Pappa in Afrika

Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)

Vision postcoloniale et post-apartheid décapante !


Afrique du Sud Auteurs africains Les petits éditeurs indépendants Parodies et pastiches Séries avec un unique avis Trash

Parodiant Tintin au Congo d’Hergé (1931), Anton Kannemeyer expose les contradictions et les paradoxes de la vie dans la postcolonie. Pappa in Afrika rassemble des dessins récents, des peintures et des bandes dessinées qui s’attaquent au colonialisme et à son héritage continu, adoptant Tintin, et ses multiples avatars, comme l’archétype du colon blanc. L’artiste est aussi provocateur que ludique et ne ménage pas les politiciens, les despotes et ses voisins des banlieues verdoyantes, qu’il soumet à un examen implacable et humoristique. En plus des dessins, des peintures et des tirages imprimés, le livre présente des bandes dessinées dans lesquelles Kannemeyer retrace l’aube de sa conscience politique en tant que jeune Sud Africain parlant afrikaans, dont la vie est liée aux joies et aux réalités de l’Afrique. Ses bandes dessinées et autres images singulières se confrontent et réfléchissent aussi au racisme ancré dans le langage et à la violence physique et mentale enracinée dans la société profondément divisée dans laquelle il vit. En convoquant une figure à la houppe typiquement belge, il nous renvoie à notre propre passé colonial. (Site éditeur)

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 06 Décembre 2018
Statut histoire Histoires courtes 1 tome paru

Couverture de la série Pappa in Afrika © La Cinquième Couche 2018
Les notes
Note: 3/5
(3/5 pour 1 avis)
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29/09/2021 | Noirdésir
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La Cinquième Couche est peut-être un petit éditeur, mais son travail éditorial a de quoi faire rougir beaucoup de confrères plus « huppés ». En effet, la couverture et le papier épais mettent bien en valeur le travail d’Anton Kannemeyer. C’est un auteur sud-africain dont je ne connaissais (sans faire le lien avec son nom) que quelques productions éparses, croisées dans des publications de L’Association ou du Monde diplomatique. Ici, c’est un véritable travail anthologique, qui rassemble des productions très diverses, sur le fond ou sur la forme. Du simple dessin à l’histoire de plusieurs pages, mais aussi du délire scato trash au pamphlet politique, on retrouve là toute la palette de cet auteur, qui signe certains de ses travaux Joe Dog. Une grande partie de ce recueil relève de la dénonciation (plus ou moins directe) du racisme, qu’il fut européen et colonial, ou Blanc et sud-africain du temps de l’apartheid. S’ajoutent à ce travail de dénonciation/démolition quelques piques contre certaines hypocrisies de l’Afrikaaner moyen, mais aussi contre certains hommes politiques noirs, ayant occupé des postes à responsabilité dans l’Afrique du Sud post-apartheid, ou dans des pays africains nouvellement décolonisés. Lumumba représente une des rares figures positives. L’ensemble est inégal, mais plutôt intéressant, relativement corrosif (certains passages sont un chouia trash). Tintin, Milou sont ici utilisés dans un dessein qui n’a pas dû plaire aux gardiens du temple de Moulinsart (certaines planches célèbres – de Tintin au Congo notamment – sont parodiées, de façon assez noire et drôle), Tintin représentant l’archétype du colon raciste. Tintin et Milou apparaissent même parfois en Noir, renversant ainsi la perspective (comme avait pu le faire Voltaire dans certains passages des Voyages de Scarmentado). Un goût de défouloir et de pamphlet, une bonne dose de parodie, quelques bonnes pincées de trash, voilà un auteur engagé à découvrir.

29/09/2021 (modifier)