Fluide

Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)

Hector et Sacha sont amis et co-auteurs de BD. Alors qu'Hector file le parfait amour avec Jeanne, cette dernière lui fait part de son envie de faire d'autres expériences sexuelles, et invite son compagnon à se sentir libre de faire de même.


École européenne supérieure de l'image École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg La Comédie Urbaine Profession : bédéiste

Perdu dans ce nouveau cadre de couple libre, Hector se confia à Sacha, éternel célibataire fasciné par l'idée mais pas plus à l'aise avec la mise en pratique ! Comme lorsqu'ils travaillent à un récit, ils décident d'associer leurs imaginations pour trouver la force d'agir et de partager cette aventure. De ce pacte naît « William », personnalité fictive que l'un ou l'autre endosse à chaque nouvelle expérience, jusqu'au jour où tout dérape...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 02 Avril 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Fluide © Dargaud/Arte éditions 2021
Les notes
Note: 2.33/5
(2.33/5 pour 3 avis)
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08/04/2021 | Ro
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Par grogro
Note: 1/5
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Avant de cartonner cette BD, je tiens à préciser que j'ai beaucoup aimé Soon et son ambiance sombre à la Alien, son climat pré-post apocalyptique, sa force spirituelle, ses choix graphiques audacieux... C'est un ouvrage très original qui vaut la lecture, une histoire dense. Et puis aussi UOS de Benjamin Adam seul : bel objet, sorte de spin off poétique de Soon que savoureront les fans de cet univers... Mais là ? Qu'est-ce qui s'est passé les gars ? OK, le dessin il est chouettos, mais le reste ? Punaise, je crois que je n'ai strictement rien compris. Ca commence avec cette histoire d'expérience homosexuelle féminine, mais après ?... Ben après une dizaine de pages où je ne parvenais à saisir ni à qui appartenaient les répliques, ni le sens global, ni même un semblant de fil conducteur, j'ai tout simplement abandonné ma lecture en cours de route, ce qui est extrêmement rare... J'ai hésité avant de publier cette critique, préférant généralement ne rien dire que de tirer à vue, mais comme je trouve que ce sont des auteurs à suivre, je me permets de leur sonner un peu les cloches. Ben ouaih, je sais, ce n'est facile de se faire cartonner par des trouducs tels que moi qui n'ont pas écrit le moindre mot ni tracer le plus petit trait, mais bon, j'achète aussi des BDs, et beaucoup, alors quand tu trouves un truc nullissime, t'as un peu l'impression de t'être fait détroussé aussi. Alors ? Mauvais choix de l'éditeur ? Possible...

14/09/2021 (modifier)
Par Blue boy
Note: 3/5
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Force est de le reconnaître, rarement un titre n’aura porté si mal son nom. Car la fluidité n’est hélas pas la caractéristique première de cet album. Et c’est bien dommage, car le précédent opus des auteurs, Soon, nous avait impressionné par son originalité. Alors certes, ce récit d’anticipation nous alertant sur les dérives de notre monde actuel n’était pas pour autant un modèle de fluidité, mais sa narration déstructurée, alliée à un graphisme innovant, alternant intimité et grande histoire, avait le mérite d’être captivant de par les problématiques abordées. Les auteurs ont voulu s’essayer à un autre genre, radicalement différent, et c’est tout à leur honneur. Pourtant, si l’on retrouve la marque de fabrique du duo Cadène-Adam, en particulier dans l’esthétique très proche de Soon, celle-ci fonctionne plus difficilement ici. « Fluide » peut se concevoir comme une comédie sentimentale moderne, centrée sur les questionnements liés à la vie de couple de deux auteurs de bande dessinée, ce qui était sans doute une bonne idée, mais malheureusement, le récit ne parvient pas à décoller et finit même par s’enliser au bout de quelques pages dans un marécage de bavardages oiseux qui peine seulement à faire sourire. L’intrigue de départ est construite sur l’envie de Jeanne, compagne de l’un des protagonistes, Hector, d’expérimenter un rapport homosexuel, pour mieux se connaitre, dit-elle, comme si sa vie en dépendait. Mais Jeanne, qui préfère la franchise car elle tient tout de même à son couple qu’elle veut juste « moderne » et sans faux-semblants, décide de confier ses états d’âme à Hector, qui l’accepte difficilement. Pendant quelques temps, celle-ci va déserter le foyer conjugal et plonger Hector dans des abimes de questionnements. Ce dernier aura la chance de trouver en son collègue bédéaste — et néanmoins ami — une oreille compatissante. Tout le livre fera la part belle à ces questionnements de mâle urbain contemporain, qui hélas vont très vite se diluer dans un foutoir narratif de haute volée. L’histoire piétine, l’intérêt s’émousse et le lecteur décroche, de moins en moins concerné par les zones de turbulence conjugale du pauvre Hector. Paradoxalement, c’est le graphisme de Benjamin Adam qui sauve l’ensemble. D’un formalisme poussé, avec abondance de trouvailles visuelles, celui-ci à les défauts de ses qualités. Entre les échanges de textos parfois obscurs des protagonistes et les passages « pop-art » dédiés à « l’histoire dans l’histoire », dessinée elle-même par Hector et son pote Sasha, la trame principale, dans sa bichromie attrayante, est alourdie par une mise en abyme à plusieurs niveaux qui ne fait que complexifier la narration et empêche le lecteur d’apprécier pleinement cette comédie fantaisiste. Est-ce pour cette raison que les auteurs ont cru bon de présenter tous les personnages et créateurs du projet en fin d’ouvrage ? Sans vouloir être trop méchant, on s’étonne que ce one-shot ait pu être réalisé à six mains, avec la participation d’un troisième homme au scénario, Joseph Safieddine, pour un résultat aussi peu convaincant. Présenté par l’éditeur comme une « bromance », ce qui au passage m’aura permis d’apprendre un nouveau terme, lequel signifie une amitié très forte entre hommes et sans connotation sexuelle, cet album pose les bonnes questions en « bousculant les vieilles lunes de la masculinité et explorant les frontières mouvantes du couple dans une société de plus en plus liquide », mais passe à côté de son sujet pour les raisons exposées plus haut. C’est d’autant plus dommage que la mini-série produite par Arte est bien meilleure — et pour le coup beaucoup plus fluide et plus amusante —, au point que l’on se demande si elle a bien été conçue par les mêmes auteurs…

29/05/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
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Je ne sais pas trop définir mon avis vis-à-vis de cette BD. Son sujet a attisé ma curiosité mais j'ai pris un plaisir très relatif à la lire. Pour commencer, je l'ai lue sans savoir dans quel contexte elle existait. Ce n'est qu'en fin d'album que j'ai appris qu'elle se conjuguait avec une web-série co-produite par Arte et actuellement disponible sur Internet. La web-série, que j'ai regardée ensuite du coup, met en scène deux auteurs de BD dont la vie de couple respective va exploser suite aux désirs de nouveauté sexuelle de la part de leur conjointes. Ils décident rapidement d'essayer d'en tirer profit en racontant cela en BD, quitte à en faire une auto-fiction. Et la BD en question, c'est celle-là, même si elle raconte une histoire sensiblement différente. Il y a donc deux auteurs de BD dans la BD elle-même, qui ont créé un personnage dans leur propre oeuvre fictive et qui sont en même temps les créations des deux auteurs de BD de la web-série, eux-mêmes étant les créations des trois auteurs de la vraie vie que sont Thomas Cadène et Joseph Safieddine, associés au dessinateur Benjamin Adam. Sur la fin de l'album, ceux-ci jouent précisément sur cette mise en abyme, quitte à perdre le lecteur qui découvre tout ça d'un coup et sans que je trouve que ça apporte vraiment grand chose à la BD elle-même. Au contraire, elle m'a laissé sur une impression mitigée, comme si l'album ne se suffisait pas à lui-même et n'était qu'une extension d'autre chose. Mais revenons à son histoire. La copine de l'un des deux héros lui apprend un beau jour qu'elle veut coucher avec une fille, sans lui. Elle le présente comme un besoin de se découvrir elle-même, d'éclaircir son identité. Elle est franche avec lui en lui avouant cela et elle dit l'aimer toujours, mais elle veut qu'il accepte cet état de fait et la soutienne, lui proposant en contrepartie de faire ses propres expériences de son côté s'il le désire. Ce postulat de base me dérange intimement puisqu'il est radicalement contre ma vision du couple, de l'amour et de la sexualité amoureuse. Et je constate d'ailleurs que les personnages réagissent de manière plus crédible dans la web-série que dans la BD, le héros se révoltant plus farouchement contre une décision qu'il voit comme une trahison et une destruction de son couple. Dans la BD, j'ai été horripilé par ce discours de la copine imposant sa vision des choses et trouvant que son partenaire est "chié" de ne pas la soutenir, affirmant que c'est une décision qui ne regarde qu'elle et qu'il n'est pas en droit de lui interdire de coucher avec qui elle veut, sans qu'elle accepte de lui donner plus de détails ceci dit, du moment qu'elle l'autorise à faire pareil et qu'il accepte de continuer à l'aimer comme si de rien était. Cela revient pour moi au même que ces machos qui trompent leur femme en leur disant que c'est naturel, ils ont des besoins à satisfaire, elle n'a qu'à comprendre et se taire. Mais ici, la réaction que j'ai et que le personnage principal tente d'avoir, les auteurs semblent la faire passer pour une réaction coincée et pas ouverte d'esprit. Et autant je peux bien comprendre que d'autres ont une vision du couple et de la sexualité différente de la mienne, autant ce n'est pas cette BD là qui va me convaincre d'en changer. Mais passons sur le jugement sociologique et les questions que cet album amène le lecteur à se poser sur le sujet. L'histoire elle-même prend assez rapidement un tournant semi-fantastique car les deux amis auteurs découvrent que quand ils conjuguent leur imaginaire et leurs fantasmes, ils sont en mesure de donner vie à leur personnage imaginaire, un séducteur viril capable d'attirer le désir de toutes les femmes et de vivre des expériences sexuelles qu'ils n'auraient jamais envisagées dans leurs petites vies présentées comme médiocres. Par un dessin différent et un choix de mise en page et de narration graphique bien particulier, la mise en scène des moments où cet être se matérialise et la façon dont les deux auteurs le co-dirigent et vivent ce qu'il vit est assez trouble, comme les souvenirs vagues de soirées d'ivresse. C'est un personnage qui a sa propre personnalité et qui est en même temps téléguidé par les deux héros, n'existant que par eux et pour eux, et disparaissant ensuite. Et quand ils se séparent et retournent à leur vie réelle, les deux amis sont plongés dans la perplexité sur comment ils doivent appréhender ces possibilités qui leurs ont ouvertes et leurs propres vies intimes et de couple. C'est assez bizarre comme manière de raconter les choses. On est quelque part entre le roman graphique intimiste et réaliste, le fantastique et un peu d'onirisme métaphorique. Et les choses deviennent encore plus déstructurées sur la fin de l'album quand on passe au niveau narratif supérieur et que la BD met en scène les auteurs du récit lui-même, à savoir les deux héros de la Web-série tandis qu'ils réfléchissent à la création que l'on vient de lire sur les pages précédentes. En résumé, c'est une BD qui m'a fait réfléchir et ressentir pas mal d'émotions contradictoires : curiosité, malaise, léger dégout, agacement, compréhension imparfaite, compassion... mais je n'en tire pas une grande satisfaction, je ne partage pas sa vision semi-positive de la liberté sexuelle et du couple, et sa conclusion m'a dérouté et pas convaincu.

08/04/2021 (modifier)