Presque
Presque est un album-choc, une introspection très brutale de Manu Larcenet, qui revient sur un service militaire vécu comme un cauchemar. Le ton est dur, on devine qu'il y a un vrai traumatisme, et ce n'est pas facile de voir quelqu'un exhiber ses blessures.
Auteurs complets Autobiographie BD à offrir Best of 1990-1999 Format à l’italienne Larcenet Le service national (ou service militaire) français Les Arts Appliqués de Paris Les petits éditeurs indépendants One-shots, le best-of
Larcenet raconte dans cet album son service militaire. Une année passée sous les drapeaux, base aérienne de Toul, section disciplinaire. Sans fioritures, sans grand dramatique hollywoodien, l’auteur décrit ce qui a été son enfer quotidien, et constate son impuissance à transcrire l’incommunicable.
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Date de parution | Septembre 1998 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
« Presque » est une autobiographie de Manu Larcenet. Il y raconte comment il a intégré l’armée pour y faire son service militaire. Avant de juger ce récit, Il me semble nécessaire de vous faire partager mon point de vue sur la conscription. Le service militaire en France a été supprimé en octobre 1997 sous la présidence de Jacques Chirac. Je ne l’ai pas fait, par contre, j’ai plusieurs potes à l’époque qui l’ont réalisé dont trois : deux l’ont relativement bien vécu n’ayant jamais eu de problèmes avec les militaires et les autres appelés. Le troisième a été envoyé en Allemagne, c’était une forte tête et avait fait une grosse connerie dans sa jeunesse. Ça, l’armée le savait et ce n’était pas par hasard qu’il fut mandaté là-bas, il y a donc vécu une conscription dure et éprouvante… quand Il est revenu, il a littéralement changé son attitude avec tout le monde en étant sympa et très serviable, et nous a dit que l’armée l’avait remis sur le « droit chemin », que ça lui a servi à mieux s’intégrer dans la société et que ça lui a -je cite- « sauvé la vie »… Donc, rien à voir avec ce que Manu Larcenet y a vécu… J’aurais même tendance à dire que vu la situation actuelle où le civisme a tendance à disparaitre, ça ne serait pas trop mal que la conscription revienne… Mais ceci est un autre débat… et j’aurais même tendance à dire que le cas de Manu Larcenet est un cas « relativement » isolé où la justice française et les recruteurs d’agents dans l’armée française ont fait preuve d’incompétences et d’irresponsabilités devant un acte d’une gravité extrême. Ceci dit, je me mets à la place de l’auteur et je comprends tout à fait qu’il en soit affecté à vie, que son point de vue sur le service militaire soit devenu à ce point très négatif et radical. Je comprends aussi que les jeunes lecteurs, ceux qui n’ont jamais connu cette période, soient dubitatifs sur l’utilité du service militaire (Pourquoi perdre une année à faire joujou avec des armes ? Quelle utilité ? « Moi, je n’irai jamais tuer les autres », etc…). Dans cette bande dessinée, le discours de Manu Larcenet sur l’armée y est donc très fort. Son talent pour amener le lecteur vers l’horreur, sa narration et son sens de la mise en scène sont au top ! Son coup de crayon, je dirais plutôt SES coupS de crayon sont sont remarquables chacun dans leur style : le premier est sombre et précis, il représente bien les scènes graves. Le second est minimaliste, il permet en quelque sorte « d’alléger » le récit en y employant l’ironie (notamment les scènes d’incompréhension entre l’auteur et sa mère). Au final, « Presque » est une bande dessinée qui m’a marqué et qui fait réfléchir. Manu Larcenet a un don de narrateur qui est remarquable et il s’en sert avec efficacité pour décrire l’horreur qu’il a vécu pendant son service militaire. « Presque » est donc un ouvrage clairement et logiquement orienté vers l’anti-conscription. Pour ma part, je conseillerais aux jeunes lecteurs de s’intéresser à la question en interrogeant nos anciens et leurs entourages sur leurs vécus avant de s’en faire une idée…
Probablement le meilleur album 'sérieux' de Larcenet et aussi un album que je voulais lire depuis longtemps. Larcenet parle de ce qu'il a vécu durant son service militaire et cela fait tellement peur que je suis content de faire parti d'un pays sans service militaire obligatoire et que cela a été aboli en France ! J'ai été ému par cet album et le propos de Larcenet est intelligent. Il dénonce l'armée sans tomber dans des clichés ou des trucs superficiels et son propos est sincère. J'ai bien aimé l'utilisation de dessin réaliste (enfin pour du Larcenet) avec plein de noir durant une bonne partie de l'album et que les scènes plus 'comiques' (enfin c'est marrant si comme moi on aime l'humour noir) sont dans un style humoristique. Je trouve que cela fait un bon contraste. Ces passages permettent aussi de s'amuser un peu dans un album au ton assez dur.
« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir… » disait la chanson. Et on peut en effet, après cette plongée en apnée dans les entrailles d’une certaine armée, de la douleur de Manu Larcenet, chercher à respirer de nouveau. On est évidemment là très loin de la grosse déconne Fluide, de la pochade « Donjon », ou d’une certaine introspection tranquille glissée dans Le Retour à la terre. Sa part d’ombre, Larcenet la réserve plus aux Rêveurs. Larcenet nous livre là, de manière à la fois pudique, intelligente, mais aussi sans concession, la violente expérience qu’a été pour lui le service militaire. Et dans sa dénonciation je retrouve en partie ce que comme lui ou d’autres j’ai connu pendant mes « classes ». C’est-à-dire l’abus fait par des hommes sur d’autres hommes parce qu’on leur donne un pouvoir. C’est-à-dire l’abrutissement, la lobotomisation volontaire, dans un milieu clos sur lui-même où l’obéissance prime sur la réflexion et l’intelligence (encore que Larcenet montre, avec ce qui est arrivé à Marco, que l’obéissance ne garantit pas de s’en sortir). En formatant les « appelés », l’armée déshumanisait les individus, avec des méthodes employées ailleurs par des systèmes totalitaires. Mais ici Larcenet ne donne pas dans la critique de comptoir, le pathos inutile, son propos est au contraire d’une froideur, d’une précision quasi chirurgicale. Voilà pour le fond. Pour la forme, il alterne des esquisses volontairement brouillonnes, noires et difficiles à « lire » et des personnages patatoïdes à la Trondheim lorsqu’il se représente dialoguant avec sa mère. Ces passages avec sa mère – outre la différence graphique avec les reste des dessins, sont aussi importants car ces moments d’humour permettent de respirer. Ils permettent aussi à Larcenet d’illustrer, avec l’incompréhension entre lui et sa mère, qu’on ne peut se faire une idée réelle de son expérience sans l’avoir vécue. Et j’avoue qu’après les passages avec sa mère, on ressent à la reprise de la lecture un peu du malaise qui étreignait Larcenet à l’idée « d’y retourner ». Et ces passages s’avèrent au final presque aussi violents que le reste ! A lire, évidemment !
Comment parler de Presque ? Et bien ... voila ce que je peux en dire à chaud. Tout d'abord, j'ai été agréablement surpris par le format à l'italienne et la couverture cartonnée de la réédition. Ensuite .... je dirais que ayant déjà lu du Manu Larcenet auparavant, je n'ai pas été dérangé par le dessin, mais je peux reconnaitre que certains pourraient être rebutés. Et puisqu'on en parle, le dessin ! Et bien que dire de plus que ... je l'ai trouvé magnifique. Des planches en noir et blanc sans contour, dans un style très propre à la Larcenet, superbes, alternées avec ces images tenant plus du cartoon. Le mélange donne un curieux sentiment de gravité et de légèreté mélangées assez déroutant. Mais pour autant, ne vous attendez pas à sourire. Ce n'est pas vraiment l'optique de l'ouvrage. Heureusement, comme beaucoup de monde, je suis né (trop) tard pour faire le service militaire. Je ne sais donc pas comment cela se passait, comment les gens le vivaient, personne ne me l'ayant raconté (mon père ayant lui aussi coupé ce service, je n'en ai jamais eu écho), et cette bande dessinée fut mon premier contact avec cet univers. Et bien, ça en met une claque ! C'est brutal au niveau des émotions, on voit un personnage à vif, devenu simple pion dans les rouages de l'armée. Mais en plus, avec l'intervention de départ, ainsi que les angoisses qui le torturent durant les pages, on arrive à comprendre ... qu'on ne peux pas comprendre ! C'est quelque chose d'indescriptible, de personnel mais en même temps d'affreusement contagieux. On se sent torturé avec lui. On se demande aussi qui est coupable finalement : lui, nous, eux, quelqu'un, personne, la société, l'individu ? Il n'y a pas de réponse, seulement ce qu'il à vécu. L'enfer. Clairement, ce récit est immanquable, et mérite le 5/5. Il exprime avec force et violence cette période de sa vie, laquelle fut sombre, comme ses dessins. Mais ses dessins eux, sont beaux. Finalement, on en retire ce qu'on veut, on peut y voir ce qu'on souhaite, une façon d'extirper ça hors de lui, un procès de l'armée, une auto-biographie partielle, un essai graphique, une parodie ... que sais-je encore ? Moi j'en aurai tiré des émotions fortes, des images violentes, et suffisamment de matière à penser pour un moment. Et ca me suffit largement.
C'est complètement par hasard que je suis tombé sur cette BD de Larcenet que je ne connaissais pas. Et là c'est le choc ! Traiter en BD le sujet de feu le service militaire obligatoire, on voit pas ça tous les jours. Et puis on sent les clichés arriver par paquet de 12... Mais non, loin de là. Larcenet a la force et l'énergie de poser à plat tous ses ressentis et de nous les exposer de façon magistrale. Moi qui sors de Blast, j'avoue y avoir retrouvé la charge émotionnelle volontairement pesante qui s'en dégage. On est dans la retranscription d'un malaise profond, dans l'introspection qui fait mal. Et puis le côté très brut et chargé du graphisme est un excellent parti pris. Il renforce complètement la trame de son récit et sers son propos de la meilleure façon. J'ai aussi beaucoup apprécié les autres styles graphiques qui viennent se glisser dans le récit à différent moments cruciaux. Le côté humoristique façon Donjon pour le style quand il retranscrit les rencontre avec sa mère ; même si cela surprend au début, cela s'intègre finalement très bien au reste, et allège le propos. Et enfin, le style "hiéroglyphe inca" que j'ai trouvé magnifique : un pur bijou de graphisme noir & blanc ! Une grande BD donc, sur un thème délicat, et qui plus qu'un exercice est une vrai réussite de l'auteur pour nous signifier et retranscrire l'horreur qu'il a vécu. C'est là, que je ne regrette vraiment pas d'avoir choisi d'être objecteur de conscience...
C'est un 4 étoiles non pas pour le dessin que je trouve assez brouillon mais pour la réflexion qui se dégage de cette oeuvre qui est un véritable brûlot contre l'armée. Ceux qui ont dû faire leur service militaire pourront comprendre ce que l'auteur voulait dénoncer. Il y a des choses totalement véridiques que j'ai moi-même vécu. On n'échappe pas à une certaine folie des hommes confinés dans un appareil militaire dictatorial ayant ses propres règles. C'est un asservissement légal dans lequel on peut être totalement broyé. On ne peut que crier notre impuissance face à l'absolue bêtise. Je trouve qu'il y a quelque chose d'assez sain et expiatoire dans cette démarche de l'auteur. La retranscription de cette ambiance militaire est saisissante de réussite. Le lecteur pourra être franchement dégouté ("j'ai des galons et toi des ennuis : c'est la règle!"). C'est la première fois que je vois que le sujet du service militaire est abordé dans la bande dessinée. Maintenant, il faut faire la part des choses. L'armée n'est certainement pas que cela. Ce sont avant tout des hommes qui doivent défendre nos idéaux de liberté face aux menaces. Ils peuvent donner leur vie pour cela... C'est également clair que le service militaire était une aberration très injuste. Cette bd est une introspection autobiographique parfaitement réussie. Cela serait difficile de ne pas l'avouer. C'est presque un chef d'oeuvre !
Contrairement à Le Sens de la Vis, cette BD m'a plu. Le style est tout autre. Ici Larcenet exorcise un moment difficile de sa vie : son service militaire. Il relate merveilleusement son expérience et exprime ses ressentis avec talent. Ici aussi, le format de la BD est original, on en fait rapidement abstraction car le contenu est fort et sans compromis. Ce one shot dégage une force peu commune, Larcenet ne se ménage pas. Cette lecture est une excellente surprise. "Presque" ne se trouve pas par hasard dans les immanquables. A découvrir.
Je n’ai pas fait l’armée (j’y ai échappé de justesse), et comme le dit Larcenet dans Presque, la souffrance, « quand on n’a pas le nez dedans, on ne peut que l’entrevoir, pas la comprendre. » J’ai donc entamé ma lecture en me disant que quand même, faire une BD pour raconter les horreurs du service militaire, ça fait un peu mauviette, enfin quoi, une vraie guerre je dis pas, mais le service militaire, j’ai plein de potes qui l’ont fait et en sont revenu sans vraiment se plaindre. Mais une fois de plus, Manu m’a bluffé. Après tout, il ne raconte pas les horreurs du service militaire en général, mais les horreurs de SON service militaire à lui, la façon dont ça l’a affecté. Et ça, il le fait fichtrement bien, ce qui ne vous surprendra pas si vous connaissez un peu ce talentueux auteur. Bref, je suis finalement assez mal placé pour parler du service militaire, mais Presque m’a vraiment touché, plus que je ne l’avais imaginé avant ma lecture. Une œuvre à découvrir, sans aucun doute.
« Je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître », celui du service militaire (ou national). Si on veut comprendre quelque chose au tempérament de Manu Larcenet, il faut lire ce livre, témoignage poignant et horrible d’une période vécue comme un cauchemar (ce fût d’ailleurs le cas de beaucoup). L’encrage choisi, vient renforcer cet aspect glauque et sordide du service militaire, vu par Larcenet. Mais l’humour (noir) n’est pas en reste car en se caricaturant (lui et sa mère), Larcenet met en relief le fossé qui le sépare de sa mère, sur les fameuses « classes ». " Presque" c’est une histoire autobiographique, c’est une histoire qui m’a remué les tripes et qui ne peut pas laisser indifférent. C’est une bd indispensable ou presque…
Décidément, j'adore ce que fait Larcenet, tant dans ses productions humoristiques que dans ses ouvrages plus "graves". Loin du style fluide glacial, Presque est un album très intimiste et très sombre. Celui-ci raconte combien le service militaire a été une rude épreuve pour l'auteur, et lorsque vous fermez cet album, vous ne pouvez que comprendre et partager les vieux démons de Larcenet. Un très bel album donc, qui est mis admirablement en avant par des dessins noir et blanc (plus noir que blanc d'ailleurs) tantôt simples, tantôt "brouillons" (ce n'est pas péjoratif !) débordants d'émotions.
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