couverture peu attrayante et le dessin n'est pas à mon goût. Soit, je l'ai lu. Les personnages sont sympas, le scénario est cohérent et bien construit et l'univers est intrigant. Tous les éléments sont donc réunis pour passer un bon moment de lecture. Mais pour moi, cela s'arrête là. C'était sympa, mais sans plus. J'ai par contre eu beaucoup de mal avec la fin. Certes je ne l'ai pas vu venir, mais quelle déception... Je m'attendais vraiment à autre chose. 3 étoiles pour son originalité et ses chouettes personnages MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

17/07/2021 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
L'avatar du posteur grogro

ThePatrick le résume assez bien : cette BD sort de nulle part ! Je n'ai rien à ajouter à la critique de Blue Boy de cette "parabole bien sentie sur notre civilisation occidentale". J'ai été amené à lire cet Odni par le biais de mon travail qui consiste entre autres choses à lire des livres (oui, je sais, ce n'est pas toujours facile, mais bon, on tient le coup !...). A priori peu engageante en regard de sa couverture sans saveur, et disons-le, carrément ratée, elle donne pleinement raison à l'ami Bo Diddley : You Can’t Judge A Book By The Cover ! Le dessin est en fait très agréable, avec ses personnages enlevés façon ligne claire molle, un peu "à la Blain", qui s’animent dans des paysages et décors au traitement disons plus pictural. L’histoire quant à elle est tout à fait surprenante, l’intrigue est bien menée, et dit bien des choses sur notre société raciste et nihiliste. Le scénario est solide. Mégafauna constitue une TRES bonne surprise !

23/04/2021 (modifier)
L'avatar du posteur ThePatrick

Il y a des livres sur lesquels on tombe, et dont on a l'impression qu'ils sortent de nulle part, mais dont on sent qu'on va tomber amoureux. Mégafauna en est un bon exemple. Alliant uchronie et fantasy, cet album fait se regarder Homo Sapiens et Homme de Néandertal en chiens de faïence par-dessus une frontière qui n'a pas grand-chose à envier au mur de Game of Thrones. L'histoire, elle, est vue par les yeux du jeune Timoléon de Veyres. Médecin en formation, il est dépêché par son oncle et pour le compte du roi du Dombrak dans un royaume des Nors, auprès du dimaraal Vorel pour une mission diplomatique (et un peu d'espionnage, peut-être, mais ne le répétez pas). Cette mission, et la découverte de cette autre civilisation, vont être l'objet de bien des remises en question. Ce qui paraît naturel à Timoléon ne l'est absolument pas pour les Nors, et réciproquement bien sûr. On ressent très bien les incompréhensions, cette altérité, et on comprend de façon très naturelle que l'autre est bizarre, quel que soit cet autre. Outre cette thématique très présente, il y aura la religion, l'environnement, le rapport hommes / femmes. Le sud de la muraille est en effet une contrée chaude, où les animaux ont été chassés jusqu'à disparition et les arbres coupés jusqu'à épuisement, alors que le nord est au contraire une immense forêt verdoyante, peuplée d'une faune gigantesque allant jusqu'aux mammouths. Et hommes et femmes n'ont pas les mêmes rapports au nord et au sud, proposant des visions fort différentes de la société. Toutes ces thématiques, intrigues politiques, religion, environnement, altérité, rapport hommes / femmes, loin d'être pesantes et didactiques, parviennent à tisser une histoire fraîche, dépaysante et très agréable à lire. Et pourtant elles créent une richesse sous-jacente très intéressante. En 92 pages, ce one-shot a le temps de se développer, sans bien sûr pour autant être en mesure d'exploiter tous ces thèmes autant qu'on pourrait le souhaiter Le dessin et la colorisation ne sont pas en reste, qui participent à créer cet univers très particulier, et dont je ressors charmé.

30/03/2021 (modifier)