L'Âge d'eau

Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 9 avis)

Nous sommes en France, l'eau est montée et il n'y aura pas de décrue. Face à ce nouveau phénomène, beaucoup de populations sont déplacées et survivent comme elles peuvent sur les terres émergées ou apprennent « à flotter ». Les grandes villes, comme les grands pôles industriels, sont, quant à eux, systématiquement entourés de digues et soumis à des normes sanitaires. Face à l'insalubrité potentielle de ces modes de vie « hors des digues » et au danger qu'ils représentent, les autorités invitent ces populations à venir rejoindre au plus vite les centres d'hébergement d'urgence construits à la chaîne, sous peine de perdre certains de leurs droits citoyens.


Crues et inondations Les prix lecteurs BDTheque 2022 Nouveau Futuropolis

Une famille, qui a vu son habitat noyé par la montée des eaux, refuse d'obéir à l'injonction gouvernementale. Ils vivent sur une maison flottante. Jeanne, la mère, préfère cette liberté. Jeanne a deux fils, Hans et Groza, et un chien médium. Groza, un ancien CRS, traumatisé par son passé, ne parle plus que par onomatopées et a développé l'étrange manie de vouloir régler tous les problèmes. Hans vit une séparation douloureuse avec la mère de sa fille Vinee. Ils cherchent un lieu émergé où ils pourront vivre en paix, et sont prêts à lutter contre la nature déchaînée mais aussi contre les hommes, capables des pires bassesses pour survivre à ce monde en mutation. Un récit d'anticipation aux préoccupations très actuelles et personnelles, dont les deux tomes nous mènent dans des Pays de la Loire noyés par la montée des eaux.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 12 Janvier 2022
Statut histoire Série en cours (2 tomes en tout) 1 tome paru
Dernière parution : Plus de 2 ans

Couverture de la série L'Âge d'eau © Futuropolis 2022
Les notes
Note: 3.67/5
(3.67/5 pour 9 avis)
Cliquez pour afficher les avis.

12/02/2022 | cac
Modifier


L'avatar du posteur bamiléké

C'est le premier ouvrage de Benjamin Flao que je lis et je l'ai trouvé assez déroutant. Ce mélange de récit métaphorique, poétique voire politique m'a laissé perplexe. Tout d’abord je n'ai pas été saisi par la poésie du texte de Flao. Ensuite j'ai assez vite déconnecté dans le suivi des objectifs de chaque personnage. Comme la narration prend son temps je me suis ennuyé dans les méandres du voyage de Hans et de son frère. Quant à la fille de Hans je ne partage pas ses réponses qui font appel à la violence. Le graphisme est vraiment original et porte une grande part de la puissance de l'auteur. Son trait proche de la caricature porte bien les expressions des intervenants. Toutefois ce n'est pas le style que je préfère et le visuel pourtant de qualité ne m'a pas fait vibrer. Des qualités mais pas une lecture pour moi.

06/11/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
L'avatar du posteur Gaston

Je pense que j'ai un problème avec les scénarios de Benjamin Flao. En gros, je trouve qu'il a de bonnes idées et je voudrais vraiment rentrer dans son univers, surtout que je peux voir qu'il a fait beaucoup d'efforts pour imaginer ce futur, sauf que voilà je trouve que le rythme de ses scénarios est trop lent et ça me semble être pire ici que dans les autres albums que j'ai lus de lui. J'ai eu l'impression de lire pendant une heure environ une longue introduction qui ne finissait pas. En plus, ça part un peu dans tous les sens et je n'ai pas trop compris par moment ce qui se passait vu qu'on saute d'un personnage à l'autre ou alors c'est juste moi qui n'étais pas assez concentré parce que je m'ennuyais. Hormis deux ou trois scènes, rien n'a attiré mon attention. Dommage parce que j'aime bien le dessin et le sujet est intéressant.

02/04/2023 (modifier)
Par olma
Note: 4/5
L'avatar du posteur olma

D'un point de vue graphique, c'est un très bel album avec des pages de dessins presque oniriques ou fantastiques, d'autres qui mettent en scène des actions, et d'autres qui donnent des vues pleines de détails de ce monde futur où nous sommes plongés (paysages, perspectives, habitats...). Les personnages constituent une belle galerie de trognes, mais ils sont très bien dessinés et reconnaissables sans difficulté, avec des personnalités variées. Le sujet est très actuel (une société en voie d'effondrement dans un monde inondé). Heureusement, la vision plutôt lucide et pessimiste de la probable réaction des humains confrontés à la pénurie et à l'effondrement est contrebalancée par l'humour, et par la vitalité qui se dégage de nombreux personnages qui choisissent de lutter chacun à leur façon. Enfin le récit comporte une dose de mystère fantastique par la présence de l'énigmatique chien bleu sur lequel on devrait certainement en savoir plus dans la suite.

19/02/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Un titre très poétique (et accrocheur !), et parfaitement raccord avec le contenu. En effet, l’intrigue se développe « au fil de l’eau », dans un univers post-apocalypse, l’eau recouvrant une bonne partie des territoires, qu’il faut en partie évacuer. Au milieu de cette inondation géante, nous suivons deux frères et leur chien (bleu !), ainsi qu’une ado rebelle. Le rythme est très lent, comme le cours d’un fleuve, et il ne faut pas chercher ici d’actions trépidantes. D’autant plus que, de façon récurrente, de pleines pages (souvent superbes !) coupent le récit, pour des digressions poétiques. Un rythme lent, mais aucun ennui ne à l’horizon. Car l’histoire est captivante justement par son côté « planant ». Mais aussi par toutes les réflexions philosophiques, poétiques qui l’irriguent (et le chien n’est pas le dernier dans ce domaine !). Les deux frères sont dépareillés, l’un molosse taciturne et ne s’exprimant que par râles ou borborygme, l’autre dynamique et déterminé. Le monde semble dans un état désespéré, désespérant, mais on se plait à voir des hommes vivre pleinement, sans entrave ni attache. Le dessin de Benjamin Flao est vraiment très bon, et très beau. La plupart des planches ont un rendu assez old school, avec ce dessin et cette colorisation qui font penser à Pratt – avec des personnages moins anguleux. Et d’autres planches qui ont l’aspect de peintures abstraites. Un très beau récit en tout cas.

19/10/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 5/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Après nous avoir subjugués il y a dix ans avec son chef d’œuvre Kililana Song, Benjamin Flao serait-il en train de transformer l’essai ? Témoin talentueux de notre monde en décomposition, Flao signe une histoire alimentée par les grandes peurs du moment, notamment celle de la montée des eaux liée au changement climatique, dont on a pu constater cette année une sorte d’emballement avec des canicules et une sécheresse hors-normes. L’histoire se déploie sur deux axes narratifs parallèles, l’un qui permet de suivre les membres d’une famille qui tente de s’adapter au nouveau contexte climatique, le pays étant submergé par des eaux qui semblent ne pas vouloir retrouver leur niveau d’avant la crue. La seconde ligne narrative, elle, nous dévoile les états d’âme d’un drôle de chien bleu très attaché à ses « maîtres », un chien qui observe à l’aune de ses sensations primales et qui rêve, de sa vie antérieure, en humain peut-être, un chien poète qui vit le temps présent, « acceptant la dissolution du monde », et se souvient, assailli de visions des temps anciens « où tout brillait d’un même éclat, (…) où tout n’était que pure fréquence », bien avant « le grand engourdissement du monde ». Cette structure fonctionne très bien, les deux modes de récit se relayant l’un et l’autre tout au long du livre, apportant une respiration bienvenue. Deux styles en contraste permanent, l’un plus accessible, à la fois réaliste, linéaire et choral, succédant à l’autre, plus onirique et poétique. On suit donc cette famille quelque peu éparpillée, Hans le baroudeur divorcé aux faux airs de Blueberry qui se remet mal d’une peine de cœur, sa mère Jeannes, qui erre de cabane en cabane le long du « fleuve » pour échapper aux hélicoptères du gouvernement, sa fille Vinee, étudiante et punkette en révolte qui rejette le « nouveau » monde qu’on lui propose, et enfin, le grand frère de Hans, Gorza, géant bourrin et simplet mais d’une gentillesse touchante que rien ne semble corrompre, peut-être le personnage le plus attachant du récit. Dans la description de ce monde violent, à peine plus que celui que nous connaissons car il n’en est que le prolongement imaginaire, vient s’ajouter une réflexion politique sur son devenir. Comme le constatent avec dépit Vinee et sa nouvelle amie Safia, la crue n’a rien changé, elle n’a même pas réveillé les esprits… C’est l’inverse qui se produit, et « la peur, c’est toujours elle qui parle en premier… Quand la nature envoie un signal, l’Homme ne comprend jamais le message. » Des propos qui font étrangement écho à ce que nous vivons actuellement… Cela étant, Flao nous offre une note d’espoir en montrant cette communauté — qui rappelle quelque peu les mouvements zadistes voire les Gilets jaunes —, redécouvrant les bienfaits de la solidarité et de l’entraide dans ce contexte « post-apo », où les autorités n’ont pas abandonné leur volonté de contrôle de la population. On adore toujours autant le dessin de Benjamin Flao à l’assurance un brin rageuse, plus âpre dans les scènes d’action, plus débonnaire dans les scènes calmes. Ses personnages, tous très bien campés, possèdent de vraies gueules. Flao les dépeint de façon si réaliste qu’on finit par se persuader qu’ils existent vraiment – ou au mieux, de les avoir croisés quelque part. Dans un style très différent, les passages oniriques dévoilant les pensées du chien bleu sont de toute beauté. Dans des tons souvent bleutés, à la fois sombres et lumineux, les superbes aquarelles nous emportent vers des sphères insoupçonnées et des espaces infinis que chacun, bercé par les mots apaisants de l’animal, pourra interpréter à sa guise. En revanche, tout le monde ne pourra être que d’accord sur le fait que ce voyage intérieur vers un passé immémorial est tout simplement magnifique. Assurément, Benjamin Flao est un auteur que l’état du monde désespère et qui cherche à travers son œuvre une issue de secours. Avec « L’Âge de l’eau », il a fermé les yeux très fort et a pris de le la hauteur, beaucoup de hauteur, pour dompter son désespoir. De ces sommets, il en est revenu avec ce récit d’anticipation quelque peu « westernisant » qui révèle très vite sa richesse intrinsèque. Pouvant paraître anxiogène au premier abord (on pense beaucoup à « La Terre des fils » de Gipi), l’histoire trouve son équilibre grâce à ses visions mordorées qui laissent un arrière-goût de merveilleux. Un arrière-goût de reviens-y aussi, et c’est tant mieux car ce n’est là que la première partie d’un diptyque annoncé.

20/08/2022 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

C'est un vrai plaisir de retrouver Benjamin Flao avec en prime un album qui prend pour cadre ma région dans un futur plus ou moins proche. Sans qu'on en connaisse la réelle raison, l'eau a pris ses aises et envahie une grande partie des territoires, tant dans les villes que dans les campagnes. C'est son heure (L'âge d'eau !) et l'espèce humaine doit s'adapter à sa prédominance. C'est par le prisme du personnage de Hans, fils de la vieille Jeanne, frère de l'étrange Groza et père de la rebelle Vinee, que nous allons découvrir un monde bouleversé en pleine adaptation. Les grandes villes sont protégées par des digues et des mesures sanitaires strictes quand le reste de la population doit apprendre à (sur)vivre en flottant. Mais quand les autorités commencent à imposer à ces populations de venir s'installer dans les centres d'hébergement urbains, les tensions montent face à ce qui est pris comme une nouvelle privation de liberté. Et puis au dessus de tout ça, jouant les narrateurs inattendus, il y le chien bleu de Hans qui apporte une touche mystique et mystérieuse à ce récit inscrit dans une rude réalité future... La force de cette nouvelle série tient de nouveau dans cette capacité qu'a Benjamin Flao à imposer des ambiances et des personnages. La majestueuse couverture de l'album pause déjà les pilotis d'une série où la nature reprend ses droits de façon majestueuse. La bêtise crasse de notre espèce n'est jamais loin non plus, mais heureusement la bonté d'âme et le bon sens n'ont pas dit leur dernier mot. Tout cela prend vie et s'égaye sous le trait nerveux de l'auteur de très belle façon avec ces magnifiques pleines pages très poétiques qui surgissent au fil du récit. Une nouvelle fois Benjamin Flao sait embarquer son lecteur dans un récit sensible qui questionne notre façon de vivre.

02/04/2022 (modifier)
Par grogro
Note: 5/5
L'avatar du posteur grogro

Benji avait fait très fort avec Kililana Song. Dessins d'une maitrise monstrueuse, personnages travaillés et profonds... Mais il a pu décevoir, parfois, comme avec Essence, qui tournait un peu à vide dans l'attente de la panne sèche. Et puis voilà que sort ce premier tome de l'Age d'eau que j'attendais avec une fébrile impatience qui a été plus que comblée. C'est tout bonnement très très très bon. Rien à ajouter quant à son trait qui serait parfait si la perfection était de ce monde. Pas davantage au sujet de ses personnages, toujours aussi hantés. Le scénario est prenant, on a envie d'en savoir plus, et on est frustré quand arrive la fin de ce premier volume, ce qui est bon signe. Flao agrémente son récit de larges planches poétiques, reflets des réflexions de cet énigmatique chien bleu qui accompagne nos protagonistes dans leurs pérégrinations. On pourra s'interroger sur la pertinence de ce petit truc narratif, mais le toutou apporte selon moi un regard extérieur sur le comportement des Hommes, et on en saura sans doute davantage dans le second tome, mais surtout, il symbolise notre part d'animalité, notre nécessaire reliance à la nature et au cosmos, ce que cette soudaine montée des eaux évoquée dans cette histoire (et qui est en cours dans le réel) fait précisément resurgir avec une actualité accrue.

24/03/2022 (modifier)
Par karibou79
Note: 2/5
L'avatar du posteur karibou79

Avant tout, chapeau bas pour le titre très bien trouvé : il est poétique et annonce le début d'une nouvelle ère axée sur le déclin. Après l'âge d’or consumériste, le grand reset par les eaux, heureusement plus en douceur que du temps de Noé. J'ai adoré Kililana Song qui m'a réellement transporté à des milliers de kilomètres. J'avais l'impression de retrouver la même chose en commençant le récit et puis non, ça ne prend pas. En 200 pages, il y a matière à développer, ici on est dans l'esquisse. Le récit offre une palette de personnages magnifiques comme la famille de Hans. Chaque personnage a une vraie personnalité qui prend vite en quelques cases. Et d'autres, tout aussi bien travaillés, plombent le récit à l'image de la "punkette", rebelle-boulet. On sent l'auteur engagé, la suite offrira sans doute des choses concrètes (que je vois bien préfacé par Alain Damasio), mais ce sera sans moi, de risque d'avoir encore l'impression de perdre du temps et pas mal d'argent.

04/03/2022 (modifier)
Par cac
Note: 4/5
L'avatar du posteur cac

Agrémenté d'une très jolie couverture, cet âge d'eau narre un futur prévisible et réaliste de montée des eaux sur la planète. La raison n'est pas expliquée, mais on suppose tout simplement une fonte des glaces provoquée par le réchauffement climatique. A l'image de la couverture, le dessin est assez beau, de grandes planches pleine page pour commencer parsemées des pensées d'un chien bleu bien intriguant. J'ai été surpris par le dessin des personnages qui apparait plus brouillon. Pas vilain mais d'un style bien différent. On découvre Hans qui visite sa vieille maman dans sa maison isolée et cernée par les eaux. Il y retrouve aussi son frère un grand gaillard qui ne dit pas grand chose à part quelques grognements. On verra par la suite qu'il a une façon spéciale de communiquer. Il est aussi soigneur à ses heures perdues, que ce soit des hommes ou des animaux. Hans a également une fille, une jeune punk qui fait des études de droit à la ville. Un gros album de 150 pages que je pensais être un one-shot, mais la fin indique clairement qu'il y aura une suite. Il faut dire qu'il y a matière à développer les histoires de cette petite tribu. Pour l'instant il ne s'y passe pas grand chose. On y voit une certaine déclaration de liberté face aux réquisitions gouvernementales, un pouvoir lointain et dont on sent la présence qu'à travers quelques hélicoptères de passage, soi disant pour le bien de tous et pour des raisons sanitaires. Cela sent un peu le zadisme, ce qui se confirme dans les remerciements qui citent Alice Martin-Pascual - cofondatrice du site One Nation, à tendance complotiste. Qui dit montée des eaux implique moins de terres cultivables et donc une population qui va décroître. C'est le début de la chute d'une civilisation dont l'âge d'or est passé. L'esprit et le rythme sont proches de La Terre des fils de Gipi. Sans préjuger des motivations politiques de son auteur, c'est un bon récit.

12/02/2022 (modifier)