Severiano de Heredia - Élu de la République

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)

Qui est l'homme que Barack Obama cite dans son discours d'investiture et considère comme un exemple à suivre ? Qui est Severiano de Heredia (1836-1901), que des esprits chagrins ont surnommé le "Nègre de la République" pour lui rappeler qu'il n'était qu'un intrus dans le monde politique français du XIXème siècle ?


1872 - 1899 : de la IIIe république à la fin du XIXe siècle Biographies La BD au féminin Les petits éditeurs indépendants Paris Politique

Chassé de La Havane à 8 ans par une révolte qui menaçait sa famille, Severiano, en dandy accompli, s'insère pourtant rapidement dans la haute société parisienne. Rentier, insouciant, il profite de la vie, plaît aux femmes, se pique de critique littéraire, de journalisme pour finir par entrer en politique. Homme de la Troisième République, souvent en avance sur son temps, sa carrière le mènera loin : Président du Conseil Municipal de Paris, député et enfin ministre des Travaux Publics. Voici le portrait du seul "Maire" noir de Paris, celui d'un homme étrangement oublié et pourtant aussi attachant que fascinant.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 01 Septembre 2021
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Severiano de Heredia - Élu de la République © Passés Composés 2021
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 2 avis)
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26/11/2021 | bamiléké
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L'avatar du posteur Noirdésir

Heredia est un nom qui me disait quelque chose, mais en fait je ne connaissais – sans l’avoir lu – que celui du poète Jose-Maria de Heredia, m’étonnant bêtement de ne pas voir évoqué ce pan de sa vie dans cette biographie. Bref, erreur corrigée au bout d’un moment, cet album m’ayant fait découvrir ce personnage ayant joué un rôle relativement important dans la vie politique parisienne puis française du dernier quart du XIXème siècle. Sa trajectoire est intéressante, illustrant la fin de l’esclavage dans les colonies, et l’évolution sociale et politique en France durant cette période. Sa trajectoire personnelle est tout aussi intéressante. Débutant sa vie française (il est l’héritier d’une riche famille de planteurs de la Havane) comme un noceur, il va peu à peu s’assagir – dans sa vie familiale, finalement très rangée et bourgeoise – comme dans sa vie professionnelle et politique. Républicain, radical de gauche, il va voter la plupart des textes (loi autorisant les syndicat, lois Ferry sur l’instruction, diminution du temps de travail) réformateurs de l’époque, se montrant souvent engagé (modérément, puisqu'il oppose pas mal de tabous bourgeois aux idées communardes et communistes) et en avance sur son époque (concernant les femmes par exemple). J’ai juste un peu tiqué par rapport au ton un peu hagiographique d’Ozanam. On a l’impression parfois que c’est Heredia qui à lui tout seul donne le ton, imprime le mouvement, est LE type et homme politique parfait, à nos yeux contemporains. C’est un peu exagéré, manichéen, et peut-être anachronique. Et, à vouloir ne montrer que le beau côté de la médaille, certaines contradictions sont masquée. Ainsi sur toute une page Heredia critique les zoos humains. Il a effectivement raison de le faire, mais pour le coup c'est très anachronique pour un homme politique de l'époque. Surtout, dans la même page, il défend la colonisation et l'empire colonial français. Or, les zoos humains sont une cause de la colonisation, par la propagande diffusée (ils entretiennent une imagerie positive du point de vue du colonisateur et diffuse des stéréotypes racistes). L'un ne va pas sans l'autre. Mais je suis quand même content d’avoir pu découvrir ce personnage, sûrement moins important qu’Ozanam nous le laisse croire, mais en tout cas qui ne mérite pas le relatif oubli dans lequel il est tombé (et les attaques dont il a fait l’objet dans les années 1880-90, sur ses origines, sa couleur de peau, ses ascendances en partie juives, etc. me le rendent par réaction plus estimable, moi qui hais xénophobie et racisme).

29/12/2024 (modifier)
L'avatar du posteur bamiléké

Homme politique de premier plan, Severiano de Heredia est probablement moins connu en France qu'à l'étranger. La preuve est que la seule rue de Paris portant son nom a été décidée en 2013 après le discours du Président Obama qui faisait référence à monsieur De Heredia. Antoine Ozanam et Isabelle Dethan sortent justement de l'oubli la mémoire d'un homme dont l'action est encore visible de nos jours. Défenseur de la laïcité, de l'école publique, il crée le réseau de bibliothèques municipales parisien. Le scénario montre bien l'ascension politique de Severiano. Ozanam n'oublie pas aussi les contradictions de cet esprit brillant. Né mulâtre, riche et esclavagiste, son esprit libre penseur l'engage vers le radicalisme en contradiction avec son passé familial esclavagiste dont il a du mal à se dessaisir. De même il appartient à un gouvernement fortement colonialiste dont il soutient la politique dans ce sens. Plus intellectuel qu'homme d'action, De Heredia aura du mal à se situer quand la politique le repoussera et qu'il redeviendra patron. Bien sûr il sera confronté à des remarques racistes mais cela ne l'empêchera pas de briller dans les sociétés où il évoluera. Sa vie familiale n'est pas oubliée et cela donne beaucoup de corp à ce récit tellement elle aura un impact sur sa personnalité vis à vis des femmes notamment. Très beaux dessins d'Isabelle Dethan avec de grandes pages picturales décrivant les anciennes rues de Paris. Les costumes de bourgeois ou d'ouvriers sont bien documentés. Une rue dans le très bourgeois 17eme arrondissement pour ce défenseur de la cause ouvrière voilà un paradoxe de l'histoire de plus.

26/11/2021 (modifier)