Le Jardin - Paris
Années 1920. Rose est un garçon, et comme toutes les filles qu'il fréquente depuis sa naissance au cabaret dirigé par sa maman, il veut danser.
1919 - 1929 : L'Après-Guerre et les Années Folles La BD au féminin La Danse Mirages Paris Travestissement
"Le Jardin" est un cabaret parisien au succès grandissant dirigé par une femme. Toutes celles qui y travaillent ont un nom de fleur et l'ambiance y est familiale. Rose, un garçon de 19 ans, est né et a grandi dans cet établissement. Il souhaite à son tour être danseur et se produire sur la scène, devant un public, comme ses amies. Il va rapidement en devenir l'attraction principale.
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Date de parution | 06 Janvier 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Alors que le sujet n’avait pas grand chose pour m’attirer, je dois dire que j’ai rapidement été charmé par ce tome. Je n’ai pas eu les freins de mes camarades, qu’importe si l’histoire peut paraître improbable (d’autant pour l’époque), ou l’âge de notre héros qui peut faire tiquer. Je me suis laissé bercer par ce récit plein de grâce, d’élégance et de finesse dans les émotions. Le fond et la forme sont au diapason, j’en suis sorti assez bluffé. Une narration impeccable alliée à un graphisme délicat et des couleurs harmonieuses. Je ne connaissais pas l’auteure mais j’ai beaucoup aimé. Son style convient parfaitement aux années folles. Niveau récit, c’est encore mieux, non pas que j’ai trouvé l’histoire indispensable, mais j’ai été ébahi par la justesse, le doute, la pudeur, la subtilité, la retenu … des relations entre personnages, c’est le tour de force de l’album. Je n’arrive pas à mette le doigt sur le terme exact, c’est tout simplement très beau, l’antithèse de la vulgarité. Une chouette lecture pour un album que j’ai trouvé lumineux.
Je suis passé à coté de cet album qui ne m'a pas du tout diverti. Le dessin m'a attiré vers cette BD et le trait est pas mal même si je ne suis pas trop fan des couleurs. Le scénario en revanche n'a pas réussi à m'intéresser. Il faut dire que je ne suis pas un grand fan de danse, mais pour moi c'est qu'un détail parce qu'on met surtout en avant le héros androgyne qui va découvrir sa sexuel avec un autre homme...Enfin c'est comme ça que j'ai compris la relation entre les deux. Heureusement que le résumé indique que le héros a 19 ans parce qu'on dirait que c'est un adolescent pré pubère, mais bon au moins ça explique pourquoi il a l'air de jamais grandir dans la BD. Le scénario ne m'a pas captivé. Je n'ai pas aimé comment tous les personnages acceptaient facilement la nature non-conforme du héros comme si l'action se passait de nos jours et pas dans les années 1920. J'imagine qu'il faut considérer le récit comme un conte et ne pas tenir compte de la réalité historique, mais cela ne change rien au fait qu'au final je me suis ennuyé du début jusqu'à la fin.
Même si j'ai un sentiment globalement positif envers cette BD, je n'ai pas réussi à m'empêcher d'être troublé au cours de sa lecture, ce qui m'a interdit de l'apprécier pleinement. Son idée est pleine de personnalité. Il s'agit de présenter de manière très naturelle et belle le personnage d'un jeune danseur qui a passé sa vie entière aux côtés des femmes d'un cabaret parisien des années 20 et qui excelle à son tour dans la danse mais aussi dans le caractère androgyne de sa nature. En effet, il se maquille, porte des robes et se comporte en tous points comme une jeune femme la plupart du temps, et ce avec un grand naturel et beaucoup de subtilité d'esprit. Rien n'est clairement exprimé sur ses préférences sexuelles, seul la liberté de choisir entre être appelé elle ou lui avec le même plaisir est mis en avant dans sa démarche. Et cela lui réussit bien car non seulement ses prestations artistiques lui attirent un grand succès mais il trouve aussi la sérénité d'une relation saine et affectueuse avec le beau et gentil héritier d'une famille d'éditeurs, là encore sans que soit jamais clairement exprimée l'éventuelle nature physique de cette relation. Graphiquement, c'est beau. Dans des couleurs chaudes et aimables, les planches sont esthétiques et attirantes tout en gardant une jolie simplicité du trait. J'ai bien aimé la représentation de l'art et des émotions du jeune héros, avec toute la symbolique des fleurs et des plantes qui émanent de lui quand il danse ou qu'il ressent des émotions fortes. Cela forme un bien joli conte mais un peu trop beau pour être crédible et c'est ça qui m'a troublé. Tout du long je n'ai pas arrêté d'être ramené à la réalité par les questions que je me posais. La première était sur l'âge du héros. Il s'exprime comme un jeune adulte mature mais a le corps d'un enfant de 13 ans tout au plus. Et c'est visiblement l'âge qu'il est sensé avoir au mieux dans cette histoire vu qu'il joue avec une autre enfant et vu sa taille par rapport aux femmes. Mais alors comment expliquer que sa mère le laisse se rendre à des rendez-vous galants avec un adulte ? Comment appréhender sans sourciller cette relation entre un adulte et un enfant, à supposer que celui-ci en soit bien un mais tout dans le récit semble aller dans ce sens ? A côté de cela, ce qui permet au héros toutes ses libertés androgynes tient dans son corps de garçon prépubère, aux traits encore si fins qu'il est impossible de le différencier d'une jeune femme. Mais du coup que va-t-il devenir dans quelques années quand la puberté lui donnera forcément des traits plus masculins ? Quid de sa capacité à se fondre aussi bien dans un environnement féminin et à entretenir le charme sur une piste de danse ? Comme le récit laisse passer plusieurs mois dans son déroulement, je m'interrogeais déjà sur le fait que le jeune héros ne semblait pas avoir grandi et commencé à changer physiquement, et m'interrogeais du coup encore plus sur son futur qui est évoqué dans l'épilogue. Sans parler évidemment de la facilité avec laquelle le tout Paris au sortir de la première guerre mondiale accepte sa nature ambivalente sans que rien de désagréable ne lui advienne. Mais admettons que ceci fasse partie du conte pour que l'histoire reste belle et optimiste. Bref, si on arrive à se détacher de ces raisonnements probablement trop terre à terre et qu'on se laisse porter par la beauté, l'ouverture d'esprit et l'optimisme de ce joli conte, c'est une belle BD. Mais pour ma part, je n'ai pas réussi à me détacher suffisamment du trouble et de la circonspection concernant la relation entre le jeune héros et son beau protecteur.
Pour apprécier cet album à sa juste valeur, il faut faire abstraction de tout ce qui pourrait dégrader cette parenthèse enchantée. Car, dans un temps pourtant agité (l’entre-deux guerres), rien ne semble vouloir troubler la sérénité du cabaret au nom évocateur de Jardin (un jardin d’Eden où toutes les danseuses ont des noms de fleurs, y compris le fils de la patronne, Rose, qui va devenir célèbre en se présentant au public habillé en femme). Il faut donc accepter non pas ce désir assumé de Rose, mais l’absence de jugement, voire de rejet violent de la part de la « bonne société », y compris en province et hors du cadre du cabaret – où la permissivité était plus grande. C’est assez improbable pour l’époque, mais cela passe très bien ici. Le récit joue sur la finesse des émotions, la finesse des relations (entre Rose et l’homme qui, doucement, va devenir son mentor, sans que l’amour ou le sexe ne soient évoqués), la finesse du dessin aussi. En effet, on a là quelque chose qui se rapproche de l’illustration, presque de gravures de mode d’époque : cela renforce le caractère presque « hors sol » de l’histoire, qui elle se laisse lire agréablement. Le thème de départ (les relations entre des danseuses de cabaret) et le dessin n’étaient a priori pas des plus accrocheurs pour moi, mais la lecture a été agréable.
Il arrive parfois qu’un bijou tombe du ciel, et cette bande dessinée en est un. La surprise est d’autant plus agréable quand on n’avait pas forcément eu l’intention de la lire au départ. Il arrive aussi que la couverture ne mente pas, et celle-ci, particulièrement réussie, en traduit parfaitement le contenu. Bienvenue au Jardin de la ville-lumière ! Cette fiction nous transporte – le terme est on ne peut plus adéquat — dans un cabaret parisien pendant les années folles. L’univers délicieux de Gaëlle Geniller est sublimé par les décors et accessoires de style Art nouveau, telle cette lampe de la couverture, et une palette de couleurs riches et chatoyantes. Le trait élégant, d’une sensibilité rare, retranscrit avec bonheur les mouvements gracieux des danseuses et danseurs, mais également les états d’âme des protagonistes. Ce cabaret, ce « jardin » paradisiaque, haut lieu des nuits parisiennes enivrantes de l’entre-deux-guerres où les danseuses portent un prénom de fleur, on l’a à peine découvert qu’on ne voudrait déjà plus le quitter. Quant à la narration, rien à redire là non plus, elle est impeccablement construite. Ces chroniques, bien qu’un tantinet fleur bleue, évitent pourtant tout pathos ou mélodrame inutiles. A cet égard, l’élégance du dessin est totalement en phase avec le scénario. Le lecteur va suivre avec fascination l’évolution de Rose, ce jeune homme, élevé « en vase clos » dans le cocon protecteur et entièrement féminin du cabaret dirigé par sa mère. Celui-ci va s’affirmer de plus en plus dans son identité transgenre, sous la houlette de celui qui deviendra son impresario, le charmant et distingué Monsieur Aimé. A l’époque, le terme « transgenre » n’existait pas vu que la question ne se posait pas. On parlait de travestis et ceux-ci n’étaient tolérés que dans le cadre d’un spectacle. Là où le parcours de Rose fascine, c’est que le jeune homme arrive à se faire accepter dans ses tenues féminines, même hors du cabaret, notamment lorsqu’il part séjourner en province….. Il faut dire que Rose est très beau, qu’il bénéficie d’une morphologie gracile et d’un visage très androgyne, ce qui semble suffire à faire taire les esprits ronchons et réactionnaires. Malgré le terrain glissant sur lequel repose ce récit, Gaëlle Geniller parvient à éviter toute vulgarité, ne cherchant aucunement à choquer le lecteur. L’érotisme facile est totalement hors champ. Cela tient beaucoup à la belle personnalité de Rose, tout en candeur, pour qui le fait de danser dans un lieu « olé-olé » apparaît tout à fait naturel. Certes, le jeune homme y a grandi, mais pour lui, seul son art compte, peu importe les centimètres carré de peau dénudée. A la question d’un journaliste qui lui demandait s’il se considérait comme une femme dans le corps d’un homme, Rose répond avec une simplicité désarmante : « Je me considère comme un homme, mais un homme qui aime tellement les femmes qu’il a envie de faire comme elle ». Certes, le monde décrit semble idéalisé et loin des problématiques de l’époque liées à la proximité des deux guerres (l’une qui venait de se terminer dans une gigantesque tragédie humaine et l’autre, non moins terrible, qui déjà grondait au loin), et pourtant on déguste, et surtout on respire avec bonheur ce « jardin de fleurs » aux mille odeurs. Il faudra vraiment suivre cette jeune autrice qui semble promise à un avenir aussi radieux que son jeune danseur de cabaret. Avec son charmant « Jardin » parisien, on lui saura gré de dédramatiser avec une grande finesse un sujet délicat, de rendre sans objet une polémique affectionnée par les réactionnaires de tout poil qui hélas refusent de se cantonner aux oubliettes patriarcales du XXe siècle.
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