Le Divin Scénario
Un récit de haute fantaisie mêlant religion, mythologie et littérature, jouant de l'érudition et de l'anachronisme, dans lequel l'ange Gabriel, chargé de la Visitation, confond Marie avec d'autres femmes...
Anges Mythologie
Vent de panique au Ciel ! Dieu vient de s’apercevoir qu’il a complètement oublié d’accomplir ce qu’il avait pourtant annoncé : avoir un fils qui puisse incarner sa puissance divine sur Terre. L’archange Gabriel se voit donc confier la mission de trouver la femme qui deviendra la mère du fils de Dieu. Pour ce faire, il ne dispose que d’une description plutôt sommaire (elle est « la femme qui lit ») et sans doute est-il un peu tendre pour mener à bien une affaire aussi délicate.
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Date de parution | 09 Juin 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Après la très belle révélation du « Dieu vagabond » en 2019, Fabrizio Dori nous propose avec ce « Divin Scénario », paru l’an dernier, une nouvelle relecture des mythes antiques. Et là, on ne va pas se mentir, la déception est lourde. Autant on avait été charmé par les pérégrinations du satyre Eustis, autant on se doit de reconnaître que ce nouveau scénario qui, s’il est peut-être « divin », n’a assurément rien de diabolique. Malgré les quelques maladresses dans le trait sur son premier opus, on avait apprécié la candeur du propos, on avait été émerveillé par la chatoyance des couleurs et impressionné par l’érudition de l’auteur qui avait parsemé son récit de maintes références mythologiques. Quant à l’ouvrage dont il est question, le pitch est pourtant loin d’être dénué d’intérêt et l’histoire commençait plutôt bien. Dans un registre pour le moins décalé, les auteurs nous embarquent dans le sillage ailé de l’ange Gabriel, qui comme chacun sait, avait été mandaté par Dieu pour rechercher sur Terre la femme qui lui donnerait un fils. Las, l’opération du Saint Esprit ne va pas se dérouler comme prévu, alors que le GPS de son portable n’en fait qu’à sa tête. Gabriel va devoir parcourir tous les continents, à toutes les époques, dans l’espoir de trouver la sainte matrice. Cette quête fournira l’occasion à Gabriel de rencontrer des femmes légendaires et autres icônes terrestres : Charybde (à moins que ne soit Scylla), Shéhérazade, Guenièvre jusqu’à Marylin, en passant par Madame Bovary… mais de Marie, point ! Ça ne serait rien si notre archange n’était pas dérangé régulièrement par son portable (Saint-Luc a besoin d’un debrief régulier pour tenir le « vieux » informé), qui plus est toujours au moment où il est en train de conter fleurette à ces dames… Mais cette introduction paraîtrait déjà presque trop longue eu égard au découragement qui a saisi l’auteur de ces lignes au fil de la lecture. Car si la trame est simplissime, les fioritures textuelles qui viennent s’y greffer ne font qu’alourdir le récit, réduisant à néant toute lisibilité. C’est extrêmement bavard, souvent abscons, avec de grands écarts stylistiques (entre poème médiéval et français parlé d’aujourd’hui, un chouilla populaire mais pas trop hein !…) à vous donner le torticolis. Au final, on finit par se foutre totalement du sort de Gabriel, dût-il atterrir en enfer… Et lorsqu’on se réveille, on ne comprend pas tout de suite pourquoi on a le front posé sur le livre ouvert. Il ne faudra pas davantage compter sur l’humour pataud et lourdingue pour sauver la mise. Bref, nous avons ici une véritable catastrophe éditoriale, encore plus surprenante de la part d’Actes Sud, qui n’aura peut-être retenu comme seule critère l’étalage éruditionnel. Le seul à faire le taf est Fabrizio Dori, artiste certes talentueux, mais la beauté de ses planches tend malheureusement à s’effriter devant le profond ennui (pour ne pas dire le malaise) suscité par le récit. Enfer, damnation et paradis perdu, quel dommage !
Une grosse déception que cet album ! Cela commençait pourtant bien. Le dessin est pas mal (je suis pas un grand fan de ce style, mais cela va très bien pour ce type de récit) et les premières pages sont une bonne satire sur la religion. Malheureusement, mon intérêt a diminué dès que l'ange Gabriel descend sur terre. Le scénario devient un pot-pourri de références tirées d'un peu partout. J'ai fini par m'ennuyer rapidement, dès la partie se passant dans le monde des Mille-et-une-nuits. Le scénario tire en longueur, c'est répétitif et trop décousu pour être intéressant. J'ai fini par passer les pages pour une fin qui m'a un peu fait sourire, mais voilà entre les premières et les dernières pages, il y a juste de l'ennui. J'avoue que je n'ai pas trop compris le but de cet album.
J'ai acheté cet album, séduite par -la beauté de son ange Gabriel préraphaélite (un courant d'artistes anglais de la fin du XIXème siècle qui estimaient que la vraie peinture s'était arrêtée avec Raphaël, et qu'il fallait retrouver l'inventivité artisanale du Moyen-Age, en réalité leur peinture est terriblement bourgeoise et si peu médiévale mais élégante, avec des personnages souvent androgynes à la peau éclairée de l'intérieur), -les dialogues décontractés, et souvent drôles -et le pitch aventureux : l'Ange Gabriel est chargé par Dieu (monsieur loyal ventripotent en costume blanc et chapeau claque assorti, regard jaune, moustache bouclée et cigare) de lui trouver une vierge Marie à engrosser dans le but de changer le monde des humains salement mal parti. A la première lecture, le sentiment d'avoir été flouée : pour vous donner une idée, j'ai envoyé le livre derrière une armoire pour ne plus avoir à supporter sa couverture qui me rappelait cette erreur d'appréciation cuisante. Et inutile de dire que je n'avais pas le cœur à rédiger un avis. Les couleurs éclatantes, les visages sensuels, les références littéraires, picturales, variétoches, ou mythologiques se télescopent dans un non sens répété et fatigant. On ne connait pas toutes les inspirations multiformes proposées, de long passages de textes littéraires sont cités in extenso dans les bulles, (vous trouverez les sources en fin d'album), couplées à des morceaux de tableaux célèbres. Le road-movie s'éternise sur 176 pages avec chaque nouvelle beauté que Gabriel/Don Juan entreprend et qui se retrouve dans sont lit. La belle n'étant plus vierge, l'ange doit reprendre sa recherche, aidé de son téléphone portable en ligne directe avec le bureau R&D du paradis. Et tout ça pour aboutir à quoi ? je vous laisse le découvrir, mais je n'ai trouvé aucun sens à cette pénible lecture. En lisant les avis des collègues sur bdthèque, quelques mois plus tard, l'envie de réviser mon opinion m'est venue et j'ai secoué l'album couvert de poussière et entamé une deuxième lecture. L'assemblage érudit dans les références, virtuose dans le dessin, et provocateur continue de me filer la nausée. Trop long, trop incompréhensible dans son propos. On peut facilement supporter d'être malmené si la fin justifie les moyens, mais là, quel est le message ? L’échec est inéluctable ? Les Don Juan doivent finir homme au foyer ? Dieu est mort ? La femme est l'avenir de l'homme? J''étais peut-être victime d'une sorte d'incompréhension générationnelle, mais en fait, je ne saurais dire à quelle génération appartiennent les auteurs... (un vieux et un jeune peut-être ?) La soupe comporte trop de légumes différents : le goût s'affadit. Ou alors j'ai perçu une misogynie sous-jacente dans cette succession de conquêtes sexuelles qui laissent les proies sur le carreau, dans l'attente ? Misogynie aussi dans la nécessité de la virginité de la femme, qu'en est-il de celle de Dieu ? Un interminable rêve qui remâche l'imaginaire masculin de deux talentueux auteurs de bande dessinée. Qui pourra s'y retrouver ?
Initialement, j'ai cru que j'allais autant adorer cet album que Le Dieu vagabond du même auteur. On y retrouve en effet les mêmes points forts : un superbe dessin très coloré et rempli d'inspirations diverses, un cocktail original de différentes mythologies et de monde moderne, et une ambiance spéciale, hors du temps. J'étais réjoui de voir l'Ange Gabriel côtoyer les dieux de l'Olympe puis se voir confier comme mission par Dieu d'aller trouver une mère pour le futur Jésus Christ. Et j'adorais l'idée de le voir ensuite rencontrer successivement des avatars de l'Odyssée d'Ulysse, du folklore musulman des Mille et une nuits, ou encore un poète tel que Dante et son enfer. Sans parler des différents gags anachroniques et des chansons modernes hors de propos que les protagonistes se mettent régulièrement à entonner. Mais ça n'a pas malheureusement pas fonctionné pour moi. La faute d'abord à une structure narrative trop décousue où les scènes s'enchainent sans réel suivi, comme dans un rêve un peu foutraque. La faute ensuite et surtout à des dialogues trop souvent pénibles, faits pour beaucoup d'extraits ou de portions de textes des différents ouvrages auxquels le récit fait des hommages appuyés : français médiéval, tournures poétiques alambiquées, et autres morceaux coupés issus de poèmes. Trop de fois, j'ai décroché lors de pseudo-dialogues dont je ne captais que la moitié et qui ressemblaient trop pour moi à des postures littéraires plus qu'au support d'une véritable intrigue. C'est triste car il y avait tant de choses à même de me plaire, que ce soit la beauté du dessin, l'originalité du scénario et ce mélange de cultures et de mythologies. Mais le scénario et les dialogues ont fini par réellement m'ennuyer et me faire complètement décrocher avant la fin que j'ai finalement lue avec un certain détachement. Note : 2,5/5
De même que dans Le Dieu vagabond, le dessin de Fabrizio Dori est toujours aussi remarquable. D'une beauté qui sait se faire académique ou au contraire très ironique avec en particulier des expressions totalement décalées. Et c'est un vrai plaisir que de le retrouver. L'histoire de ce divin scénario utilise certes le thème de l'Annonciation, avec Dieu, l'archange Gabriel (mais aussi Michel et Luc), mais le mêle à d'autres religions, et surtout dilue tout cela dans une exploration littéraire et volontairement anachronique à travers les âges. Tiré de sa soirée dans un club de l'Olympe, notre archange pèlerin et quelque peu (faussement ?) ingénu, partant en quête de Marie, rencontrera ainsi entre autres Shéhérazade, la reine Guenièvre, Madame Bovary ou encore Marilyn Monroe. Autant de chapitres narrés sur un ton à la fois léger, finement humoristique, et très littéraire. Les références aux mythes, à la littérature mais aussi à la culture populaire sont nombreuses. Et dois-je préciser que ces rencontres seront assez peu platoniques ? Si cet album fut très plaisant à lire, et si quelques répliques et expressions m'ont vraiment fait rire, il est cependant dense, et le texte se fait parfois verbeux. En outre, ces aventures sont assez longues, et j'ai eu le sentiment que Lucifer était inutile dans cette histoire, et représentait une tentative un peu artificielle de créer un suspense soit dont l'histoire n'avait pas besoin, soit qui n'était finalement pas si bien utilisée que cela. Le divin scénario reste cependant un album atypique, magnifique et drôle, et une lecture à côté de laquelle il serait dommage de passer. Note réelle : 3,5 /5.
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