Celle qui parle
« Fille d'un chef déchu, offerte comme esclave, elle est devenue l'une des plus grandes figures féminines de l'Histoire ».
1454 - 1643 : Du début de la Renaissance à Louis XIII Auteurs espagnols Esclavage La BD au féminin Le Meilleur de Bamboo Les Aztèques Les Mayas Les prix lecteurs BDTheque 2022 Mexique et mexicains
XVIe siècle. Malinalli est la fille d'un chef d'un clan d'Amérique centrale. Peu de temps après la mort de son père, elle est vendue à un autre clan pour travailler aux champs et satisfaire la libido de son nouveau maître. Un jour, d'immenses navires apparaissent à l'horizon, commandés par Hernan Cortez, obsédé par la recherche d'or. Le conquistador repère Malinalli et son don pour les langues. Elle sera son interprète et un des éléments clés dans ses espoirs de conquête. Elle sera également celle qui aura le courage de dire un mot interdit aux femmes de son époque : non ! Au-delà de la légende, voici l'histoire de la Malinche, vivante, jeune, inexpérimentée, souvent dépassée par les événements, mais avant tout, humaine.
Scénario | |
Dessin | |
Couleurs | |
Editeur
/
Collection
|
|
Genre
/
Public
/
Type
|
|
Date de parution | 30 Mars 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Au début je pensais tomber sur une histoire de Pocahontas. Mais pas du tout. Cette jeune femme n'était qu'une marionnette des hommes de sa vie. Par force elle nous montre le courage parcouru pour devenir une femme respectable et indispensable envers ces hommes autrefois aveugles. Elle nous montre aussi tous les sacrifices qu'il faut faire dans le silence et la colère. Dès le début elle était promise à un grand destin. Passant de fille de chef à esclave, jusqu'à être la parole des plus grands chefs . Ce récit tend à nous faire voir la force des mots à travers les conflits humains. Et nous rappelle le chemin éternel mené par nos ancêtres pour nous permettre de lever la voie...
Un album qui se rapproche par certains aspects de l'excellent Phoolan Devi, reine des bandits : la biographie d'une femme au parcours difficile dans un monde violent dominé par les hommes et je rejoins les avis sur la ressemblance des dessins. Je découvre Alicia Jaraba Abellan, et elle a beaucoup de talent. Une biographie romancée de Malinalli dit La Malinche, fille d'un cacique et devenue esclave. Elle va avoir un rôle crucial auprès d'Hernán Cortés dans la conquête espagnole sur les peuples d'Amérique Centrale, grâce à sa connaissance des langues et des coutumes locales. Un récit palpitant grâce à la justesse de la mise en scène. Je respecte les choix de l'autrice sur l'orientation qu'elle a choisi pour nous présenter ce personnage controversé, pour certains une traîtresse et pour d'autres le symbole du peuple mexicain moderne. Des choix qui restent cependant discutables (elle sera la maîtresse de Cortés à partir d'octobre 1519 et elle lui donnera un fils), mais cela n'enlève en rien à la qualité de cet ouvrage, il faut juste ne pas être trop pointilleux et fermer les yeux sur certains faits avérés. Un dessin lisible et lumineux qui met bien en valeur les décors et les personnages, il est pour beaucoup dans mon plaisir de lecture. Je recommande.
« Celle qui parle » est un très bel album découvert à l’occasion du dernier festival d’Angoulême. C’est avant tout la couverture qui avait attiré mon attention, me rappelant celle de l’excellent Phoolan Devi, reine des bandits, à tel point que j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’un nouvel album de Claire Fauvel. Après ma lecture, j’ai pu constater qu’il y avait d’autres similitudes entre ces deux albums : d’une part le sujet, puisque tous les deux dressent le portrait de femmes fortes qui, dans un contexte difficile, prennent leur destin en main et marquent l’histoire de leur empreinte ; d’autre part dans le traitement, car je persiste à trouver des ressemblances entre les dessins des deux autrices, ainsi que dans la sensibilité qui se dégage de leurs albums. Pour en revenir à « Celle qui parle », à la lecture du quatrième de couverture, j’ai trouvé au premier abord le sujet intéressant. Mais après avoir acheté l’album, je n’étais plus très sûre d’avoir envie de me plonger dans la lecture, craignant un récit trop didactique. Cela explique que j’ai laissé passer près d’une année avant d’enfin l’ouvrir, pour découvrir qu’en fin de compte il n’y a rien de rébarbatif dans cet album, bien au contraire. La Malinche, personnage principal de ce récit, a réellement existé, et est très connue au Mexique ; mais comme cela est expliqué à la fin de l’album, peu d’informations avérées la concernant sont parvenues jusqu’à nous. Alicia Jaraba Abellan a donc romancé en partie son histoire ; l’album n’est donc pas une biographie de la Malinche, mais plutôt une porte d’entrée vers son histoire, qui permet de la mettre en lumière. Cela permet d’éviter l’écueil d’une succession d’événements relatés froidement comme cela peut parfois être le cas dans les récits biographiques. Au contraire, l’histoire est bien construite, racontée avec fluidité (bien que je me sois un peu perdue entre les différentes tribus, mais sans que cela ne gêne réellement ma compréhension du récit), et parvient à transmettre des émotions. Le personnage de Malinalli est très intéressant, je l’ai suivie avec grand intérêt dans son parcours qui la mène à faire des choix souvent difficiles. Son attitude très moderne n’est sûrement pas très fidèle à la réalité, mais je trouve que cela permet de mieux s’attacher à elle. Une fois ma lecture entamée, j’ai eu du mal à reposer l’album avant la fin. Et pour ne rien gâcher, le dessin d’Alicia est vivant, rehaussé par une belle palette de couleurs. En conclusion, « Celle qui parle » est un album très réussi, qui permet d’en apprendre un peu sur un personnage sans doute méconnu dans notre pays, et de voyager aux côtés d’une héroïne attachante et déterminée.
Une biographie romancée sur La Malinche, une figure controversée vu que c'est une Indienne qui a aidé les Espagnols contre les Aztèques. Comme je ne connais pas trop cette femme, je n'ai aucune idée de ce qui est vrai ou non dans ce récit. J'ai trouvé que le résultat était pas mal sans être spectaculaire. Il faut dire que j'ai déjà lu ou vu des œuvres de fiction basées sur la conquête de l'Amérique du sud par les Espagnols et j'ai eu l'impression d'avoir déjà vu plusieurs scènes une bonne dizaine de fois. Le coté original et intéressant de l'album vient du fait que pour une fois on voit le point de vue des tribus indigènes prises entre l'empire sanguinaire des Aztèques et les conquistadors qui n'étaient pas mieux (il y a aussi les Mayas, mais eux sont montrés sous un jour un peu plus sympathique). L'autrice dénonce l'impérialisme, l'esclave et l'oppression en général. J'ai bien aimé le dessin. C'est globalement bien fait, mais ça n'a pas été une lecture très marquante.
Le principal problème de cette BD qui a par ailleurs de réelles qualités, et l’intérêt d’aborder une personnalité méconnue en France (mais très controversée au Mexique) ainsi qu’une période bien précise, c’est sa présentation biaisée qui met mal à l’aise. Certes ce n’est pas mal de rappeler que les Aztèques, peuple guerrier conquérant étaient certainement craints et haïs de leurs voisins, ce qui a sans nul doute facilité l’avancée des conquistadors. Mais la BD atténue et élude la brutalité, la cruauté et les massacres de masse commis par Cortès : il a conservé son autorité sur les Espagnols avec des méthodes très dures brièvement évoquées. En ce qui concerne les dizaines de milliers de morts indiens (entre 5000 et 6000 à Cholula, entre 120 000 et 140 000 morts à Tenochtitlan, la torture des Aztèques dont il voulait découvrir les trésors, les pillages, les trahisons…) tout cela est à peine suggéré en une unique vignette de l’incendie de Cholula vu de loin et sans qu’on aperçoive le moindre amérindien massacré, ni leurs meurtriers. Dans l’épilogue, la rencontre très apaisée à Tenochtitlan qui présente presque comme deux chefs égaux en train de faire la paix, sans que les violences du siège, les combats, les massacres n’aient seulement étaient évoqués. Et tout le reste du temps, le personnage de Cortès est présenté de façon nettement positive et traité avec une grande bienveillance, ainsi que globalement les Espagnols dont le principal défaut réside dans une hygiène approximative. Leur approche de la conversion des indigènes et du combat contre les coutumes païennes est nettement édulcorée. Les personnages sont bien dessinés, très expressifs, et l’utilisation des couleurs est bien réussie. D’un point de vue du récit, il a l’intérêt de se poser la question de la personnalité de La Malinche, de sa vie et de ses choix, de ce qui l’a amenée à aider les Espagnols dans leur conquête. Le résultat est un beau personnage romanesque, qu’il soit proche ou loin de ce qu’a été réellement La Malinche. Peut-être que l’auteur veut exprimer l’idée que pour La Malinche, les Mexicas étaient pires que les Espagnols, ce qui était peut-être la façon dont elle voyait les choses (on ne le saura jamais). Mais omettre à ce point les crimes de la conquête du Mexique par Cortès, fut-ce pour montrer celle-ci d’un point de de vue subjectif, est gênant.
Je dois reconnaître que sans les bons retours du site, je n’aurais pas approché de sitôt cet album. La faute à mes préjugés sur l’éditeur et à un dessin sans plus au premier abord … une grossière erreur !! J’ai beaucoup aimé. Une plongée dans la culture précolombienne très intéressante et agréable à suivre, il faut dire que je ne suis pas expert en la matière mais j’ai trouvé que c’était ici restitué de façon très fluide et sans lourdeur, sur le sujet j’ai lu quelques albums beaucoup moins digestes. Voilà pour le cadre. Mais ma sympathie pour l’œuvre va sur d’autres découvertes. L’autrice tout d’abord, elle assure seule un boulot magnifique, un dessin et des couleurs qui vous attrapent, un séquençage réussi, un album que j’ai lu d’une traite, complètement happé. Puis le sujet, j’ai adoré le traitement proposé pour ce personnage de la Malinche, on sait peu de choses sur elle mais l’autrice en propose une vision « contemporaine » auquel j’ai grandement adhéré. On assiste à ses jeunes années jusqu’à sa rencontre avec Cortès et la naissance de Celle qui parle, un portrait romancé donc mais crédible, réussi et accrocheur. Je conseille et d’autant plus à ceux ayant apprécié Médée (Le Callet / Peña) et Milady de Winter, j’y ai vu beaucoup de similitudes.
J’ai adoré cette histoire de la Malinche. Une histoire romancée basée sur des faits réels mais l’autrice comble les zones d’ombres de la vie de ce personnage historique par une proposition très convaincante. Le Mexique de l’époque m’a semblé très bien rendu et ce périple de la Malinche, qui reste à taille humaine, est réellement passionnant. L’auteur nous invite à suivre cette aventure sur une carte de la région et l’on s’aperçoit que de Potonchan a Tenochtitlan, il y a peut-être 300 kilomètres... Oui mais ces 300 kilomètres nous font traverser beaucoup de paysages et surtout de cultures amérindiennes et de langues ! Cette différence d’échelle par rapport à l’envahisseur espagnol est assez saisissante. L’autrice le dit en postface : la Malinche est un personnage clivant, souvent considérée comme traîtresse à son peuple et la vision proposée ici est à la fois romancée et orientée. Mais j’ai Beaucoup apprécié cette idée que Celle qui parle, simple interprète, jeune femme amérindienne d’une culture dominée par les hommes, subissant une invasion espagnole, ait pu influencer par la parole, par la culture, par la communication, la grande histoire… Un mot sur le dessin, qui n’est pas en reste, un dessin semi réaliste qui convient parfaitement à l’histoire et une colorisation très réussie, sachant rendre les ambiances. J’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec l’autrice : il s’agit de sa première BD… de plus de 200 pages…pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !
Inspiré d'un personnage authentique, Alicia Jaraba nous conte l'histoire romancée de la Malinche. Peu de passages de la vie de la Malinche sont validés par des récits historiques. Pour combler ces périodes de sa vie méconnue, l'autrice créée un personnage principal peut être idéalisé mais telle qu'elle l'a ressentie au travers des rapports des gouvernements de l'époque. Une héroïne qui sert d'interprète entre des cultures opposées, témoin à la fois active et passive de l'invasion des occidentaux de l'Amérique. Elle utilise son don pour les langues pour permettre la communication entre les représentants des différents états. L'autrice au travers de la vie de la Malinche dénonce l'oppression des cultures dominantes, les sacrifices humains des mexicains ou la soif irraisonnée de l'or des occidentaux. Avec comme point commun pour tous les partis, la volonté de dominer l'autre pour l'opprimer et la manière est identique en étant cruel et féroce. Elle décrit avec réalisme la place des femmes dans toutes les sociétés à cette époque et le quotidien des esclaves. Le dessin et les couleurs sont classiques et agréables, ils sont adaptés à cette version de l'histoire plus romancée que réelle. Une vision contemporaine de la vie de la Malinche intéressante à lire.
Je n'arrive toujours pas à m'enlever de la tête que cette BD n'est pas de Claire Fauvel, auteure de Phoolan Devi, reine des bandits, tant j'ai trouvé des similitudes dans la couverture et le sujet de cette femme historique. Mais non, c'est bien Alicia Jaraba Abellan qui en est l'auteure, mais ça reste une démarche qui me semble parallèle. La Malinche est une figure de l'Histoire assez complexe à étudier, entre la maigreur des sources que l'on a sur elle et le fait qu'elle soit présente dans un contexte trouble, entre un empire espagnol qui découvre le Mexique, des Mayas qui vivent sur place et des Aztèques qui colonisent un empire sans cesse plus gros. Sa vie est tellement mal connue qu'on ne connait pas sa date de mort ! Autant dire que c'est un sujet passionnant qu'il faut décrypter entre les trous des sources. Mais ces personnages ont quelque chose qui attire (comme Geronimo de Aguilar, qui apparait dans la BD, et Gonzalo Guerrero, considéré comme l’ancêtre des métisses amérindiens), parce qu'ils sont à la frontière de deux mondes et donnent des aperçus très différents selon les peuplades qui les considère. Bref, tout ça pour dire que je suis déjà ravi de voir une BD sur la Malinche, et que celle-ci est très réussie à mon gout. Sans aller jusqu'à nous proposer une thèse historique (ce qui serait assez difficile), la BD parle d'une manière assez bien trouvée de la place de la Malinche dans ces épisodes historiques : c'est une femme qui parle, celle qui lie les cultures entre elles en comprenant et transmettant. J'aime beaucoup cette idée, surtout que couplée à un message sur la place des femmes et l'oppression qu'elle a pu subir (en tant que femme, maya et esclave), cela donne à l'histoire un ton qui déborde de simplement son propos historique pour un message plus contemporain. Un message qui ne fait pas du tout forcé, à mon gout, mais qui marche très bien avec le propos. Le dessin est réussi, avec une représentation qui m'a fait plus sentir les terres Mexicaines, déchirées entre cultures et pouvoirs différents, dans laquelle l'eau est une denrée précieuse et la jungle omniprésente. D'autre part, le rendu des couleurs et des ambiances a quelque chose qui nous plonge dans le récit. C'est très prenant à lire, le tout passe à une vitesse agréable, bref, un très bon moment de lecture qui m'a personnellement beaucoup plu ! J'en recommande la lecture.
La série Quetzalcoatl de Jean-Yves Mitton m'avait fait découvrir la complexité et la violence de l'Empire Aztèque à l'époque de l'arrivée des Conquistadors ainsi que le parcours romancé mais sinistre de celle qui sera plus tard nommée la Malinche. Ce n'est qu'en arrivant à la fin de Celle qui parle que j'ai réalisé que cet album avait pour héroïne le même personnage historique. Le ton y est en effet très différent, bien plus moderne et lumineux tout en n'épargnant pas la même cruelle réalité. La jeune Malinalli y est présentée comme une intelligente jeune fille tourmentée par la vie mais désireuse de s'en sortir. Ballotée par les évènements, trahie par un beau-père jaloux et vendue en esclavage, elle va trouver une porte de sortie dans l'arrivée des Espagnols et dans sa maîtrise des langues qui va lui permettre de s'imposer comme traductrice et conseillère auprès de Cortès. Cette BD est excellente pour plusieurs raisons. La première est la représentation du Mexique en ce début du 16e siècle qui est détaillée clairement et mise en scène d'une manière pleine de vie. Qu'il s'agisse des abjects Mexicas/Aztèques, de leurs voisins Mayas, des autres peuples de la région mais aussi des Conquistadors espagnols eux-mêmes, ils suintent de réalisme et d'humanité dans ce qu'elle a de bon et de mauvais. On est plongé dans cet univers historique comme si on y était. En même temps, le récit est présenté comme une série d'aventure, avec une vraie héroïne à laquelle on s'attache et qu'on a envie de voir progresser. On comprend bien son cheminement moral et on est à ses côtés et compréhensif quand elle sera finalement amenée à agir d'une manière qui la fera considérer comme une traitresse par certains alors qu'elle n'a finalement jamais dévié de sa route vertueuse et de son honneur. Elle ne fera bien souvent que réagir aux circonstances et à l'adversité, adversité qui s'acharnait visiblement contre les femmes de son époque. En cela, l'album est aussi un cri féministe, celui d'une femme qui osera finalement affirmer sa présence et son identité face au tout puissant Empereur qui domine le monde dans lequel elle a vécu et a souffert. Et cette femme, on la comprend et on la soutient dans ses choix. Ajouté à cela un graphisme très sympathique, une mise en scène fluide, aérée et dynamique, et vous obtiendrez une excellente BD d'Histoire et d'aventure.
Site réalisé avec CodeIgniter, jQuery, Bootstrap, fancyBox, Open Iconic, typeahead.js, Google Charts, Google Maps, echo
Copyright © 2001 - 2024 BDTheque | Contact | Les cookies sur le site | Les stats du site