La Désobéissance d'Andreas Kuppler
Quand devient-on le pantin d'un système fasciste ? Quand jouons-nous le jeu d'une dictature ? La Désobéissance d'Andreas Kuppler aborde avec subtilité cette question primordiale.
1930 - 1938 : De la Grande Dépression aux prémisces de la Seconde Guerre Mondiale Adaptations de romans en BD Allemagne Auteurs espagnols Corbeyran Journalistes Mirages Nazisme et Seconde Guerre Mondiale, vus par les Allemands
Allemagne 1936, peu à peu le pire s'est mis en place, chacun est confronté à lui-même et à ses convictions. Andreas Kuppler, chroniqueur sportif réputé, a dû prendre sa carte au parti nazi pour être autorisé à couvrir les J.O. de Garmisch- Partenkirchen. Mais il traverse une période troublée. Sa femme est dépressive et sa vie de couple lui échappe, il n'est pas en accord avec les décisions du gouvernement. Et bientôt, parce qu'il a écouté du jazz et passé une soirée avec une mystérieuse journaliste américaine, la Gestapo va lancer sur lui sa machine implacable...
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Date de parution | 14 Octobre 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Le sujet de l’album est intéressant. Nous suivons un homme, journaliste sportif allemand couvrant les J.O. d’hiver dans l’Allemagne nazie, en 1936. Nous comprenons peu à peu qu’il n’est pas un inconditionnel du IIIème Reich (contrairement à sa belle-famille), et même qu’il est – du moins discrètement – de plus en plus critique vis-à-vis du régime hitlérien. Régime qui, peu à peu, lui met la pression, il est surveillé, il doit rendre des comptes, faire attention aux personnes qu’il rencontre (surtout si ce sont des journalistes américains – dont des Juifs !). Il y a un peu de 1984 (en plus soft !) dans certaines scènes, dans la deuxième partie du récit. Mais le problème, c’est que ce récit est bien trop linéaire, il manque de rythme, et finalement d’intérêt, c’est trop nonchalant, paresseux. Les questionnements du héros, ses relations avec sa femme (personnage que j’ai trouvé un peu caricatural et versatile) ne m’ont pas vraiment captivé, et la fin ouverte (on ne sait pas vraiment comment ça va finir pour le héros) m’a du coup laissé indifférent.
Adapté d’un roman, ce récit traite d’un sujet délicat : le point de basculement à partir duquel un individu va s’affranchir d’une opinion générale pour adopter la voie qui lui semble la plus juste, la plus honnête vis-à-vis de lui-même comme vis-à-vis des autres. Ici, nous sommes plongés dans l’Allemagne nazie de 1936 et Andreas Kubbler, ainsi que son épouse, vont se retrouver confrontés à cette situation. Je n’ai pas été subjugué par cette histoire alors que le sujet me plait énormément. Tout d’abord, le style graphique avec cet encrage très marqué n’est pas de ceux que je considère comme confortables. Ici, il faut trop souvent que je me force pour déchiffrer le dessin alors que l’encrage très sombre des visages et des regards empêche ceux-ci de transmettre des émotions. Ensuite la narration est très linéaire. Peu de dialogues et un narrateur qui nous transmet les impressions et sentiments d’Andreas Kuppler. J’ai espéré au début du deuxième chapitre tomber sur un récit en ‘point de vue’ puisque le narrateur change de pôle et nous traduit alors les impressions et sentiments de Magdalena… mais ce renouvellement pourtant très bienvenu ne sera que de courte durée. Et pourtant, l’histoire n’est pas inintéressante. Ce couple arrivé à un point de rupture, ces deux êtres en fuite du fait de n’avoir pas pu avoir d’enfant, l’un consacrant toute son énergie dans son travail, l’autre dans la famille au sens large (quitte à ce que cette famille soit façonnée par une identification nazie), ont des choses à dire, des faiblesses et des doutes à exprimer… Mais voilà, à la lecture, il ne se passe rien. Encéphalogramme plat. Je ne suis pas touché par leurs destins pourtant dramatiques. Ni ému, ni dégouté, je reste indifférent. Dommage, la thématique me plait beaucoup mais dans ce registre, je préfère alors nettement « Pereira prétend » ou « Sur un air de Fado ». Peut-être le roman d’origine est-il plus efficace, mais cette adaptation ne m’a pas donné l’envie de le découvrir…
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