Le Spectateur
Samuel naît muet, du moins c'est ce que pensent ses parents. C'est à travers ce prisme et son regard que le fil de sa vie se déroule, autour d'un sentiment étrange : celui de n'être que le spectateur de sa propre existence.
Ecole Emile Cohl
En effet, du fait de son mutisme, Samuel ne parvient ni à interagir, ni à influer sur les événements auxquels il est confronté... Un subtil délice doux-amer.
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Date de parution | 14 Avril 2021 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
3.5 J'avoue que je ne savais pas si je devrais mettre 3 ou 4 étoiles pour ce one-shot hors du commun. En effet, tout le long de l'album je ne savais pas trop ce que l'auteur voulait raconter au juste au travers cette histoire d'un garçon qui s'enferme dans son mutisme et qui n'est que spectateur de tout ce qui arrive dans sa vie. J'aime bien lorsque je comprends les intentions de l'auteur parce que lorsque ce n'est pas le cas, je suis souvent perdu. Heureusement, ce n'a pas été le cas et malgré ce défaut, j'ai bien aimé ma lecture. Le gimmick de tout voir au travers les yeux du personnage principal fonctionne bien. Le scénario est prenant et la situation du héros change souvent au fil de sa vie ce qui fait que je ne me suis pas ennuyé. Le point fort s'est que tous les personnages sont très bien écrient et les dialogues sont vraiment savoureux. Un bon album qui mérite d'être mieux connu.
Un des gros atouts de ce roman graphique tout à fait singulier, c’est d’abord de réussir à nous captiver dès la scène d’ouverture, où l’on assiste à l’accouchement de Samuel. Ou plutôt, c’est Samuel qui assiste à son propre accouchement — le parti-pris du livre étant une narration en vue subjective, par les yeux du personnage —, car déjà il semble assez éveillé pour le faire, mais déjà, à peine sorti du ventre de sa mère, il inquiète. Il ne poussera aucun cri comme le fait tout nouveau-né, et fixera sa génitrice en silence, allant même jusqu’à provoquer le malaise de cette dernière. Cet enfant étrange, spectateur muet du monde qui l’entoure et ne le comprend pas, va ainsi grandir dans une solitude froide et acceptée, sans états d’âme (Souffre-t-il ? Est-il heureux ? en colère ? Impossible de le savoir…), contrairement à l’ensemble des vivants qui préfère masquer la peur qu’elle suscite par un verbiage souvent illusoire. Samuel apparaît ainsi comme un miroir renvoyant une image de l’humanité peu reluisante. Car Samuel voit tout, et son silence semble parfois plus éloquent que n’importe quel commentaire, plus impitoyable encore. Par les réactions d’incompréhension qu’il provoque, il met à jour la mesquinerie et la cupidité des adultes, notamment celles de ce père égoïste et absent. Mais les enfants n’échappent pas pour autant à son regard, se révélant souvent odieux, voire plus cruels encore. Trois personnages semblent trouver grâce à ses yeux, les seuls à ne pas être perturbés par son silence : sa mère (qui connaîtra une fin tragique), son ami Yacine et Judith, sa camarade de classe dont il est secrètement (évidemment) amoureux, n’exprimant son amour que par les portraits qu’il fait d’elle. Et pour revenir au parti pris narratif en vue subjective, c’est la grande originalité de l’album qui fonctionne très bien par la fascination exercée sur le lecteur. Théo Grosjean va ainsi s’amuser de notre curiosité (malsaine ?) de voir à quoi ressemble Samuel, qui, c’est certain, ne peut qu’avoir l’apparence d’un monstre ! Bon prince, l’auteur consentira à nous dévoiler dans de rares passages le visage de son « spectateur » lorsqu’il se regardera dans la glace de la salle de bains. Une sorte de jeu de miroir entre sujet et objet, puisqu’avec ce récit, il est beaucoup question de réflexions, et ce dans tous les sens du terme… Ce conte noir nous offre donc une vision assez désabusée de l’humanité, mais comme tout conte noir, il possède une part de merveilleux. Et la très belle présentation y contribue largement. D’abord par le choix d’une palette de verts à la fois sombres et lumineux, magnifiés par le cadrage noir. Avec sa belle ligne claire simplissime, à la fois très graphique et un brin naïve, assez proche du courant alternatif U.S., Théo Grosjean nous ramène au monde de l’enfance, tout en osant quelques digressions proches de l’abstraction, qui, par contraste, nous portent vers des territoires mystérieux, quasi-métaphysiques, évoquant des organismes traversés par des formes bizarres, entre cristaux et bactéries, comme peut-être une invitation à l’introspection. Quant au corbeau de la couverture, s’il constitue la part la plus inquiétante de Samuel, il ne les tue pourtant jamais, ne faisant que les conserver dans des boîtes, comme fasciné par leur décomposition. Un simple besoin, légitime chez l’enfant mais choquant pour l’adulte, celui d’approcher le mystère de la vie et de la mort. D’un point de vue graphique encore, on retiendra quelques scènes magnifiques, celle notamment où Yacine emmène Samuel dans un endroit secret, sur les toits du Sacré-Cœur, ou encore celle du séjour à la montagne où le même Samuel admirera les étoiles en compagnie de Judith. Si le livre se termine de façon si incongrue qu’on ne saurait décrire ce que l’on ressent, nous laissant avec nos questionnements sur la personnalité de Samuel et ses aspirations, il faut bien convenir que des explications n’auraient été ici que pure redondance. La scène finale, très suggestive, évoque des bouts de verres brisés, ou d’un miroir peut-être, celui franchi par Samuel, lien judicieux entre rêve et réalité. Ainsi, la boucle est bouclée, et l’on referme l’ouvrage en se disant que, oui, on est infiniment reconnaissant à son auteur de nous avoir fait partager les nobles et sublimes visions de son Spectateur, au milieu des brumes obscures de la condition humaine.
J'ai vraiment adoré ce livre. Le trait est fort et le scénario très fluide. Nous suivons la vie d'un jeune homme un peu différent qui ne parle pas et s'exprime uniquement à travers le dessin ou écriture. Nous voyons le monde avec ses yeux ce qui est vraiment très bien pensé. C'est une oeuvre à découvrir !
Je ne connaissais pas Théo Grosjean avant, sa série L'homme le plus flippé du monde a l'air assez drôle et je m'y pencherai peut-être. Ici ce n'est pas vraiment l'humour qui domine. C'est plutôt dérangeant, un peu glauque. Dès les premières planches on découvre une naissance en vue subjective, du point de vue du bébé je précise. Et tout le reste de l'album de 160 pages sera du même ordre, une belle prouesse narrative. De même la colorisation verte sera de mise sur tout l'album. On est dans les yeux de Samuel qui n'exprime rien, dès la naissance il ne pleure pas, un regard fixe qui met les autres mal à l'aise et plus tard en grandissant restera muet sans qu'on sache bien s'il a un problème pour parler ou si tout simplement il n'en a pas envie. On ne voit son visage que de temps en temps quand il croise un miroir. Le garçon s'exprime par le dessin et à force d'entrainement devient très doué. Il est très solitaire, s'amuse avec des oiseaux morts... Il va ensuite dans une école spécialisée où il se fait un bon ami. Ses parents se séparent, puis sa mère meurt sous ses yeux. Pas très joyeux raconté comme ça mais c'est accrocheur et j'ai lu d'une traite cette histoire retraçant toute une vie.
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