Grendel, Kentucky
Depuis deux générations, la petite ville rurale de Grendel, située dans le Kentucky, a honoré le marché faustien qui la lie au terrible monstre qui vit dans sa mine : Un sacrifice humain chaque saison en échange d'une prospérité agraire, en ce qui concerne leurs exploitations de weed.
Petits villages perdus
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Date de parution | 09 Février 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
L'héritage du père - Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. Il regroupe les 4 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2020, écrits par Jeff McComsey, dessinés et encrés par Tommy Lee Edwards, avec une mise en couleurs réalisée par Edwards pour les épisodes 1 & 2, et par Giovanna Niro pour les épisodes 3 & 4. Il comprend également les couvertures variantes réalisées par Mike Deodato junior, par Dave Johnson, ainsi qu'une postface du scénariste, une de l'artiste, et 2 pages d'études graphiques, et deux autres détaillant le processus depuis la page de script à la page dessinée et colorisée. Aux alentours de Grendel, dans le Kentucky, à l'automne 1971, un homme descend de son pick-up, se dirige à l'arrière et se prépare. Il a son couteau de chasse à la ceinture, de l'essence dans la tronçonneuse, des cartouches dans son fusil, des bâtons de dynamite, et une bandoulière avec des grenades, sans oublier des protections aux genoux, et un casque de gardien de hockey, avec une batte de baseball hérissée de piquants. Il s'avance d'un pas déterminé vers l'entrée maçonnée d'une grotte. Trois jours plus tard, Denny arrive dans la plantation de cannabis, en conduisant son pick-up. Il salue Lawrence, son fusil à la main, assis dans un fauteuil devant la grange où les feuilles sont mises à sécher. Il pénètre dans la grange et demande aux personnes présentes de l'aider à charger la marchandise. Il emporte également avec lui un sac de sport rempli de liasses de billets. Alors qu'il sort de la ville par la grand-rue, une voiture de police le suit, et le conducteur actionne les gyrophares. Denny s'arrête sur le-côté, et Mike, le policier, vient le saluer : il a une mauvaise nouvelle à lui annoncer. Cette nuit-là à Hickory en Pennsylvanie, trois miles au nord de la ligne Mason-Dixon, dans un bar de bikers, un individu vient demander au gang des Catins de tuer un homme. Marnie Wallace, la cheffe, refuse, indiquant que ce genre de contrat ne fait qu'entretenir un cercle vicieux de vengeance et d'assassinat. La cliente potentielle n'est pas contente et une bagarre éclate au cours de laquelle elle parvient à couper Marnie à l'oreille gauche, avant de se faire rouer de coups. Elle ne doit son salut qu'à l'interruption de Denny Wallace annonçant à sa sœur que leur père Clyde Wallace est décédé. Tout le gang de bikers prend la route, suivant la voiture de Denny pour se rendre à Grendel où elles arrivent en pleine nuit. Mike est en train de piquer un roupillon dans sa voiture de police. le bruit assourdissant des motos le réveille : il jette un coup d'œil et s'empresse de se rendormir, faisant celui qui n'a rien vu. La ville a organisé une sorte de veillée funèbre : les habitants racontent des anecdotes au sujet du défunt, sous une tente. Wayne évoque la fois où Clyde Wallace est parvenu à semer la police, alors qu'il avait un coffre plein de marchandise. L'assistance rit de bon cœur. C'est au tour de Denny de monter sur l'estrade où se trouve le cercueil. Mais c'est Marnie qui se trouve dans l'assistance, qui prend la parole, commençant par dire que Clyde n'était pas son papa, mais qu'il l'a élevée, et que c'était un homme bon. AWA (Artists, Writers, Artisans) Studios est une maison d'édition créée en 2018, et dont les premières publications ont eu lieu en 2020. Elle publie aussi bien des histoires courtes et complètes, que des récits s'inscrivant dans un univers partagé. Jeff McComsey a déjà écrit et parfois dessiné quelques histoires depuis la fin des années 2000. Edwards est un artiste avec plus d'années d'expérience, ayant par exemple collaboré avec Mark Millar (1985) et Rick Veitch (The Question: Falling in Place). le récit commence comme une histoire de bikers, mais avec des motardes plutôt que des motards. La dernière page du premier épisode confirme qu'il y a bien un élément surnaturel : la présence de Grendel n'est pas cantonnée au titre, même si rien ne permet de savoir a priori s'il s'agit d'une adaptation transposée au temps présent, ou d'une version beaucoup plus personnelle du monstre apparaissant dans le poème Beowulf, probablement composé vers la fin de premier millénaire. le lecteur suit donc Marnie Wallace, la fille adoptive du défunt Clyde Wallace, alors qu'elle revient dans la petite ville où elle a grandi et qu'elle la redécouvre avec ses yeux d'adulte : le trafic de cannabis, toute l'économie locale basée dessus, la présence de cette créature surnaturelle, sa place dans l'écosystème de la ville qui ne s'appelle pas Grendel par simple coïncidence. Dès la première page, le lecteur est confronté à l'âpreté des dessins. Les traits de contour sont un peu épais. Les aplats de noir revêtent des formes étirées et déchiquetées. L'artiste joue beaucoup avec le degré de précision, par endroit très minutieux (les armes dans le sac), parfois restant au niveau de l'impression (la végétation). Cela confère à la narration visuelle, une sensation assez touffue et pesante, un registre descriptif qui passe du minutieux à l'esquissé, parfois les deux étant présents au sein d'une même case, le noir étant toujours présent pour assombrir chaque image. du coup, l'oeil du lecteur est attiré par des éléments très concrets qui ancrent le récit dans une réalité palpable et réaliste : l'ensemble des armes dans le harnachement de Clyde Wallace, les différents modèles de véhicule, les bouteilles de bière avec leur étiquette, le capharnaüm dans la grande pièce des Wallace, sans oublier sa tête de renne empaillé, des restes de nourriture dans des assiettes sales, la grande hache que nettoie Marnie, ou encore les plantes autour de la véranda de Pap. Dans le même temps, il ressent l'ambiance installée par les dessins flirtant avec l'impressionnisme : les traits appuyés des silhouettes de Marnie et de l'individu qu'elle affronte se confondant presque avec des traits de mouvement, les traits de la carcasse éventrée d'un porc donnant l'impression de se confondre avec les traces laissées par le couteau ou l'objet coupant, les troncs d'arbres comme de fin piliers, et bien sûr la silhouette enténébrée de Grendel dont il est impossible de distinguer les détails. Dans leurs postfaces respectives, les créateurs évoquent la passion de Tommy Lee Edwards pour la mécanique moto. Il ne l'utilise pas pour les dessiner de manière détaillée, en revanche le lecteur ressent que le dessinateur représente quelque chose dont il a l'expérience, que ce soit la position sur la moto, ou son inclinaison sur la route. En quatre épisodes, le scénariste doit aller droit au but. Il peut donc s'appuyer sur l'artiste pour réaliser des images apportant une bonne densité d'informations, que ce soit sur les différents environnements, et sur les personnages par leur tenue vestimentaire, et leurs gestes, soit lors des séquences de dialogue, soit pendant les affrontements. de son côté, il met à profit par les dialogues pour donner une idée sommaire du caractère des principaux concernés, c'est-à-dire Marnie, et un peu pour les personnages secondaires comme Denny et Pap. Il les utilise également pour établir la situation, la dynamique du trafic, et la manière dont Marnie accepte l'existence de Grendel. Effectivement, le lecteur acquiert rapidement une compréhension de la dynamique économique en place grâce au trafic, et progressive du rôle de Clyde au sein de la communauté, de la place de Grendel ces années passées, et des réactions que cela provoque en Marnie. Le scénariste ne joue donc pas sur la question de l'existence de Grendel, puisqu'il l'établit de manière claire à la fin du premier épisode. L'enjeu du récit réside ailleurs. Petit à petit, il apparaît le rôle que Clyde a pu jouer pour Marnie, et comment elle souhaite honorer sa mémoire. Il y a donc une forme de prise de conscience de l'adulte qu'elle est devenue sur la réalité des actes des adultes qui l'entouraient quand elle était enfant. Il y a également une confrontation de valeurs un peu délicate, entre celles que lui a inculquées son père d'adoption, et celles qu'elle a développées après avoir quitté la ville, même si elle a choisi une vie de cheffe de meute, pas toujours du bon côté de la loi. S'il y est attentif, le lecteur se rend compte que la relation entre le frère et la sœur est évoquée en passant, mais avec nuance sur celui le plus apte à prendre la succession du père. Il est également possible de voir en Grendel, une incarnation des actes délictueux du père (Clyde) que la fille (Marnie) doit regarder en face. Elle doit se confronter de manière frontale à cette forme d'héritage, à la part de son père qu'elle porte en elle puisqu'il l'a éduquée. Il y a là une métaphore pas si ras-les-pâquerettes que ça. Envisagée sous cet angle, la fin du récit prend tout son sens. Pas facile de réaliser une histoire consistante en seulement 4 épisodes, en prime sous forte influence d'un conte (Beowulf) et d'une série télé (Sons of Anarchy). Tommy Lee Edwards donne une identité visuelle très personnelle à la série, avec des dessins amalgamant avec élégance des éléments très descriptifs et une approche plus impressionniste. Jeff McComsey raconte une histoire assez légère, tout en contenant des ingrédients qui en font plus qu'une simple histoire de chasse au monstre, avec un combat acharné en la valeureuse héroïne et l'horrible monstre. Il manque un peu plus de profondeur pour qu'elle soit indispensable.
Il est ici question de la petite ville rurale de Grendel, au fin fond du Kentucky. Une bourgade en allure paisible, surtout depuis que la mine de charbon est fermée et que la ville semble à l'arrêt. Mais ce calme apparent ne sera pas bien visible dans notre lecture. Il va être question de cadavre dévoré, de gang de motardes, de créature sortie tout droit d'un cauchemar et de règlements de compte à coups de gros calibres. Il ne faudrait pas en dire d'avantage pour éviter de trop dévoiler l'intrigue... mais la 4e de couverture de l'album en raconte hélas beaucoup plus. Beaucoup trop. Car ce qui apparait à l'origine comme une mort naturelle (dévoré par un ours) se révélera au fil des chapitres quelque chose de bien plus effroyable. L'histoire tend progressivement vers le fantastique puisqu'en réalité c'est une créature effroyable qui est la source des maux de la ville... Sauf que le scénario est intelligemment construit et n'en montre que très peu au début, laissant le doute sur la cause réelle : réaliste ou fantastique. De ce monstre on ne verra quasiment rien avant la moitié de l'album. De ses motivations, on n'en saura rien avant le dénouement... Alors si le scénario se démène pour générer ce suspens, pourquoi le révéler directement en 4e de couverture ? A coté de ça, le trait très anguleux et la colorisation parfois trop sombre ne permettent pas toujours une lisibilité parfaite des scènes. Voilà en 2 points les aspects négatifs, car pour le reste c'est plutôt pas mal du tout. Le scénario est efficace, il monte progressivement en intensité. La violence va aussi crescendo, parallèlement à l'introduction du fantastique. La narration est bonne, l'idée de fond est bonne, la façon dont on découvre une à une les réponses est bonne. Et c'est encore meilleur quand on découvre tout ces éléments en lisant l'album plutôt que son résumé.
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