Petar & Liza
Les déambulations d'un jeune paumé de retour du service militaire dans la Croatie des années 80.
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide [EX] Yougoslavie
A l’armée, Petar écrivait les lettres d’amour de ses compagnons de chambrée. Ensuite, c’est la vie de bohème dans les rues et les squats jusqu’à ce qu’il rencontre Liza. Commence alors une lumineuse idylle entre le poète vagabond et la jeune danseuse. Mais les démons de Petar ne le laisseront pas tranquille longtemps et Liza devra l’abandonner à son triste sort...
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Date de parution | 16 Février 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai apprécié le graphisme de cet album. Il est dans un style que je qualifierais de réalisme naïf, avec des couleurs contrastées et une foule de détails. C'est un dessin séduisant, original et parfois même légèrement amusant. Et l'auteur est généreux car il offre aux lecteurs de belles grandes planches très travaillées et souvent esthétiques. Dommage du coup que l'histoire de cette BD m'ait profondément ennuyé. Même s'il ne le dit jamais, le récit se déroule visiblement en Croatie quelque part entre les années 80 et le début des années 2000. On y suit Petar, un paumé poète qui ne sait pas quoi faire de sa vie et qui traine sa carcasse sans but réel jusqu'à enfin rencontrer l'amour de sa vie avec qui il va vivre quelques temps avant que leur amour ne s'étiole et qu'il s'enfonce un peu plus dans son mutisme et sa mélancolie silencieuse. La narration alterne des planches majoritairement muettes avec d'autres à la narration provenant de quelques témoins invisibles ou d'extraits des monologues poétiques du héros. Ce n'est pas un récit qui se livre facilement au lecteur, il joue la carte du cinéma d'art et d'essai. J'ai attendu de nombreuses pages qu'une véritable intrigue se mette en place, autre chose que les errements moroses du héros, mais hormis une brève lueur d'optimisme lors du temps qu'il passe avec Liza, tout reste terne et barbant. Je ne suis allé jusqu'au bout de l'album que pour continuer à apprécier le dessin de ses planches, mais je l'ai refermé avec un vrai sentiment de déception et d'ennui.
Miroslav Sekulic-Struja a réalisé quelques années auparavant ce diptyque détonnant et sombre qu'est Pelote dans la fumée, injustement ignoré du grand public, et puis plus rien. Nous étions alors en 2013. Neuf ans, rendez-vous compte ! Entre temps, l'homme semble s'être consacré à sa carrière de peintre, délaissant temporairement le 9eme art. Il revient avec ce pavé réjouissant (et un peu moins sombre). D'abord, son dessin est encore meilleur. Le contraire eut été étonnant. Dans ce nouveau livre, l'essentiel est conservé, c'est à dire ce qui confère toute l'originalité à son œuvre. En effet, les personnages lunaires envahissent le récit, et le lecteur demeure dans un état de veille surréaliste, oscillant entre songe poisseux et doux cauchemar, si l'on peut dire, traversant des moment de pure rêverie. Parce que ce n'est pas exactement cauchemardesque, ou alors, un cauchemardesque poétique. Miroslav crée un vocabulaire imagé vraiment original qu'il est difficile de définir, comme si la violence de cette société post-moderniste qu'il dépeint lui était inhérente, mais que ses personnages débordant d'une grande tendresse l'évacuaient, refusant sa dictature. D'où, peut-être, cette impression étrange de naviguer parmi une foule de portraits déglingués et d'êtres qui se cherchent tout comme ils cherchent un endroit où vivre pleinement leur bohème, les entraînant inévitablement aux marges. Ainsi, ce sont deux mondes qui se côtoient : celui de cette réalité sordide imposée par les valeurs matérialistes bourgeoise, et à laquelle il est décidemment bien difficile d'échapper, et celui des aspirations à la liberté de tous les rêveurs du monde, dont la plupart constituent les hordes de sacrifiés peuplant les faubourgs oubliés de l'économie de marché, ceux que la bien-pensance nomme pudiquement "les marginaux". On constate également au fil des pages que les ciels sont davantage travaillés, que les couleurs sont moins ternes, que les expressions des personnages sont mieux fixées. La mise en case varie un brin avec de grandes pages muettes et pleines ou des gaufriers irréguliers aux mouvements décomposés, ce qui renforce encore cette impression de fourmillement. Chaque case se savoure et nécessite d'être apprivoiser. C'est un plaisir pour les yeux, ce que j'attends avant tout d'une bonne bande dessinée. Voilà bien une œuvre réellement atypique dans le paysage ! Objet pictural autant que bande dessinée, Petar & Liza est une immersion totale chez les paumés de l'ex-Yougoslavie, les punks, les révoltés, les invisibles, les cabossés de tous poils. Les dessins, pour ne pas dire les peintures, vous gobent tout entier. A mi-chemin entre les tableaux de Bruegel qui fourmillent de détails et ceux du Douanier Rousseau et leur style naïf, Petar & Liza est une ode à la vie, avec ses inévitables malheurs. A quelques jours des élections, moi je mets mon billet à Miroslav Sekulic-Struja pour le prochain Fauve d'or...
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