Le Choix du chômage

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)

Voyez comment le néolibéralisme a gagné le combat des idées parmi les dirigeants français.


BD Reportage et journalisme d'investigation Documentaires Economie Politique

Un livre d’une brûlante actualité sur le choix des dirigeants européens, depuis le début des années 1980 jusqu’à aujourd’hui, de sacrifier l’emploi… et les effets dévastateurs de ce choix. C’est une enquête fouillée, documentée, riche des témoignages d’anciens ministres, de conseillers de présidents de la République, d’anciens directeurs du Trésor ou du FMI, de banquiers, d’économistes, de juristes, de sociologues et de philosophes… Benoît Collombat, journaliste à France Inter, a enquêté sur ce qui a fait basculer les choses : comment et pourquoi les hommes politiques ont « remis les clés » de l’organisation du monde à l’économie et à la finance. Ce basculement repose sur la victoire idéologique, à un moment donné, d’une pensée : le néolibéralisme, pour qui le rôle de l’État est avant tout de servir le marché. Quelles personnalités sont à l’origine de ces grands choix économiques ? Quel rôle a joué la construction européenne ? Aujourd’hui, l’épidémie du coronavirus montre bien l’urgence de s’interroger sur ces choix politiques et économiques.

Scénario
Dessin
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 10 Mars 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Le Choix du chômage © Futuropolis 2021
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 3 avis)
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19/09/2021 | Gaston
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Par gruizzli
Note: 2/5
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Voila une grosse déception ! J'avais envie de lire après les avis enthousiaste (et parce que le sujet m'intéresse évidemment), mais la réalisation est une catastrophe, me donnant encore une fois l'impression que beaucoup de documentaires oublient complètement la question de la vulgarisation. Je dis ça parce qu'une BD comme La Survie de l'Espèce m'est souvent revenue en tête lors de ma lecture. La Survie de l'Espèce utilise tout au long de son récit des images parlantes, métaphores et satires qui permettent de faire comprendre les rouages du capitalisme libéral dans ses grandes lignes. Et à la fin de la BD, j'avais appris et intégré des concepts. Ici, j'ai peiné pendant 300 pages sur des personnes que je ne connaissais pas beaucoup, dans des discours souvent cryptiques avec des concepts que je ne maitrise pas, le tout sans qu'il n'y ait de vrai rapport avec le chômage me semblait-il. En fait, j'ai pataugé dans la semoule pendant des pages de discours libéral et de dates/noms/lieux qui sortaient de ma tête quasi immédiatement. A part Delors, qui m'a semblé très très important, je n'ai presque pas retenu les têtes. Mais je me demandais surtout à quoi elles servaient, ces têtes. Il n'y a pas de vrai représentation schématiques, de moments où le dessin se fait technique et précis pour faire passer le message. J'ai des notions économique (un an d'histoire économique à la fac) et quelques bonnes notions de libéralisme/néo-libéralisme, mais j'étais perdu durant les quatre jours de lectures que la BD a nécessité. Au final, j'en ressors sans grande compréhension, si ce n'est que l'Europe était libérale en essence, dès sa création. Mais alors les rouages, les actions, les moyens ... Rien que la BCE, je ne comprends toujours pas son rôle qui semble pourtant clé. C'est une BD trop lourde, pour moi, et qui manque de vraie vulgarisation. C'est sympa de mettre les discours de chacun, mais je m'en fiche de ce qu'ils disent : expliquez-le moi ! Je n'ai pas les mêmes connaissances que vous. Et lorsque je compare Cigarettes - Le Dossier sans filtre, les ouvrages de Lou Lubie ou de Marion Montaigne, je note que la question de la narration par l'image pouvait être bien mieux maitrisée. Là c'est du formel : les gens qui parlent, quelques fois des images métaphoriques, peu de schémas, de plans, de dessins rigolos/simple qui permettent de comprendre les principes d'actions. C'est ce qui me manque : le travail de vulgarisation qui mette en évidence ce qu'il faut comprendre. Et si ça n'est pas vrai, je m'en fiche, je ne suis pas expert de l'économie. Si on déforme le propos, c'est normal, vulgariser c'est mentir. Et même si on se dit que la BD est militante, j'en ressors avec une avalanche de discours libéral mais peu de contrepoint. J'ai reconnu deux trois têtes qui sont clairement anti-néolibéralisme, mais il manque le discours de contrepoint, l'explication de ce qui a merdé et pourquoi. Je suis d'ailleurs assez déçu de ne pas avoir vu le rapport social de tout ça, la façon dont le monde a progressivement accepté que le chômage soit une norme sociétale. Bref, un documentaire lourd, peu instructif pour ma part, trop complexe et pas assez clair dans sa vulgarisation. D'autres ont aimés, mais j'en suis ressorti assommé et avec une furieuse envie de lire une BD mieux faite sur la question de l'économie néo-libérale. Parce que là, c'était indigeste.

01/11/2024 (modifier)
Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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Le lien à un monde collectif : la solidarité ou l'intérêt privé - Ce tome contient un essai complet indépendant de tout autre. Il s'agit d'une enquête sur la gestion du chômage en France de 1981 à 1989, et de l'évolution de la situation ensuite. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc de 277 pages, dont la première édition date de 2021. Elle a été réalisée par Benoît Colombat et Damien Cuvillier, avec un lettrage réalisé par Stevan Roudaut. Cet ouvrage s'ouvre avec une préface de Ken Loach qui évoque le développement du néolibéralisme en Angleterre et les quatre leçons à en tirer. Il se termine avec quatre pages de références des différentes citations incluses dans l'exposé. Prologue. Fin 1973, Georges Pompidou entre dans la salle du conseil des ministres. Il annonce une nouvelle terrible : la France va passer le cap des 400.000 chômeurs. Chapitre 1 : on a tout essayé. À Saint Malo en octobre 2016, au Festival Quai des Bulles, Benoît Colombat discute à table avec un éditeur de Futuropolis : il indique qu'il aimerait écrire sur la violence économique. L'éditeur propose qu'il le fasse en bande dessinée et le dessinateur à côté de lui indique que c'est un sujet qui l'intéresse. Il se souvient quand il était petit et qu'il accompagnait sa mère à l'autre bout du département en Picardie pour se rendre à l'Agence Nationale Pour l'Emploi. Sa mère aura été au chômage, entrecoupé de petites missions par-ci, par-là, avant d'être définitivement radiée, en 2005. En août 2019, les deux auteurs se retrouvent devant un monceau de documents, et se demandent par où commencer. Ils sont frappés par la continuité du discours des politiques sur le sujet, et par le fait que la dernière réforme sur l'assurance chômage s'inscrit dans un cadre idéologique qui est resté le même depuis quarante ans. En France la barre du million de chômeurs est franchie en 1977, celle des 2 millions en 1983. En 1993, 3 millions. Et aujourd'hui : 2,4 millions selon l'INSEE. En réalité, plus de 6 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi. Et 9 millions de précaires. Avec des conséquences aussi sur la santé des populations. En fait, le chômage et la précarité tuent, au sens propre. Selon une étude de l'Inserm, entre 10.000 et 14.000 décès peuvent être attribués chaque année au chômage : suicides, maladies ou rechutes de cancers. En passant en revue des articles de journaux, les auteurs retrouvent des chroniques écrites par François Hollande pour le journal le Matin, développant un discours libéral. Quand Emmanuel Macron accède à la présidence, Jean-Pierre Mignard, avocat proche de Hollande et de Macron, reconnaît dans son projet, celui qu'il avait décrit avec Hollande, Jean-Yves le Drian et Jean-Pierre Jouyet en 1985, dans un livre intitulé La Gauche Bouge. Les deux auteurs se mettent à la recherche de cet ouvrage : un exemplaire disponible chez un vendeur berlinois. L'enquête peut démarrer sur ce fil conducteur présent déjà dès les années 1980, et intact en 2019. Elle commence au printemps 2017. Elle va durer trois ans et demi, jusqu'à l'automne 2020. Ils vont interviewer des hommes politiques, des hauts fonctionnaires, et ils commencent avec le porte-parole du Mouvement national des chômeurs et précaires. Parmi les premiers interlocuteurs que les auteurs interviewent, l'un d'eux fait la réflexion que le format choisi (une BD) fait que c'est un livre pour les jeunes. le prologue commence doucement avec simplement l'annonce du premier ministre en 1973. À partir de la page 16, le lecteur parvient à la densité d'informations qui va être présente tout du long du récit. Elle est élevée et il en est ainsi pendant tout l'ouvrage, ce qui correspond bien à une approche adulte. Celui-ci se focalise beaucoup sur le premier septennat (1981-1988) de François Mitterrand, en le complétant par d'autres éléments antérieurs ou postérieurs. le lecteur voit ainsi passer beaucoup d'hommes politiques de cette époque, et également un peu d'avant et d'après : Michel Debré, De Gaulle, Raymond Barre, René Monory, Maurice Papon, Jean-Pierre Chevènement, Pierre Mauroy, Jacques Delors, Pierre Bérégovoy, Laurent Fabius, Édouard Balladur, Dominique Strauss-Kahn, Helmut Kohl, Margaret Thatcher. S'il a été témoin de cette époque, ou s'il l'a déjà étudiée, l'assimilation des nombreuses informations lui en est facilité. de même, les auteurs font appel à de nombreux experts : les ministres eux-mêmes, mais aussi le secrétaire général de l'Élysée, le Porte-parole du Mouvement National des Chômeurs, des sociologues, un maître de conférences en sociologie, un directeur du trésor, des directeurs de cabinet de ministre, un Commissaire au Plan, des économistes. Ils font œuvre de pédagogie et de vulgarisation, mais le sujet exige qu'ils développent de nombreux points bien au-delà de la vulgarisation. Les lecteurs annoncent explicitement dans le premier chapitre leur objectif : essayer de retracer les moments de bascule historiques relatifs à la gestion du chômage, retrouver les pièces à conviction correspondant aux grands choix économiques. L'ouvrage est divisé en 5 chapitres, avec un prologue, un épilogue et un post-scriptum : 1 On a tout essayé, 2 Des protections inadmissibles, 3 Vive la crise !, 4 Les vents dominants, 5 Y a pas d'argent magique. Ils commencent par s'interroger sur le début de la mondialisation, l'arrivée du libéralisme en France, le genre de ce libéralisme (en l'occurrence Ordolibéralisme), l'idée que le marché se régule lui-même, la crise et la rigueur budgétaire, les paramètres qui font que le chômage ne fait que croître et à qui ça profite. Cette enquête les amène à évoquer de nombreux phénomènes historiques qui ont contraint la France, ou justifié ces choix : les accords de Bretton Woods, le lien entre les banques de dépôts et les banques d'affaires, la financiarisation de l'économie, la construction du Deutsch Mark, la conversion du patronat français à l'ouverture à la concurrence internationale, la désindexation des salaires du coût de la vie, la désinflation compétitive, le plan Marshall, le traité de Rome en 1957, la construction d'une monnaie unique en Europe, etc. Ils éclairent certains faits récents à l'aune de ces choix : le référendum de 2005, la crise financière de 2008, la crise grecque de 2009, les Gilets Jaunes. Afin d'expliquer tous ces choix, ils citent également des économistes et des conseillers en économie tels que John Maynard Keynes, Walter Lippman, Friedrich Hayek, Jean Monnet, Robert Marjolin, Ludwig Erhard. Enfin, ils soulignent l'importance des idées et des actions de Jacques Delors, Michel Camdessus (directeur du Trésor), Tomaso Pado-Schioppa. À quelques reprises, le lecteur peut souffler un peu, par exemple avec les spots publicitaires où Paul-Loup Sulitzer explique la libre concurrence. Très rapidement, le lecteur constate la densité des informations et le fait que les chapitres sont thématiques, ce qui entraîne des va et vient chronologiques. À l'évidence, il ne s'agit pas d'une bande dessinée qui raconte une histoire, mais effectivement d'une enquête qui développe une thèse. le titre est explicite : les responsables politiques ont fait le choix du chômage, et il s'agit d'une violence économique. En fonction de ses convictions, le lecteur peut souscrire à ce point de vue a priori, ou y être opposé : les auteurs sont transparents sur leur point de vue, et la manière dont ils présentent les faits. le lecteur se rend vite compte des limites d'un tel ouvrage sous la forme d'une bande dessinée, mais aussi que ce format apporte à cet exposé. Bien souvent les auteurs exposent des faits historiques, des explications économiques, des avis d'experts, des prises de position d'élus et de leurs conseillers. C'est ce qui rend l'ouvrage dense, et ce qui rend compliqué la mise en images. L'artiste sait représenter les personnalités connues qui sont immédiatement reconnaissables. En fonction des passages, il met les intervenants en situation : à la tribune, dans leur fauteuil, en train d'écrire, en réunion, sur le terrain, dans leur bureau, chez eux. C'est le premier effet du format BD : montrer des individus prononçant ces propos, les rendre concrets, mais aussi de simples êtres humains. En outre, les auteurs se mettent en scène de manière chronique pour montrer leurs difficultés, ou un entretien, ce qui sert également à expliquer visuellement le travail qu'ils ont accompli, ce qui permet au lecteur de ressentir une forme d'empathie pour leurs efforts, et de mesurer l'énormité des décisions de simples êtres humains, engageant la vie quotidienne des citoyens d'une nation. La narration visuelle ne se limite pas à des individus en train de discuter, d'expliquer ou de discourir. Tout au long de ces 277 pages, le dessinateur utilise de nombreuses mises en scène différentes : des schémas, des reproductions d'articles, des références culturelles comme Charlot dans le film Les temps Modernes, l'âne du parti démocrate, Marianne, un match de boxe, Tintin en train d'expliquer une leçon à de jeunes africains comme dans Tintin au Congo, la différence entre la carpe et le brochet, une étape du Tour de France, une scène de théâtre, l'aigle américain, un sorcier avec un chapeau pointu. Il représente également des événements historiques comme le général De Gaulle descendant les champs Élysées, ou la chute du Mur de Berlin. le lecteur peut ne pas y prêter attention s'il est fortement concentré sur le texte : l'artiste change également de registre graphique pour des séquences particulières, passant d'un registre réaliste et descriptif, à un registre simplifié, ou de contours avec des traits encrés, à un rendu en nuances de gris. Cette variété et ces images permettent au lecteur de plus facilement fixer son attention, et d'associer un visuel à une séquence, ce qui la démarque mieux des autres et la rend plus facilement mémorable. Même si ce n'est pas forcément perceptible tellement les images sont subordonnées au texte, le travail du dessinateur est remarquable de bout en bout et apporte beaucoup au texte, à son animation, à sa clarté, à sa compréhension. Quelles que soient les convictions et le niveau de connaissance du lecteur, cet ouvrage est remarquable. Il aborde des notions basiques telles que les 3% ou les différentes formes de libéralisme économique (La galaxie libérale : Adam Smith, Milto, Friedman, Friedrich Hayek & Ludwig von Mises, Walter Eucken & Wilhelm Röpke), et propose une logique de progression historique qui fait froid dans le dos. Sa structure est rigoureuse : par exemple, le lecteur a bien noté la distinction entre les banques de dépôts et les banques d'affaires faite à l'occasion de la crise de 1929 aux États-Unis, et il la retrouve à la fin de l'ouvrage, cette distinction prenant une tout autre ampleur. le lecteur en ressort avec la sensation que l'avènement planétaire du néolibéralisme était inéluctable, et qu'il fut porté par les socialistes en France, ainsi qu'avec une vision claire du détricotage du programme du Conseil nationale de la Résistance. Après coup, il se rend compte du travail de narration visuelle, vivant et diversifié, un défi pour un ouvrage de cette nature.

05/06/2024 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

3.5 Un documentaire d'actualité qui montre comment le néolibéralisme a triomphé en France et en Europe avec toutes les conséquences que cela a produit, notamment les trahisons à répétitions de la gauche social-démocrate qui ont fait qu'une bonne partie de leurs électorales se jettent maintenant dans les bras de l'extrême-droite. Si on est passionné de politique et d'histoire, il y a plusieurs informations que l'on sait déjà présent dans l'album. Cet ouvrage est une bonne source d'informations si on veut comprendre les choix politiques face à l'économie sans avoir à lire des dizaines de livres. Les auteurs font une bonne synthèse des événements qui ont permis au néolibéralisme de dominer le monde sans partage. Ils se concentrent surtout sur les années Mitterrand qui a vu la gauche faire le choix de la rigueur et la construction de l'union européenne tels que voulu par des hommes comme Jean Monnet ou Jacques Delors. Disons que certains propos font froid dans le dos, notamment tout ce qui concerne 'le despote éclairé' qui est savoir ce qui est le mieux pour le peuple sans le consulter. J'ai bien aimé comment les auteurs ont interrogés des gens venant de milieux différents (hauts-fonctionnaires, hommes politiques, sociologues, etc). Même s'ils ont clairement une orientation politique, les auteurs ont laissé s'exprimer certaines personnalités qui trouvent que la politique de Mitterrand était la meilleur. Je note toutefois que plusieurs concept économiques ne sont pas facile à comprendre, mais cela doit être parce que j'ai toujours eu des problèmes avec les maths. J'ai bien aimé le dessin qui change de styles selon les scènes (les interviews sont dessinés de manière réaliste alors que d'autres scènes sont dessiné dans un style plus humoristique). Une brique à lire les après-midi où on a rien à faire.

19/09/2021 (modifier)