Urgence climatique

Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)

Comprendre le dérèglement climatique pour mieux agir face à l’urgence !


Changement climatique Documentaires Environnement et écologie Lécroart, auteur oubapien par excellence

Février 2020, Étienne Lécroart fait un rêve étrange et effrayant, qui traduit les craintes que lui inspire le réchauffement climatique : les générations futures sont en réel danger ! Il s’en ouvre à son ami Ivar Ekeland, mathématicien, économiste et philosophe, qui s’intéresse de près à la question. En faisant intervenir des spécialistes de diverses disciplines et des acteurs de terrain, tous deux font le point sur la situation actuelle et montrent que l’avenir reste ouvert : les moyens d’action sont là, encore faut-il avoir le courage de s’en servir !

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Avril 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Urgence climatique © Casterman 2021
Les notes
Note: 4/5
(4/5 pour 5 avis)
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26/05/2021 | Titanick
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Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

Dans la même veine que Horizons climatiques - Rencontre avec neuf scientifiques du G.I.E.C. ou Le Monde sans fin, cette BD de Lécroart se veut un petit aperçu de la situation du changement climatique à l'aulne des connaissances actuelles. Et oui, c'est pas le genre de truc qu'on doit lire lorsqu'on se sent mal, parce que ça met toujours une petite claque au moral. "Urgence climatique" est une BD moins dense et moins précise que les deux autres mentionnées ci-dessus, et ce n'est sans doute pas plus mal. Parce qu'elle remet aussi en perspective les faits avec une question politique, ciblant clairement le capitalisme, le libéralisme et le libre-échange comme des monstres à abattre pour sauver nos vies. Un choix judicieux ! Je ne m'attendais pas à ce que Lécroart soit investigateur dans ce domaine, plus habitué que je suis à ses BD de l'OuBaPo ou ses gags dans Fluide Glacial. Et pourtant tout cela passe parfaitement bien, parce que son style est précis dans les personnages et permet l'utilisation facile de caricature, de rôles stéréotypés ou de schémas qui s'intègrent bien. D'autre part, parce qu'il joue sur des couleurs avec lesquels l'auteur joue pour donner du relief au dessin et accrocher l’œil malgré une abondance de texte. Niveau contenu, c'est un long échange entre Lécroart et son ami Ivar Ekeland qui permets de cerner plusieurs aspects du changement climatique. Comme à chaque fois plusieurs choses reviennent et les auteurs ne se cachent pas de la résonance entre leur message et celui de Jancovici qui est une source d'inspiration cité. La BD sera donc redondante avec d'autres ouvrages plus pointu ou détaillé sur le sujet, mais elle est assez bien faite pour donner un aperçu global du sujet et inviter à creuser d'autant plus ensuite. Une introduction déjà détaillé, peut-être moins factuel mais ajoutant la dimension politique de Ekeland que j'apprécie beaucoup : arrêter de croire dans les sirènes du Néo-libéralisme et enfin accepter que le capitalisme est un système qui nous conduit dans le mur. Comme souvent dans les productions de ce genre, la BD finit sur une liste de projets qui voient le jour et donnent espoir. Ces milliers de gouttes d'eau dans un océan de problèmes sont le signe que quelque chose change. La BD est écrite durant la pandémie de Covid et je constate après celle-ci que si l'espoir de voir le monde changer brutalement a disparu, il y a néanmoins beaucoup de petits détails qui sont apparus, beaucoup de gens ont eu une prise de conscience et des nouveautés sortent chaque jour. Le changement climatique est désormais partout dans les discours et les initiatives se multiplient, surtout localement. La fin est d'ailleurs claire là-dessus : ce n'est probablement pas la génération élevé à la voiture/télé/avion qui va changer le monde, mais les jeunes informés. Le travail est donc titanesque mais curieusement plus je m'informe, plus je retrouve espoir. Une BD qui fait ce qu'elle a à faire d'une bonne façon et ouvre à plus de détails qui seront à retrouver dans toutes les BD déjà sorties sur ce sujet, et sans aucun doute sur toutes celles qui vont arriver. "Urgence climatique" s'inscrit dans la lignée des BD à fort caractère informatif que je ne peux que conseiller au grand nombre.

17/07/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Je reste dubitatif après la lecture de cette série consacrée à l'urgence climatique. Si je prends son côté généraliste je préfère Le Monde sans fin de Jancovici et si j'axe ma lecture sur un côté plus spécialisé je préfère de loin La Malédiction du pétrole de Jean-Pierre Pécau. J'ai tout de même trouvé cette lecture riche mais il y a de nombreux points qui m'ont insatisfaits. Tout d'abord je trouve que les auteurs utilisent beaucoup trop un argumentaire d'autorité en multipliant les citations hors de leur contexte. Légitimes ou pas, je ne suis pas expert mais je suis immédiatement réticent sur cette forme de présentation. Ensuite l'ouvrage a été conçu en pleine pandémie du Covid 19, ce qui se ressent au niveau de la réflexion des auteurs. Sur ce point je n'adhère pas à leur point de vue. En effet je ne vois pas une grande différence entre l'avant et l'après Covid dans la vie de tous les jours. De plus quand Lécroart écrit (p 26) "On est sidéré par le manque d'anticipation de nos gouvernements face à ce virus." Je trouve cela un peu facile voire populiste après la bataille. Enfin les auteurs tirent à boulets rouges sur deux sujets : le pétrole et l'agriculture intensive. Je ne suis pas climatosceptique et il est incontestable que leurs effets sont nocifs à un statuquo climatique. Malheureusement je trouve que la présentation de l'expansion du pétrole et de ce type d'agriculture uniquement présentée pour des raisons financières est un peu rapide et superficielle. Enfin puisque les auteurs mettent l'accent sur les gaz à effet de serre, je ne comprends pas qu'ils n'approfondissent pas l'épisode de la couche d'ozone et des CFC, sujet premier de la fin des années 80. Ainsi les solutions présentées (en Ouganda, en Inde, au Cambodge) restent des exemples épars. Mais pour intéressants qu'ils soient, la multiplication des exemples ne forment pas une théorie. Je sais que mes enfants auront à gérer ce défi qui aura de multiples ramifications (pollution, immigration, partage des compétences, notion de souveraineté...). Cette série , trop tournée vers le passé à mon goût, ne me donne pas de vision réaliste sur le futur. C'est ma déception. Une lecture qui reste instructive mais bien en deçà de mes attentes.

07/04/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Cet album démontre s’il en était besoin que l’on peut faire de la vulgarisation intéressante, intelligente, que l’on peut parler de sujets importants, graves, sans tomber dans le charabia chiant. Si cela n’est pas fait plus souvent, cela relève d’autres choix, forcément discutables. En tout cas, voilà une lecture qui présente bien les problèmes, leurs causes et leurs effets plus ou moins proches, de façon claire. Sans prendre le lecteur pour un imbécile, on lui donne au contraire les informations qui devraient lui permettre de prendre de meilleures décisions – du moins de faire en sorte que chacun puisse vérifier ce que font ou ne font pas à ce propos ceux qui se disent leurs représentants. Car il n’y a pas de fatalité ! Tout est affaire de choix, plus ou moins éclairés, mais toujours éclairant. Les rapports du GIEC se succèdent, souvent à peine évoqués dans les journaux au milieu de reportages sur les vacances lointaines, la vie des stars qui se déplacent en jet et le progrès que représentent la 4G, les exploits d’Elon Musk, etc. la lecture de ce genre de documentaire est fortement recommandée pour remettre une certaine hiérarchisation dans l’information. Et pour rappeler l’urgence d’agir, mais vraiment, en oubliant l’autre urgence, celle des profits immédiats (en matière de gros sous en bourse ou de voix aux élections). Et les auteurs ne se contentent pas d’un constat aux allures d’autopsie, ils montrent assez simplement ce qui pourrait être fait pour non pas inverser les courbes, mais au moins les infléchir fortement. Si la démonstration est aussi intéressante et d’une lecture fluide et très agréable, elle le doit aussi à Etienne Lécroart, dont le dessin simple et amusant accompagne très bien le propos d’Ivar Ekeland. Si j’admire le travail oubapien de Lécroart, je l’avais déjà vu soutenir efficacement un travail documentaire, dans « Les Riches au tribunal ». Lecture hautement recommandée donc !

14/12/2022 (modifier)
Par fuuhuu
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur fuuhuu

Un album documentaire excellent. Les auteurs parviennent à aborder la problématique du réchauffement climatique d'une main de maître. Autant j'ai l'habitude de lire des ouvrages traitant ce sujet, autant je n'ai jamais autant apprécié ma lecture qu'ici. On est loin des discours de "monsieur-je-sais-tout", des "bobo-écolo" ou autres personnages insupportables. On est au contraire dans un dialogue posé et agréable entre 2 hommes, préoccupés par le réchauffement climatique et cherchant vraiment à comprendre d'où il vient, ses conséquences et ce qu'il est possible de faire pour le contrer. L'ouvrage est donc construit sous une forme de dialogue, entrecoupé par presque toutes les questions que l'on peut se poser sur le climat. C'est sérieux, intelligent, très pédagogue et le tout, agrémenté d'un excellent humour pour alléger notre lecture. Je conseille donc cette BD à tout le monde, et ne manquerai pas d'en faire la pub dans les écoles, afin qu'un maximum de personnes et de jeunes lisent cet ouvrage. 4 étoiles + coup de coeur MAUPERTUIS, OSE ET RIT !

12/07/2021 (modifier)
Par Titanick
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Titanick

Que voilà un excellent documentaire sur le sujet. Tout d'abord très agréable à lire, pas lourdingue pour deux sous malgré le sujet, avec une mise en page aérée et colorée. Ceux qui connaissent Lécroart savent ses talents de raconteur et d'illustrateur, tout cela est bel et bien fait. Maintenant sur les tenants et aboutissants de ce dérèglement climatique qui nous concerne tous, il s'est adjoint un mathématicien spécialiste du chaos et de l'économique (qui, soit dit en passant, a inspiré le personnage du Dr Malcolm de Jurassik park). Les auteurs ont entamé l'ouvrage en 2020, ce qui permet d'avoir des données récentes par rapport aux autres bds traitant du sujet, je pense forcément au non moins excellent Saison brune qui n'a que l'inconvénient de dater d'avant Fukushima. Un choix que j'ai grandement apprécié dans ce documentaire, c'est de ne finalement s'attarder que peu sur la « technique » du dérèglement climatique, ainsi que sur ses conséquences physiques. Ces sujets sont maintenant suffisamment évoqués par divers médias, des reportages télé (bon, ça dépend sur quelles chaînes) pour que tout un chacun puisse connaître à peu près ce qui se passe déjà et ce qui nous attend. Là, on a une approche bien historique de l'économie mondialisée. Bien sûr, ce commerce mondial ne date pas d'hier mais l'ouvrage montre bien l'évolution parallèle du commerce, de l'industrie, de la finance et de ce qu'il faut bien appeler le capitalisme effréné. On voit bien ce mouvement qui a conduit à la situation actuelle, mais ce n'est pas manichéen. Les auteurs évoquent bien sûr le progrès que cette progression du commerce a engendré, sur le plan sanitaire (sauf Covid évidemment), sur le confort obtenu dans les pays riches …. au prix bien sûr d'une dépendance de plus en plus forte aux énergies fossiles. Je ne suis nullement une férue de finance et parfois je peine dans les émissions sur l'économie politique à vraiment comprendre le fond des choses. J'ai eu droit ici à un cours que j'ai trouvé extrêmement bien fait. Je n'avais nullement imaginé l'impact des guerres mondiales sur l'essor, post conflit, des industries au XXe siècle par exemple. Les auteurs montrent bien également les freins à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre, que ce soit de par notre mode de vie, nos politiques toujours soumises aux impératifs économiques, la publicité, et l'agriculture conventionnelle qui n'est pas épargnée. C'était passionnant, je le relirai. J'ai déjà promis à mon bibliothécaire municipal que je lui prêterai pour qu'il en commande un et le diffuse au maximum. Le seul petit regret que je pourrai avoir : les chiffres et statistiques donnés ne sont pas sourcés directement sur la page concernée, toutes les sources scientifiques sont regroupées en fin d'album, certes ça a le mérite d'aérer la mise en page mais on retrouve moins facilement d'où vient quoi. Je n'ai pas l'habitude de mettre 5 étoiles, « culte » c'est énorme. Mais là, je ne peux pas faire autrement. Donc culte.

26/05/2021 (modifier)