Sirocco
Giulio Macaione, auteur de Basilicò, met une fois de plus la famille au centre de l’attention avec une saga émouvante au format one-shot. Embarquez pour un voyage entre Venise et la Sicile, aux côtés de trois générations d’une famille pour le moins atypique.
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Mia termine le lycée et n’a qu’une idée en tête : devenir danseuse. Elle vit aux côtés d’un père affectueux qui a mis entre parenthèses sa vie intime pour l’élever, et d’une grand-mère extraordinaire qui la pousse à trouver sa voie à tout prix. Mais une nouvelle inattendue va bousculer leur quotidien : serait-ce le signe que chacun doit suivre son propre chemin ? Un récit à la fois intime et choral sur le rapport à l’existence et la liberté de choix à tout âge.
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Date de parution | 06 Mai 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J'ai été très séduit par ce roman de Giulio Macaione. L'auteur traite avec beaucoup de sensibilité de la thématique fondamentale de la liberté de choisir sa vie à trois moments clés. Mia rentre dans la vie adulte, Gianni ronronne dans un quotidien de la quarantaine très cadrée et Elsa vit l'effondrement d'une sexagénaire jusque-là très libre et dynamique. Macaione peint la psychologie des trois personnages principaux avec une si grande justesse que l'on sent un grand vécu dans les situations qu'il décrit. L'auteur déplace de façon très intelligente le centre de gravité du récit de Mia à Elsa. Un déplacement pas si naturel que ça puisque si Mia, comme tous les jeunes adultes, se posent la question de leurs lendemains, ce questionnement implique du tragique quand il est fait à l'âge d'Elsa qui a dépassé la soixantaine. Dans notre société très médicalisée qui a évacuée l'idée de la mort, les réponses d'Elsa sont bien plus courageuses qu'elles n'y paraissent. Perso j'ai connu des situations similaires. Le choix est toujours de la plus grande difficulté et devrait toujours appartenir à la personne concernée sans pressions extérieures. La narration n'est jamais pesante malgré la lourdeur des enjeux. La présence de personnages très attachants comme Enrico ou Lorenzo permet d'introduire une touche de légèreté qui dynamise le récit. "La chose la plus pénible dans la mort de quelqu'un que l'on aime, c'est que le monde ne s'arrête pas." dit Elsa en visitant la tombe de son mari. C'est l'expérience que fait Mia à son examen et c'est la morale que je comprends du travail de Macaione. J'ai apprécié le graphisme de Macaione. Son trait très fin, souple et fluide est souvent dans l'économie épurée comme les gestes de danse de Mia ou les sculptures d'Elsa. Les gestuelles sont grâcieuses. Choisir la morte saison de Venise est un choix original et décrire la ville comme un trou ennuyeux presque une provocation amusante pour les visiteurs. La mise en couleur participe au déroulé de l'histoire avec trois bichromies successives en fonction des étapes du scénario. J'ai trouvé le procédé ajoutant à l'intelligence et l'élégance du récit. Une très belle lecture qui invite à une réflexion bienveillante sur ses choix de vie.
Deuxième œuvre que je lis de cet auteur italien et deuxième coup au cœur ! Et si « Basilicò » avait réussi à me surprendre par un scénario plus original qu’attendu, « Sirocco » m’a séduit par la sincérité et l’émotion qui s’en dégagent. Nous sommes ici devant un pur roman graphique dans lequel l’auteur nous parle de la vie, l’amour et la mort. Des thèmes extrêmement classiques et déjà souvent exposés, et pourtant Giulio Macaione a réussi à me toucher. Peut-être le fait qu’il ait réalisé cet album dans un contexte bien particulier lui a t’il apporté ce petit supplément d’âme qui fait la différence. Peut-être est-ce tout simplement dû au grand talent de cet artiste, à son dessin simple et élégant, à sa narration fluide, à ses dialogues d’une grande justesse. En tous les cas, moi, je suis fan. Trois personnages pour trois générations animent ce récit. Trois personnages qui chacun endosse trois statuts : la femme, la mère, la grand-mère ; l’homme, le père et le fils ; la jeune femme, la fille et la petite-fille. Ce qui est remarquable dans l’étude des caractères est que chacun d’eux a sa propre histoire, aucun n’est enfermé dans un statut rigide. Et grâce à cela, le récit sonne juste et aborde énormément de thématiques liées à la vie, à la liberté de choix, au deuil, à l’amour, à la mort. Autour de ces personnages gravitent quelques rôles secondaires qui permettent d’encore étoffer la richesse de ces rapports humains. Aucun rôle n’est négatif même face à la mort ou à la maladie, tous sont constructifs et bienveillants, même si cela n’empêche pas les frictions, et en cela cet album fait aussi du bien. J’ai vraiment été ému par la fin de l’album et si le thème de la danse classique n’est pas vraiment celui qui m’attire a priori, les planches qui lui sont consacrées sont parmi celles qui m’ont le plus touché. Il est question d’art, d’amour, de la nécessité de profiter de l’instant présent et de celle de s’accrocher à ses rêves -quand bien même l’une semble être un obstacle pour l’autre- il est question de la vie, tout simplement… et de la mort. Un très bel album.
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