Tumultes

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

“3” était une performance graphique, superbe chorégraphie muette et improvisée. Séquelles reprenait le même motif en dotant les personnages de la parole et en offrant du sens et de l’humour à cet univers sous acide. Tumultes va plus loin et réussit la prouesse d’emboîter à posteriori chaque détail, transformant ce qui ressemblait à un délire en un récit à la logique implacable. Un coup de maître.


Les petits éditeurs indépendants Séries avec un unique avis

En imaginant une origine à Séquelles et 3 (re-édité Romanji), Hugues Micol donne à son cycle une cohérence bluffante et inattendue. “3”, le livre par lequel Hugues Micol avait fait son apprentissage de la bande dessinée, s’ouvrait sur un homme avalant un poisson et s’achevait, au bout de 160 pages d’une poursuite insensée, devant l’encombrant cadavre de Poséidon. La suite, Séquelles, nous entraînait encore plus loin dans la folie d’un Tôkyô factice et décalé, où les monstres se multipliaient à la façon de poupées russes. Avec Tumultes, les sirènes nymphomanes et les divinités hostiles viennent ravager un monde hésitant entre burlesque et hallucination, pour nous donner l’un des plus beaux ovnis du 9e Art.? Hugues Micol bouscule les mythologies et les codes graphiques, son dessin illuminé convoquant, entre divinités et gangsters, les ombres de Jack Kirby et Akira Kurosawa. Puisant sa verve hilarante dans des délires coupables et empoignant sa création à bras le corps, Micol vocifère, s’esclaffe, et éclabousse le lecteur de son talent jubilatoire.

Scénario
Dessin
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Mai 2015
Statut histoire Une histoire par tome ((Suite/Préquelle de "3/Romanji" et de "Séquelles" pouvant être lue indépendamment.)) 1 tome paru

Couverture de la série Tumultes © Cornélius 2015
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

12/04/2021 | Jetjet
Modifier


Par Jetjet
Note: 3/5
L'avatar du posteur Jetjet

Pour résumer Tumultes, "j'aimerais vous donner une explication rationnelle pour vous soulager. C'est malheureusement impossible. Je m'en excuse." Il s'agit d'un extrait choisi rédigé par Hugues Micol lui même qui synthétise parfaitement l'état d'esprit à l'issue de cet ouvrage qui termine le cycle des aventures de l'agent Sabre, seul véritable personnage commun à cette véritable trilogie qui n'en est pas non plus complètement une. Tous comme les deux autres ouvrages, Tumultes peut se lire de façon complètement indépendante. Tout comme les deux autres ouvrages, Tumultes boucle une trilogie originale mais complètement barrée. C'est à la fois une séquelle et une préquelle, ou plutôt une relecture de cette même histoire foutraque qui mélange pêlemêle origines du futur agent de la brigade 3 dans un Tokyo néo-futuriste où cohabitent divinités à base d'écailles, montres démoniaques et combats de titans nippons. On se prête facilement au jeu d'autant plus que le bond graphique entre chaque opus est assez conséquent. Si Micol n'a plus rien à démontrer de ses talents de dessinateur (voir Le Chien dans la Vallée de Chambara pour s'en convaincre définitivement), son trait a considérablement évolué depuis Romanji (3) et Séquelles. Oscillant entre l'école d'un Blutch ou d'un Frédérik Peeters, Micol impose un style dynamique et précis tout en gardant les lignes d'une école Underground. C'est à la fois maladroit et beau, intriguant et détaillé. L'auteur en profite pour constamment brouiller les cartes tant par ses dessins et ses créatures improbables que par son scénario imprévisible. Enfin ce n'est pas aussi imprévisible que prévu pour qui garde les deux premiers "tomes" en mémoire. Ici on fait allusion à quelques détails lus auparavant en répondant sur quelques questions mais en relançant pas de nouvelles comme savent le faire les illusionnistes. C'est à la fois jouissif mais c'est devenu un peu moins surprenant. Micol répète la même histoire en l'étoffant mais perd un peu de sa spontanéité. Sans une fin assez jolie et qui se voudrait cette fois définitive, les aventures de l'agent Sabre deviennent un peu plus convenues comme si Micol souhaitait en finir définitivement avec une histoire de courses poursuites qui pourrait s'étirer à l'infini. Est-ce pour autant la fin de ce curieux exercice de style qui pourra aussi bien agacer qu'émerveiller ? Il semblerait que ce soit le cas cette fois. Hugues Micol a commencé avec le silence et termine logiquement avec le tumulte. Mission accomplie pour une œuvre bizarroïde qui mérite d'être relue pour être appréciée à sa juste valeur. Il est également à noter que le soin accordé par l'éditeur Cornélius pour ces 3 ouvrages leur confère un charme supplémentaire et non négligeable.

12/04/2021 (modifier)