Satanisme & écoresponsabilité

Satanisme & écoresponsabilité, ça c'est du titre ! Et le contenu est du même tonneau, mêlant humour absurde et dénonciation de la société de consommation, de la pollution mais aussi des mouvements écolo en eux-mêmes et du green washing au passage. Le tout avec pour héros principal un Satan complètement à contre-emploi, assisté de son bon Belzébuth et avec Cthulhu comme rival. Initialement publiée sur Instagram et sur la Webtoon Factory de Dupuis, il s'agissait d'une publication en ligne avant de réussir un financement Ulule et d'être finalement également éditée en albums par Dupuis eux-mêmes. On retrouve la forme de la publication internet dans sa structure en histoires courtes, comme autant de petits épisodes, à la limite du sketch. Je me souviens la première fois où j'avais vu des planches de Loïc Sécheresse, j'avais été surpris par son style d'apparence brouillon, rappelant des gribouillis d'un dessinateur débutant succinctement colorisés. Mais j'étais peu à peu tombé sous le charme de son trait qui, sous des apparences de simplicité, parvient à très bien retranscrire les expressions, les attitudes, les mouvements voire même la sensualité. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois qu'il met en scène de gentils démons, un peu couillons, comme dans Hécate & Belzébuth et Au bonheur des âmes. Il a un graphisme efficace et qui fonctionne très bien pour l'humour et les situations incongrues. Et des situations incongrues, l'album en est bourré. L'idée de départ est excellente ; imaginer Satan se passionner soudain pour l'écologie car autant il aime pervertir les hommes, autant il aime les oiseaux, les fleurs, tout ça tout ça. Au fil des pages viennent s'ajouter d'autres protagonistes tous aussi décalés : deux goélands amateurs de chips, un faisan parfaitement idiot puis vindicatif, un groupe de rock sataniste, un ministre de l'écologie complètement corrompu ou encore les dirigeants branchés d'une boite de pub symbole du capitalisme à outrance. Il y a quelques excellents passages, très drôles et bien trouvés. Mélange de dénonciation et de dérision, de nombreuses planches m'ont fait rire et je citerais avec plaisir des situations et dialogues de cette BD. Malheureusement, l'album s'étale fortement en longueur et ce n'est pas forcément pour le mieux. Il ne se lit pas d'une traite et on le savoure davantage en le lisant par petits bouts, mais il faut tout de même avouer que même ainsi, au long des plus de 200 pages, les idées se diluent peu à peu et l'histoire s'enlise pas mal vers les deux tiers de l'ouvrage. Alors certes la longueur permet de mettre en place des éléments qui amènent ensuite à des situations de plus en plus déjantées et incongrues, mais je pense sincèrement que le récit aurait gagné à être raccourci, à faire des coupes par-ci par-là pour se concentrer sur le meilleur plutôt que de publier absolument tout ce qui avait été écrit et diffusé sur Internet comme il me semble que ce fut le cas ici. Il y a du très bon dans cette BD, mais aussi un zeste d'ennui sur la longueur qui rabaisse mon appréciation d'ensemble. Je préfère me souvenir que j'ai bien ri à plusieurs moments.

01/02/2022 (modifier)

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