Madeleine, résistante

Note: 4.29/5
(4.29/5 pour 7 avis)

2022 : Prix René Goscinny La petite Madeleine Riffaud, née en 1924, vit heureuse avec son grand-père et ses parents instituteurs. Du moins jusqu'à ce que la Seconde Guerre mondiale ne sépare la famille, envoyant Madeleine, atteinte de tuberculose, dans un sanatorium. Sans doute le pire endroit possible pour que l'adolescente têtue réalise un projet fou et nécessaire : entrer dans la Résistance.


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Madeleine y parviendra pourtant, sous le nom de code "Rainer", devenant une actrice et un témoin privilégié de son temps. Un destin exceptionnel qu'elle raconte aujourd'hui dans une première trilogie qui l'est tout autant, nourrie des milliers de détails d'une mémoire qui n'a rien oublié...

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Juillet 2020
Statut histoire Série terminée 3 tomes parus

Couverture de la série Madeleine, résistante © Dupuis 2020
Les notes
Note: 4.29/5
(4.29/5 pour 7 avis)
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23/08/2021 | Ro
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Par Emka
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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J'ai emprunté cette BD à ma fille qui a eu la trilogie en cadeau (quelle bonne idée d'offrir des BD !). Madeleine, résistante nous raconte le parcours de Madeleine Riffaud (dont je ne connaissais pas l'histoire), une jeune femme qui, malgré son jeune âge, choisit de lutter contre l’occupant nazi et qui n'a clairement pas froid aux yeux ! Une plongée dans la Résistance, mais surtout dans les choix et les doutes qui forgent une existence. Le dessin de Dominique Bertail est remarquable. Les décors sont précis, sans être surchargés et cela sert vraiment bien le récit. Je me suis juste interrogé sur le choix de cette bichromie. Techniquement elle est bien réussie, mais je ne vois pas ce qu'elle apporte au récit ? Un côté sépia pour poser l'action dans le passé ? Le scénario de Jean-David Morvan, construit en collaboration avec Madeleine Riffaud, offre un témoignage précieux. C’est dense, authentique, et ça évite le pathos. On suit Madeleine avec respect et une certaine admiration pour sa détermination. Pourtant, malgré cette richesse narrative, le récit reste assez linéaire. Les événements s’enchaînent sans grande surprise, et certaines scènes manquent de profondeur pour vraiment marquer. Peut être par respect pour l'humilité de Madeleine Riffaud ? Reste qu'avec une femme de cette trempe on aurait pu s'attendre à un peu plus d'intensité dramatique dans la manière de présenter les choses, mais ce n'était peut être pas le but recherché ? Parce que du drame, il y en a énormément dans la vie de Madeleine, mais on a presque l'impression que ca lui passe un peu par dessus. En définitive, je trouve que c’est solide, mais ça manque un peu d’audace pour sortir des sentiers battus, comme les cadrages du dessin. Une œuvre importante pour ce qu’elle raconte et pour la mémoire qu’elle transmet. Un immense merci à Madeleine Riffaud pour ce qu'elle a fait et son témoignage et à Raymond Aubrac pour l'avoir convaincue de commencer à témoigner. Sans cette BD, je serais passé à côté de cette vie exceptionnelle.

08/01/2025 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur grogro

J'ai enfin lu les trois tomes de cette série. Du coup, je complète mon avis, le fais remonter et lui colle le coup de cœur qui va bien : Encore une BD sur la deuxième guerre mondiale et sur la Résistance ! Pffff ! Sujet inépuisable s'il en est, largement surexploité au risque parfois de paraître rébarbatif. Mais il faut avouer que ce premier volume m'a conquis. Son dessin monochrome très élégant (et très très magnifique, purée !) lui confère une ambiance surannée extrêmement prégnante. Tout est rendu très vivant, par la grâce de ces visages expressifs et d'un découpage alerte. Le texte, délivré sur le ton de l'entretien direct, contribue aussi grandement à l'intemporalité du récit. Madeleine s'adresse directement à nous en usant du tutoiement. En filigrane est donc dressé le portrait d'une femme au caractère trempé, libérée de pas mal de pressions normatives, et dont la fraîcheur d'esprit semble échapper aux affres de l'âge. La lecture est par conséquent très fluide. On navigue entre les souvenirs de Madeleine qui, dès son plus jeune âge, se trouve confrontée tragiquement aux conséquences de la guerre, celle de 14-18. Au final, au-delà du récit historique, cette BD dresse un portrait tissé de ces souvenirs qui enrichissent toute une vie, et maintiennent les choses bien vivaces. Il y a dans ce premier tome quelque chose de plus que dans beaucoup de récits de ce genre. En ne limitant pas la mémoire au cadre strict de la Résistance et des affaires de la guerre, les auteurs lui donnent une portée universelle, et cette histoire dans l'Histoire conserve en outre toute son actualité. J'attends la suite de pied ferme ! Dans les tomes 2 et 3, on réalise que le lecteur pénètre profondément et intimement dans la Résistance. On y est complètement immergé, essentiellement parce qu'on apprend les codes, les pratiques, les combines, mais également parce qu'on est proche des personnages. Cette proximité atteint bien entendu son paroxysme avec Madeleine Riffaud elle-même dont les auteurs dressent un édifiant portrait. On mesure tout le courage qu'a nécessité un tel engagement, et Madeleine en avait à revendre. Le dessin est décidément excellent. Une série splendide sur un thème pourtant rebattu.

02/04/2022 (MAJ le 21/10/2024) (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Angoulême 2022 prix Goscinny du meilleur scénario. " une BD ? Mais c'est pour les mômes !! " éructa Madeleine Riffaud après la proposition de JD Morvan. Heureusement madame Riffaud, vous avez changé d'avis pour le plus grand bien des lecteurs et du monde de la BD où votre témoignage va prendre place parmi les étoiles. Ce premier tome d'une trilogie qui fait le récit de votre action comme résistante parisienne de 17 ans est une merveille. C'est si rare d'avoir le récit vécu d'une personne considérée comme Terroriste, sortie des griffes de la Gestapo, qu'on ne peut qu'être admiratif au tableau de vos actions. Le récit est tellement fluide, tellement logique dans les enchaînements que cela donne l'impression que JD Morvan a été le déclencheur heureux d'une aspiration à la vérité que vous n'aviez pas pu encore mettre en forme. J'ai l'impression que JD Morvan par son écoute humble, attentive, bienveillante et professionnelle a su livrer un récit dramatique, cohérent et incroyablement vivant pour construire cet album. C'est très émouvant et poignant car les personnages que vous décrivez ne sont pas âmes de papier mais bel et bien vos amis qui sont tombés sous la barbarie et qui vivront longtemps dans nos souvenirs grâce à cet album. J'ai beaucoup aimé l'hommage que vous rendez à ces soldats de l'ombre qui n'avaient pas vocation pour cela, les médecins, les prêtres ou les cheminots. Tous probablement d'opinions très différentes mais ici unis par l'amour de la liberté chérie. Il existe des hommes qui réussissent à transformer leurs lectures les plus chères que ce soient les poésies d'Eluard ou d’Aragon ou les Evangiles en véritables actions affranchies de toute peur. C'est un récit de courage et de femme moderne. Être une femme dans ces moments c'est double risque, et l'histoire le montre bien en plusieurs endroits. Aucune courtoisie à attendre, au contraire les tortionnaires savent se montrer doublement sadiques. Devant une telle histoire on aurait pu craindre que Dominique Bertail au dessin soit écrasé par le récit. C'est tout le contraire. Je trouve le dessin formidable. Par contraste dans cette atmosphère de mort et de maladie, il n'y a que beauté. Beauté de la campagne picarde et du village, beauté du massif de la Chartreuse, beauté des extérieurs d'un Paris occupé et bien sûr beauté d'une jeune fille de 17 ans avec son amoureux. La mise en page est très moderne avec des doubles pages magnifiques. Je ne crois pas prendre un grand risque en pensant que le grand Goscinny doit être fier d'avoir le nom de Madeleine Riffaud alias Rainer dans sa liste de lauréat(e)s. Une bien belle série à faire lire "aux mômes" dès le collège mais pas que (loin de là) Après la lecture du tome 2 je confirme ma note qui reflète l'excellence du récit de Madeleine Riffaud très bien mis en scène par Morvan. Madeleine alias Rainer (un nom allemand !) a pris des responsabilités au sein de la Résistance parisienne du Quartier Latin. Le récit est de plus en plus prenant dans ce tome qui se focalise sur les rouages des groupes de résistants et le danger des actions menées. En cette année 44, l'ambiance change mais les risques sont toujours aussi grands. Le graphisme de Bertail dans un mode réaliste nous emmène aux côtés de Rainer et de ses amis dans un Paris à la fois familier et si différent. À lire, absolument

09/05/2022 (MAJ le 05/01/2024) (modifier)