Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler

C'est avec son premier roman "Le Vieux qui lisait des romans d'amour" que j'ai découvert l'oeuvre de Luis Sepulveda. Humour et sentiments y ont la part belle, ce qui transpira dans la plupart de ses autres romans. Je n'avais pas lu "Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler" et j'étais donc curieux de découvrir son adaptation par Cever, auteur autodidacte dont c'est la première publication. Cet album nous raconte donc d'un gros chat noir, Zorbas, qui pensait profiter de l'absence de ses maîtres pour paresser tranquillement dans leurs appartement. C'était sans compter sur l'arrivée impromptue d'une mouette venue s'échouer sur son balcon. Cette dernière très mal en point, mazoutée à cause d'un dégazage sauvage va donner naissance à un oeuf avant de mourir. Elle aura eu le temps de le confier au chat en lui demandant de s'en occuper jusqu'à ce qu'elle sache voler... Zorbas donne sa parole et va donc devoir s'occuper de la petite mouette tant bien que mal. Heureusement, les autres chats du port de Hambourg vont lui prêter main forte pour mener à bien cette mission improbable. La première chose qui marque en ouvrant l'album c'est la finesse du trait de Cever et la qualité de son coup de crayon tout en noir et blanc. Se lancer dans un registre hyper réaliste n'est pas à la portée de tout le monde, surtout quand on s'attaque à l'architecture et aux animaux. D'autant que l'auteur ne se facilite pas la tâche avec des planches représentant des pièce très fournies en détails (dans le musée notamment) où fourmillent des maquettes de voiliers, d'autres animaux et j'en passe ! Côté transposition, même si je n'ai pas lu le roman, je trouve que le récit peine un peu à nous emporter pleinement. L'imaginaire en moins, on suit page après page les aventures de ces chats dévoués au pacte qu'a passé Zorbas mais sans réelle empathie. L'humour cher à Sepulveda n'est pas non plus oublié, mais je l'ai trouvé un peu surfait avec les principaux gags de répétition. Alors est-ce parce que je ne suis pas le "public cible" de ce genre d'ouvrage ? Je ne saurai trop dire... De plus, si cette BD plaira je pense beaucoup à un jeune public, le parti pris du noir et blanc (que j'adore pourtant !) n'est peut-être pas le plus judicieux (j'en sais quelque chose pour travailler en médiathèque). Au final, une belle histoire qui ferait un beau conte, traitée de façon magnifique côté graphisme avec ce noir et blanc des plus élégant, mais qui manque un peu de punch au niveau narratif sans que j'arrive à en déterminer la cause précise. Cever se révèle pour autant un auteur à suivre et qui promet de beaux albums s'il continue sur cette voie.

24/11/2021 (modifier)

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