Un général, des généraux

Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 10 avis)

Mai 1958. Alger s'embrase contre un nouveau gouvernement qui, à Paris, semble prêt à dialoguer avec les indépendantistes. Des milliers de colons se soulèvent, obligeant l’armée et ses généraux à choisir leur camp : rester loyaux à l’état ou à l’Algérie française, dernier vestige du grand empire colonial Français.


1946 - 1960 : L'Après-Guerre et le début de la Guerre Froide Boucq Charles de Gaulle La Guerre d'Algérie Le Lombard One-shots, le best-of

Dépassés et galvanisés par la situation, les généraux s’embarquent dans un coup d’état qui devient rapidement incontrôlable... Et si seul un vieil homme à la retraite, le « dernier héros français », était capable d'arrêter cette machine folle et éviter une guerre civile ? Ce vaudeville politico-militaire donnera les clés du pouvoir à de Gaulle et sa Ve République... car juré-craché, « le Général » l’a promis à toutes et à tous : cette fois, il les a compris.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 21 Janvier 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Un général, des généraux © Le Lombard 2022
Les notes
Note: 3.8/5
(3.8/5 pour 10 avis)
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10/02/2022 | Hervé
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L'avatar du posteur Noirdésir

Nicolas Juncker a déjà produit quelques belles réussites dans lesquelles il jouait déjà très bien de l’histoire, s’immisçant dans certaines périodes à la fois charnières et méconnues, pour livrer une version crédible et loufoque de la grande Histoire, sans pour autant négliger les ressorts de la petite. Je trouve qu’il a ici une nouvelle fois réussi son pari. Ici, nous nous concentrons sur la période mai-juin 1958, en pleine guerre d’Algérie, alors que la quatrième République agonise, que les magouilles politiques et les ambitions militaires se télescopent, et que Charles de Gaulle tire les marrons du feu, en enfumant tout ce petit monde, tout en ne disant rien (en tout cas en public), si ce n’est des sommets de vide (l’inénarrable « Je vous ai compris » clôt de façon grandiose cet album, les malentendus qui le sous-tendent, accentués par les malentendants et les grandes gueules sans cerveaux). La narration est très rythmée, les protagonistes très typés et bien présentés, et les dialogues sont souvent savoureux. Pour cette vision des derniers instants de la quatrième République, Juncker s’est adjoint un très bon compagnon avec Boucq, dont le trait semi-caricatural convient parfaitement au sujet et au ton employé par Juncker pour le traiter. Il accentue juste ce qu’il faut certaines expressions, les trognes de ces militaires et de quelques hommes politiques perdant certes du côté solennel, mais gagnant en potentiel de dérision. Un album épais, très bien complété par une mise au point d’un historien, et que j’ai vraiment bien aimé.

27/02/2023 (modifier)
Par Canarde
Note: 3/5 Coups de coeur expiré
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Toutes les BD de François Boucq sont pour moi comme les fantasmes, soit drôles soit violents, d'un grand frère imaginaire. Son trait si reconnaissable transforme tout visage en trogne étrange, et les femmes ont souvent des allures à la limite de la monstruosité. Ses inventions scénaristiques gaguesques ou tragiques tiennent en halène grâce à la qualité de leur mécanique de construction. Mais ici le scénario échoit à Nicolas Juncker (inconnu de moi) et le sujet est historique : Le coup d'état du "quarteron de généraux en retraite" . En tout cas j'ai trouvé le titre bien inspiré, et j'ai acheté l'album. L'épisode est traité en short cuts, avec différents points de vue qui se succèdent (Paris /Alger/ la retraite du général de Gaulle). Mais comme on connait la fin de l'histoire, le sel du déroulement vient surtout de l'interprétation des personnages et des faits, et du caractère profondément humain (pour ne pas dire foireux), que Boucq sait leurs donner par son trait (ici dans la veine de la caricature flamboyante) et aussi par le coté audiardesque des dialogues. De Gaulle à la sauce "tontons flingueurs". Bref c'est drôle, mais on rit jaune. On se rend bien compte que politiques et militaires ne sont pas beaucoup plus aptes à gouverner que Sam et Jean-louis les deux piliers de mon bistro communal.. Bref on reconnait notre pauvre virilité quotidienne dans les excès, les magouilles, les atermoiements, les emportements de ces généraux, assez dépassés par les évènements et manipulés par des seconds couteaux plus jeunes qui referont surface plus tard. On y voit donc (avec leur pédigrée affiché au cours des évènements) : - Salan, sa casquette de général basculée en arrière , l'oeil ahuri et le front brillant de sueur, - le menton volontaire de Massu, en treillis et croquenots, le béret écrasé sur le coté, - le sourcil en l'air de Chassin surplombant une moue dissymétrique, la cravate ouverte et en bras de chemise - les tempes grises et accablées de Pflimlin ... et j'en passe des moins connus mais tout aussi pathétiques - et le silence Du général... Je n'étais pas familière de cette période (évitée par l'éducation nationale parce que trop récente pour mes professeurs de l'époque) et l'interprétation moqueuse qui en est faite m'amuse et m'inquiète en même temps, par sa ressemblance avec certains personnages ridicules des nos gouvernements récents...

27/08/2022 (modifier)
Par Benjie
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Nicolas Junker et François Bouc se penchent sur une des dates qui ont marqué l’histoire de France : le 13 mai 1958. C’est une date que l’on connaît bien sans toujours mesurer les conséquences incroyables qu’aurait pu avoir cet événement. Et là ! On n’est pas déçus ! Le 13 mai, un groupe de généraux français fomentent un coup d’État pour défendre l’Algérie française. L’album prend le temps d’entrer dans les détails de l’événement et nous plonge au cœur d’un imbroglio militaire et politique à la fois stupéfiant et hilarant. C’est savoureux, désopilant – quand on mesure les enjeux politiques – et chacun en prend pour son grade ! Les militaires sont une caricature, à la fois fanatiques, cramponnés à leur place dans la hiérarchie et aussi complètement stupides – le général Massu en tête. Les politiques à Paris évoluent dans la confusion la plus totale, les présidents du conseil se succèdent et gaspillent leur énergie dans la recherche de majorités introuvables plutôt que de d’essayer de sortir la France d’une situation qui s’aggrave de jours en jours. En même temps, ils ne savent pas comment faire… La 4e République va-t-elle survivre ? C’est drôle, truculent, rocambolesque. Pendant que tout ce petit monde s’agite, en coulisse, un autre général se prépare en silence depuis sa retraite de Colombey en mangeant des biscottes à son petit déjeuner. Album à déguster…

11/07/2022 (modifier)
Par Hervé
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
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C'est dans la version grand format, noir et blanc que j'ai découvert cette bande dessinée, et j'avoue que j'en apprécie autant le dessin de Boucq (j'avais d'ailleurs fait le même choix éditorial pour "New-York cannibals", pour mon plus grand bonheur) Je suis féru d'histoire et j'ai beaucoup lu et vu de reportages sur cette période trouble. Mais le côté grotesque voire guignolesque de la naissance de la Vème République, ne m'avait, jamais sauté aux yeux jusqu'à présent. C'est pourtant le parti pris certes discutable mais osé que prend Juncker pour nous relater les événements du 13 mai 58, pour la plus grande joie du lecteur. En effet, la lecture de cet album est véritablement jubilatoire. J'ai beaucoup ri au fil des pages. Les allers retours du général Massu dans le souterrain reliant son bureau et celui de Salan est un véritable running gag. Le tour de force de cette bd réside incontestablement dans les portraits ou plutôt les caricatures des généraux par un François Boucq en grande forme. On les reconnait tous ces généraux que tout le monde a déjà vu dans des documentaires : de Salan à Massu, en passant par Challe et De Gaulle, le seul à garder son calme dans cette tambouille politico-militaire. Car outre les dirigeants de l'armée, les hommes politiques de la IVème République ne sont pas non plus épargnés dans ce que l'on peut qualifier de farce. On y trouve même Léon Delebecque, personnage qui a laissé un rôle ambigu dans ces évènements. Un scénario reposant sur des faits historiques (qui font d'ailleurs l'objet d'un dossier en fin d'album), un dessin formidable, bref une de mes meilleures lectures de ce début d'année. A lire sans modération !

10/02/2022 (modifier)