Les Saveurs du béton

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Angoulême 2022 - Prix de la Bande Dessinée du Musée de l'histoire de l'immigration Le quotidien d'une famille de Chinois en banlieue parisienne.


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Les Saveurs du béton nous amène en Seine-Saint-Denis. De chambres de bonne en appartements partagés avec d’autres immigrés chinois, Kei et ses parents finissent par passer de l’autre côté du périph’ et deviennent propriétaires d’un trois pièces à Bagnolet. Kei se voit alors confrontée à un nouveau monde, celui de la banlieue, alors même qu’elle entre au collège et, par conséquent, dans l’adolescence. Kei donne une fois encore la parole aux invisibles et explore le quotidien, les rêves et les ambitions de ces enfants d’immigrés ayant grandi en banlieue. Elle s’intéresse en parallèle aux grands ensembles et plus particulièrement au quartier de la Noue, où sa famille a résidé à Bagnolet. (texte : Steinkis)

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 29 Avril 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Les Saveurs du béton © Steinkis 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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30/04/2021 | Spooky
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L'avatar du posteur bamiléké

Angoulême 2022 prix de la BD du Musée de l'Intégration. J'ai beaucoup aimé ce témoignage de madame Kei Lam sur ses années de préadolescente lors de l'installation de sa famille dans la cité La Noue à Bagnolet en Seine-Saint-Denis. C'est un témoignage très intéressant d'une enfant unique immigrée non francophone et sans lien historique avec la France. C'est une oeuvre fraiche, touchante et pleine d'espoir car elle donne l'exemple d'un parcours d'excellence dans un environnement peu favorable. C'est un point très important du livre, une enfant de la première génération peut aujourd'hui en France aspirer à devenir ingénieur(e), docteur, architecte ou fonctionnaire (en devenant Français). Je confirme que c'est possible dans toutes les banlieues et toutes les cités même avec des mamans célibataires femmes de ménage, comme le travail de la maman de Kei. Et pas seulement pour des enfants "Asiats" stéréotypés "intellos". Kei Lam ne s'en rend pas compte dans son livre mais c'est un progrès considérable qui a été effectué par la République en peu de décennies. Ce que j'aime le plus, c'est son regard neuf et naïf vis à vis de l'accueil en France. Kei ne porte pas avec elle le fardeau d'une guerre d'Algérie ou d'une colonisation brutale. Sa famille ne représente pas l'espoir d'une vie meilleure pour tout un village. Venant de Hong Kong elle ne déprime pas au souvenir de plages ensoleillées. Kei nous présente son témoignage avec beaucoup de spontanéité en ne cachant ni les bons côtés de sa cité ni les difficultés. Elle développe une bonne dose d'humour à certains passages comme ses visites en préfecture avec, quelquefois, une certaine injustice de ton (cela semble évident que tous les documents doivent être en français et certifiés conformes). Le scénario de Kei Lam intéressera les personnes concernées par un pan important de la vie sociale de notre pays. Derrière son parcours personnel Kei Lam nous décrit aussi une histoire d'amour entre sa famille et la cité de La Noue. Il y a des saveurs, des bonnes (la solidarité, les copines, les rêves de grandeur) et les moins bonnes (la violence, l'entretien) Mais in fine c'est plutôt l'image de 25 ans de vie heureuse qui se dégage. Le dessin est un peu minimaliste mais cela ne nuit pas au récit. C'est très fluide et dynamique. Je ne me suis jamais ennuyé tout au long du livre, c'est assez drôle et parfois dramatique. Une très bonne lecture qui m'incite à découvrir d'autres oeuvres de Kei Lam.

24/05/2022 (modifier)
Par Spooky
Note: 3/5
L'avatar du posteur Spooky

Après Banana Girl, voici la deuxième partie de l'autobiographie de l'autrice Kei Lam, née à Hong Kong mais qui a grandi en France à partir de 6 ans. Vers 10 ses parents ont déménagé à Bagnolet, dans la cité de la Noue, afin d'avoir un peu plus d'espace et de lumière. Son père, rêvant de devenir un artiste-peintre de premier plan, coule une vie tranquille, préservant son mode de vie à la chinoise, et réduisant son intégration au strict minimum. Kei, elle, essaie de se mettre à la page, fréquentant d'autres enfants d'origine asiatique, des beurs et des blancs, découvrant la musique, la nourriture, d'autres cultures... C'est très sympa cette évocation de l'intégration, et de l'appropriation de son cadre de vie par une préadolescente. Un peu long peut-être, car les 224 pages ne couvrent qu'environ deux années de vie, même certains passages nous présentent une Kei adulte, rendant visite à ses parents auxquels elle tente de soutirer quelques renseignements ou anecdotes. Il y a quelques passages vraiment intéressants ou touchants, comme quand ses parents reçoivent une voisine victime des coups de son conjoint, les déplacements incessants à la préfecture pour obtenir des papiers ou les échanges de Kei avec un responsable lors d'une réunion de quartier. On sent une certaine tendresse pour ses parents, même quand il est évident qu'ils se plantent, et même pour sa Cité, malgré la violence, le béton et l'horizon a priori bouché... Le style graphique de l'autrice est assez rudimentaire, mais plutôt efficace dans sa mise en scène. Suffisamment en tous les cas pour que la lecture en soit agréable.

30/04/2021 (modifier)