Chroniques de Roncevaux
Une version très plausible de la geste du preux Roland, neveu de Charlemagne
476 - 986 : Moyen-Âge, Francs, Mérovingiens, Carolingiens... Charlemagne
En 778, Charlemagne, conquérant des royaumes germaniques, ayant soumis les Lombards puis les Saxons, souhaite désormais s'établir comme véritable «Défenseur de la foi du Christ». Face à l'Empire Islamique, il veut mettre en place une nouvelle ligne de front au sud des Pyrénées. Les troupes du plus puissant monarque que l'armée des Francs n'ait jamais connu se dirigent alors vers Saragosse, cité tenue par l'émir de Cordoue Abd-al Rahman, dans le but de soumettre la grande ville du nord hispanique. Charlemagne se lance dans cette campagne plus par orgueil que par nécessité, mais cette guerre sera âpre et dramatique, suite à des trahisons, elle verra son neveu Roland s'y illustrer mais aussi y trouver sa fin.
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Date de parution | Février 2021 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
À la fois épique, sinistre et tragique, ce récit est une belle adaptation d’un épisode méconnue de l’Histoire : le massacre de Roncevaux. En toute honnêteté je ne sais pas si les évènements contés ont vraiment eu lieu, s’il existe des preuves ou si tout est romancé de A à Z, toujours est-il que si le récit comporte évidemment une bonne part de fiction, la partie historique est assez bien rendue je dois dire. La beauté graphique est d’une surprenante justesse, avec beaucoup de détails dans les vêtements, les armes et armures. De même les visages et personnages vivants ou animaux sont finement représentés, et les décors parfois grandioses. Oui, je suis sous le charme de cette sanglante chronique bourrée d’action, de batailles et d’escarmouche qui, si on peut la résumer ainsi, ressemble à une Bérézina carolingienne. Les francs, tout « enjaillés » par leurs derniers succès militaires, marchent direction Saragosse au-delà des Pyrénées en territoire muslim, histoire de mettre de la distance entre ces derniers et l’empire chrétien. La suite, à vous de la lire. J’aime bien l’Histoire, donc me concernant j’y ai pris du plaisir malgré une narration qui manque parfois d’inattendu je dirai. Non pas que ce soit plat, non, mais l’auteur ne se permet pas beaucoup de digressions historiques, donc selon sa sensibilité ce sera vu comme un plus ou un moins. Il faut dire que ces francs ne sont pas sympathiques du tout, même parmi les protagonistes principaux on a du mal à éprouver de l’empathie. Charles qui n’est pas encore Charlemagne, est calculateur, sans pitié, et cruel (pas très chrétien tout ça…) ; Roland est un casse-cou(ille) borné sans peur et sans reproche au point d’en être parfois caricatural, les autres francs ont un rôle plus ou moins anecdotiques mais il y en a pas un pour sauver l’autre. Le seul petit bémol à mes yeux concerne la partie où Roland veille de manière bienveillante sur les otages la princesse Onneka et son enfant. Je comprends complètement ce choix d’écriture, ça apporte de la douceur et nous montre un autre visage de Roland que celui du guerrier. Seulement sur 2 tomes leur relation n’a pas le temps de s’installer, je ne suis même pas sûr qu’ils échangent plus de deux phrases, donc ça donne un côté tiré par les cheveux. De même qu’Angelo le moine scribouillard, j’aurai apprécié que l’auteur l’approfondisse car c’est tout de même le narrateur. Une série courte (trop), superbement réalisée malgré quelques scories scénaristiques qu’on pardonnera car assez fluide dans la narration et surtout passionnante de bout en bout. Je recommande vivement. Monjoie !
Le hasard veut que j’aie récemment lu l’album que Palacios a publié sur le même sujet. Les deux possèdent des défauts, des qualités. Le dessin de Landa est vraiment très bon, certaines planches sont magnifiques. Son trait réaliste convient bien à ce genre de récit historique. Il est aussi très dynamique, n’hésite pas à multiplier les points de vue, c’est assez cinématographique – et réussi. Malgré tout, je préfère quand même le trait gras et baroque de Palacios (mais là c’est uniquement affaire de goût). Quant à l’histoire, elle est globalement sans surprise, assez linéaire. Landa développe davantage son intrigue, en la traitant en deux tomes. Comme Palacios, Landa a fait de La Chanson de Roland une source historique (qu’il cherche à suivre au plus près). Elle l’est, mais pas au sens où ils l’entendent. En effet, composée plus de 3 siècles après les évènements cités, elle subit l’influence de son époque (vers 1100), c’est-à-dire au moment de la première croisade (je suis ici surpris d’entendre Charlemagne parler de croisade en 778). La chanson de Roland a été construite pour illustrer et défendre l’idéal monarchique (incarné par Charlemagne) et l’idéal chevaleresque (alors à son apogée), probablement en partie au détriment de la réalité historique, qui n’était pas le but recherché. De la même manière la « barbe fleurie » est une invention postérieure (Eginhard décrit Charlemagne différemment). Bon, si l’on oublie cette vision plus conforme à l’imagerie populaire qu’à l’Histoire, l’album inaugural se révèle agréable à lire, on sent monter la tension (Palacios avait joué des mêmes effets pour annoncer la montée de la menace des Basques), et l’on imagine aisément, au vu de la dernière page, que le second tome va être assez sanglant. Les amateurs de récits historiques peuvent largement y trouver leur compte.
Ce diptyque conte l'épopée de Charlemagne et du paladin Roland en terres ibériques face aux Sarrasins, reliée à l'épisode désastreux de Roncevaux dans les Pyrénées qui rappelons-le, vit le massacre de l'arrière-garde de Charlemagne rentrant d'Espagne. Cet événement fit de Roland une légende glorifiée par la fameuse Chanson de Roland, la plus célèbre des chansons de geste du monde médiéval. Juan-Luis Landa se lance dans ce récit seul en assurant scénario, dessin et colorisation, sans doute qu'en tant qu'Espagnol, il se sentait destiné à conter cette histoire ; ses recherches ont dû certainement être pointues vu que ça semble très réaliste et crédible. Sur le plan historique, il y a beaucoup de vrai, quelques arrangements, des simplifications et une part de légende, disons que l'Histoire et la légende s'entremêlent puisque le récit se focalise surtout sur Roland plus que sur Charlemagne, les autres personnages faisant de la figuration. Roland représente l'idéal chevaleresque, le bras armé de la chrétienté face aux impies et aux païens. On connait son destin qui sera d'être tué à Roncevaux, ce qui lui apportera une gloire immortelle, devenant ainsi une figure mythique nationale, surtout sous la Troisième République, comme l'avait été Vercingétorix et comme le sera Jeanne d'Arc. Etrangement, pour ces 3 figures, ça a mal fini, c'est le prix à payer car c'est le lot des héros nationaux qui accomplissent une grande action. Cette période historique est rarement abordée en bande dessinée si l'on excepte quelques albums sur Charlemagne comme celui de la collection Ils ont fait l'Histoire chez Glénat (Charlemagne) mais où cet épisode de Roncevaux resté anecdotique, n'est que partiellement abordé. Ici, Landa décrit dans ce premier tome tout ce qui précède le drame de Roncevaux, c'est donc très bien élaboré. L'ensemble est de grande qualité, dense, très détaillé, avec une ambiance historique bien rendue, un soin dans l'architecture et les armes, ce qui aide à entrer dans ce Moyen Age farouche. Sans oublier une carte splendide en pages de garde qui plante le décor de la géographie complexe de ces temps anciens. La partie graphique est proprement stupéfiante, le dessin est extrêmement soigné et précis, la mise en page époustouflante avec des planches aérées, des cadrages larges et des pleines pages ; dès les premières pages, on est saisi. Ce dessin est d'une puissance phénoménale, je le trouve encore plus abouti que dans Arthus Trivium, les scènes de batailles avec la violence guerrière de cette époque alternent avec des pages de beaux dialogues, et Roland est vu comme le héros central avec tout ce qui a forgé sa légende, son épée Durandal et son olifant en ivoire. Les variations de couleurs froides et de couleurs chaudes sont également remarquables, Landa a accompli du beau travail. C'est un récit épique de chevalerie, vu de façon très héroïque, une oeuvre ambitieuse par son dessin de grande classe, son découpage et son propos, dont la fin est connue, mais dont l'achèvement promet avec l'épisode de Roncevaux dans un tome 2 très attendu.
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