Cinq Avril

Cinq Avril est une série d'aventure tous publics qui mêle la Grande Histoire à la petite. Le héros est un jeune homme abandonné à la naissance aux bons soins de Léonard de Vinci et des habitants du Clos-Lucé et du château d'Amboise voisin. Héritier des connaissances du grand génie mais ignorant tout de ses propres origines, il espérait les découvrir le jour de ses dix-huit ans. Mais au lieu de la révélation tant attendue, il se retrouve traqué par un inquisiteur et obligé de fuir vers la Bretagne où il va se retrouver au cœur d'une intrigue politique et militaire qui ne sera que le premier pas dans sa quête de vérité. C'est un récit dynamique, plein d'action, dont le ton oscille entre la série pour adolescents, avec une petite part d'humour et quelques discrets jeux de mots anachroniques, et un ton plus adulte notamment du fait d'un contexte historique assez fouillé. Le dessin de Noë Monin est inégal. Autant je l'avais trouvé généreux dans le premier tome, autant il se fait plus lâché, presque bâclé, dans le deuxième. Son trait souple offre des planches pleines d'énergie et de dynamisme mais certaines scènes d'action manquent de clarté car il s'y avère ardu de bien situer la position et la direction des personnages. C'est le cas par exemple la scène d'évasion d'Amboise où il est difficile de comprendre le trajet qu'empruntent la course des chevaux. En outre, la narration graphique est parfois trop rapide, avec des ellipses qui ressemblent à des raccourcis pour ne pas s'embêter. En cela, le second tome donne par exemple l'impression de se dérouler à 100 à l'heure et de ne jamais laisser une ambiance s'installer. L'intrigue est relativement originale car elle mélange des évènements clés de la grande Histoire du 16e siècle avec des manigances d'humanistes plus ou moins illuminés. Toutefois elle a tendance à partir dans tous les sens. Il se passe beaucoup de choses, le scénario est dense, empli d'une bonne dose de rebondissements et de retournements de situations. C'est à la fois une bonne chose car on en a pour son argent et pour son temps de lecture, mais cela crée aussi une confusion qui nuit à l'accroche du scénario. En effet, comme les bases de l'intrigue sont mouvantes, il est difficile de s'attacher pour de bon à la quête du héros et de ne pas voir un aspect artificiel à toutes les péripéties qui lui arrivent. En outre, ce qui caractérise ce héros, à savoir ses connaissances héritées de Léonard de Vinci, n'est que peu utilisé et parfois de manière incongrue, ce qui fait qu'il est parfois difficile de cerner le véritable intérêt qui pousse tant de monde à s'intéresser à lui. Je note en outre une belle erreur technique dans le second tome, le héros aurait en effet dû complètement voiler sa photo au moment où il ouvre sans aucune précaution sa camera obscura. Malgré quelques bons éléments et une certaine fraicheur, je ne suis pour le moment pas vraiment convaincu, d'autant que le second tome m'a moins plu que le premier. Mais je laisse encore sa chance à la suite de me convaincre.

05/05/2022 (MAJ le 18/08/2023) (modifier)

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