Le Bossu de Montfaucon
Quasimodo a été sauvé. Il est dorénavant l'homme de main d'un noble déchu décidé à se venger de la monarchie française.
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Bretagne Les panthéonisé-e-s Victor Hugo
Fin du XVe siècle. Louis d'Orléans, duc et premier Prince de sang, s'est vu refuser la régence du jeune Charles VIII manipulé par sa sœur, la perfide Anne de Beaujeu. Réfugié en Bretagne, Louis prépare la défense de Nantes lorsqu'un homme étrange épris de vengeance lui propose ses services. Pierre le Bâtard, accompagné par un bossu difforme tiré des caves du gibet de Montfaucon prévient le duc : Anne de Beaujeu et son homme de main, l'impitoyable Axel Lochlain, ont en leur possession deux documents que lui, le Bâtard, est le seul à pouvoir récupérer: deux lettres qui remettent en question la légitimité de Louis au trône de France. Il n'y a rien de plus romanesque que la réalité. Le Bossu de Montfaucon n'est pas une uchronie: les évènements historiques qui jalonnent le récit y sont rigoureusement exacts.
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Date de parution | 23 Février 2022 |
Statut histoire | Série terminée 2 tomes parus |
Les avis
Une série qui m'a déçu. Je me demandais ce que cela donnerait de voir Quasimodo survivre et devenir un instrument de vengeance, mais la plupart du temps j'ai eu l'impression qu'il était un personnage secondaire dans une série dont le titre le mets pourtant en avant. Je retiens sa relation avec Jeanne la Boiteuse qui est touchante et la seule chose que j'ai vraiment aimée dans ses deux tomes. L'action se passe dans une période historique française que je ne connaissais pas et cela a attiré ma curiosité sauf que là encore j'ai été déçu. On saute souvent des années et le déroulement de l'intrigue n'est pas toujours. On dirait presqu'il fallait déjà connaitre cette période pour bien comprendre l'histoire ce qui n'est pas mon cas. J'ai souvent du revenir à la présentation des personnages présent en début d'album pour bien me rappeler qui était qui et qui était lié à qui. Au final, une série qui accumule les problèmes récurrent de la collection Vécu de Glénat: dessin réaliste moyen, scénario trop accès vers l'action, personnages inintéressants même les personnages historiques qui ont vécu des choses intéressantes dans la vraie vie et de la nudité gratuite pas du tout émoustillant.
Quand j'ai vu la sortie de cette BD, j'en ai parlé à ma petite médiathèque communale, et la responsable a décidé de la commander lorsque le tome 2 serait sorti ; elle me l'a réservé et je fus donc le premier lecteur de ce diptyque tout beau tout neuf qui ne pouvait que me plaire, je me suis littéralement régalé, embarqué par ma passion médiévale sur une période que je connais bien. On est en 1484, 1 an après la mort de Louis XI, la guerre de Cent Ans est finie depuis 30 ans (en 1453 avec la bataille de Castillon qui chasse l'Anglais d'Aquitaine), le royaume de France s'est considérablement agrandi avec de riches possessions comme le duché de Bourgogne, le Maine et l'Anjou, et la Provence, Louis XI ayant bien manoeuvré avec le Téméraire, mais il a eu aussi la chance que son cousin le roi René, duc d'Anjou et comte de Provence meurt sans héritier. Le royaume est donc devenu puissant et peut légitimement revendiquer la Bretagne. Le scénario part sur de bons rails en opérant une réécriture de la Guerre Folle (qui n'est ni plus ni moins qu'une révolte de barons, d'une partie de la noblesse française) et de l'incorporation de cette riche province bretonne, surtout au moment où son dernier duc François II est vieux et diminué, qui plus est, tracassé par sa propre noblesse (baronnies et comtés). Sa fille Anne, encore une enfant, a cependant un caractère fort et fera tout pour préserver l'autonomie de la Bretagne, mais il faut avouer que d'être le voisin du roi de France est bien encombrant. On est donc encore devant une superbe Bd de fin de Moyen Age dont la structure et les généralités sont très proches de Le Trône d'argile, mais le choix du traitement en diptyque oblige les auteurs à aller un peu vite, à compresser pas mal de faits et d'éléments, d'où certains bonds dans le temps, des ellipses et le fait de passer d'une action à une autre sans transition ; sans compter des flashbacks que j'ai trouvé sur-explicatifs et peu utiles. C'est bien d'opter pour le diptyque, on n'a pas à glander pendant des mois pour avoir la suite, mais pour ce genre de récit tellement chargé en événements, un traitement en 4 tomes n'aurait pas été du luxe. Je sens que le scénariste passe sur beaucoup de choses, va au plus pressé et s'attarde sur des trucs qui ne servent pas vraiment le récit (l'amour de Jeanne la Boîteuse pour Quasimodo par exemple). Stalner aussi fait avec le matériau qu'on lui donne, mais il s'en sort bien même s'il doit livrer des planches assez compactes. Mais bon attention, on a quand même du très beau matériel, même si le scénariste fait feu de tout bois et s'oblige à boucler son récit en résolvant à la fois toutes les sous-intrigues et la véridique Histoire de France, c'est une Bd que j'ai pris énormément de plaisir à lire, ça faisait longtemps que j'avais pas lu un récit historique aussi profond. Etant très connaisseur de cette période historique, j'ai donc adoré, mais pour quelqu'un qui n'est pas passionné ou qui n'est pas assez connaisseur de cette période historique, j'avoue que ça risque d'être un peu plus difficile pour bien tout capter. Ce qui est intéressant, c'est que les événements historiques sont revus de manière romanesque et en accentuant des détails ou des caractères, en exagérant le tempérament de certains personnages. Je pense notamment à Anne de Beaujeu (ou Anne de France), la voir coucher avec un homme de main, bâtard de surcroît, me semble peu crédible, car son union avec Pierre de Beaujeu, issu de la branche cadette des Bourbons (la cour de Moulins), fut heureuse, et son caractère ombrageux hérité de son père Louis XI, lui interdisait ce genre de fantaisie charnelle, tout comme son aptitude à gérer la régence d'un royaume comme la France pendant la minorité de son jeune frère Charles VIII, ne lui laissait que peu de temps pour se vautrer dans le stupre. Louis XI n'avait-il pas dit d'elle qu'elle était "la moins folle femme de France" en parlant de son tempérament rude, "car de sage il n'y en a point en ce royaume" (le mot sage étant employé ici sous le terme de sérieux). Tout est donc revu mais sans trahir l'Histoire car la plupart des faits sont rigoureusement exacts (les Etats généraux de Tours, le fait d'avoir marié Jeanne la Boîteuse, fille difforme et peu amène, à Louis d'Orléans pour éteindre la lignée d'Orléans, la Guerre Folle, la question de la Bretagne, la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488 où Anne de Beaujeu écrase les barons factieux... ). C'est une lutte de pouvoir entre grands personnages avec manigances, tromperies, rivalités, assassinats, avec dans l'ombre des hommes de main et où s'invitent une partie fictive et des faits imaginaires pour donner une dramatisation ; le fait de mêler un personnage littéraire comme Quasimodo est une superbe idée, même s'il joue un rôle secondaire, et si le nom de Montfaucon donne un petit côté sinistre et fascinant, un brin racoleur à ce diptyque. Louis d'Orléans est à peu près conforme au prince de sang qu'il était, il avait soif de pouvoir et était secrètement amoureux d'Anne de Bretagne. Son ambition est un peu plus démesurée ici alors que c'était un personnage aux grandes qualités humaines qui sont résumées par son mot (peut-être apocryphe) : "le roi de France ne venge pas les injures faites au duc d'Orléans", car le plus drôle c'est qu'il fut au final roi de France après l'accident survenu à Amboise à Charles VIII et qu'il a fini par épouser Anne de Bretagne, dont le contrat de mariage stipulait qu'elle devait épouser le successeur de son époux s'il n'y avait pas d'héritier mâle. Après la Guerre Folle, Louis avait en effet été jeté dans le donjon de Bourges où il croupira 2 ans ; aussi quand il sortit pour être roi, tous avaient peur de sa rancoeur, ce qui explique son fameux mot. Le coup de sa légitimité au trône de France à cause d'une prétendue bâtardise est un bon élément (mais bien sûr totalement fictif) pour pimenter ce récit qui nécessite une bonne attention et une concentration pour saisir tous les enjeux politiques, les rôles des nombreux protagonistes et le fil de l'action qui ne cesse de rebondir en rendant cette narration très prenante. Ces événements sont assez peu connus du grand public, à moins d'être un passionné comme moi ou un historien, c'est pourquoi la progression et le mode opératoire de cette bande est sensiblement le même que dans Le Trône d'argile, à la différence que dans celle-ci, tout était absolument vrai, sans partie fictive, et que la narration était plus développée dans plusieurs tomes avec force détails. Ici, comme je l'ai dit, j'aurais aimé que ça aille un peu plus loin et que certains points soient plus développés, c'est mon seul reproche. Au dessin en plus, un de mes dessinateurs fétiches, je ne pouvais encore plus qu'apprécier ; Stalner qui est familier des récits historiques, réussit des pages superbes, avec une ambiance crépusculaire, une atmosphère trouble qui sont bien rendues par ses cadrages larges et des personnages aux faciès rustiques. Ses décors sont magnifiques : sa représentation du gibet de Montfaucon au début est fantastique, elle est conforme aux gravures que je connais et que l'on peut trouver facilement sur internet ; ses vues du château de Nantes, du château de Loches et de plusieurs décors intérieurs sont d'une superbe tonalité médiévale qui donne indéniablement une identité très forte à cette Bd. D'autre part, il embellit les femmes car si Anne de Beaujeu n'avait pas un physique aussi disgrâcieux que celui de sa soeur Jeanne, elle n'était pas non plus une Vénus, de même que Anne de Bretagne était petite et menue, et d'un physique assez quelconque, ici elle est une bien jolie enfant ; quant à Jeanne la Boîteuse, c'est presque un canon. Mais on ne peut pas en vouloir à Stalner, son crayon a toujours été généreux. Voila donc un diptyque de très belle tenue, bien élaboré sur le plan graphique et scénaristique, que l'on peut aisément coupler à la Bd Valois dont elle constitue un peu une sorte de prequel, car dans Valois, on suit le règne de Charles VIII et son aventure italienne. Au début de chaque album, une galerie de portraits est utile pour reconnaitre les personnages, et à la fin de chaque album, une chronologie permet de suivre le déroulement historique.
Amusante idée que de mélanger fiction et Histoire en combinant une suite aventureuse au Notre-Dame-de-Paris de Victor Hugo et la réalité historique des conflits politiques et militaires de la fin du XVe siècle, autour du désir d'annexion de la Bretagne par le royaume de France. Cela commence en 1484 alors que Quasimodo se laisse mourir auprès du cadavre de sa belle Esméralda. Pierre d'Armagnac, bâtard en quête de vengeance suite à l'assassinat de son père par l'ancien roi Louis XI, vient sauver le fameux bossu avant sa mort et s'en fait un ami et puissant allié, comptant sur la force et l'agilité de ce dernier pour l'aider dans sa revanche. Les deux vont dès lors s'engager ouvertement dans le conflit qui oppose d'un côté le tout jeune Charles VIII et sa sœur régente Anne de Beaujeu, et de l'autre côté Louis d'Orléans et François II, duc de Bretagne, et dont l'enjeu est de déterminer qui pourra épouser la jeune Anne de Bretagne et ainsi hériter de la Bretagne dans son ensemble. Cette période de l'Histoire de France est mal connue du grand public et c'est une excellente chose de l'aborder ici. Par bien des aspects, la structure de ce récit rappelle celle de l'excellente série Le Trône d'argile, même si l'intrigue se déroule cette fois après la fin de la Guerre de Cent Ans. Là encore c'est une succession d'entreprises politiques et de subterfuges militaires parfois édifiants. Mais contrairement à cette autre série, ici il faut davantage s'accrocher pour s'y retrouver dans la complexité de ces évènements. La narration est moins claire, et il y a quelques sauts chronologiques prenant le lecteur un peu au dépourvu. Et puis, même si le dessin est de bonne qualité, j'avoue que la légère ressemblance physique entre Pierre d'Armagnac et Louis d'Orléans m'a un peu induit en erreur par moment. Ceci étant dit, l'intégration dans ce contexte d'une quête de vengeance, de lettres pouvant prouver l'illégitimité d'un prétendant au trône, d'un Quasimodo à la personnalité approfondie et de sa rencontre avec Jeanne la Boiteuse, personnage réel également affublé d'une difformité physique, ajoute du piment, un sens de l'aventure et du romantisme à l'ensemble. C'est donc une plaisante lecture d'Histoire et d'aventure qui nous est offerte ici et mon opinion ira peut-être encore à la hausse après lecture du second et dernier tome.
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