Le Sucre de la pierre

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Subsiste dans les profondeurs sauvages de l’Antre un jeune individu inconnu de la communauté mankîns. Bien qu’évitant tout contact avec ses semblables, l'inconnu se risque parfois dans leur repaire, attiré par le chant d'Ëa.


Edition participative Les petits éditeurs indépendants

Celle-ci s’est habituée aux visites furtives du jeune solitaire et n’y est pas insensible, mais sa destinée a déjà été planifiée par le puissant Dîuk Ormô. C’est sans compter sur les forces subtiles qui régissent l’Antre du géant Qëb...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Décembre 2019
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Sucre de la pierre © Zedrimkomtru 2019
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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09/04/2021 | Erik
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Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Attiré par la beauté des planches entrevues sur le Net, je me suis procuré cette BD au tirage limité tant qu'elle reste disponible. Et une fois en main, je peux confirmer mon impression initiale : étonnant qu'Hervé Leblan ne soit pas déjà plus connu dans le monde de la BD car son dessin est superbe et parfaitement maîtrisé. L'album le Sucre de la Pierre tel qu'il est vendu actuellement se présente sous un grand format avec couverture souple à rabats. Le papier lisse et très épais des pages est gage de qualité. Celui de la couverture est lisse également mais le dessin qui le recouvre et les couleurs choisies lui donnent un étonnant aspect de velours qui trompe l'œil et force la main à vérifier si le toucher est lui aussi velouté. Même si j'aurais forcément préféré une couverture cartonnée, la qualité de cet ouvrage fait plaisir et explique en partie son prix élevé. Nous sommes plongés dans un univers imaginaire totalement souterrain. Il est créé sur la base d'une mythologie propre où des dieux géants auraient conçu la roche, l'eau, la lumière et les créatures qui y vivent en son sein. Et l'un d'entre eux, plongé dans un profond sommeil, rêve depuis lors la vie des humains, ou plutôt des Mankins comme ils se nomment eux-mêmes. Ceux-ci ont établi toute une religion autour de ce mythe, religion qui gère leur vie et leur imposent des règles strictes... la plupart au profit de leur dirigeant peu scrupuleux. Le héros, quant à lui, vit en dehors de cette société et lui comme les autres humains ignorent ses origines, si ce n'est qu'il vit en homme libre et un peu sauvage dans la nature, se tenant à l'écart des Mankins. Mais il va être irrémédiablement attiré par le charme et le chant d'une belle jeune femme qui va le forcer à rompre avec son isolement. Le dessin de cet album est proprement superbe. Plusieurs noms de grands maîtres du dessin me viennent à l'esprit pour essayer de le comparer à des styles connus, comme par exemple Moebius pour les décors rocheux et les animaux qui y vivent ou encore Servais pour les corps à l'exception sans doute des lèvres très pulpeuses de ses protagonistes, mais il a en même temps un style propre qui est certes parfois assez académique mais brillant de maîtrise. Hervé Leblan a certes une trentaine d'années d'expérience dans le domaine de l'animation et de l'illustration, mais je trouve épatant de voir à quel point il maîtrise le médium de la bande dessinée dès son premier véritable album. Il est vrai que la teneur du récit, de son cadre et des couleurs aux teintes oscillant entre les bleus, verts et violets donnent un petit aspect suranné à ce style, rappelant parfois les publications de Métal Hurlant et d'autres fois l'excellent album La Source et la sonde de Bourgeon et Lacroix, mais je ne vais pas m'en plaindre : ce sont là des références que j'aime et apprécie aujourd'hui autant qu'hier. Le scénario est-il à la hauteur du graphisme ? En l'absence de véritable éditeur, je craignais que le manque de relecteurs y laisse passer des faiblesses narratives et autres manquements que seule l'expérience dans le domaine de la BD permet d'éviter en général. Eh bien, là aussi, j'ai été agréablement surpris. Hormis une faute de conjugaison qui m'a un peu choqué, je lui trouve là encore une bonne maîtrise professionnelle. L'intrigue a su me plaire sur la grande majorité de l'album. Même si elle présente bien des aspects stéréotypés d'une civilisation imaginaire de type féodal avec d'un côté un tyran qui profite de son peuple et de l'autre un bon sauvage qui va amener le chaos dans la fourmilière, elle a su me séduire par son atmosphère et l'originalité de sa religion et de la société qui s'est construite autour de son mythe. Elle présente en outre quelques pans mystérieux comme le mystérieux narrateur, l'Aven, ou encore les Skribs et leur trame primordiale. Et comme la mise en scène est efficace et la narration fluide, je me suis bien laissé prendre par le récit. Cependant, plus il avançait, plus je m'inquiétais de ne pas le voir arriver à une conclusion satisfaisante. Car après une longue introduction, l'action se lance enfin et j'y ai vu beaucoup de portes s'ouvrir et peu se refermer. Plus le nombre de pages restantes diminuait, plus je me disais qu'il n'y aurait pas suffisamment d'espace pour y développer une fin réussie. Et effectivement, elle ne m'a pas convaincu, ou du moins m'a-t-elle laissé sur une frustration. Elle me donne une impression de récit vain, qui avait tous les ingrédients pour permettre d'excellents développements, mais qui s'achève avant d'avoir vraiment pris son envol. Peut-être a-t-elle été conçue dans l'espoir d'un succès commercial amenant à la création d'une suite ? Mais en l'état, puisqu'il s'avère qu'il faille considérer cette fin comme définitive, j'aurais aimé un épilogue plus consistant et des paroles moins absconses de la part de notre fameux Aven narrateur. C'est donc là une très belle BD sur la forme et dans son imaginaire, et qui marque surtout par son graphisme épatant, mais son intrigue n'a pas su me combler pour de bon. J'aimerais bien qu'il y ait une suite...

13/04/2021 (modifier)
Par Erik
Note: 4/5
L'avatar du posteur Erik

"Le sucre de la pierre" est une BD assez onirique sur un monde étrange qui ressemble à notre planète. Il est question de neuf géants tout puissants qui ont créé un monde nouveau ou du moins l'un d'entre-eux. Pour autant, il s'agit surtout de croyances et de religion dont se sert un prêtre dirigeant pour asseoir son pouvoir sur une peuplade primitive vivant dans d'immenses cavernes.  Il est relativement aisé de trouver des arguments pour encenser ou démonter une bande dessinée que l’on aime ou l’on déteste. Cependant, l’exercice s’avère délicat quand l’œuvre est spéciale. En effet, c'est comme une invitation au songe. C'est presque un voyage époustouflant dans un univers d'ailleurs assez hermétique et onirique. Cette manière de tout relier est sublime mais parfois éprouvante car nous n'aurons pas toutes les explications utiles. Deux mots me viennent à l'esprit pour qualifier cette œuvre : singulière et brillante. Il est vrai que l'auteur Hervé Leblan a façonné des planches à la beauté asphyxiante, voire une élégance du trait omniprésent. On aura droit soit à des plans reculés ou soit des angles plutôt intimistes. Les décors sont absolument fabuleux. Le graphisme est réellement d’un esthétisme absolu avec un trait fin et précis. En effet, chaque case suggère une profondeur presque démentielle, libérant son lecteur abasourdi dans des cadrages relevant du virtuose. On observera également une générosité dans le détail et une lumière exceptionnelle de maîtrise. Graphiquement, c’est plus qu’honnête. J'ai bien aimé les deux personnages principaux qui forment un beau couple qui se complète. J'ai aimé leur impudeur physique et psychologique dans une férocité crue et presque sensuelle. L’immersion dans cet étrange univers ayant ses propres codes semble être totale et le pouvoir d’attraction irrémédiable. On vit cet album comme une apnée à la fois sensorielle et tragique dans son déroulé. Il faut juste se laisser emporter par le récit. Je note un petit bémol en ce qui concerne la conclusion de ce récit, à moins de considérer d'être à la fin d'un rêve ou au début d'un éternel recommencement. Il est question de liberté mais également d'un triomphe de l'éphémère face à l'éternel comme une prise de revanche sur les dieux. Pour l'inspiration, je sens des influences un peu diverses comme le film culte « Avatar » de James Cameron ou encore une vieille œuvre BD de science-fiction comme Le Cycle de Cyann de François Bourgeon. Que des œuvres de qualité avec un certain dogmatisme ! Je voudrais remercier celui qui m'a permis de bénéficier de cet album et qui se reconnaîtra. C'est tout ce que j'aime et je le dis avec sincérité. A noter une édition tout à fait exceptionnelle qui met le graphisme en valeur. C'est tout à fait dommage que cette sortie soit intervenue dans une période un peu particulière, ce qui fait que c'est passé un peu inaperçu. Il s'agit de combler cela car à la fermeture de cet album, persiste une agréable sensation. Voici un nouvel auteur à découvrir. Et le meilleur est à venir ! Je n’en doute pas. En tout cas, c’est à lire sans aucune hésitation. Je lui réserve la place d’honneur de ma bibliothèque. Un scénario captivant, un graphisme impressionnant d’une très grande beauté ainsi qu'une fabrication hors pair. Trois éléments pour un mariage flamboyant et quatre étoiles amplement méritées. Je terminerai ma dernière chronique sur une citation : "Oublie tout ce qu'ils t'ont appris ; commence par rêver".

09/04/2021 (modifier)