Un ennemi du peuple

Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)

Le discret docteur Tomas Stockmann et son frère Peter, maire hâbleur et populiste, ont fondé ensemble un établissement thermal dont le succès assure la prospérité de leur petite île. Tomas, qui ne cautionne pas la gestion qu'en fait son frère, s'est toutefois mis en retrait du projet, n'y assurant plus que la mission de médecin généraliste pour les touristes. Une tâche inintéressante qui va pourtant lui permettre de découvrir un terrible scandale sanitaire. Et l'obliger à entamer un combat contre son propre frère, notable soutenu par les pouvoirs de la finance, de la politique mais aussi par la majorité bêlante des électeurs de l'île...


Adaptations de pièces de théâtre Aire Libre Auteurs espagnols Coupés du monde... Politique

Menace écologique, mensonge politique et manipulation de l'opinion publique : plus d'un siècle après sa première représentation sur scène, Javi Rey revisite la pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen (1828-1906), dont les problématiques restent d'une actualité totale. Une histoire prenante doublée d'une surprenante réflexion sur le concept de démocratie.

Scénario
Oeuvre originale
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 04 Février 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Un ennemi du peuple © Dupuis 2022
Les notes
Note: 3.57/5
(3.57/5 pour 7 avis)
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07/02/2022 | Ro
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L'avatar du posteur Noirdésir

Je ne connais pas le roman d’origine d’Ibsen. Mais si l’adaptation lui est fidèle, il faut reconnaitre aux problématiques d’Ibsen une certaine modernité, une actualité qui confèrent à ces sujets une intemporalité éclairante : il s’agit de mettre en lumière certains rouages du pouvoir, la façon de diriger les foules, la lutte entre intérêts particuliers et intérêt général, etc. Le sujet est intéressant, et la narration est plutôt fluide, le dessin très lisible. Sur ces bases j’aurais bien aimé mettre une étoile de plus, mais cette lecture ne m’a pas enthousiasmé plus que ça. Le dessin est assez froid, les décors semblent parfois avoir été tracés à la règle, et les personnages manquent de nuances. Quant à l’intrigue et aux dialogues, là aussi je trouve que c’en est resté à la surface. Rien ici pour sortir d’un rythme un peu mollasson, pour incarner de façon plus « vivante » le débat d’idées. Et la chute est un peu trop « gentille ». Bref, une lecture dont j’attendais plus, même si la démonstration n’est pas inintéressante. Note réelle 2,5/5.

03/09/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5
L'avatar du posteur Gaston

Un bon album dont le message est toujours d'actualité. Ce qui m'a surtout frappé dans cet album est la mise en scène. Dans plusieurs adaptations de pièces de théâtre que j'ai lues en BD, souvent le dessinateur met ses personnages au même endroit clos pendant plusieurs pages et les fait bouger comme des acteurs de théâtre qui ne font que réciter leurs textes. Là tout est naturel et je pense même pas que j'aurais compris que c'était une pièce de théâtre à la base si ce n'était pas écrit sur la quatrième de couverture. En tout cas, j'ai adoré le dessin et la narration. Le scénario est bon avec un docteur qui va découvrir une vérité abominable et petit à petit tous les notables du village vont se liguer contre lui pour protéger leurs petits intérêts. Le seul point faible je trouve est la critique de la démocratique, qui au final me parait un peu simpliste et un peu démagogique, vu que l'auteur ne propose pas de solution de rechange au système démocratique et en plus paradoxalement 'je suis tout seul face aux gros méchants qui me persécutent' c'est quand même ce que croient bien des ignorants sur les réseaux sociaux, le même type de gens qui sont dénoncés dans la pièce ! Cela reste une bonne lecture.

02/10/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

Adapté d’une pièce de théâtre, ce récit peut être vu comme une fable politique dans laquelle l’auteur pointe du doigt les limites d’un système démocratique. Au niveau du scénario, j’ai beaucoup aimé la première partie de l’histoire. L’arrivée et la découverte de cette île, les relations entre les habitants, la mise en place des différents éléments qui vont mener au drame, tout cela m’a vraiment bien plu. La deuxième partie du récit et plus spécialement le discours qui est le point d’orgue de celui-ci m’a moins convaincu. Je l’ai trouvé trop démagogique, trop péremptoire. Les idées avancées sont intéressantes et bien soutenues par les différentes citations que l’on peut trouver au début de chaque chapitre mais ce discours me laisse un peu sur ma faim. On tombe un peu dans la farce grotesque, dans la caricature facile (même pour une fable). Au niveau du dessin et malgré une couverture qui ne m’engageait pas des masses et une colorisation un peu vive à mon goût, j’ai apprécié ce trait très lisible qui laisse bien passer les émotions des personnages. Les oreilles des personnages, dépourvues de toute forme d'aspérité, m'auront par contre bien désarçonné... mais ça reste un détail par rapport au reste. Bon voilà, pas mal, quoi, source de réflexion mais pas une œuvre majeure à mes yeux.

09/09/2022 (modifier)
L'avatar du posteur Tomdelapampa

De Javi Rey, je ne connaissais que «Un maillot pour l’Algérie», l’auteur récidive dans la même collection mais cette fois ci en tant qu’auteur complet, en adaptant une pièce d’un dramaturge Norvégien du XIXème siècle (que je ne connaissais pas). J’ai littéralement dévoré l’album, une belle petite découverte estivale. J’ai préféré le trait de l’auteur sur son précédent album mais j’ai bien aimé les couleurs et la qualité de la narration proposée ici. Mais ce qui m’a vraiment emballé, c’est l’histoire de cet ennemi du peuple et sa confrontation face au système en place. Je ne m’attendais pas à être autant surpris et déstabilisé par sa réaction. C’est ce qui fait tout le sel de la lecture, j’ai adoré. A tel point qu’à l’issue de cette dernière, je me suis précipité pour en apprendre plus sur l’œuvre originale. Et je dois dire que l’auteur a fait un super boulot d’adaptation, en modernisant le récit et en modifiant un peu les liens entre personnages, tout en gardant le fond. Un vision très forte et qui fait réfléchir, soufflé de ce côté, d’autant plus pour son époque, et malheureusement toujours d’actualité. A lire.

17/08/2022 (modifier)
Par gruizzli
Note: 4/5
L'avatar du posteur gruizzli

C'est une BD totalement dans l'air du temps, et le fait qu'elle soit adaptée d'une pièce vieille d'un siècle ne devrait pas flatter notre égo, bien au contraire ! Surprenamment, je m'attendais, au vu du pitch, à plus de développement dans la seconde partie que dans la première, mais l'ensemble est d'une excellente facture que je n'ai pas pu m'empêcher de dévorer d'une traite. Le livre est une histoire à charge envers la bêtise sociétale des individus, engoncé dans leurs petites vies et qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez, mais aussi une critique acerbe des dirigeants qui ne veulent pas changer l’establishment pour des considérations réelles, s'en tenant à l'argent et au pouvoir. Le propos est bien sur assez manichéen, les gentils et les "méchants" étant assez clair dans le récit, mais c'est surtout une représentation d'une réalité qui existe malheureusement trop souvent (et dont nous avons eu un bel aperçu avec le Covid). La vérité importe peu au regard de tout le reste : l'argent, le pouvoir, les conflits personnels, les arrangements ... Il y a presque de quoi s'énerver lorsque l'on voit les personnes rejeter au fur et à mesure les preuves pourtant réelles au nom d'autres idées. Et, même si cela n'est pas beaucoup montré, on voit bien que le souci est que cette situation n'ira pas en améliorant le problème de base. Je ne sais pas de quelle façon est faite l'adaptation, ce qui est ajouté ou enlevé, mais je trouve que l'histoire est d'une très bonne tenue. Autour du personnage principal gravitent sa fille, qui a une petite histoire secondaire s'inscrivant dans la lignée de ce qui est dit dans la principale mais avec une différence dans la finalité, puisqu'elle aura un moment final qui enclenche une sorte d'espoir. C'est très bien mené, dans la lignée du reste et aussi porteur de plus d'espoir, ce qui n'est pas désagréable après une œuvre qui est assez sombre sur la foule humaine. Le dessin porte très bien le récit, avec une sorte de raideur dans les personnages qui est assez à propos. C'est clair et lisible, tout ce qu'on demande pour une œuvre qui insiste beaucoup sur les dialogues et les discours des personnages. Pour ma part, je suis conquis par l'ouvrage et je recommande la lecture. Il y a une intelligence dans le propos et une certaine réflexion sur notre monde, sur les médias, les politiques, les pouvoirs qui est presque en avance sur son temps. C'est remarquable d'avoir autant de pertinence si longtemps après.

05/05/2022 (modifier)
Par grogro
Note: 3/5
L'avatar du posteur grogro

Bonne adaptation de la pièce de Ibsen dont le sujet (la domestication des masses) semble aussi universel qu'intemporel. Je commencerai par les détails fâcheux. Tout d'abord, je trouve que l'auteur fait preuve de petites maladresses notables, notamment en ce qui concerne le dessin des mains des personnages. Lorsqu'elles sont vues "de près", elles sont ratées la plupart du temps, figées et disproportionnées. Le petit chien est même ridicule au point qu'il semble avoir été dessiné par quelqu'un d'autre. Ces menus ratages contredisent la volonté de réalisme que l'on perçoit dans les attitudes ou l'expression des visages, ou bien encore dans les dialogues, raison pour laquelle je parle de maladresse. De même, certaines perspectives sont complètement ratées. Ces vétilles gâchent un peu le plaisir, d'autant plus que Javi Rey maitrise par ailleurs son sujet. Le récit est fluide, les transitions malignes, et son dessin ligne claire a un rendu très expressif et cinématographique. Les plans sont bien choisis la plupart du temps. On a le droit à des cases de toute beauté, quelques pages superbes ou carrément surprenantes. On pense à la double page 56/57, ou aux deux cases du bas de la page 70 (avec les fléchettes). Le choix des couleurs, très vives et tranchées, est également parfois discutable, bien qu'à certains moments l'effet soit paradoxalement très réussi. Je me contenterais de dire que ce choix est audacieux, rappelant certaines antiques BD telles que l'Incal... Il s'agit d'une bonne BD, largement au dessus du panier. Quelques réserves pointilleuses empêchent toutefois d'emporter une adhésion totale de ma part. C'est donc une question de choix esthétique avant tout. Mais c'est à conseiller car c'est tout de même un boulot admirable, en même temps qu'une petite déception.

30/03/2022 (modifier)
Par Ro
Note: 4/5
L'avatar du posteur Ro

Un ennemi du peuple est une pièce du dramaturge norvégien Henrik Ibsen datant de 1882 mais son discours est fortement d'actualité. Tel qu'elle a été adaptée ici par Javi Rey et remise au goût du jour avec quelques légères modifications, elle m'a beaucoup fait penser au film Don't look up et à la négation par le peuple d'une vérité scientifique qu'on lui présente pourtant dans le but de le protéger. En même temps, Un ennemi du peuple va au-delà de cette thématique et affiche un message davantage politique ainsi qu'une surprenante critique de la démocratie elle-même en tant que système. C'est l'histoire d'une île d'allure nordique qui a su exploiter ses sources thermales pour en faire une attraction touristique qui attire les étrangers et promet un bel essor économique à ses habitants. Tout tourne pour le mieux... si ce n'était le médecin de la ville, qui officie dans la station thermale, et qui voit tout cela d'un très mauvais oeil... et s'inquiète surtout d'un véritable problème sanitaire lié à ces fameuses installations "de santé". Quand il essaiera d'alerter la population, il va se retrouver confronté à la défiance des autorités, en la personne de son propre frère, maire de la ville. Il fera alors face à la cupidité, aux abus de pouvoirs, à la corruption et aux trahisons, jusqu'à être finalement trahi par ceux auxquels il s'attendait le moins. J'ai beaucoup aimé cette BD. D'abord grâce à la clarté de son graphisme. Javi Rey a un trait très lisible, simple d'aspect a priori mais souvent beau et très agréablement rehaussé par des couleurs fortes et originales, hormis peut-être pour les scènes de jour en extérieur qui sont plus basiques. Ensuite grâce à la fluidité de sa mise en scène, aérée et bien rythmée. Si l'on n'est pas au courant, on ne se doute aucunement que ce récit date initialement d'il y a plus d'un siècle ; les dialogues coulent tellement bien et il semble tellement d'actualité qu'il aurait pu être écrit il y a quelques semaines à peine. Cela tient sans aucun doute au travail d'adaptation et de mise à jour réalisé par Javi Rey. Le personnage principal n'est pas des plus charismatiques et sa colère vers la fin est un peu frustrante alors qu'il avait probablement les moyens de trouver les bons arguments pour convaincre son auditoire, mais il dit beaucoup de choses intéressantes par ailleurs. Et enfin, même si la critique de la corruption et des esprits influençables est assez classique et sans grande surprise, la critique de la démocratie elle-même qui en découle ensuite est nettement plus étonnante et pourtant très juste. On en atteint presque le malaise en se demandant quelle échappatoire politique il peut rester pour l'humanité. L'auteur y apporte sa propre solution qui convaincra ou non mais qui tombe plutôt juste, une fois de plus. C'est donc une belle et intelligente BD qui amènera le lecteur à se poser lui-même quelques bonnes questions sur la démocratie et la société humaine.

07/02/2022 (modifier)