Fourmies la Rouge

Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)

Le 1er mai 1891, malgré les interdictions patronales, les ouvriers grévistes ont décidé de défiler dans la cité textile de Fourmies (Nord), pour réclamer la journée de huit heures. La veille, affolés, les industriels des filatures ont sommé le maire de la ville, Auguste Bernier – lui-même directeur d’une usine – d’exiger du préfet l’envoi de la troupe.


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Bienvenue dans le Nord ! Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc, Bruxelles Les petits éditeurs indépendants Luttes des classes & conflits sociaux

Deux régiments d’infanterie de ligne, les 84e et 145e, cantonnés tout près à Avesnes-sur-Helpe et à Maubeuge, se mettent en position sur la place centrale de Fourmies, bordée par l’église, la mairie et la maison d’arrêt. En fin de journée, une foule revendicative déboule sur la place, un officier ordonne aux soldats de tirer… Neuf personnes meurent. Elles deviendront les martyrs de la cause socialiste naissante. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 05 Mai 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Fourmies la Rouge © Sarbacane 2021
Les notes
Note: 2.6/5
(2.6/5 pour 5 avis)
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09/09/2021 | montane
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je connais bien cet épisode, pour l’avoir étudié il y a bien longtemps à la fac, autour des revendications ouvrières et de la structuration des luttes autour de certains leaders (Guesde par exemple). L’auteur, visiblement originaire de la région, et issu d’une famille ouvrière, est familier de ces luttes et de leur écho. Il retranscrit bien ici l’ambiance à la fois électrique (grèves, revendications du premier mai pour la journée de 8 heures) et euphorique (une journée de fête, les solidarités fortes du monde ouvrier), en particulier en faisant parler ses personnages avec l’argot local. Il retranscrit bien aussi la stupeur et la brutale répression qui s’est abattue sur les manifestants, lorsque l’armée (appelée à la rescousse par le patronat local) a ouvert le feu sur la foule, en testant pour la première fois le fusil Lebel (qui sera utilisée par la suite durant la première guerre mondiale). Ce « massacre » est représentatif de la violence subie par le monde ouvrier au XIXème siècle, avec une collusion entre patronat et État, même s’il est presque anachronique, tant des lois sociales et le renforcement de partis de gauche (SFIO) puis de syndicats (CGT) vont permettre d’obtenir de réelles avancées (la journée de 8 heures ne sera obtenue qu’en 1919). Par contre, j’ai été frustré par une autre brutalité, scénaristique celle-ci, puisque l’album se termine immédiatement après la fusillade, sans nous proposer la « suite ». C’est un choix de l’auteur, mais j’aurais personnellement préféré un petit développement de « l’après ». De la même façon, j’ai trouvé que l’auteur n’arrivait pas à faire passer l’émotion et le drame (cette fin brutale accentue ce manque selon moi). Le dessin, un trait gras, avec un Noir et Blanc dans lequel le rouge s’invite, m’a bien plu. Ce rouge illustrant le drapeau que les ouvriers voulaient brandir, et le sang qui a coulé. Un épisode qui rappelle en tout cas que des luttes et des morts ont été nécessaires pour obtenir une amélioration du sort des salariés. Et que la bourgeoisie s’est souvent parée du droit pour utiliser l’État comme un bras armé. Le « droit du travail » que certains voudraient alléger sert avant tout à protéger les plus faibles…

06/12/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Déçu par cet album. Le contexte historique est intéressant, surtout que je ne connaissais pas cet événement. Mais voilà je n'ai pas aimé le traitement scénaristique. Déjà tout est survolé alors que l'album fait plus d'une centaine de pages ! Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnes ou même à me souvenir de leur nom. Je n'ai pas ressenti beaucoup d'émotions durant ma lecture et en plus la fin me semble vite expédiée. Il y a aussi le fait que les personnages parlent dans un espèce d'argot qui me rappelle 'Les Pieds Nickelés'. C'est peut-être juste un détail, mais je me suis vite agacé de lire, par exemple, des personnages dire 'mi' à la place de 'moi'. Dommage parce que le dessin est bon et cet événement aurait pu donner un truc bien émouvant.

23/03/2023 (modifier)
Par Cacal69
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cacal69

Après Colorado train, voici que ma route croise à nouveau celle de Alex W. Inker avec ce "Fourmies la Rouge". Un album qui tient à cœur à W. Inker puisqu'il est originaire de cette petite ville du Nord de la France. Il en relate la tragédie qui s'y déroulât le premier mai 1891. En 1889, la II° internationale socialiste se réunit, et sous l'impulsion de Jules Guesde, elle décide de faire de chaque premier mai une journée de manifestation, avec pour revendication la réduction du temps de travail, la journée à 8h00. Et cela ne plaît pas au patronat. C'est dans cette ambiance délétère que les gendarmes surveillent les manifestants bientôt rejoint par l'armée. Ça va dégénérer, le résultat : 9 morts. On suit le parcours des futures victimes lors de cette funeste journée. Un récit qui manque d'âme pour s'attacher aux personnages même si je reconnais une certaine poésie dans la narration. Une narration qui survole le conflit entre les ouvriers et les patrons des filatures. Une époque pas si lointaine. Visuellement, on reconnaît le style de W. Inker, son trait gras et charbonneux. Un superbe noir et blanc accompagné d'un rouge sang mais surtout du rouge de cette brique du Nord, celle des corons et des tours des cheminées qui crachent leurs fumées. Un auteur complet à suivre.

22/09/2022 (modifier)
Par cac
Note: 2/5
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Fourmies rouge, ah ah vous l'avez ? Cette bande dessinée raconte une révolte ouvrière à l'occasion du 1er mai qui a conduit à une fusillade et la mort de plusieurs grévistes dans la ville nordiste de Fourmies. Je fais un parallèle avec Kent state que je viens de finir, une opposition entre deux camps sauf qu'un des deux tient des fusils... donc ça finit de manière sanglante. L'époque était différente, on est fin XIXème siècle, l'industrie du textile tourne à plein dans la région et les horaires sont à rallonge. La revendication d'une journée de repos fait peur aux patrons. Je ne connaissais pas ce fait historique, l'intention de la relater est tout à fait louable, mais ça n'a pas trop pris pour moi. Malgré sa centaine de pages j'ai trouvé ça un peu expédié, on a surtout le point de vue ouvrier et le dessin ne m'a pas emballé non plus.

09/09/2021 (modifier)
Par montane
Note: 3/5
L'avatar du posteur montane

Après le très réussi Un travail comme un autre Alex Inker revient avec un nouvel album dans lequel il s'intéresse là encore aux classes sociales les plus pauvres. Nous ne sommes plus ici dans le Sud des Etats-Unis mais dans le Nord de la France, dans cette France industrielle de la fin du 19e ou les conditions de vie de la "classe ouvrière" sont très difficiles, et où les revendications sociales se font jour. A la veille du premier mai, une grande partie des ouvriers qui s'en vont chaque jour à l'usine réclament des droits nouveaux et notamment celui de ne pas travailler le premier mai. Inquiets face à cette revendication sociale, les patrons se tournent vers la Préfecture pour disperser la manifestation de ces fauteurs de trouble qui veulent empêcher leurs camarades de se rendre à l'usine. Et comme on peut s'en douter les choses ne se dérouleront pas dans le calme. Cette histoire qui fait revivre le mouvement ouvrier de la fin du 19e en France n'a peut-être pas la même force que le précédent album de Alex Inker, mais c'est malgré tout une belle réussite. On y retrouve le trait caractéristique de l'auteur, et ses trois couleurs favorites, le noir, le blanc et le rouge. Le rouge du sang qui coulera à la fin de cette histoire tragique. Même si l'on sent que l'auteur incline forcément du côté du monde ouvrier, il ne verse pas pour autant dans le manichéisme, et nous montre que certains soldats, qui ont été adulés par le petit peuple au moment de la Guerre contre l'Allemagne, devraient à présent retourner leurs armes contre ces mêmes gens. Un bel album qui intéressera surement les amateurs d'histoire. Quoi qu'il en soit Inker confirme son talent et il sera certainement un des auteurs français à suivre dans les années à venir, à l'instar d'un Pierre Henry GAUMONT ou d'un Jean DYTAR.

09/09/2021 (modifier)