Lumière noire
Ava, chorégraphe reconnue, ironise sur le fait qu'elle vient d'obtenir une bourse pour la création d'un spectacle alors qu'elle a décidé d'arrêter la chorégraphie. Après une ascension fulgurante, Ava est vide de toute inspiration, désabusée, jugeant son art inutile face aux enjeux sociétaux du moment. Son amie Suzanne, lui conseille tout de même de monter ce spectacle et pour lui changer les idées, l'entraîne au gala de fin d'études de l'école de danse contemporaine dans laquelle Ava a été formée. Dès les premiers instants, l'oeil d'Ava est aimanté par Ian, l'un des danseurs, dont la fougue et la passion sur scène, lui rappelle sa propre jeunesse. À la fin du spectacle, Ava le retrouve et sans prendre totalement la mesure de ce qu'elle est en train de faire, lui explique qu'elle travaille sur un nouveau spectacle pour lequel elle aimerait lui proposer le rôle principal. Ava n' a aucune idée en tête mais juste l'envie de créer une nouvelle façon de danser, basée sur l'improvisation.
La BD au féminin La Danse Paris
Les deux commencent à travailler ensemble, à échanger et découvrent qu'ils partagent une certaine vision du monde, des questions sociales et écologiques et bien plus encore ...la passion de leur art et une attraction l'un pour l'autre de plus en plus forte. Petit à petit, l'inspiration revient à travers un conte dont le personnage principal n'est pas sans rappeler Ian. Les deux amants s'enferment dans leur bulle créatrice, tout entiers à leur passion. Tandis qu'au dehors, le contexte social s'endurcit, le chaos que vit la société va-t-il finir par transparaître dans leur relation ? La sensibilité de ces deux passionnés les entrainera-t-elle dans les affres de l'autodestruction ?
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Date de parution | 27 Octobre 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai eu le sentiment à la lecture qu’il y avait beaucoup d’envie de la part des auteur.e.s mais aussi pas mal de maladresse. Envie d’ancrer leur récit dans le milieu de la danse moderne, avec de belles planches consacrées à cet art. Envie de nous offrir une romance avec les phases classiques du genre (ils s’aiment mais une faille apparait entre eux, va-t-elle se transformer en un gouffre insurmontable ou vont-ils faire fi de leurs différences pour vivre leur histoire d’amour dans le respect de l’autre et de ses choix ?) Envie de lier leur récit à la situation économique, politique et environnementale actuelle… avec pas mal d’insistance sur certains points qui reflètent sans doute les craintes des auteur.e.s (état policier, démembrement de l’Europe, crise climatique, rejet des migrants). Maladresse dès le début quand un numéro de téléphone griffonné sur un bras change en fonction des cases. Maladresse encore dans l’insistance avec laquelle les auteurs font partager leurs craintes. C’est tellement caricatural que j’ai du mal à y croire (notamment cette histoire d’oiseaux qui meurent de soif alors que les fontaines publiques, les rivières, les fleuves, les canaux ne semblent pas du tout à sec… sont cons ces piafs ou quoi ?) Maladresse encore dans la manière dont un personnage évolue. En effet, l’un des deux personnages principaux est une chorégraphe désirant adapter un conte noir. Ce conte cache de manière assez lisible une critique de nos sociétés occidentales et on s’attend donc à ce qu’elle-même ne soit pas en phase avec l’évolution de la société et veuille par le biais de son ballet dénoncer l’évolution en question (d’autant plus qu’elle a bâti sa réputation sur ses ballets engagés). Et en fait… ben pas du tout. A un point tel que j’en suis venu à me demander si elle avait compris quelque chose à ce conte. Le personnage en devient quelque peu crétin et l’utilisation même de ce conte perd tout son sens dans la bande dessinée. Et puis viennent mes convictions qui, directement, court-circuitent les interrogations des deux personnages principaux, étant donné que pour moi, ce n’est pas en créant un ballet destiné à un public restreint et élitiste et financé à l’aide de l’argent public que l’on va marquer les esprits de la masse populaire. Alors, autant j’aurais compris cette ambition si les personnages avaient œuvré dans un art populaire, autant avec du ballet moderne -qui plus est confiné dans des salles de spectacle-, j’ai du mal à comprendre. Donc voilà, je salue la sincérité des auteur.e.s, je trouve que techniquement la bande dessinée est bien réalisée (à l’exception de ce numéro de téléphone aléatoire) mais tant le propos, que la romance que l’évolution des personnages ont eu du mal à me convaincre. Bof, donc…
Lumière noire nous raconte la rencontre et la romance troublée entre une chorégraphe à succès et un jeune danseur talentueux. Dans un cadre de légère anticipation, très inspiré des problématiques actuelles, pandémie, réchauffement climatique, fermeture des frontières et repli des nations sur elles-mêmes, ces deux êtres vont permettre à leurs passions de s'enlacer et de se focaliser sur le projet d'un nouveau spectacle de danse en duo. J'ai trouvé dans cet ouvrage une sensibilité dans le ton et dans le graphisme qui m'a rappelé les œuvres de Timothé Le Boucher (Ces jours qui disparaissent). Le dessin est beau et évocateur. Il fonctionne en particulier très bien pour ce qui est des postures corporelles et la danse. J'aime le rapprochement qui est fait entre les danseurs et des oiseaux de différentes espèces qui expriment chacun leur art à leur manière. La danse est à la fois au cœur du thème du récit et en même temps suffisamment discrète et suggestive pour ne pas paraitre hermétique à ceux qui comme moi n'y connaissent rien. Et la relation entre les deux protagonistes est originale et intéressante. C'est avant tout un récit sur l'inspiration artistique et le mariage de sentiments, de traumatismes et de passions. Pourtant, j'ai eu du mal à apprécier pleinement cette lecture. La faute à une intrusion trop présente d'une vision politique très manichéenne. On comprend rapidement cette position quand les auteurs nous présentent des rues de Paris fourmillant de CRS en armure et qu'ils dénoncent ça et là les violences d'un état policier. Cette intrusion du politique vient impacter de plein fouet la relation entre les deux danseurs par l'implication active de l'un d'entre eux. Ces messages trop manichéens, à peine contrebalancés par l'état d'esprit plus terre à terre de l'héroïne, m'ont plusieurs fois agacé et m'ont fait sortir de l'ambiance du récit que je préférais quand elle était plus axée sur l'art et les sentiments. Si l'histoire s'était arrêtée à son point critique en fin d'album, avec une vision hallucinée en pleine manifestation tournant à la révolte, j'aurais été franchement déçu. Heureusement, l'album apporte un épilogue qui permet de reposer plus sereinement les choses et d'offrir une conclusion plus satisfaisante à mon goût. Il y a donc beaucoup de bon dans cet album, tant sur le plan du dessin que de l'intrigue et des sentiments complexes qu'elle dégage, mais elle n'a pas su pour autant me toucher pleinement à cause du parasitage de ces messages politiques assenés sans finesse.
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