Saint-Elme
Après L'Homme gribouillé, Serge Lehman et Frederik Peeters se retrouvent pour un polar très noir, plein de neige fondue et de grenouilles.
Auteurs suisses Frederik Peeters Futurs immanquables Les Grenouilles Petits villages perdus
Le détective Franck Sangaré, accompagné de son assistante, l'étrange madame Dombre, débarquent à Saint-Elme, une petite ville de montagne réputée pour son eau de source. Ils sont sur les traces d'un fugueur disparu depuis trois mois : enquête apparemment facile. Sauf qu'à Saint-Elme, tout le monde vous le dira : « Ici, c'est spécial. »
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Date de parution | 10 Octobre 2021 |
Statut histoire | Série terminée 5 tomes parus |
Les avis
Une série qui m'a un peu rappelé Twin Peaks, mais en moins bien. Le dessin de Peeters est toujours aussi bien maitrisé avec un trait dynamique et des couleurs chaudes. C'est vraiment le style parfait pour ce genre de polar violent qui possède un peu de fantastique. La narration est fluide et les 5 albums se lisent bien un à la suite de l'autre. Il faut dire qu'il y a plusieurs scènes avec peu de dialogues. Malheureusement, malgré des qualités le scénario ne m'a pas trop passionné. J'ai trouvé qu'il y a quelques longueurs et j'étais bien content que tout soit terminé lorsque j'ai refermé le dernier tome. Le plus gros problème est que je n'ai pas réussi à m'intéresser aux personnages. Difficile de trouver captivant une série avec autant de tomes si je ne ressens pas d'empathie pour les personnages et que je me foutais un peu des malheurs qui pouvaient leurs arriver.
Mon avis sur le tome 1 - La Vache brûlée : Galvanisés sans doute par la réussite de « L’Homme gribouillé », Serge Lehman et Frederik Peeters réitèrent leur collaboration avec cette nouvelle série, en restant dans une intrigue similaire, à la croisée du polar et du fantastique, où semble encore planer l’ombre inquiétante de Max Corbeau. Toutefois, à la différence de leur précédent opus, la couleur est de mise ici, même si l’on retrouve la même ambiance sombre et poisseuse dans un pays imaginaire que l’on pourrait situer en Suisse, le pays natal de Peeters, à moins que ce ne soit en Europe centrale, des zones souvent ignorées du genre. Mais si de Suisse il est question, celle-ci est dépeinte comme une sorte de dystopie, le théâtre de l’action étant une petite ville de montagne nommée Saint-Elme, autrefois paisible et connue pour son eau pure, mais devenue avec les années une sorte d’Ibiza alpine cosmopolite, capitale de la fête au magnétisme si puissant que les clubbers, junkies et dealers y accourent du monde entier. Fidèle à son trait semi-réaliste, Peeters a opté pour une palette de couleurs artificielles et chamarrées, soigneusement choisies, produisant une atmosphère à la fois surréaliste et électrique qui s’accorde bien au contexte un brin anxiogène où semble résonner imperturbablement le beat hypnotique des dance floors. Le résultat est très réussi et l’objet lance sur nos synapses des ondes lysergiques pour le moins envoûtantes. Le psychédélisme revisité au goût des années 2020. Dans cette histoire au scénario élaboré et aux personnages marquants, le détective Franck Sangaré parti en quête d’un jeune fugueur (que l’on entr'aperçoit dans la scène d’ouverture sanglante mais dont le regard halluciné surmonté d’un bonnet de derviche va rester gravé dans la rétine du lecteur tout au long du récit) va très vite se trouver confronté à des événements étranges dès son arrivée à Saint-Elme. Comme marqué d’une malédiction biblique, la ville semble envahie par les grenouilles. Puis, à la faveur d’une légende moyenâgeuse qui a inspiré le nom d’un troquet du coin, c’est une vache qui va être brulée de façon volontaire et anonyme… tout ces éléments contribuent à la profonde étrangeté de ce thriller « alpin », mené de main de maître par le duo Lehman-Peeters. A ce titre, la fin s’avère plutôt inattendue voire perturbante, mais je n’en dévoilerai évidemment aucun indice. Ce qui est certain, c’est que le parti pris du « cliffhanger » est des plus réussi, nous donnant une envie furieuse de découvrir la suite, prévue en 5 tomes. Avec ces deux auteurs, attachés à rendre à notre vieille Europe une aura fantastique fort légitime, laquelle, à travers la pop-culture, semble bien souvent n’appartenir qu’aux U.S., on savait bien qu’on ne serait pas déçus mais en plus, on ne peut qu’avoir envie de les encourager dans l’orientation qu’ils ont choisie. Mon avis sur le tome 2 - L'Avenir de la famille : Paru trois mois après le premier volet, on ne constatera aucune rupture avec ce second tome, qui continue à nous captiver grâce à un scénario tendu comme un arc. Ce polar noir et électrique va encore évoluer ici dans une tension croissante, et Franck Sangaré va prendre cher, très cher même. Ce détective taciturne et peu amène va finalement réussir à susciter l’empathie du lecteur dans une scène spectaculaire évoquant « Reservoir Dogs » où il jouera les souffre-douleurs du Derviche, le jeune homme en fugue qu’il était censé ramener chez sa riche maman, laquelle espérait peut-être le sortir du milieu peu recommandable où il était tombé du fait de son addiction à la dope. Celui qu’on avait entrevu dans le premier tome et dont le regard halluciné nous avait marqué se révèlera être un véritable psychopathe d’une cruauté implacable et guidé par une folie comparable à celle du célèbre Joker. Au-delà du scénario puissant de Serge Lehman, ce que l’on retient, c’est cette galerie de personnages tous plus ou moins azimutés, personnages parmi lesquels Romane la touriste et Paco le berger misanthrope semblent à peu près les seuls un tant soit peu équilibrés, si ce n’est leurs fêlures intérieures symbolisées par leurs cicatrices corporelles qui ne font que les rapprocher. Et si l’on apprécie cette aptitude chez Lehman à donner de la consistance à ses personnages, même aux plus anecdotiques, on se doute que la participation de Frederik Peeters, même s’il endosse ici le rôle de dessinateur, y est sans doute pour quelque chose. Habituellement, les récits dont il est le scénariste mettent également en scène des protagonistes bien campés psychologiquement, une qualité renforcée par son trait expressif. Peeters poursuit dans son parti pris radical dans la colorisation — en particulier dans les scènes d’intérieur ou urbaines —, qui, même si l’effet de surprise est déjà passé, emporte l’adhésion. La scène de l’interrogatoire de Sangaré reste la plus édifiante, tout en fureur et en douleur, avec une lutte crispée entre le bleu et le rouge qui culmine dans un jaune explosif. De même, on est séduit par le cadrage très cinématographique et l’ambiance à la Twin Peaks de ce récit choral, en particulier lors des dernières pages où s’égrènent des plans fixes sur les personnages de l’épisode, exposant au lecteur leur solitude et leur douleur, conscientes ou non, dans un silence nocturne et tragique. Une fois de plus, ce tome nous laisse impatient, se concluant par l’apparition en toute dernière page d’un personnage mystérieux en imper et à la coupe afro typiquement seventies, celui-là même figurant sur la couverture. Un vague pressentiment nous saisit alors : ce type qui s’apprête à débarquer à Saint-Elme n’est certainement pas venu pour tondre la laine des moutons des alpages environnants. Le troisième tome, prévu à l’automne, promet donc de disperser sévère… Mon avis sur le tome 3 - Le porteur de mauvaises nouvelles : Au fil des tomes, « Saint-Elme » creuse tranquillement (si on peut dire) son sillon. Son univers étrange, voire fantastique, pour un récit ayant plus à voir avec le polar, ainsi que son intrigue et ses personnages, bien structurés psychologiquement, nous sont désormais familiers. La série rencontre d’ailleurs un joli succès, qui vient confirmer que la collaboration entre Serge Lehman et Frederik Peeters était plus que pertinente. Ce tome 3 poursuit donc sur sa lancée, avec son lot de bagarres et de meurtres, le tout dans une atmosphère fascinante renforcée par ces extraordinaires couleurs fluorescentes soulignant la violence implacable de l’action. L’image marquante de cet épisode – laquelle a d’ailleurs inspiré la couverture — restera liée à l’évasion de Franck Sangaré, dans une scène dantesque où l’homme apparaît transfiguré, de l’eau jusqu’aux hanches, dans un conduit souterrain aux couleurs verdâtres. Gravement brûlé au visage et sur le corps, Sangaré n’est plus que l’ombre de lui-même ou plutôt semble s’être transformé en monstre mû par la douleur. Le détective est devenu une sorte de créature des marais, les grenouilles lui recouvrant le corps étant devenues ses confidentes... Quant à Cavalieri, dit le Derviche, il reste sans conteste le personnage le plus effrayant, saisi par un délire mystique provoqué par des substances hallucinogènes qui l’ont rendu plus redoutable et plus imprévisible. Avec ce « Porteur de mauvaises nouvelles », la narration semble avoir définitivement trouvé son rythme de croisière, installant sans coup férir « Saint-Elme » au rang des séries BD culte, bénéficiant d’un scénario travaillé et d’une iconographie innovante pour un récit qui s’inscrit dans le roman noir. Et nous, pauvres lecteurs impatients, de nous languir de la suite… Mon avis sur le tome 4 - Un Œil dans le dos : Cette fois, c’est le Derviche qui est à l’honneur pour ce quatrième volet de « Saint-Elme », le polar le plus insolite de ces dernières années en matière de neuvième art. Ce personnage très emblématique de la série apparaît sur la couverture en suspension, sur fond de cosmos étoilé, prêt à asséner un coup de pied redoutable à un ennemi que l’on ne voit pas. On retrouve ici toute la galerie de protagonistes avec lesquels nous sommes maintenant familiarisés, notamment ceux gravitant autour du clan des Sax, la richissime famille qui tient Saint-Elme sous son emprise, grâce à ses intérêts dans l’eau de source qui a fait la réputation de la ville alpine. En face, Franck Sangara, chargé de ramener Arno Cavalieri, dit le Derviche, dans le giron familial. Le « jeune bourge » travaille désormais dans un trafic de stupéfiants chapeauté « non officiellement » par les Sax. Franck, qui fait figure de miraculé après les graves brulures qu’il a subi lors de l’interrogatoire violent des Sax, est désormais représenté en momie vivante, réfugié dans l’auberge « La Vache brûlée » aux côtés de son frère Philippe et de Madame Dombre. Car la mafia des Sax ne recule devant rien pour décourager voire éliminer tous ceux qui se mettent un tant soit peu en travers de leur chemin… Cette série poursuit sans coup férir la voie que Serge Lehman et Frederik Peeters lui ont tracé depuis le tome 1. On reste toujours autant happés par ce « hardboiled » dont l’intrigue ne cesse de se tendre au fur et à mesure que l’on parcourt les tomes successifs. Avec ses personnages bien construits psychologiquement, qu’ils soient excentriques, inquiétants, mystérieux ou carrément crétins, le récit continue à s’enfoncer doucement dans la folie, avec jusque ce qu’il faut de mystère, évitant de franchir les limites du crédible, sans oublier une touche discrète d’humour. Outre les récurrentes grenouilles « volantes » et ce chien au regard diabolique du redoutable Gregor Mazur, l’image forte de ce tome demeurera cette incroyable chondrite — « météorite plus vieille que la Terre » — dévoilant sa structure sur une pleine page et explosant à la suivante dans une sorte de mini-big bang cosmique. Tout cela est permis par la patte unique de Frederick Peeters, qui a su insérer dans ce polar noir une bonne dose d’onirisme, parvenant à fasciner le lecteur sans les lui dévoiler, à l’instar de ses œuvres précédentes. L’auteur suisse a en outre su concocter ici une palette très audacieuse de couleurs fluorescentes, conférant une ambiance psychédélique et singulière qui met en lumière, comme le qualifie Madame Dombre, notre monde « détraqué » auquel on est tellement habitué qu’ « on n’y fait même plus attention ». La conclusion de ce tome fera une incursion un peu plus prononcée dans le fantastique, notamment à travers le medium Mertens, laissant présager des révélations spectaculaires pour le cinquième et dernier volet de la série. Mon avis sur le tome 5 : Les Thermopyles : L’excellente série en milieu alpin de Serge Lehman et Frédérik Peeters nous livre donc son dénouement tant attendu avec ce tome 5. Tous les protagonistes sont désormais réunis autour du détective Franck Sangaré. La tension est à son comble, la guerre avec le clan Mazur semble inévitable... Grâce à un savant dosage entre « hardboiled » et fantastique en demi-teinte, un peu à la manière d’un David Lynch, avec quelques indices énigmatiques disséminés ça et là, les auteurs ont réussi à maintenir ce qu’il fallait de tension et de mystère pour qu’à aucun moment le livre ne tombe des mains du lecteur. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier épisode tient ses promesses avec un affrontement final en apothéose d’action, de feu et de sang, mais également à haute teneur mystique. Une fois encore, Serge Lehman puise son récit dans une mythologie européenne immémoriale, où la nature était divinité et la spiritualité n’avait pas encore été squeezée par la religion. Dans « Saint-Elme », la montagne joue le rôle de bienfaitrice en fournissant aux humains son eau nourricière, et gare à ceux qui tenteraient de l’accaparer à des fins purement mercantiles ! Lehman a-t-il cherché ici à métaphoriser la mainmise des multinationales sur les ressources naturelles (dont l’eau bien sûr), dans le contexte préoccupant du réchauffement climatique ? Quoiqu’il en soit, cette fiction supporte facilement une double lecture…
Voilà déjà trois ans que notre duo d'auteurs avait marqué les esprits avec le magnifique L'Homme gribouillé. Cette nouvelle collaboration semble s'inscrire dans la même veine : une enquête centrée autour des croyances locales de bleds un peu paumés. Alors, bienvenue à Saint-Elme, petite bourgade de montagne dont l'essentiel de l'économie tient à l'usine d'eau de source tenue par la famille Sax, qui règne en magnat local. Franck Sangaré, détective privé débarque à Saint-Elme pour retrouver un jeune fils de bonne famille disparu depuis plus de 3 mois ; il va y retrouver Madame Dombre qui connaît bien les lieux et les gens pour lui servir d'assistante. On suit également Morba, un black embarqué dans un trafic mystérieux dont la transaction va tourner au drame ; ce dernier va se retrouver à fuir en compagnie d'une jeune fille inconnue retenue prisonnière... Enfin, les présentations de la famille Sax se fait au travers de leurs rapports brutaux et sans filtres, comme taillés à la serpe et qui laissent présager de leurs "bonnes relations" avec le reste de la population locale... Ce premier tome va donc se construire autour de ces trois pôles narratifs pour tisser petit à petit les ramifications qui vont les relier. Si ce premier tome introductif ne fait d'une certaine façon que poser des questions et installer le mystère, le décor est planté et les personnages posés pour mieux nous mettre l'eau à la bouche... Car côté mystère Serge Lehman connaît son travail et maîtrise la narration, quant au graphisme de Frederik Peeters, il magnifie cette histoire grâce à son graphisme toujours aussi fourmillant de détails et un encrage marqué. Si le noir et blanc qui avait prévalu dans L'Homme gribouillé, Peeters a ici opté pour une mise en couleur très peps et acidulée, qui, passé la surprise des premières planches, propose des ambiances sombres qui accentuent le mystère ambiant. Voilà donc un premier tome très réussi, dont le seul défaut réside en la frustration qu'il impose ayant terminé d'avaler ces quelques 80 pages... Les dés sont jetés, reste à savoir ce que la suite va nous réserver... *** Tome 2 *** Cool ! Voilà un tome deux qui ne se sera pas fait attendre ! C'est toujours une joie pour moi de replonger dans les univers concoctés par notre duo d'auteurs, et j'avais hâte de retrouver l'atmosphère pesante et poisseuse de Saint-Elme ! Après le carnage chez nos trafiquants locaux, il faut maintenant faire le ménage. Le Derviche doit donc faire appel au réseau de nettoyage de la famille Sax... Franck Sangaré se retrouve pour le coup en situation critique et la couverture de son amie Ombre est quant à elle très compromise. Ça sent le brûlé au pays de l'eau plate ! On est vite replongé dans ce petit monde d'embrouilles et de secrets de famille ou de bled paumé. Chaque personnage semble garder quelques cartes dans sa manche, avec toujours en arrière plan cette impression de passé plus ou moins trouble. Ajoutez à cela un "grand secret" qui semble être le fil rouge de ce récit mais qui reste en filigrane pour le moment, et on peut dire que côté mystères on est plutôt servis ! C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on pourrait faire à ce tome, qui, s'il fait avancer le récit, pousse peut être un peu trop doucement ses pions. On arrive à la fin de l'album avec quelques réponses, certes, mais surtout davantage de questions sans qu'on ait l'impression qu'il se soit passer énormément de choses. Alors oui, les lignes bougent et l'échiquier s'ébranle, mais on reste sur notre faim au bout de ces 80 pages. Frustration quand tu nous tiens ! Il ne nous reste donc plus qu'à prendre notre mal en patiente en attendant que la suite arrive, en espérant que le troisième tome soit à la hauteur ! Mais le cliff hanger de fin d'album semble très prometteur, alors croisons les doigts ! *** Tome 3 *** Aahhh ! Welcome back to St Elme ! un p'tit verre d'eau pour se mettre en jambe ? Voilà que le frère de Franck rentre dans la partie ! Notre enquêteur est en effet dans une très mauvaise posture après ses dernières découvertes ; Dombre, inquiète pour lui après sa disparition contacte donc son frère Philippe qui débarque à St Elme pour le sortir de ce mauvais pas. Et comme dirait l'autre, la famille c'est sacré ! Pas touche ! Car le Philippe ne fait pas dans la dentelle ! (pour notre plus grand plaisir ! :D ) Du côté de la famille Sax les choses se compliquent aussi, chacun poussant ses pièces en pensant maîtriser la partie qui se joue. Tout le monde n'en sortira pas grandi... voire vivant. Ce troisième opus garde le rythme, la tension montant d'un cran encore et accroche tout autant le lecteur. Voilà un thriller qui pour l'instant tient toutes ses promesses. Serge Lehman en habile conteur sait nous tenir en haleine, le talent graphique de Frederik Peeters faisant le reste. Vivement la suite ! *** Tome 4 *** Ahhhh enfin la suite !!! Que c'est bon de replonger dans cet univers ! Hypnotique, cette série à la colorisation si singulière et au scénario envoutant ne nous laisse pas le temps de souffler, ou tout juste quelques pages, le temps de se replonger dans l'ambiance et l'atmosphère de St Elme, jolie petit station de montagne bien policée en surface, véritable nid de vipère si on commence à gratter un peu le vernis. Et après, tout s'accélère ! Les pièces du "grand puzzle" de ce thriller commencent à s'imbriquer, la trame commence à prendre de l'épaisseur et les différents fils tissés entre les personnages prennent sens. Les personnages que nous a composé Serge Lehman sont vraiment ahurissants et le dessin très cinématographique de Frederik Peeters leur donne une prestance et une force dans chacun de leur rôle. Que ce soit la bêtise, la cruauté, la peur, l'intelligence ou la naïveté, notre brochette de personnages nous propose une belle palette, mais pas toujours reluisante de nos contemporains. Ajoutez à cela une petite touche de fantastique, et vous avez là une série qui ne pourra que ravir les amateurs du genre !
Un style graphique à nul autre pareil au service d'un polar violent et sombre. Les couleurs improbables et ultra contrastées (noir profond, vert radioactif, violet percutant...) impressionnent autant qu'elles interrogent : est-ce une indéniable réussite ou d'un mauvais goût un peu trop assumé ? Le sens du cadrage est lui toujours là, la violence aussi ! Le polar sombre et violent servant d'exutoire à ce style impayable, comme souvent chez Lehman, est au service d'une intrigue exagérément et volontairement alambiquée : fuir la clarté pour mettre en avant une ambiance. Des cinéastes comme Howard Hawks avec "Le Grand sommeil", David Lynch avec "Mulholland Drive", Wong Kar-Waï avec "In the mood for love"... ont usé de ce procédé et en ont conçu des chefs-d’œuvre. Ce n'est malheureusement pas le cas ici, la réussite est imparfaite, incomplète. Les mêmes ressorts avaient été mieux employés sur L'Homme gribouillé, le fantastique rendant la dramaturgie énigmatique plus pertinente.
Il n'y a que du très bon dans cette série. A commencer par l'ambiance qui règne dans cette petite ville de Saint Elme, bien mise en image par le dessin de Frederik Peeters. Le parti pris graphique est interessant, même si de prime abord il peut paraitre un peu difficile d'accès. L'encrage est épais, la colorisation est foncée et la palette de couleur punchie est assez osée, mais l'ensemble est harmonieux. Ce mélange offre une atmosphère très particulière dans laquelle j'ai plongé avec plaisir. Pour faire une bonne BD, un graphisme original de suffit pas. Et c'est parfait puisqu'ici le scénario n'est pas en reste. L'histoire est tout ce qui me plait. Une intrigue qui lorgne vers le récit policier, un détective, une enquête, des personnages louches, des petits trafics, des plus grosses magouilles, des personnage secondaires qui prennent de l'ampleur... Le puzzle qui se met en place est très prenant. La construction du scénario est bien équilibré et ultra efficace, alternant les réponses aux interrogations soulevées précédemment, et les nouveaux mystères. C'est bien raconté, bien construit, bref ça se lit tout seul. J'ai pris un réel plaisir à lire ces 3 tomes et d'ailleurs, je n'ai qu'une envie : lire la suite.
Après lecture des deux premiers tomes, je suis bien accroché, et j’attends avec une certaine impatience la suite ! D’abord je trouve très beau le dessin de Peeters, et très chouette sa colorisation, très tranchée, qui ne joue a priori pas sur le réalisme, mais qui réussit pourtant à nous rendre tangible l’univers développé par Lehman. L’intrigue justement, distille à petites doses les pistes à explorer. Sur un fond de thriller relativement classique, d’embrouilles familiales qui semblent assez tordues, Lehman greffe du fantastique (et c’est là que la colorisation étrangement belle de Peeters prend toute sa force). Je ne sais pas où il veut aller sur ce point, mais ma curiosité est fortement piquée. La narration est vraiment rythmée, c’est violent, tout en ménageant des passages plus calmes, quasi poétiques. Bref, pour le moment, je suis conquis par cette série, et j’espère que l’histoire va retomber sur ses pattes – ou au moins ne pas gâcher par une fin trop abrupte, absconse ou tirée par les cheveux ce scénario qui, pour l’instant, est accrocheur. Et l’arrivée d’un nouveau personnage laisse à penser que rythme et castagnes vont aller en s’accélérant !
Je ne sais pas si c'est le style de Serge Lehman qui ressemble beaucoup de celui de Frederik Peeters ou s'il a fait exprès de s'en approcher ici, mais j'ai vraiment cru lire un album du seul Peeters. J'y retrouve en effet pour commencer un décor plus ou moins Suisse comme cet auteur, la même originalité un peu étrange de ses scénarios, et surtout ce côté légèrement dérangeant, avec ses personnages en partie malaisants et une ambiance que je ressens comme étant moite, bizarre, avec des accents volontiers proches de David Lynch, en plus charnel dans le graphisme. Autant c'est une originalité que je loue dans les œuvres de Peeters, autant je n'y accroche en général pas toujours car elle me met mal à l'aise et m'empêche de me sentir proche des protagonistes. J'ai donc ressenti ce léger malaise à la lecture de cette série mais en même temps une vraie curiosité. L'intrigue ne se laisse strictement pas deviner et bien malin qui saura prévoir les péripéties et retournements de situation nombreux qu'elle comporte. Elle laisse planer un voile de mystère qu'elle dévoile peu à peu pour laisser apparaitre de nouvelles inconnues intrigantes. Elle est rythmée et claire malgré ses nombreux personnages et changements de lieux. Et comme dans les bons scénarios, on réalise qu'il peut arriver n'importe quoi aux personnages qu'on pensait être des héros théoriquement destinés à s'imposer et à survivre. Et évidemment, il y a le dessin de Peeters qui est toujours aussi maitrisé et intense. Du coup, malgré le léger malaise que me fait ressentir cette BD, j'ai été accroché par son intrigue et l'envie de savoir la suite, notamment après la page finale du second tome qui laisse enfin apparaitre le fameux frère du détective, visiblement au cœur de toute l'intrigue.
Je n'ai lu que le premier tome, le tome 2 venant de sortir. Au moins j'apprécie qu'il ne faille pas attendre des années avant d'avoir la suite. Cette introduction est très réussie, un rythme haletant mettant en place les personnages dans les montagnes. D'un côté des malfrats et une mystérieuse petite fille kidnappée. De l'autre un village, Saint-Elme, faisant la fête et un accident malheureux conduisant à un barbecue vivant. Le thème de la brûlure est partagé par plusieurs personnages. Le titre de Saint-Elme est lui-même une référence au feu. Un enquêteur sur la trace d'un fugueur débarque au milieu de tout ça. Le dessin est bien et les couleurs majoritairement sombres sont superbes. Un polar qui commence bien. Maj nov 2022. J'ai visiblement fait l'impasse sur le tome 2. Cela explique que j'ai eu l'impression de manquer des événements et eu un peu de mal à raccrocher les wagons sur les premières pages... Une bonne intrigue avec pas mal de personnages donc il faut bien suivre. Le frère de l'enquêteur qu'on pensait hors service rentre dans la partie pour démêler cet écheveau. Le graphisme avec cette colorisation bariolée reste très bon.
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