L'Étreinte

Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)

Lorsque Benjamin se réveille à l'hôpital à la suite d'un accident de voiture, il apprend que sa femme est dans le coma. Les nouvelles des médecins ne sont pas bonnes. Les semaines passent sans le moindre espoir. Benjamin se raccroche peu à peu à l'image de cette inconnue allongée sur la plage qu'il a photographiée avant le drame.


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Qui est-elle ? Comme un appel à la vie, il décide de partir à sa recherche. Mais comment la retrouver ? Et comment ne pas se noyer dans cette culpabilité ? Ne pas se voir en traître ? S'autoriser à prolonger sa vie quand celle de sa femme est suspendue ? Une histoire sur nos icebergs et sur le désir de ne pas sombrer sous la surface.

Scénario
Jim
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 30 Juin 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série L'Étreinte © Bamboo 2021
Les notes
Note: 3.4/5
(3.4/5 pour 5 avis)
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28/06/2021 | Ro
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Par Emka
Note: 3/5
L'avatar du posteur Emka

Cet album est le fruit d'une démarche originale, en tous cas c'est la première fois que je la vois : Laurent Bonneau a créé une série de dessins et de décors qui ont servi de point de départ au scénariste Jim pour élaborer l’histoire. C’est un processus itératif intéressant, qui inverse l’approche habituelle, où le scénario précède le dessin. Ici, c’est l’image qui guide le récit. Cette méthode a des effets visibles tout au long de l’album, avec des moments où l’ambiance visuelle prend le dessus, laissant l’histoire se déployer. Cependant, j'ai trouvé que cette inversion a ses limites, et si elle permet de belles trouvailles visuelles, elle crée aussi des passages où l’intrigue semble se perdre en cours de route. La force de cette démarche réside dans la profondeur des décors et des atmosphères, avec Cadaqués en toile de fond. Bonneau réussit bien à capturer la mer, les paysages, et certaines scènes fonctionnent très bien pour moi. Mais cette importance donnée aux lieux et aux décors se fait au détriment des personnages. Le héros, Benjamin, paraît parfois à peine esquissé, tout comme ses émotions. Les visages manquent de consistance et je trouve cela toujours gênant dans une BD. Cette approche, qui cherche peut-être à refléter la confusion intérieure du personnage principal, finit par affaiblir l’impact émotionnel du récit. Le scénario suit une progression lente, et cette lenteur, voulue, semble parfois trop étirée. On perçoit que l’histoire, construite au fil des dessins, manque de structure et souffre d’une certaine répétitivité. L’obsession de Benjamin pour une inconnue photographiée alors que sa compagne est dans le coma crée une dynamique, certes intrigante, mais qui peine à tenir en haleine sur 300 pages. Le rythme décousu, marqué par des ellipses et des dialogues introspectifs, renforce ce sentiment que l’histoire aurait gagné à être resserrée. Une réflexion touchante sur l’amour et la perte, mais la démarche expérimentale de construire le récit à partir des dessins est un pari qui ne fonctionne pas à 100% dans ce cas.

23/09/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cleck

D'un projet avant-gardiste naît une BD des plus réussies. L'idée de départ est "renversante" : au lieu de partir d'un scénario et de construire dessus un crayonné puis des illustrations, le choix fut de fonctionner inversement et de dresser un scénario (par un Jim d'une grande humilité) à partir d'illustrations et de décors (de Bonneau, au style charbonneux très identifiable fort adapté au projet de par la polysémie de son univers). Subtilement, le scénario se construit sur du visuel (une photo, une image mentale, le souvenir, des sculptures) : une histoire de deuil, de reconstruction, d'art, etc. En découle un beau cheminement, lent et étonnamment apaisé.

02/12/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Bon ben là, je suis passé complètement à côté, ne trouvant absolument rien de passionnant dans ce récit. Le dessin n’est absolument pas ma tasse de thé, le personnage central ne m’a aucunement touché et la fin est prévisible dès le début (même si je croyais qu’il allait culbuter la nana qu’il avait prise en photo). Commençons par le dessin. Si vous me demandez de vous décrire le personnage central sur seule base de celui-ci, je serais bien en peine de faire montre d’un tant soit peu de précision. Je dirais que le gars a un âge situé entre 25 et 65 ans, des cheveux blancs, gris, roux, bruns ou noirs (voire châtain), un nez en trompette ou bien en bec d’aigle, avec une bosse ou pas, ou deux… Sa femme ? Même problème pour moi, avec un âge qui semble osciller entre 35 et 85 ans. Pour le reste, le dessin est raide, souvent laissé à l’état d’ébauche, les décors ne servent que d’arrière-plan (ce qui est un moindre mal dans ce genre de récit centré sur les personnages). Non, décidément, je n’aime pas le style de Laurent Bonneau (« Les Brûlures », « Douce pincée de lèvres en ce matin d'été »). Les personnages, et surtout le personnage central. Celui-ci est sculpteur. Lors de vacances en compagnie de sa femme, il photographie « accidentellement » une jeune personne qui le fascine par sa pose (elle est allongée sur le ventre avec un pied en l’air…. Ooouuuhh que c’est fascinant). Au retour en voiture, sa femme et lui ont un accident de voiture et il s’en sort sans trop de dommages alors qu’elle est plongée dans un coma artificiel, plusieurs de ses organes vitaux étant très sérieusement esquintés. S’ensuit une longue période de déni. Le gars va vouloir se réfugier dans le temps d’avant l’accident, n’en parlant pas -ni du fait que sa femme est entre la vie et la mort- à ses proches, cherchant à retrouver la jeune femme sur la photo (et en en profitant pour coucher ou envisager de coucher avec celles qui se présentent à lui), se rendant régulièrement mais de moins en moins fréquemment à l’hôpital et préparant, contraint et forcé, une future exposition. Le récit alterne flash-backs et temps présent pour que nous puissions mieux cerner le personnage et souffrir avec lui… Sauf qu’il est tellement dans le déni qu’il ne semble pas spécialement souffrir. A l’image de sa représentation graphique, j’ai trouvé ce personnage fuyant, insaisissable, je ne l’ai pas compris. Pas plus que j’ai compris ces femmes rencontrées qui pour deux d’entre elles le laissent entrer dans leur vie (voire dans leur lit). Et puis il y a ces dialogues imaginaires avec sa femme dans lesquels il imagine qu’elle l’autorise à avoir de nouvelles aventures. C’aurait pu être beau, comme passage, sauf qu’il n’a pas attendu d’avoir ce type de réflexion pour coucher avec une autre femme. Alors, ça lui sert à quoi ? A se déculpabiliser d'un comportement qu'il estime douteux ? Donc voilà, pas capté la mentalité du gaillard, pas apprécié le dessin, pas été spécialement surpris ou touché par la fin, j’ai fait défiler les pages en attendant qu’il se passe quelque chose et le seul truc notable qui s’est passé à mes yeux, c’est qu’il a bien dû mettre un terme à son déni à un moment. Franchement, je me suis profondément ennuyé.

20/04/2022 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5
L'avatar du posteur Hervé

J'avoue avoir acheté ce one shot sur le seul nom de Jim, auteur que j'adore, sans avoir fait attention au nom du dessinateur, Laurent Bonneau que j'ai découvert à cette occasion, avec un certain plaisir. Dès les premières pages, j'ai tout de suite songé au film "Les choses de la vie", tant les similitudes se rapprochaient, jusqu'au prénom de Romy, héroïne malgré elle de cette très belle histoire. D'ailleurs les auteurs ne cachent pas cette référence dans le dossier de l'édition canalbd, édition superbe avec signet et limitée à 1200 exemplaires. Si le dessin de Laurent Bonneau peut déstabiliser certains comme moi, à la première approche, il s'avère d'une efficacité redoutable au fil de la lecture. Son dessin est certes très éloigné des albums que signe Jim en tant que scénariste, mais je suis resté scotché par son talent. Il faut dire que cette histoire est basée sur ce qu'on appelle le principe du ''cadavre exquis'' où, en l'espèce le scénariste s'inspire du dessin pour imaginer une histoire.. J'ai été assez séduit par cette recherche de cette inconnue prise en photo sur une plage, alors que la compagne de Benjamin, jeune sculpteur, est dans le coma. Le récit est très émouvant, sans fausse note, et au final nous prend aux tripes. Jim aborde ici ses thèmes de prédilection, la vie, la mort, le sens de la vie, l'envie sur des planches de Laurent Bonneau, qui subliment le scénario de Jim. Je vous invite à lire cet album de 300 pages, qui peut vous amener jusqu'aux larmes. Je regrette que cet album, qui pour moi s'avère un des meilleurs de ce premier semestre 2021, sorte à une période assez creuse voire reste inaperçu en cette fin de saison. Curieux choix de l'éditeur, alors que ce one shot méritait une meilleure exposition éditoriale.. En tout cas, cet album mérite toute votre attention, tant il est remarquable aussi bien sur le scénario que sur le dessin. A lire et à relire. Remarquable en tout point.

21/07/2021 (modifier)
Par Ro
Note: 3/5
L'avatar du posteur Ro

Un sculpteur voit son couple brisé sur la route du retour d'un séjour en Catalogne lorsqu'une voiture se renverse sur la leur et plonge sa compagne dans le coma. Lui s'en est sorti avec quelques blessures mais il ne peut plus qu'attendre qu'elle reprenne connaissance. Désorienté et malheureux, il va alors être obsédé par une idée bizarre, celle de retrouver une femme inconnue qu'il a prise en photo par hasard sur une plage lors de ce fameux séjour à Cadaqués. Pourquoi ? Lui-même n'en a aucune idée si ce n'est qu'il vit cela comme une obsession. Sont-ce les lignes de son corps qui attirent son instinct artistique ? S'agit-il d'un moyen de rester du bon côté de la vie ? Ou peut-être de pouvoir atteindre d'une manière ou d'une autre l'esprit de sa compagne en effleurant celui d'une autre femme ? Les auteurs, Jim et Laurent Bonneau, ont bâti ensemble cet ouvrage presque à la manière d'un cadavre exquis. Le second a avancé l'idée de départ, le lieu et la photo, puis Jim a élaboré le début d'une trame scénaristique autour, et les deux auteurs ont ensuite construit peu à peu le récit amenant de nouvelles idées au fur et à mesure, découvrant ensemble où il allait les mener, ajoutant de nouveaux éléments ou en faisant revenir d'autres à certains moments. A la lecture, on ne sent pas réellement cet aspect improvisé de l'intrigue. On ne le retrouve que dans la longueur du récit et dans son grand nombre de pages qui reflète à quel point les auteurs se sont laissés porter par leurs idées et ont permis à leur histoire de se se développer et de gagner en maturité. Cela entraîne certes quelques longueurs et un aspect légèrement décousu, mais cela se marie bien avec la thématique de l'attente angoissée et du probable deuil d'un amour qui sont ici abordés. J'ai mis un certain temps à m'imprégner du récit. Le graphisme est esthétique mais ne m'a pas enthousiasmé au départ. Je trouvais les traits des visages trop mouvants, notamment celui de la compagne du héros, et j'avais bien l'impression que le dessinateur représentait le plus souvent ses personnages de dos ou le visage partiellement masqué pour éviter autant que possible de les représenter. A l'inverse, j'ai trouvé les décors et paysages élégants et magnétiques. C'est surtout le comportement du héros que j'ai eu du mal à appréhender en début de lecture. Comment ose-t-il s'obséder ainsi pour une autre femme, et son corps en particulier, quand sa compagne est dans le coma ? D'autant plus que comme il ne trouve pas la bonne dès le départ, il va finalement faire plusieurs rencontres successives sans qu'on sache bien où il va nous mener et par extension où les auteurs veulent en venir. Mais de la même manière que ceux-ci ont bâti et découvert leur propre récit peu à peu, il se forge au fur et à mesure une vraie raison à ces actes, et une vraie destination. Les motivations que je lui imaginais me rebutaient un peu, mais j'ai fini par mieux saisir l'état d'esprit du héros et ne plus y voir le mal que je soupçonnais au départ. Je comprends que cette quête obnubilée puisse servir à tromper une angoisse insoutenable. On se prend évidemment à s'imaginer dans une telle situation et à se demander de quelle manière on aurait soi-même combattu le désespoir. Puis vient la fin de l'album. Et j'en veux aux auteurs d'avoir réussi à me faire pleurer, même si je suis assez à fleur de peau sur le sujet abordé en ce moment. Ils ont su me toucher et raviver en moi ce besoin d'étreindre et de montrer son amour tant qu'il est temps. De même que l'indispensable retour nécessaire à la vie, quoiqu'il en coûte. Honnêtement, ce n'est pas vraiment le genre de récit que j'aime à lire, et il comprend en outre quelques longueurs qui pourront ennuyer certains lecteurs, mais il se révèle fort, intelligemment mis en scène et le ton a su rester juste et finalement parvenir à me toucher pour de bon. C'est donc une bonne BD, un bon roman graphique.

28/06/2021 (modifier)