Les Portugais
Evocation de l'immigration portugaise en France dans les années 1970.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Immigrants Les petits éditeurs indépendants Région parisienne
À dix-huit ans, Mario s'enfuit du Portugal dans le coffre d'une vieille voiture. Lâché par son passeur à la frontière franco-espagnole, il rencontre Nel. Avec ce jeune compatriote, il va découvrir la vie aventureuse des émigrés dans un bidonville de la région parisienne : travail sur les chantiers, soirées arrosées au vinho verde, drague, combines... Cette histoire d'amitié singulière fait écho au destin des milliers de Portugais qui, dans les années 1970, ont fui la dictature de Salazar et ont tenté, chacun à leur manière, de reconstruire leur vie.
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Date de parution | 03 Février 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Les Portugais est un récit construit sur deux axes. Le premier axe est historique puisque nous allons pouvoir découvrir la vie quotidienne des immigrés portugais en France et leurs conditions de vie durant les années septante (travail pénible sans aucune couverture sociale, logement précaire dans de véritables bidonvilles, une précarisation qui en faisaient des candidats tout trouvés pour le crime organisé). Cette exploitation de l’immigré par le pouvoir en place n’était pas l’apanage de la France. En Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, partout dans les pays riches d’Europe occidentale, les années d’après-guerre ont vu des populations du sud de l’Europe voire de l’ensemble du bassin méditerranéen (Portugal, Italie, Espagne, Grèce, Turquie, Maroc, etc…) migrer vers le Nord dans l’espoir d’un avenir meilleur. Je trouve intéressant de rappeler cette réalité alors que la question des migrants ne cesse de revenir au-devant de l’actualité. Les flux migratoires ne datent pas d’hier et malheureusement ont toujours donné lieu à des conflits, à de l’exploitation et à de la xénophobie. Ceux de l’après-guerre ont permis à des pays comme la France ou la Belgique de s’enrichir grâce à la force de travail de ces nouveaux arrivants. Le deuxième axe est fictionnel puisque ce récit va nous permettre de suivre le destin de divers personnages dont plus particulièrement deux amis que beaucoup de choses séparent mais qui restent solidaires l’un de l’autre. De ce point de vue, c’est une belle histoire qui nous est contée. L’entraide, la solidarité, l’espoir d’une vie meilleure s’opposent à la pauvreté et aux humiliations. Le dessin de Chico est facile à lire même si pas toujours très précis. Le découpage est fluide, les personnages sont bien typés. Ce n’est pas du dessin de haute voltige mais il fait le taf et assure une lecture agréable. Le scénario est à la fois instructif et touchant. J’ai apprécié le fait que le scénariste, qui s’inspire de l’histoire de sa famille, évite le piège de l’aigreur. Certes les conditions de vie de ces migrants étaient difficiles, certes leur force de travail a été exploitée par l’Etat français, certes les conditions d’accueil étaient des plus discutables mais il y a dans le ton une forme d’acceptation de la situation et plutôt que de s’attarder sur tout le négatif, le récit est porté par l’espoir d’une vie meilleure, un espoir réel, un rêve encore accessible. La fin du récit se veut ainsi positive et fait le lien entre cette histoire et son scénariste. Les rebondissements sont certes fort prévisibles mais j’ai passé un agréable moment en compagnie de ces personnages. Pas mal du tout, en somme.
Une lecture sympathique. Un récit qui nous dévoile le quotidien difficile des immigrés portugais au début des années 1970. Ils fuyaient la dictature de Salazar, parce que celui-ci envoyait des soldats (conscription obligatoire) dans les colonies pour réprimer leurs velléités d'indépendance. On va suivre le parcours de Nel le rebelle, de Mario le bon gars et de la douce Eva. Ils entrent clandestinement en France avec l'espoir d'une vie meilleure. Mais ils vont trouver une vie laborieuse dans des bidonvilles où cette communauté portugaise se fera exploiter par les entreprises du bâtiment, l'Etat français fermant les yeux, il a besoin de cette main-d'œuvre à moindre coût. Un récit instructif mais trop classique dans sa trame, je me suis néanmoins attaché à ce petit trio. La partie graphique fait le job, un dessin un peu brouillon parfois. Des couleurs ternes qui retranscrivent bien ces années 70. Pas mal. En conclusion, un bel hommage à ces milliers de portugais venus en France chercher une vie meilleure.
Tiens, on n'avais pas, à ma connaissance, encore eu de BD évoquant l'afflux massif de Portugais vers la France dans les années 1970. Je vois déjà les rageux : ceux-ci fuyaient le régime totalitaire du Général Salazar, et la France était une terre d'accueil de choix. Mais dans les premiers temps c'est surtout les métiers manuels que les impétrants se sont vus proposer, comme dans le bâtiment, et en particulier la maçonnerie. C'est le destin de deux d'entre eux, dont son père, que le scénariste Olivier Afonso, a choisi de raconter, alors que le jeune Mario finit par s'installer aux abords de Paris, dans un camp de travailleurs, clairement un ghetto même si ceux qui y habitent peuvent à loisir faire une virée sur Paris. Les brimades, le racisme ordinaire, l'amour, tout ça va être raconté sans fard, de manière fluide. Le calme Mario s'oppose par moments au roublard et ambitieux Nel, mais leur amitié triomphera de pas mal d'épreuves. On sent que ça n'a pas été facile du tout, et que nombre de réfugiés n'ont pas résisté à l'engrenage du destin à la recherche de lendemains qui chantent. Aux pinceaux Chico s'inspire du trait de plusieurs figures de proue de la "Nouvelle BD", comme Larcenet ou Christophe Blain. Sans encore être à sa maturité, il propose une partie graphique tout à fait expressive et dynamique. Aujourd'hui les Portugais sont totalement intégrés à la société française, mais cet album vient rappeler que ce ne fut pas une sinécure, que la société d'aujourd'hui s'est construite sur des milliers d'histoires comme celle-là, et que parfois cela s'est très mal passé.
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