Amour cru
Mélina et Charlie sont amies depuis l’enfance, mais aussi très différentes. La première est une éternelle enthousiaste. Elle profite de l’instant présent et des plaisirs que lui apportent ses expériences sexuelles quotidiennes. La seconde est un peu timide, plutôt prudente, loin de l’extravagance de Mélina.
Académie des Beaux-Arts de Tournai Cannibalisme Hard & Soft, d'un érotisme à l'autre
Un beau jour toutefois, Charlie rencontre Alan, un galeriste qui, malgré son air froid, semble apporter à Charlie un bonheur sans pareil. Mélina se méfie d’Alan. Cette passion amoureuse a trop vite éclos. Un secret semble l'alimenter... Ce secret – Mélina l’apprendra à ses dépens - de nature anthropophage… Œuvre érotique qui interroge l’obsession amoureuse et les expériences sexuelles alternatives, Amour Cru est aussi un récit troublant rythmé par une mise en scène travaillée et des dialogues d’une grande justesse. Un one shot fascinant et déroutant par El Diablo et Grégory Mardon.
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Date de parution | 16 Février 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Une fois n'est pas coutume pour le prolifique Eldiablo, c'est à sa compagne (également créditée) que l'on doit ce scénario surprenant à plus d'un titre. Grégory Mardon dont j'avais apprécié le trait direct dans Cycloman illustre avec énergie cette histoire dont, une fois de plus, il serait dommage d'en dévoiler tous les aspects tant elle interpelle et titille le lecteur mais pas spécialement où on aurait pu le croire. Car non "Amour Cru" n'est pas une bête histoire de cul couchée sur papier. Pourtant des scènes affriolantes et sans tabou, il y en a : Mélina est une jeune trentenaire à la vie on ne peut plus banale. Vendeuse dans une boutique de prêt à porter, elle bouffe la vie et les plaisirs charnels. Extrêmement attirante physiquement et dotée d’un culot sans limites, elle multiplie les expériences « amoureuses » avec les inconnus rencontrés sur le net ou dans la rue. De ses histoires sans lendemain, elle ne garde aucune attache si ce n’est son amitié d’enfance pour sa copine Charlie, bien plus réservée et recherchant davantage le grand amour. Aussi lorsque Charlie va faire la connaissance d’Alan, un homme mur tout aussi réservé qu’elle et changer radicalement de vie, Mélina va devenir suspicieuse et douter du bonheur trop rapidement acquis de son amie et mener l’enquête… Amour Cru se pose comme un bouquin clairement porno sous le trait simple mais direct de Mardon dans une ambiance parisienne speed et sensuelle. Si on peut commencer la lecture par une main (les ébats de Mélina sont plutôt explicites et plutôt excitants), c’est à deux mains et les yeux bien ouverts que l’on poursuit sa lecture, le récit se métamorphosant en enquête aux révélations bien malsaines… Sans en dévoiler davantage, il est peut être utile d’ajouter que la couverture représente plutôt parfaitement le contenu des propos rapportés mais qu’on ne la comprendra qu’à la toute fin. Il s’agit ici d’une certaine forme extrême de l’amour physique et de la folie qui peut en découler : personne n’en sortira indemne mentalement. Je n’avais plus ressenti cela depuis certaines œuvres phares de David Cronenberg qui était jusqu’à présent le principal représentant de cette catégorie. Lire Amour Cru juste après le formidable « Un homme de goût » du même Eldiablo permet également de relier certains points car les correspondances sont légion. Si la fin arrive comme à la fois une évidence et également comme trop abrupte, je rejoins mes camarades des commentaires plus bas sur le thème : laisser infuser le récit. Ma première réaction fut tournée vers le rejet en me demandant quelle pouvait bien être la cible exacte de ce récit tout en m’ôtant l’idée de la relire un jour. Et puis, selon son ressenti, son propre vécu, et l’universalité des propos, on se rend compte qu’on a à faire à un truc vraiment malin, déroutant certes mais réussi. La lecture en une traite sans l’envie de bailler ou d’interrompre est également un signe d’une histoire réussie. Et elle le doit tant à son scénario qu’à la vigueur des dessins de Mardon. Amour Cru n’est certainement pas pour tous les publics (j’hésite à le proposer en lecture à ma compagne malgré le sujet intéressant) mais c’est plus pour l’incompréhension que l’histoire peut susciter. Car le ressenti est réel et authentique. Donc c’est une fois de plus réussi. Décidément Eldiablo réussit à transformer en or tout ce qu’il touche, même si cela doit bouleverser les idées préconçues et les biens pensants. Et en cette période trouble de notre histoire nationale, ça fait toujours ça de pris.
J'aurais envie de mettre un 3* à cause de ce qu'il me reste à la lecture, c'est à dire des images franchement glauques et marquantes, mais je dois dire que le propre du récit est de nous heurter par ce qu'il montre et avant-tout par ce qu'il propose comme idée. Et là, je suis désolé, El diablo sait faire parfaitement bien. Il développe une trame narrative surprenante, autant dans les retournements que dans le propos de l'histoire. C'est fort ! Ce qui m'a surpris, c'est surtout que je m'attendais à ce que la première surprise arrive plus tard. El diablo ne reste pas conventionnel : lorsque l'héroïne a quelque chose à dire, elle n'attend pas et le sort tout de suite, quitte à mettre les pieds dans le plat. Mais l'histoire progresse alors rapidement et ce qui est développé va être d'un autre aspect. On joue vite sur le registre glauque et malsain, l'idée centrale étant franchement de nature dérangeante, mais le propos est justement de questionner cette étrangeté malsaine. Et ce qui en ressort est encore plus dérangeant. Je suis assez marqué par les images et les idées, il faut maintenant que ça infuse. Mais je ne pensais pas sortir aussi marqué par l'histoire. Le dessin de l'auteur convient parfaitement à l'histoire, n'accentuant clairement pas les aspects érotiques mais ne négligeant pas ceux-ci non plus. Par contre, oubliez l'idée de lire la BD à une main, c'est clairement l'histoire au centre de l'ouvrage. Une collection qui m'intrigue de plus en plus, j'ai hâte de lire les prochains opus que je vais dénicher.
C'est un album surprenant à plus d'un titre. S'inscrivant dans la belle collection "Porn'Pop" de Glénat , la couverture intrigue de prime abord, avec cette image presque subliminale en double fond. Et puis, le scénario est d'une originalité désarmante. En mettant en scène, deux femmes au caractère diamétralement opposé (une Charlie à la recherche du prince charmant, et une Mélina qui enchaine les coups d'un soir voire les coïts plus que furtifs), les auteurs nous entrainent dans une aventure qui dépasse les simples BD de cul auxquelles nous sommes habitués. Car, il faut l'avouer, même si les scènes de sexe sont, sans jeu de mots, assez crues dans cet album, le récit repose sur un postulat qui nous fait relire l'histoire sous un autre angle, une fois l'histoire finie. C'est très osé, très fort voire très dérangeant mais les auteurs exploitent à fond les phantasmes et perversions auxquelles je ne pensais même pas ! J'avais découvert il y a quelques dizaines années Grégory Mardon, avec Madame désire ?, et je trouve que son trait, loin du dessin réaliste, s’accommode parfaitement avec le scénario. Malgré une pagination assez importante (110 pages), j'ai littéralement dévoré (sic!) cette bande dessinée à réserver à un public très très averti !
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