Le Réaliste (K.O. à Tel-Aviv)

Note: 4/5
(4/5 pour 1 avis)

Will Eisner Award 2016 : Best U.S. Edition of International Material Inattendues, originales et subtiles, drôles ou poétiques, ces saynètes en disent long sur ce pays plutôt méconnu vu d’Europe, Israël.


Auteurs israeliens Israël Les petits éditeurs indépendants Proche et Moyen-Orient Séries avec un unique avis Will Eisner Awards

Citoyen désenchanté, mari subjugué, propriétaire dépité, artiste dubitatif et père fusionnel et angoissé, Asaf Hanuka porte un regard d’une rare subtilité sur le monde et l’exprime avec une remarquable inventivité graphique. Sélectionné à Angoulême en 2015, primé à Lucca la même année, le Eisner Awards du meilleur album étranger décerné en 2016, consacre le talent d’Asaf Hanuka.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Mai 2012
Statut histoire Strips - gags 4 tomes parus

Couverture de la série Le Réaliste (K.O. à Tel-Aviv) © Steinkis 2012
Les notes
Note: 4/5
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13/08/2021 | Blue boy
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Par Blue boy
Note: 4/5
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Avec « Le Réaliste, tome 4 », l’Israélien Asaf Hanuka prolonge sa trilogie « K.O. à Tel-Aviv » (rebaptisée « Le Réaliste » pour la sortie de l’intégrale), étude de mœurs humoristique de la société israélienne contemporaine, qui ressemble beaucoup à la nôtre, à la différence près qu’Israël est une enclave de richesse dans un Moyen-Orient qui peine à se moderniser, y compris pour le Liban voisin plus avancé où la situation n’a cessé de se détériorer depuis plusieurs décennies. De plus, les tensions avec la Palestine liées à une politique de colonisation agressive, qui ne se régleront sans doute pas avec la construction d’un mur, ne facilitent pas la sérénité. Sous-produit de ce pays schizophrène, Asaf Hanuka transcrit bien avec ces petits sketches d’une page ses questionnements et ses névroses très « occidentales », petits tracas existentiels de « riches ». Education, famille, vie de couple, culture, internet, politique, religion, et bien sûr la proximité du conflit israélo-palestinien (ce conflit qui le « tue »), bref , tout passe à la moulinette de ce torturé qui sait faire preuve d’autodérision et manie l’humour avec subtilité. On ne peut pas dire que l’on rit à s’en péter les zygomatiques, et si l’on ne s’attend qu’à une succession de gags, on en ressortira forcément déçu. D’ailleurs, cela ne se veut pas forcément drôle, mais c’est souvent très caustique même si on ne peut prétendre tout comprendre certains clins d’œil sans doute propres à la société israélienne. La tension propre à ce pays singulier, oasis de richesse toujours menacé par la spirale de violence avec ses voisins arabes, violence que ses dirigeants contribuent à entretenir, est perceptible dans son dessin coloré à la fantaisie baroque et parfois trash, que la ligne claire parvient à peine à édulcorer. Certaines planches en pleine page révèlent le formidable talent de cet auteur, qui lorgne beaucoup vers une sorte de surréalisme cocasse. Bien souvent, on pense à Marc-Antoine Mathieu pour les délires visuels, et à Boucq ou Goossens pour la touche d’humour, ce qui entraîne quelques éclats de rire inattendus. On peut tout à fait découvrir cet album sans avoir lu les trois tomes précédents de par sa structure en strips d’une page. Si Asaf Hanuka reste encore peu connu en France, il n’est pas pour autant un parfait inconnu et figure comme un des grands noms de la BD israélienne. Rappelons qu’il a obtenu un Eisner Award en 2016 pour ladite trilogie et qu’il avait été repéré pour la sélection d’Angoulême en 2015, pour le tome 2. Il est également l’auteur de plusieurs albums, dont deux avec Didier Daeninckx au scénario (« Carton jaune ! » et « Hors limites ») et deux autres à quatre mains avec son frère jumeau Tomer, dessinateur également (« Le Divin » et « Bipolar »).

13/08/2021 (modifier)