Immonde !

Note: 2.25/5
(2.25/5 pour 4 avis)

Prix Tournesol 2023 Une relecture frenchie des classiques du ciné fantastique U.S. des années 80, pour le plus grand bonheur des fans de Cronenberg, Spielberg, Carpenter et consorts, sur fond de scandale écologique.


Gays et lesbiennes Grand Est Prix Tournesol

Morterre est une petite ville industrielle terne et isolée, habitée majoritairement par les employés de l’Agemma, une entreprise d’extraction de minerais radioactifs. Jonas et Camille, deux adolescents de 17 ans, vivent depuis toujours dans cet endroit qu’ils rêvent de quitter. En attendant, ils patientent en regardant des nanards horrifiques surannés. Absorbés par leur propre passivité, ils ne prêtent pas attention à l’étrange disparition d’un employé de l’Agemma. Dans le même temps, une nouvelle élève débarque de Paris. Elle s’appelle Nour et n’a pas l’intention de croupir dans l’ennui. Elle pousse Jonas et Camille à explorer la ville et ses alentours. Au cours d’une excursion nocturne, ils découvrent ensemble un homme au visage malade, défiguré par de terribles excroissances. Cet homme, c’est l’employé disparu de l’Agemma. Que lui est-il arrivé ? Pourquoi reste-t-il caché ? Est-ce que l’Agemma est impliquée ? Pour sa nouvelle bande dessinée, Elizabeth Holleville nous plonge dans une œuvre marquée par son affection pour Black Hole de Charles Burns, E.T. de Spielberg ou The Thing de John Carpenter. Un thriller fantastique, drôle et horrifique pour une histoire palpitante traversée de thématiques multiples. De la pollution, au chantage à l’emploi en passant par la découverte adolescente de la sexualité, Elizabeth Holleville livre un roman graphique ambitieux d’une grande maturité. À noter que Timothé Le Boucher réalisera un fan art spécialement pour l'album.

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 26 Janvier 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Immonde ! © Glénat 2022
Les notes
Note: 2.25/5
(2.25/5 pour 4 avis)
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18/02/2022 | Blue boy
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L'avatar du posteur Noirdésir

J’ai le même ressenti que Ro, qui résume bien l’évolution malheureuse de l’intrigue. La première partie est originale et intrigante, que ce soit pour l’histoire elle-même, étrange, avec des pincées de malsain dérangeant. Ou pour l'arrière-plan, la menace d’une pollution maousse. Colorisation et dessin (en nettement moins bon et abouti pour ce dernier), font aussi un peu penser à Burns (une belle référence me concernant). Et puis peu à peu ça bascule vers quelque chose de moins intéressant. Ça tombe effectivement dans la série Z avec invasion de bestioles géantes qui massacrent tous ceux qu’elles croisent. On oublie et la pollution et tout ce qui ne jouait que sur des allusions, quelques images furtives. Fond et forme sont alors décevants. Là où un certain mystère et une angoisse lancinante permettait de faire gober pas mal de choses, ça n’est plus le cas dès lors que tout devient plus « réaliste » et linéaire. L’impression d’un matériau intéressant mal exploité prédomine.

17/12/2024 (modifier)
Par Ro
Note: 2/5
L'avatar du posteur Ro

Immonde ! se scinde en deux parties trop différentes à mon goût. La première moitié de l'album m'a séduit par son aspect intrigant et légèrement malsain rappelant les albums de Charles Burns, notamment par ses héros adolescents mais aussi par les bizarreries et inquiétantes mutations dont ils sont les témoins. J'ai apprécié de les suivre et de découvrir avec eux doucement le voile de mystère régnant sur leur ville. Relations adolescentes y côtoient une atmosphère de fantastique et de complot attrayante. Le graphisme quant à lui n'est pas tellement ma tasse de thé mais il reste efficace et pas désagréable. Mais passé la moitié de l'album, l'intrigue change soudain de tournure pour s'enfoncer dans l'action et un fantastique plus hardcore rappelant fortement les films de série B assez minables que les héros regardaient avec le sourire. Sauf que les auteurs commettent très vite la première erreur que ces mêmes ados reprochaient aux réalisateurs de ces films : ils montrent à quoi ressemble le monstre, les monstres en l'occurrence, et dès lors il n'y a plus ni peur ni mystère. La seconde moitié de l'album est de la grosse action horrifique sans saveur, avec un dessin qui fait la preuve de ses faiblesses techniques dès qu'il s'agit de mettre en image des scènes mouvementées, et une intrigue qui devient complètement idiote, gratuite, avec une faune de monstres sortis d'on ne sait où et le tout perdant au passage complètement le fil d'une intrigue initiale à base d'étranges mutations dont finalement on ne saura rien du tout. On passe d'une sorte de X-Files angoissant et dérangeant à un film d'horreur d'action gore et idiot. Ca ne marche plus du tout. Déception donc malgré une bonne entame et des personnages intéressants.

02/01/2023 (modifier)
Par greg
Note: 1/5

Grand amateur de littérature horrifique et du cinéma de genre, je suis au contraire resté sur ma faim. Le scénario est au contraire de mon point de vue la grande faiblesse de l'ensemble. D'un côté on a le cliché éternel des adolescents marginalisés (avec un membre de l'équipe qui vient d'intégrer la ville et l'école après un drame familial, dans le genre ça se pose là) qui vont partir enquêter sur d'étranges évènements, de l'autre des monstres, le tout mélangé à des histoires de malformations liées à priori à certaines propriétés d'un nouveau minerai radioactif. Et au centre une vilaine entreprise dirigée par un mégalo qui ne pense qu'à exploiter son prochain, qui cache des choses et qui vraiment un méchant capitaliste cupide... Hum. Car c'est bien le problème : au lieu de se concentrer sur une intrigue, on en a deux : l'affaire des employés souffrant de malformations (on ne nous explique jamais vraiment pourquoi cela leur arrive, ni pourquoi ils n'ont jamais cherchés à aller en justice ou prévenir les médiats... Pas crédible pour un sou : les victimes malformées décident toutes de se cacher et couper les ponts avec leurs familles...Bien pratique. L'autre affaire concerne des monstres découverts en creusant des galeries pour extraire le fameux minerai. Il faut préciser que toutes les créatures trouvées après plusieurs mois (voire années) d'exploitation sont toutes inoffensives et d'une seule espèce. Puis tout à coup, dans les 30 dernières pages (sur un ouvrage qui en fait plus de 200), on se retrouve face à une flopée de monstres carnivores divers sortis de nulle part (on a de tout : bipèdes, quadrupèdes, poissons, oiseaux) qui semblaient attendre sagement la fin de la BD pour attaquer les humains. Au milieu nous avons un trio d'ados marginaux qui tentent de dévoiler la chose, mais personne ne les croit (alors que pourtant ils ont des preuves...) et ils ne servent strictement à rien, ils n'ont AUCUNE espèce d'influence sur les évènements. Détail étrange les seuls personnages féminins centraux de cette BD sont toutes lesbiennes (en gros trois jeunes ados). Et les hommes qui jouent un rôle tout aussi central (des ados, le directeur de l'usine, un veuf) sont tous célibataires. Cela doit être un effet caché du minerai. Mais en tout cas c'est assez bizarre et limite dérangeant. De la même manière que les seules personnes qu'on voit s'embrasser ou se préparer à avoir du sexe dans cette BD sont les lesbiennes... Comprenons-nous bien, je n'ai pas besoin de scènes nues ou sentimentales, mais on a la curieuse sensation que le but de l'auteure est de faire une forme de prosélytisme qui n'a à mon avis pas sa place dans cette BD et qui fait office de corps étranger. Bref décevant

25/08/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Blue boy

Une des belles surprises de ce début d’année, et loin d’être immonde ! De plus, ce récit fantastique nous permet de découvrir Elizabeth Holleville, une jeune autrice dont c’est le deuxième album et qui nous donne ici toutes les raisons de croire en elle. Elle possède un univers à la fois très personnel mais aussi riche de nombreuses influences, à commencer par Charles Burns, Daniel Clowes ou Ludovic Debeurme pour ce qui est de la BD, mais aussi quelques figures du cinéma fantastique, John Carpenter et Steven Spielberg, avec quelques pincées de Lovecraft pour la référence littéraire. Le dessin est propre, simple et sans prétention, d’une tournure un brin enfantine qui n’est pas sans charme, tant s’en faut. Le choix de deux tonalités dominantes, mauve et vert désaturés, fonctionne à merveille. Deux couleurs qui en s’assemblant dégagent une aura vénéneuse et inquiétante, renforçant l’ambiance anxiogène de l’histoire. Pour la scène finale de l’attaque des monstres, Holeville n’a pas hésité à foncer les cases, prouvant qu’elle a parfaitement compris le mécanisme de la peur popularisé par Ridley Scott avec « Alien » : moins on en voit, plus grand est l’effroi… Elizabeth Holeville nous sert un scénario maîtrisé, en instaurant d’abord un climat insolite avec la scène d’introduction, critique discrète des réseaux sociaux où pour avoir un max de vues sur Instagram, des ados « déconnectés » n’hésitent pas à filmer grand-maman grimée en sorcière, pour monter progressivement en puissance jusqu’au final terrifiant reprenant les codes du « survival movie ». En résumé, on commence avec des bizarreries subliminales burnsiennes pour terminer avec thriller haletant digne de « The Thing » ou « Alien ». Quelques thématiques contemporaines y sont abordées, mais de façon superficielle, sans que l’intellect ne prenne le pas sur l’émotionnel, puisqu’ici on prend avant tout plaisir à se faire peur, comme avec le meilleur cinéma horrifique des années 80 avant l’ère des franchises. Le message écologique avancé par l’éditeur reste trop simpliste et rebattu (une mine d’extraction de tomium( ?), un matériau destiné à alimenter les centrales nucléaires, dirigée par un vrai salaud qui se moque de la pollution aux alentours, laquelle semble la cause des événements inquiétants survenant dans la ville proche) pour en faire le sujet principal du livre. Mais l’autrice nous parle aussi d’identité sexuelle, thématique très en vogue s’il en est mais en simple toile de fond dans l’histoire, et se veut inclusive sans insister lourdement, en mettant en scène des personnages blacks, blancs beurs bien de chez nous. Le théâtre du récit se situe à Morterre (un village qui n’existe pas), dans les Vosges (une région qui existe). Et le lecteur de ressentir de l’étonnement face à une histoire fantastique empruntant les codes du ciné U.S. tout en se déroulant dans des paysages bien français, à mille lieues du Texas, du Colorado, de la Floride ou encore du Maine, pour ne citer que la région chère à un certain Stephen King. Le point commun, c’est ce mode d’habitat désormais universel du monde occidentalisé où résident les protagonistes : le lotissement, et dans sa version U.S., l’« housing estate », lieu emblématique des films de Spielberg. D’ailleurs, et c’est dire à quel point la culture américaine a colonisé nos esprits, on a du mal à ôter de son esprit le fait que ce n’est pas en Amérique que ça se passe ! Cette transposition de l’Amérique anglo-saxonne à l’Europe recevrait fort probablement l’assentiment des deux auteurs Serge Lehman et Frederik Peeters, qui d’une certaine façon militent à travers leurs œuvres pour un retour en grâce des mythes européens, longtemps délaissés par la pop-culture au profit du modèle ricain. Avec « Immonde ! », Elisabeth Holleville, dont c’est le second album, creuse avec bonheur la veine fantastique à la française, sachant associer plaisir régressif et intelligence, sans prétention aucune. Adoubée par Timothé Le Boucher qui conclut l’ouvrage avec un petit clin d’œil sur 5 pages, l’autrice s’impose indubitablement comme une autrice à suivre.

18/02/2022 (modifier)