Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série (Did You Hear What Eddie Gein Done?)

Note: 3.91/5
(3.91/5 pour 11 avis)

Il a inspiré de nombreux personnages de cinéma comme Norman Bates dans Psychose. Harold Schechter et Eric Powell nous proposent cette BioBD d'Ed Gein, l'un des plus terrifiants tueurs en série américains.


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Ce récit révèle la véritable histoire d'un malade mental sous l'emprise d'une mère bigote et abusive. Cette biographie factuelle d'Ed Gein se focalise sur son enfance et sa vie de famille malheureuses, et sur la façon dont elles ont façonné sa psyché. Il explore aussi le choc collectif qui entoura l'affaire et la prise de conscience que les tueurs peuvent être des citoyens ordinaires. Texte : Editeur.

Scénario
Dessin
Couleurs
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 13 Avril 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Ed Gein - Autopsie d'un tueur en série © Delcourt 2022
Les notes
Note: 3.91/5
(3.91/5 pour 11 avis)
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06/04/2022 | Alix
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Par Présence
Note: 5/5 Coups de coeur du moment
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Inimaginable - Ce tome relate la vie d’Edward Gein (1906-1924) en bande dessinée. La première édition VO date de 2021. Elle a été réalisée par Harold Schechter pour le scénario, et par Eric Powell pour les dessins et les couleurs. C’est un récit en noir & blanc avec des nuances de gris, qui comportent un peu plus de deux cents pages. Il se termine avec deux pages précisant la source de certains faits, un premier appendice constitué d’une interview de George Arndt, et d’une deuxième constitué d’une interview d’Irene Hill Bailey. Le scénariste est un écrivain qui avait déjà consacré un ouvrage à ce tueur en série, au début de sa carrière : Deviant: The True Story of Ed Gein, the Original Psycho, paru en 1998. Basé sur une histoire vraie. On ne peut pas appliquer des critères de moralité à un fou. Le 16 juin 1960, sort le nouveau film du réalisateur Alfred Hitchcock. Après La mort aux trousses, il a fait le pari d’adapter un court roman de Robert Bloch : Psychose, paru en 1959. Le sujet était tellement violent que les studios Paramount ont refusé de la financer et que le réalisateur a dû le financer sur ses fonds propres. Il avait également interdit l’accès aux salles de projections, aux retardataires, et enjoint aux spectateurs de ne pas révéler la fin. Interrogé, il se défendait que son film soit à l’origine de meurtres sur des femmes, car il fallait le regarder avec une touche d’humour, en tout cas il lui en avait fallu pour le faire. Il ajoutait qu’il savait que l’histoire avait été écrite à partir d’un fait réel survenu dans le Wisconsin. Dans le cimetière de Plainfield, situé dans cet état, en 1957, l’équipe du coroner se livre à la tâche peu enviable de rouvrir un cercueil, après avoir établi un cordon de police pour empêcher les curieux et les journalistes d’approcher. Ils répriment un frisson de dégout en découvrant que le cercueil ne contient plus qu’un pied de biche usagé. Mauvais départ : la mère d’Ed lui promet qu’il ne deviendra pas comme les autres hommes, et Dieu lui en est témoin, elle s’en assurera. À la Crosse, dans le Wisconsin en 1904, Augusta Wilhelmine est agenouillée et prie le Seigneur pour son enfant à venir soit une fille. Elle fait l’effort de s’avilir pour se coucher avec son pari George, un bon à rien, et elle se sent trop seule. Elle souhaite avoir une fille pour pouvoir l’élever dans la Foi. Le vingt-sept août 1904, elle accouche d’Edward Theodore Gein. Elle indique à la sage-femme que ce n’est pas la peine d’aller le présenter à son père qui ne saurait pas comment réagir. Elle fait la promesse solennelle de l’élever dans le respect de la parole de Dieu, afin qu’il ne devienne pas un pécheur comme tous les autres hommes. Il a un frère plus âgé : Henry, né en 1901. Dans un premier temps, le couple Gein s’installe dans la petite ville de La Crosse, et parvient à acheter une petite épicerie, qui est mise au nom d’Augusta. Sa façon de juger ses clientes ne va pas dans le sens commerçant. Son époux passe le balai et s’occupe des tâches manuelles, tout en se réconfortant régulièrement avec une lampée d’alcool. L’exercice de la biographie en bande dessinée, n’est pas un exercice facile : doser une reconstruction pas trop académique, mais pas trop dans l’invention, et effectuer une reconstitution historique, exacte, sans qu’elle ne prenne le pas sur la vie de l’individu passé à la postérité. Pour ouvrir leur récit, les auteurs contextualisent la notoriété de ce tueur : il a inspiré, par un roman interposé, le personnage de Norman Bates dans Psychose, film qui a prouvé qu’une histoire consacrée à un assassin dérangé pouvait faire un carton. Dans ces trois pages d’ouverture, le lecteur relève la première avec une reproduction fidèle et précise de la façade du cinéma Demille à New York, à la première dudit film. Savant dosage entre la précision descriptive des traits et l’ambiance apportée par les nuances de gris. La seconde page comporte trois cases, avec un texte assez fourni. Et la troisième est constituée de cinq cases, chacune étant un gros plan sur le bas du visage d’Alfred Hitchcock, de son col de chemise à son cou, les phylactères reprenant ses réponses à un journaliste sur le mauvais exemple que constitue un film et les critiques négatives, réponses très savoureuses. Une façon assez élégante de le mettre en scène en focalisant l’attention du lecteur sur ce qu’il dit, avec ce bas de visage aisément reconnaissable, plutôt que sur son apparence médiatique célèbre au point d’une faire une icône. Deuxième scène introductive trois ans avant lors de l’enquête policière après l’arrestation du tueur. Puis passage au deuxième chapitre en reprenant les choses au début, c’est-à-dire la présentation de la famille Gein et la naissance du benjamin Edward. L’ouvrage se compose de neuf chapitres, avec un prologue et un épilogue. Une fois passé le prologue, ils suivent un ordre chronologique. Dans le premier appendice, le scénariste apporte une précision d’un élément qu’il a modifié pour une raison de dramaturgie, et il indique que le reporter a été créé pour donner un point de focalisation dans la narration. Pour le reste, il s’agit d’un ouvrage basé sur des recherches rigoureuses, indiquant quand il existe plusieurs versions d’un même fait (les causes du décès du frère aîné Henry) ou quand les déclarations d’Ed Gein sont sujettes à caution. Il n’y a pas de volonté de dramatisation pour rendre le criminel plus abject, ou les crimes plus sensationnalistes. Le scénariste s’appuie sur les témoignages d’époque, les archives d’interrogatoire et de procès, les nombreuses déclarations du tueur lui-même, parfois contradictoires entre elles. Les images ne viennent pas démentir ou confirmer des hypothèses, elles participent à rendre compte de cet état de fait. Par la force des choses, il y a beaucoup de gens en train de parler, à la police, au reporter, aux enquêteurs, au juge. L’artiste utilise alors des cadrages allant du plan taille au gros plan. Il a un don pour croquer une gueule avec une émotion ou un état d’esprit. Il évite de forcer le trait pour tomber dans la caricature, tout en insufflant une vraie personnalité à chacun. D’un point de vue purement de narration visuelle, ces cases de têtes en train de parler peuvent induire une forme de pauvreté graphique malgré la qualité des portraits. Cependant, ils correspondent à la situation dans laquelle ces témoignages ont été recueillis. Enfin ce type de plan correspond à moins de vingt pourcents de la pagination. D’un côté, il est vrai que le scénariste a beaucoup d’informations à intégrer à cette reconstitution. De l’autre côté, la narration visuelle donne vie aux individus impliqués, montrent les lieux. Elle place le lecteur aux côtés des policiers qui pénètrent pour la première fois dans la maison du tueur, puis aux côtés d’Ed Gein lorsqu’il donne sa version des faits, pour une reconstitution. Comme le scénariste, le dessinateur ne se complaît pas dans le gore ou dans les détails voyeuristes. Toutefois, il montre ce qui relève des aspects barbares des trophées conservés par cet homme jugé fou. Il ne s’applique pas à transcrire la texture de la peau pour l’abat-jour, mais il représente la ceinture faite de tétons. Le lecteur peut ainsi se projeter dans cette ferme éloignée de la petite ville, participer à une partie de pêche et accrocher son hameçon, aider les voisins pour des petites choses, pleurer sur une tombe à minuit, découvrir les objets macabres et monstrueux dans la maison des Gein, etc. Il se rend compte que les moments les plus monstrueux ne sont pas forcément les actes de barbarie, peu représentés, mais l’expression d’émotions contre nature, comme lorsque le fils aide la mère à s’habiller, ou qu’il se met à saliver devant des photographies de sévices physiques. Au fur et à mesure, se pose la question de fond : Ed Gein était-il fou ? Cela le rendait-il irresponsable de ses actes ? Dans les deux premiers tiers, l’auteur s’en tient aux faits, indiquant quand un doute plane sur l’un d’eux. Il a choisi une interprétation de la personnalité de Augusta Wilhelmine : lui et Powell mettent en scène son autorité et sa ferveur religieuse, ainsi que la faiblesse de caractère de son époux. Au fur et à mesure, il apparaît qu’ils développent une interprétation psychanalytique tranchée. Comme tout être humain, Ed Gein est le fruit de son éducation, des personnes qui l’ont élevé, des adultes qui lui ont servi de modèle, de milieu socio-économique et culturel dans lequel il a grandi. Ils établissent des liens directs de cause à effet, entre certains événements de sa vie, et certains actes qu’il a commis. Le lecteur peut trouver ça évident, ou estimer que la réalité est forcément plus compliquée que ça, que les processus psychiques ne peuvent pas être aussi simples. Dans le même temps, ils ne décrivent pas le mécanisme qui a conduit cet homme à transgresser des tabous au cœur de chaque société humaine. Il y a des conditions qui sont réunies pour que sa façon d’interpréter la réalité soit faussée et orienté, pour qu’il sache comment tanner et conserver une peau, pour se montrer rusé et prudent, pour concevoir des envies monstrueuses. Mais il n'y a pas d’explication du passage à l’acte. Il y a une pulsion irrépressible que Ed Gein ne sait pas gérer autrement que par s’y adonner. Raconter la vie d’un tueur immonde sous la forme d’une bande dessinée : un pari très risqué car ce média peut s’avérer très littéral dans sa manière de raconter, très descriptif au point de sous-entendre que les faits se sont bien passés comme ils sont dessinés qu’ils sont réductibles à ce qui est montré. Un amateur de bande dessinée peut trouver certains passages un peu lourds en texte, ou statiques en termes de mise en scène. Dans le même temps, il est rapidement impressionné par la capacité de l’artiste à insuffler de la vie dans chaque personnage, sans les caricaturer, à reconstituer une époque et un environnement, dans un savant équilibre évitant la description figée, et l’évocation sans substance. Même s’il n’est pas entièrement convaincu par la façon de d’expliquer une partie des pulsions de Ed Gein, le lecteur est vite fasciné par la reconstitution de sa vie, par l’horreur de ce que découvrent les enquêteurs, par la question insoluble de la santé mentale de cet individu. Il en ressort à la fois écœuré par la nature des meurtres et la confection d’objets macabres, et très déstabilisé par le questionnement sur la responsabilité de cet individu.

09/02/2025 (modifier)
L'avatar du posteur Mac Arthur

S’il me faut faire un reproche à cet album, c’est au niveau du dessin. En effet, je trouve que Eric Powell dessine très mal les enfants. Ceux-ci se retrouvent affublés de têtes de vieillards. Voilà… c’est tout pour les reproches. Le reste est juste excellent. Le travail de reconstitution dégage une impression de sérieux mais aussi un sentiment de neutralité qui l’empêche de sombrer dans le sensationnalisme sans occulter le caractère sordide de l‘affaire. Resituer l’affaire dans son époque permet de mieux comprendre son impact sur la culture américaine. Le découpage en courts chapitres ne donne qu’une envie : lire le suivant. Malgré sa forme de documentaire, le récit est dynamique et prenant. A titre personnel, j’avais une vision d’Ed Gein principalement forgée par sa réinterprétation sous les traits de Norman Bates. J’ai donc appris plusieurs choses même si je n’ai pas été surpris par la majeure partie de ces révélations. Ce genre de personnage intrigue, dégoûte et fascine à la fois et le talent des auteurs est de faire coexister ces différents sentiments au travers d’une analyse à la fois clinique et humaine des faits. Franchement, dans le domaine des biographies de serial killers en bd, cet album est sans doute ce que j’ai lu de mieux.

25/11/2024 (modifier)
L'avatar du posteur Noirdésir

Flippant ! Et frappant. Un type qui fait froid dans le dos ce Gein. Un gros détraqué. Je ne connaissais pas cette histoire, et ne savais pas qu’elle était à l‘origine du roman et du film « Psychose » - entre autres. L’album reprend toutes les informations disponibles, les auteurs se sont bien documentés. Mais il n’est jamais lourd ou rébarbatif, au contraire, la lecture est fluide, y compris lorsque les détails malsains s’accumulent. La bonne idée est de commencer par la jeunesse et la genèse du « monstre », et surtout de longuement insister sur la mère, monstre froid, castratrice, d’une rigidité et d’un manque d’empathie total : là se trouve l’explication au cas Ed Gein. La suite est alors très claire. La forme et le fond de ce documentaire sont vraiment bien fichus, le dessin est très lisible, la mise en pages aérée : sur les tréfonds de l’âme humaine, c’est une lecture recommandable.

29/06/2024 (modifier)
Par Emka
Note: 4/5
L'avatar du posteur Emka

Voilà une surprise recommandée par mon libraire il y a quelques temps. “Ed Gein” raconte l’histoire vraie d’Edward Theodore Gein, un tueur en série qui a passionné l’Amérique des années 1950. La BD explore sa vie depuis son enfance difficile jusqu’à ses crimes macabres qui ont choqué le pays. Plonger dans la vie de ce tueur en série, c’est comme entrer dans un cauchemar éveillé. Le dessin par Eric Powell est tout simplement bluffant. Chaque page, chaque illustration, transpire le malaise et la folie. Les traits sont précis, les ombres bien utilisées, rendant l’atmosphère pesante et oppressante à souhait. Ce qui frappe le plus, c’est la manière dont Harold Schechter explore l’enfance de Gein. On ne naît pas monstre, on le devient, et cette BD le montre bien. On est plongé dans le quotidien d’un gamin affreusement seul, sous l’emprise d’une mère tyrannique. On comprend mieux comment il a pu vriller aussi gravement. Ce mec est seul, désespérément seul, et c’est glaçant. Pas de dichotomie simpliste ici. Oui, Gein est taré, mais ça ne sort pas de nulle part. C’est un mélange de solitude, d’endoctrinement maternel et de folie latente qui explose. Cette BD est utile, car elle va au-delà des faits divers sensationnels pour chercher les racines du mal. En résumé, “Ed Gein” par Harold Schechter et Eric Powell est une BD sombre, intense, et incroyablement bien dessinée. C’est une plongée dans les ténèbres de l’âme humaine, à lire absolument si vous avez le cœur bien accroché.

24/06/2024 (modifier)
Par Cleck
Note: 3/5
L'avatar du posteur Cleck

BD retraçant sur la vie d'un tueur en série, et l'influence de ses actes sur la culture américaine. La BD, tout comme A Short Story, se propose de décrire les événements en assumant la part d'ombre qui demeure aujourd'hui, invitant le lecteur à envisager les doutes, interrogations, hypothèses encore en suspens, notamment via les personnages des journalistes. L'inconvénient de ces BD descriptives est souvent de retranscrire froidement, au mieux rigoureusement, une vérité ; celle-ci n'échappe en rien à ce défaut coutumier. S'y ajoute le projet ici inachevé de dépasser le fait divers pour évoquer son influence sur la culture contemporaine, via Alfred Hitchcock et Psychose notamment. C'est très maladroitement réalisé ici : une introduction purement descriptive, une conclusion qui l'est tout autant, rien entre ces deux pans et aucun dépassement des faits narrés. Demeure une BD de plutôt bonne facture, noire, non fastidieuse à lire. Mais ni enthousiasmante, ni vertigineuse.

12/09/2023 (modifier)
L'avatar du posteur Triskeriaki

Plus de deux cent pages racontent l'histoire d'Ed Gein avec un parti pris très proche du réel. Je pensais qu'il était un énième tueur en série avant de comprendre qu'il a eu un fort impact culturel. Son histoire a inspiré le livre Psychose, ensuite adapté par Hitchcock au cinéma. Ed Gein a indirectement contribué au développement de la psychanalyse, en particulier la relation entre l'enfance perturbée et la criminalité. Le sujet ne m'a pas intéressé plus que ça, mais je reconnais la qualité du travail approfondi. C'est éprouvant à lire, mais uniquement à cause du sujet sensible. Les auteurs ont fait un effort particulier pour atténuer certaines scènes qui restent dans le suggéré. La fluidité, elle, est irréprochable. J'ai été attiré par le style en niveaux de gris et les bulles particulièrement esthétiques, c'est rare d'avoir une police de caractères aussi lisible. La mise en contexte envoie quelques pavés de texte au lecteur, mais ça se calme assez vite. Parmi les idées de mise en scène, une double page contenant des dizaines de fois la même case montre la rigidité robotique d'Ed Gein lors d'une séance d'interrogatoire, en déni total de ses meurtres. Il feint de ne pas comprendre, il plaide la folie, ou tente l'amnésie, bref, il a raté sa demande de libération de psychiatrie. Cette Autopsie d'un tueur en série se termine par quelques interviews des auteurs qui viennent rajouter des précisions. Seul point noir pour moi, on apprend qu'un personnage a été créé pour porter le discours d'une théorie des auteurs : Ed Gein aurait été manipulé par un dieu Aztèque qui demande des sacrifices. Je trouve ça totalement déplacé d'intégrer des idées farfelues de mémoire ancestrale dans un cadre d'enquête criminelle. D'autant plus que le ton était objectif jusque-là. Malgré tout je recommande pour tous ceux que la criminologie intéresse. PS: Le sujet a déjà été traité en 2009 chez Soleil, mais a moins bonne réputation que le travail de Schechter et Powell.

02/02/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur Gaston

Encore un excellent album que m'a fait découvrir ce merveilleux site ! Je suis amateur de récits de type 'true crime' alors il fallait absolument que je lise cette biographie d'Ed Gein. Je connaissais déjà les grandes lignes de la vie de Gein, le premier tueur en série américain qui a marqué l'imaginaire des États-Unis du 20ème siècle (avant il y avait eu au siècle précédent H. H. Holmes et son hôtel) et qui a inspiré plusieurs œuvres de fiction. On va donc suivre Gein de son enfance jusqu'à sa mort. C'est du travail bien fait, les auteurs montrent comment une enfance difficile a pu transformer Gein en nécrophile dangereux. J'aime bien comment ils ne font que montrer les faits sans prendre de jugement moral ou tomber dans du voyeurisme grossier. Ah oui aussi les crimes sont vraiment dégueulasses et il faut pas avoir le cœur léger lorsqu'on lit cet album. La narration est fluide, ce qui fait que ce gros album se lit sans problème. J'ai adoré le dessin. C'est dans un style réaliste, mais avec un coté un peu caricatural qui rappelle les dessinateurs de la grande époque d'EC comics (et dont les auteurs sont fans comme le montrent leurs notes à la fin de l'album). J'aime bien, je trouve ça mieux que le style hyperréaliste et froid qu'on voit dans plein de comics modernes.

31/01/2023 (modifier)
Par grogro
Note: 4/5
L'avatar du posteur grogro

Avec les histoires sordides telles que les crimes de tueurs en série, c'est toujours un sentiment contradictoire d'attraction/répulsion qui m'anime. Attraction parce qu'évidemment ce sont des histoires qui génèrent un flot de questionnements. Comment est-ce possible ? sont-ce des monstres ? Comment en sont-ils arrivés à commettre des crimes atroces ?... Et répulsion parce que je n'aime pas les scènes glauques. Si j'ai connu ma période à l'adolescence, je ne pourrais plus aujourd'hui voir des trucs comme Vendredi 13 ou Halloween. C'est donc par les critiques aperçues à droite à gauche, et aussi par obligation professionnelle (tu parles d'un boulot :) !), que j'ai abordé cette BD. J'avais dans la tête l'idée d'abandonner ma lecture sitôt que les choses se corseraient, mais je dois bien avoué avoir été littéralement happé par cette lecture. Il se trouve que les auteurs ont trouvé le ton qu'il fallait. D'abord en restituant l'ambiance un peu surannée des fifties. En effet, on retrouve un parfum hitchcockien tout au long du récit (et on comprend pourquoi quand on sait que le personnage d'Ed Gein a inspiré celui de Norman Bates). Le noir et blanc "adoucit" un peu l'horreur. Ensuite, les auteurs ont le bon goût de ne pas sombrer dans le voyeurisme. Il s'agit ici de centrer le propos autour de la personnalité même du tueur, d'en explorer chaque recoin. C'est une véritable enquête, basée sur les faits. La part des choses y est faite entre la vérité établie et la légende née du besoin de sensationnalisme. Tout est remis à sa juste place. Ed Gein n'est pas jugé dans ce qui aurait pu être un second procès un peu facile, soixante ans après les faits. De plus, en tant que lecteur, on comprend que replacée dans son contexte, cette histoire a engendré un mythe, un archétype, et les auteurs suggèrent que la naissance même d'un genre nouveau a été engendrée par l'affaire Ed Gein : Psychose, Silence des agneaux bien entendu, mais on pourrait y ajouter des exemples sans fin issus de la culture populaire, que ce soit au cinéma ou dans la littérature. Un bon récit au dessin agréable, comparable à bien des égards à l'Homme qui tua Chris Kyle de Brüno et Nury. Ed Gein n'est ni une vulgaire peccadille de genre de plus, ni un défouloir voyeuriste.

15/01/2023 (MAJ le 21/01/2023) (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
L'avatar du posteur Cacal69

Je ne connaissais rien de Ed Gein avant ma lecture et j'en ressors groggy. On va suivre son parcours, de son enfance à son procès. Harold Schechter, spécialiste des tueurs en série, a fait un travail de fourmi pour recouper les articles de presse, les diverses archives, les témoignages et les rapports psychiatriques, pour pénétrer sa psyché tourmentée. Et le résultat est stupéfiant. Une lecture dure, âpre avec des passages insoutenables, pas visuellement mais dans les mots. On ne naît pas sérial killer, on le devient et dans le cas de Ed, c'est le terreau familial avec un père alcoolique et surtout une mère qui baigne dans la religion qui feront de lui un détraqué. J'ai été happé dès les premières planches, je me suis attaché à ce jeune enfant qui ne voulait rien d'autre que d'être comme tout le monde, avant de le voir doucement mais sûrement basculer dans la folie. Un récit sans concession, fort et irrespirable. Éric Powell a choisi toutes les nuances de gris pour la partie graphique et cela convient parfaitement à ce type d'histoire, rien de tel pour nous plonger dans le Wisconsin des années 50/60. Un trait puissant où les expressions des personnages sont le point fort. Ed Gein aura marqué au fer rouge une Amérique qui découvre que l'ennemi peut être aussi en son sein. Pour lecteurs avertis.

16/05/2022 (modifier)
Par PAco
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
L'avatar du posteur PAco

Bammmm ! Ça calme ça comme album !!!! Harold Schechter nous raconte l'hallucinante vie de ce terrible tueur en série qui inspira le roman psychose et son adaptation au cinéma par Hitchcock avec le talentueux dessinateur Eric Powell (The Goon, Hillbilly ou encore Big Man Plans). J'avoue que je ne connaissais pas du tout l'histoire de ce tueur en série et que je me suis fait captiver et pleinement surprendre par ce récit. Les auteurs ont l'excellente idée de recontextualiser l'horreur en nous racontant l'enfance et le cadre familial dans lequel Ed Gein a grandit. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il n'a pas été aidé de ce côté là, entre un père feignant, alcoolique et violent et une mère bigote et autoritaire. C'est pourtant cette dernière qui restera toute sa vie son phare et sa raison de vivre... puis sa raison de tuer... Timide, un peu simple et pas très dégourdi, Ed va survivre tant bien que mal dans ce Wisconsin profond des années 50'. La mort de sa mère va achever de le faire basculer dans la folie profonde et lui faire commettre les pires atrocités imaginables. Comme les policiers qui débarquent chez lui après la disparition de deux femmes dans son village, on tombe littéralement sur le cul quand les macabres découvertes qu'ils vont faire nous pètent à la gueule. Et c'est ce qui va marquer un pays entier au travers de cette histoire, c'est de réaliser que le danger et l'horreur ne viennent pas forcément de l'autre bout du monde ou de l'espace mais qu'il peut être tapi en son sein, juste à côté de chez soi. Eric Powell fait des merveilles en usant d'une colorisation toute en nuances de gris qui met pleinement en valeur son trait très expressif, surtout quand il s'agit des visages de ses personnages. Voilà un album des plus réussi sur un personnage hallucinant qui aura marqué de lugubre façon l'humanité.

16/04/2022 (modifier)