Attends
2001 : Prix Urhunden (Suède) du meilleur album étranger. 2002 : Prix Harvey (USA) du meilleur nouveau talent. Tout juste à l'orée de l'adolescence, Jon et Bjorn semblent baigner dans la plus pure insouciance. Bonbons trop sucrés ou acidulés, considérations sur le futur et les grandes personnes, blagues stupides et le Batman de Neal Adams sont les principales préoccupations de ces deux enfants qui se trouvent à un moment charnière de leur vie.
Animalier Atrabile Auteurs nordiques Jason Les petits éditeurs indépendants
Tout juste à l'orée de l'adolescence, Jon et Bjorn semblent baigner dans la plus pure insouciance. Bonbons trop sucrés ou acidulés, considérations sur le futur et les grandes personnes, blagues stupides et le Batman de Neal Adams sont les principales préoccupations de ces deux enfants qui se trouvent à un moment charnière de leur vie. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes s'il n'y avait pas ces affreux loubards décomposés ou encore le regard d'Ingrid qui laisse Jon tout chose et paniqué. Seulement voilà, en une fraction de seconde, le pire arrive, un univers bascule, pas même le temps de dire "Attends" et il est déjà trop tard. Une vie est perdue et une autre changée à tout jamais. Pour son premier album en français, Jason, auteur norvégien, nous livre une histoire en demi-teinte, passante d'une douce mélancolie au constat d'une existence brisée, prisonnière de souvenirs indélébiles et coincée dans une monotonie inextricable.
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Date de parution | Octobre 2002 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Nous parlons ici non pas d'un nouveau Jason, auteur norvégien idolâtré par certains (dont nous faisons partie...) de ce que l'on pourrait qualifier - de manière musicale - de "BD indie", mais de la réédition chez Atrabile de son premier et remarquable ouvrage, "Attends...", datant de vingt ans déjà... Vingt ans : un gouffre, rempli par le ressassement d'une vie "ratée", mais aussi le temps de juste prononcer un simple mot avant que votre univers s'effondre. Peut-être parce que le temps - qui passe, trop vite, trop lentement, et qui nous tue... - est fondamentalement le sujet du livre, "Attends" n'a pas pris une ride : au contraire, ces cases soigneusement rangées, souvent sans dialogues, parfois systématiquement répétées, habitées par des personnages aux yeux vides qui nous ressemblent inexplicablement, sont depuis devenues pour nous un univers absurdement familier, qui nous rassure et nous terrorise à la fois... puisque les cauchemars "mous" de Jason sont les nôtres. Oui, il est étonnant de réaliser combien le "style" de l'auteur n'a pas évolué depuis ce premier livre - qui avait fait son petit effet dans le monde de la BD en 2000 -, ou, pour l'exprimer plus justement, combien toute la grandeur, toute la force de son Art étaient déjà présentes, et d'une redoutable efficacité dans "Attends...". Bien sûr, il y a d'abord dans "Attends..." ce coup de force narratif qui ne nous laisse toujours pas un indemnes en 2019, et que nous ne pouvons en aucune manière spoiler : d'une évidence et d'une audace telles que très peu d'auteurs (de livres "conventionnels", de scénarios de films...) osent l'utiliser, cette rupture terrifiante d'une narration entamée sous le signe d'une chronique d'enfance douce et un peu surréaliste nous projette, hagards, dans la réalité d'une vie "foutue" qui ressemble quand même beaucoup à la nôtre, qui que nous soyons. Répétition interminable de rituels de (sur)vie, tristesse insondable nourrie de regrets de ce qui aurait pu être et de remords quant à ce que nous n'aurions pas dû faire, tout est déjà exprimé dans le titre anodin et pourtant terrible du livre : car on n'attend jamais assez, même si l'on passe sa vie à attendre quelque chose qui ne viendra (plus) jamais, qui ne peut plus advenir. Et à la fin, parce qu'on a grandi trop vite (un jeu de deux cases saisissantes), puis vieilli trop vite, il n'y a que la nostalgie mortifère d'une enfance saccagée. Et puis la Mort. Qui n'attend pas.
On retrouve dans cet album le style classique de Jason, avec ces personnages animaliers, son sens des ellipses et des raccourcis, ses décors très épurés – comme l’intrigue oserais-je dire, malgré une certaine densité qui pointe parfois, lorsque l’aspect dramatique de l’existence prend le dessus sur l’insouciance de l’enfance. Le début de l’album est assez décousu, les saynètes se succédant sans que l’on sache avec certitude si elles forment un tout, si l’auteur va nous donner les liens qui les unissent. Puis l’on prend conscience, au moment du drame, de la rupture (la perte de l’ami, de l’insouciance, de sa jeunesse : la vie adulte est ainsi sacrément noire !), de la fragilité de l'existence, et de la force jusqu'ici cachée de l'intrigue concoctée par Jason. Le style graphique et les pirouettes scénaristiques fluidifient la lecture, et cet album se révèle un bon millésime de cet auteur norvégien adepte de minimalisme.
Cet album, il faut bien l’avouer, sort un peu de l’ordinaire. C’est un roman graphique sur un sujet dramatique, avec des dessins qu’on attendrait plutôt pour un sujet humoristique. C’est assez intéressant et je pense que c’est en partie ce qui donne force au récit. Le dessin minimaliste, en noir et blanc, m’a bien plu. La mise en page est, mine de rien, assez étudiée. Les planches avec leurs immuables 6 cases reflètent la marche inéluctable de la vie et du temps qui passe. Et parfois, ça semble bien long, comme par exemple le travail à l’usine, si répétitif et inintéressant. Mais c'est aussi très révélateur pour les moments plus tragiques du récit. Je trouve la narration bien construite, avec ses deux parties. L’enfance est racontée par de petites tanches de vie, fragmentée comme le sont généralement les souvenirs. L’âge adulte a une narration plus suivie. Mais il y a certaines choses que je n’ai pas compris, à la fin, surtout. Ça me dérange un peu. J’aime l’atmosphère qui se dégage de cette bd. C’est rempli de tristesse et de désillusion. Je ne suis pas restée indifférente. Par contre, je n’ai pas eu de réelle empathie pour le personnage, il m’est resté étranger. J’ai été touchée, mais pas submergée par l’émotion. Pour un sujet pareil, ce n’est pas assez. Il manque le petit quelque chose qui fait venir les larmes, ou réfléchir sur sa propre vie. Malgré toutes les qualités de cet album, je reste donc sur un avis mitigé. J'hésite vraiment à conseiller l'achat, mais certains d'entre vous pourraient être beaucoup plus touchés que moi. Tout dépend du vécu. Alors il serait dommage de passer à côté.
Cela commence un peu étrangement par une succession de scènes dont on se demande si elles forment un tout ou ne sont que des anecdotes indépendantes sur le quotidien de 2 jeunes garçons. Et puis survient le drame, on a des jeux cons quand on est enfant... et la fraction de seconde qu'on met à dire "Attends" n'a pas suffi à figer l'instant fatidique autrement que dans la mémoire de celui resté au bord du chemin. Dans ce roman graphique, Jason excelle pour la gestion des ellipses temporelles ainsi que dans les silences qui ponctuent son récit à l'instar des passages, répétés, plaçant le "héros" à l'usine. L'auteur y décompose le mouvement à un point tel qu'on sent très bien le manque total d'intérêt voire l'ennui généré par cette activité. Le dessin est simple, calme et sans onomatopée. Les personnages animaliers ont des faciès assez inexpressifs. Mais ce dessin est tout à fait plaisant et ce petit album à reliure souple menant le lecteur d'un petit train tranquille est un bon titre des éditions Atrabile.
Que d'ennui au début ! Toutes ces petites scènes de la vie courante de ces deux adolescents sont vraiment barbantes au possible, je me suis demandé si ça allait être comme ça tout au long du récit... Heureusement l'histoire évolue et malgré le drame qui arrive et qui peut paraître presque banal, sans lui ôter de sa gravité, c'est une bonne surprise au final, bonne mais triste. Je n'ai pas trop apprécié non plus le dessin, trop épuré, mais le scénario original de par son traitement fait oublier ce petit inconvénient. J'ai particulièrement aimé la fin, même si j'ai dû cogiter un peu sur les toutes dernières planches. Juste trois étoiles à cause de son début difficile et son graphisme pas très accrocheur.
Cette BD est belle, le sujet est difficile mais relativement bien traité. Malheureusement le style de Jason ne me semble pas réellement adapté à ce type de récit. Il s'agit dune BD d'ambiance, mais l'on ne ressent pas grand chose sur les personnages trop figés. L'auteur compense sur la trame en usant d'astuces. Il s'en sort correctement mais du coup l'ensemble devient plus abstrait et indirectement moins plaisant à lire. Je préfère un passage en force, franc et direct pour ce style. J'aurai aimé plus d'émotions. L'histoire n'en demeure pas moins compréhensive mais plus complexe à assimiler. Ma déception est surtout liée au potentiel qu'avait ce scénario et qui n'est pas exploité comme je l'aurai souhaité. Cette BD est à lire, elle plaira aux fans de romans graphiques pour peu qu'ils s'adaptent au dessin si particulier de Jason.
Il est des bd qu'on n’apprécie qu'à force de relectures, et "Attends" en fait partie. Le manque de parole, l’abstraction des dessins et la « tranquillité passive » du scénario constituent une barrière importante pour apprécier la lecture. Le vie d’adulte de Jon est déconcertante surtout à la fin de la bd, quand on plonge vers le futur puis vers le passé. On comprend seulement la complexité de l’investissement de Jon, sa volonté de rupture par rapport à son enfance et son sentiment de culpabilité. Tout ceci semble être extrêmement paralysant pour lui, et la pesanteur du récit nous le fait ressentir. Au-delà de cette complexité scénaristique, le traitement graphique est saisissant et inventif. Tout en ellipses comme le texte, ce qui renforce d’ailleurs le côté décousu du récit, et qui fait de cette bd un étrange magma de sentiments. J'ai donc dû relire plusieurs fois avant de prendre mes marques dans cet ensemble que j'apprécie de plus en plus à force de relectures.
On assiste d’abord à une succession de moments banals dans la vie de deux adolescents qui traînent leur ennui à deux et tuent le temps en rêvant à leur avenir, en pensant aux filles et à ceux “qui l’ont fait”, en lisant des comics de superhéros, et ainsi de suite, ça sonne juste même si parfois quelques détails échappent à la compréhension. Et puis tout bascule en un instant, à cause d’un mot, anodin, deux malheureuses syllabes, qui donne son titre à l’album, titre on ne peut mieux trouvé, d’ailleurs. Cet épisode-clef est raconté, comme tout ce qui va suivre, avec une économie de moyens, tant sur le plan narratif que strictement graphique, qui confère à cet album une véritable force. Le dessin d'ailleurs, assez rigide en plus d'être sobre, me plait très très moyennement, même si je reconnais qu'il s'harmonise bien au sujet. Les incursions de la mort, lui ajoute une dimension fantastique, qui tranche avec le caractère plus réaliste du propos, mais sans lui nuire. C’est donc une lecture forte, originale, mais dont je ne conseille pas forcément l’achat.
Attention, chef-d'oeuvre ! Si la plupart des albums de Jason m'ennuient, "Attends" m'a profondément ému de par le sujet (comment vivre quand on se sent responsable d'une erreur qui aurait pu/dû être évitée) et la manière dont il est traité (minimalisme et quotidien). Une oeuvre unique, inclassable, incomparable, à ne pas manquer.
Je dois bien l’avouer, je suis passé totalement à côté de cette bd au début . . . je l’ai donc reposée sur l’étagère, ce n'est que deux semaines plus tard que je l'ai relue. Cette deuxième tentative m’a permis de mieux appréhender le style narratif particulier de l’auteur qui m’avait quelque peu échappé en première lecture et qui consiste en une succession de scènes de la vie quotidienne sans rapport entre elles et sans grand intérêt (surtout !). Mais en y regardant de plus prêt, sous des airs anodins, se cachent des éléments clés pour comprendre Jon une fois adulte. Bref, il faut le temps de rentrer dans l’album . . . Le dessin dépouillé donne un certain côté innocent à cette bd pourtant bien plus "adulte". A essayer . . .
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