Moon

Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)

Un récit d’une grande justesse et aux dialogues percutants sur l’adolescence ou comment faire face à l’autre, dans le jeu du paraître et le besoin de lien social


Adolescence École européenne supérieure de l'image Les Réseaux sociaux Occitanie

L’histoire se passe dans un village en bord de Méditerranée. Les estivants ont déserté les plages et hors-saison, chacun tue le temps comme il peut en attendant le mois de juillet. C’est au cœur de ce quotidien où l’ennui n’est jamais loin que vivent Gabriel, surnommé Cosmos car il semble venir d’une autre galaxie, et Luna, la fille populaire, redoutée et admirée sur les réseaux sociaux. Le jour où la foudre s’abat sur l’antenne-relais de la station balnéaire : Internet, téléphonie, radio, TV… toute communication est coupée. Obligés de faire bouger les lignes qui régissaient jusqu’ici la cour du collège ils vont apprendre dans ces conditions à réinventer leur quotidien 2.0. Pour peut-être découvrir, qu’au final, ce n’est pas si nul…

Scénario
Dessin
Couleurs
Editeur
Genre / Public / Type
Date de parution 23 Mars 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Moon © Rue de Sèvres 2022
Les notes
Note: 3.5/5
(3.5/5 pour 6 avis)
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01/04/2022 | pol
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L'avatar du posteur Noirdésir

Si le dessin n’entrave pas la lecture et reste fluide, je l’ai trouvé moins à mon goût que sur d’autres séries de Pomès. Un trait un peu gras, avec des personnages et des décors pas trop fouillés ou précis (mais j’admets que j’ai finalement trouvé ce dessin raccord avec l’histoire, et pas si désagréable que ça). Le début de l’histoire n’augurait pas non plus quelque chose d’intéressant. Pomès centre son histoire sur des collégiens, leur langage, leur addiction aux smartphones et aux réseaux sociaux, aux « like », etc. C’est plutôt bien observé et rendu, mais c’était un peu lourdingue au bout d’un moment, en tout cas j’avais l’impression que l’histoire n’avançait pas. Et puis – même s’il faut accepter ça sans trop réfléchir – les réseaux de portables sont coupés pour plusieurs jours. Le drame donc pour tous ces jeunes, mais une bonne relance pour l’histoire. Au final, on a une histoire qui traite de sujets assez classiques, autour de l’adolescence, et le fait plutôt bien, sans être trop originale non plus. Une lecture sympathique, mais qui m’a un peu laissé sur ma faim.

28/03/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 3/5
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Une bande dessinée montrant la vie quotidienne de la jeunesse actuelle dans une ville qui ne vit que durant les vacances estivales. J'avoue que durant un bon moment j'avais peur de finir par m'ennuyer. C'est pas que le scénario était mauvais, mais j'avais l'impression de lire une énième chronique sociale sur les adolescents, avec les mêmes personnages et situations qu'on retrouve dans ce genre de récit (la fille mal dans sa peau, les délinquants, les parents qui s'engueulent avec leurs ados....). Le coup de génie est qu'au milieu de l'album il y a une panne de réseau pour plusieurs jours et du coup les ados se retrouvent dans un monde sans technologie ! J'avoue que cela m'a rendu un peu nostalgique, étant né dans une génération (le début des années 90) qui a vraiment vu l'arrivée des ordinateurs dans notre quotidien. En tout cas, moi je n'ai pas eu l'ordinateur avant d'avoir environ 10 ans et il a fallu encore 2-3 ans pour que mes parents s'abonnent à internet et la plupart de mes copains n'avaient pas d'ordinateurs à la maison eux aussi. C'est vraiment un truc qui s'est généralisé dans les années 2000, du moins dans mon coin. J'ai donc passé une bonne partie de mon enfance sans ordi (enfin j'avais quand même un game boy !) et évidemment le téléphone cellulaire servait uniquement à téléphoner et il y avait que ma mère qui en avait un. Donc voir ces ados découvrir un monde sans les technologiques et faire des trucs que moi et mes copains on faisait pour tuer l'ennui, cela m'a bien fait sourire. Donc voilà après une première partie qui ne m'a pas trop captivé, j'ai bien aimé la deuxième moitié de l'album et certains passages sont émouvants. Une bonne chronique sociale bien sympathique.

21/07/2022 (modifier)
Par Spooky
Note: 4/5
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Un bien bel album que voilà... J'avoue, je ne l'ai pas vu venir, malgré la très belle couverture qui m'a rappelé un peu Où le regard ne porte pas.... Pour en revenir à l'intérieur, j'ai trouvé que la chronique adolescente, argument facial de l'album, est plutôt réussie : on a la vie dans un collège de province, avec des gamins qui ne pensent qu'à leur vie virtuelle, passent tout leur temps libre sur les écrans de leurs téléphones, devenant peu à peu des fantômes à eux-mêmes et à leurs proches. Le langage, le ton, les rapports entre les ados sonnent toujours juste. L'argument suivant c'est la vie désespérément vide, en apparence, de ce petit coin de France, blindé de touristes l'été, et mort hors saison. Les silences, les doubles pages de paysage contribuent à cette impression de calme absolu ou presque. Le récit se focalise sur Luna, puis sur Cosmos (marrant ce prénom et ce surnom qui appartiennent au même champ sémantique), deux enfants vivant dans un malaise constant, et qui ont du mal à communiquer, à communiquer vraiment... Comme l'a indiqué pol dans son avis, le twist qui va radicalement changer la situation, au moins temporairement, arrive un peu tard dans le cheminement de l'histoire, mais je pense qu'au contraire c'est pour Cyrille Pomès pour mieux surprendre son lectorat. On pensait être englué(e) dans une chronique sociale un rien mièvre, et tout d'un coup l'histoire nous réveille, et nous amène à un état de grâce final, une séquence absolument émouvante qui vaut, à elle seule, la lecture de l'album. Pomès a un style graphique très particulier, avec des personnages aux aspects un brin irréguliers, je pense que là encore c'est voulu, l'adolescence étant un état ou rien n'est stable, on a une vision de la façon dont ils se perçoivent et perçoivent leur entourage. Cela donne une atmosphère très particulière à l'ensemble, que je recommande chaleureusement.

11/06/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5
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Un village balnéaire, de nos jours, au bord de la Méditerranée… Quand les vacances se terminent et que flot des touristes se retire, l’ambiance devient lugubre. Pour la jeunesse, qui s’ennuie ferme, toute la vie tourne autour de « Snoop », l’arène sans pitié des réseaux sociaux. Et gare aux boloss qui ne seraient pas à la hauteur, le pire châtiment étant de se retrouver filmé à son insu par un poucave dont l’objectif est d’exploser le nombre de vues, peu importe les conséquences pour la victime ! Pour Gabriel, le seul de sa classe à ne pas avoir de portable, c’est la loose totale. Timide et solitaire, cible des quolibets, le jeune garçon passe son temps libre à récupérer les canards en plastique échoués sur la plage. Quant à Luna, la pin-up du collège, maltraité par son père, tiraillée entre son besoin d’amour et de s’exhiber en tenue légère sur sa page Snoop, elle ne brille qu’en étant le centre de toutes les attentions. Deux personnages que tout semble opposer, et pourtant… si l’un porte le nom d’un astre et l’autre d’un ange, les lois de l’attraction vont jouer à plein. Rarement une bande dessinée n’aura aussi bien décrit la jeunesse actuelle, cette jeunesse « née avec une souris dans les mains » et biberonnée aux écrans tactiles. Mais ici, point de critique désabusée d’un système où les humains seraient asservis par la high-tech, non. D’autant que les adultes, même ceux nés avant le bond technologique des années 90, ont eux-mêmes succombé aux halos hypnotiques de l’univers connecté. Bref, Cyrille Pomès ne la juge pas, cette jeunesse un peu vaine et immature, obsédée par le nombre de likes sur ses posts et prête à hurler avec la meute des réseaux pour ridiculiser un camarade pas dans la norme, il se contente de raconter une histoire très actuelle, une histoire racontant notre monde tel qu’il apparaît dans ces années 2020. Par contraste avec un univers technologique où la communication passe par le smartphone, le théâtre de l’action se situe dans un environnement physique particulier : celui d’une petite station balnéaire hors saison, « un village de zombies » où la vie semble s’être arrêtée quand les vacanciers « tartinés de crème solaire trop chère » ont déserté les lieux. En établissant un parallèle avec le mythe de l’Atlantide dans son introduction, l’auteur réussit à insuffler d’emblée de la magie dans le récit. Reste à savoir quelle sera la punition pour les habitants du village, et si elle sera aussi tragique que celle subie par les Atlantes… On apprécie le dessin souple et ondulant, avec ces silhouettes étirées par les vents maritimes, ces très belles aquarelles magnifiant des cieux crépusculaires. Tout comme il a su restituer la « langue jeune », un brin agaçante pour les « darons » et « daronnes » que nous sommes, avec des « genre », des « trop pas » et des « de ouf » à foison, Pomès sait parfaitement croquer les postures de ses personnages, alliant naturel et dynamisme. Couleurs et cadrages appropriés font le reste. La petite trouvaille réside dans les mini-phylactères représentant par des logos les bips des smartphones (notes de musique, enveloppes, appareils photo…). Si l’on peut admettre que la narration aurait pu être plus resserrée (sans ces quelques digressions dont on ne saisit pas forcément l’intérêt), la conclusion est magnifique, avec cette parenthèse enchantée, d’une poésie sublime, où Gabriel et Luna sont assis sur la plage déserte, face à la mer. Tandis qu’à proximité, leurs camarades désœuvrés s’abiment et se noient dans les excès d’une fête pour oublier la grosse panne internet, les deux ados qui ne pouvaient pas communiquer vont finalement s’avouer leurs petits secrets sous la lune, provoquant (peut-être) l’émotion et l’indulgence des dieux vengeurs… Rien que pour ce passage, la lecture de « Moon » vaut amplement le détour !

29/04/2022 (modifier)
Par bab
Note: 4/5
L'avatar du posteur bab

Pomès livre ici une chronique adolescente habile et touchante. Dans ce récit, nous suivons une année de vie d'adolescents d'une station balnéaire marquée par deux événements majeurs : le premier récurrent avec la fin de la saison touristique et la rentrée scolaire qui l'accompagne, et le second, la perte de l'antenne relais qui prive nos jeunes protagonistes de tout liens numériques. J'ai trouvé la narration habilement menée, avec des partis pris que l'on peut discuter, mais qui ne rendent pas le récit, ni ennuyeux, ni maladroit. Ces partis pris sont pour moi le choix d'une première partie qui nous fait connaître nos adolescents dans leurs quotidiens, leurs habitudes et leurs contextes de vies personnelles et familiales. Certains sujets sont abordés sans forcément devenir le cœur de l'histoire : les pièges des réseaux sociaux, du partage par forcément consenti d'images personnelles, de la violence dans un foyer, de l'importance du physique entre adolescents, ... Tout cela nous aide à cerner chacun des personnages, sans pour autant s'appesantir sur l'évident et risquer de rentrer dans les poncifs. Pomès aborde ces thèmes en nous montrant tour à tour les adolescents bienveillants, parfois cruels mais pas forcément méchants. Je rejoins pol, peut-être qu'on aurait aimé les voir un peu plus longtemps désœuvrés face à la perte de leurs portables, mais à part à gagner en situations de narration, à jubiler de leurs impuissances face à leurs addictions numériques, je ne suis finalement pas sûr que le propos aurait été plus fort. Tout y est efficacement. Graphiquement, certaines planches sont sublimes, d'autres peuvent sembler déroutantes dans le traitement des personnages. L'ensemble est cependant joliment traité, avec des cadrages habiles. Malgré un choix graphique fort, tout est lisible avec une belle mise en couleur.

11/04/2022 (modifier)
Par pol
Note: 3/5
L'avatar du posteur pol

Moon est un roman graphique qui traite de l'adolescence. Et plus particulièrement de lien social entre les ados et de dépendance à leur téléphone portable et aux réseau sociaux. Tout commence par cette couverture poétique et mystérieuse qui invite à se plonger dans le récit. Le début plante le décor : une station balnéaire de Méditerranée, désertée de son flot de touristes. On fait connaissance avec les ados qui reprennent le chemin du collège. A ce moment là on a un peu le sentiment qu'on va lire un drame car il y a une certaine tension dans l'air. Mais cette découverte des ados se prolongent et au lieu de virer dans le polar, le récit reste ancré dans la chronique sociale et les liens entre adolescents. On sait que cette période est difficile, les enfants sont parfois cruels entre eux. Ils ne laissent rien passer. C'est montré ici avec justesse. On a de vrais petits ados rebelles qui se font des crasses à la moindre occasion. Les dialogues sonnent justes, c'est presque agaçant tous ces tics de langages ... c'est donc que c'est particulièrement bien écrit. Et bien évidement le fléau moderne, le portable, est au centre des évènements. Rien ne se dit sans être relayé sur les réseaux, rien ne se passe sans devenir une story sur le téléphone de toute la classe. Voilà mis en image la triste banalité du quotidien des ados d'aujourd'hui. Le graphisme contribue bien à l'ambiance générale de l'album. Il y a un coté triste dans certaines planches. Ça fait écho au quotidien de ces enfants. Par exemple les vues de la ville déserte en double page montre toute la solitude qui doit se dégager de ces petites villes côtières une fois la saison terminée. C'est très réussi. Par contre j'ai trouvé moins convainquant le dessin des personnages, avec par moment quelques traits et proportions étranges. Le petit twist de l'album, une panne d'antenne réseau et donc d'internet, va chambouler ces habitudes. Les ados vont devoir l'espace de quelques jours revoir leur mode de vie tant leur canaux de communication sont bouleversés. C'est amusant de les voir face à cette situation inattendue, mais cela intervient un peu tard dans l'album. C'est finalement juste une petite péripétie agrémentant un roman graphique, qui met en lumière la vie des ados en 2020.

01/04/2022 (modifier)