Une vie d'huissier
Raconter l'histoire d'un huissier de justice des années 1980, c'est faire le portrait au vitriol de toute une époque.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide
Comment devenir et surtout rester huissier de justice ? Dav Guedin, en s'appuyant sur les mémoires d'un cousin de son père, montre que la confrontation à la misère, à la fois dure et banale, n'est pas sans conséquences. Et il s'empare du genre biographique avec une énergie communicative, malgré la noirceur du propos.
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Date de parution | Avril 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Honnêtement, même si a priori j’aime bien l’auteur, j’avais peur en empruntant cet album de m’ennuyer ferme, étant donné le sujet de départ, pas franchement emballant. Si l’album ne m’a pas enthousiasmé, je dois dire qu’il se laisse lire sans problème, et se révèle même intéressant, pour la découverte d’un métier de l’ombre, mal aimé, mais mal connu, celui d’huissier. Le dessin de Guedin est agréable, avec un Noir et Blanc jouant sur des dégradés de gris. Il m’avait habitué à des choses bien plus trash (il a pas mal publié dans le collectif Dernier cri) et ici, à part deux ou trois trucs disséminés dans quelques rares cases, c’est du très classique. Mais le rendu me convient très bien. Pour ce qui est de l’histoire, c’est instructif, mais pas non plus emballant. Un récit biographique, d’un lointain cousin de l’auteur, alternant période de l’enfance et son âge adulte. Cette alternance, et quelques anecdotes plus ou moins pénibles autour des actions de l’huissier permettent d’éviter ronronnement et ennui qui guettaient. A emprunter à l’occasion.
L'auteur raconte la vie d'un cousin qu'il connaissait peu et qui avait écrit ses mémoires avant de s'enlever la vie. Comme le cousin en question était huissier, cela rend la lecture intéressante, parce que c'est un métier qu'on voit rarement en premier plan. En BD, les huissiers apparaissent surtout comme personnage secondaire et sont la plupart du temps des gros méchants sans cœur qui font rien que faire souffrir les pauvres gens. C'est bien de voir un huissier humanisé pour une fois. On suit parallèlement la vie d'adulte du cousin et ce qu'il a vécu durant son enfance, sans que cela soit confus. C'est vraiment un documentaire sur la misère humaine parce que le métier d’huissier fait en sorte qu'on va croiser de nombreux cas sociaux et aussi la misère. Il y a des situations vraiment tristes et d'autres qui sont tellement pathétiques que je ne savais pas s'il fallait en rire ou en pleurer (l'anecdote avec le riche débiteur est un sommet de l'absurde). C'est pas un métier que je voudrais faire ! Le seul gros défaut au final est le dessin. Il est efficace, mais je n'aime pas du tout ce style où on dirait que tout est fait pour que ça soit volontairement laid. Heureusement que la narration est fluide, sinon je pense que j'aurais lâché la lecture après seulement 2 ou 3 pages.
Un dessin qui touche, avec des gros plans sur les visages, une texture de l'image qui remplit la page et imprime la rétine de manière très persistante. C'est particulier et rien que pour cela c'est à lire. Ensuite l'histoire, tellement inhabituelle dans la fiction, de la vie d'un huissier est intéressante par elle-même, oscillant entre l'étude sociologique, le film de gangster, et la tragédie à la Zola. Le fait que ce soit l'adaptation d'un témoignage réel et le lien entre l'auteur et le héros ajoute à la présence du dessin une sorte d'intimité presque intimidante. Bref, lisez-le, c'est troublant. J'aurais peut-être dû mettre 5, mais il manque quelque chose au niveau de la construction de l'histoire, et peut-être un peu trop de voix off...
Original sur la forme, intéressant sur le fond, cet album raconte la biographie authentique d'un huissier, cousin éloigné de l'auteur. Quand on pense huissier, on s'imagine le gars guindé en costume cravate aussi ennuyeux et sinistre que son métier. Avec cette BD, Dav Guedin nous montre que l'homme derrière l'huissier peut avoir eu au contraire une vie particulièrement remplie, masquant derrière son costume de fonction une enfance rebelle et mouvementée et, devenu adulte, des aspirations artistiques et sociales très différentes de ce que l'on pourrait imaginer. Et surtout, à travers lui, on découvre les originalités, les noirceurs et les surprises de ce métier atypique. En parlant d'originalité sur la forme, je faisais référence à la fois à la mise en scène et au graphisme. La narration parait piocher un peu au hasard dans les anecdotes du journal intime de l'auteur, bondissant de ses souvenirs de jeunesse à son métier actuel, et vice-versa, dans ce qui s'apparente à un mouvement un peu confus mais qui pourtant se laisse lire très bien, sans jamais perdre le lecteur. Quant au dessin, il surprend avec des visages entre réalisme et caricatures, posés comme de gros masques grimaçants sur des corps plus fins. On a droit à des angles de vue et des cadrages originaux, des effets de perspectives étonnants et tout un travail sur la mise en page. Même si je ne suis pas particulièrement fan de ce style et de ce noir et blanc un peu charbonneux, je salue l'audace de l'ensemble, et cela fonctionne plutôt bien. C'est surtout le fond que j'ai trouvé intéressant. J'ai complètement découvert ce métier que je connaissais sans le connaitre, ne m'imaginant pas comment les choses pouvaient se passer en réalité et les innombrables anecdotes qui pouvaient en découler. En outre, ce n'est pas seulement le métier qui nous est raconté ici mais c'est aussi l'homme qui l'exerce, et on y aperçoit une enfance également originale dans la campagne Normande puis des activités étonnantes en dehors de sa profession, notamment un véritable succès dans la pratique de la sculpture artistique, puis plus tard un vrai engagement dans une loge maçonnique. Je ne sais pas si je relirais cet album mais je l'ai trouvé assez captivant sur le moment.
Suite au décès d'un cousin éloigné, l'auteur va plonger dans les mémoires du défunt et découvrir qu'il était huissier. Il va décider d'en faire une BD. Deux temporalités vont se succéder durant tout l'album: la jeunesse du héros et des faits divers de la vie d'huissier en fonction. Cette BD dégage quelque chose d'intrigant, d'inexplicable mais surtout, quelque chose de fort. D'une part, le dessin est puissant et même parfois dérangeant. D'autre part, le côté véridique de la BD joue un grand rôle aussi. Je ne connaissais pas grand chose du métier d'huissier et j'ai été choqué d'apprendre à quel point c'est un métier horrible et inhumain. Ce métier est peut être inhumain, ceux qui l'exerce sont en revanche très humain et on a tendance à l'oublier. Ma seule déception dans cet album est qu'il finit trop tôt. J'aurais voulu plus d'anecdotes, plus d'histoires d'huissier, plus de glauques. Une BD d'une grande qualité, qu'on prend un certain plaisir malsain à dévorer. 4 étoiles MAUPERTUIS, OSE ET RIT !
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