L'Homme de l'année - 1989
Une ancienne étudiante chinoise naturalisée australienne, rencontre un ancien dirigeant des services secrets chinois qui recherche la trace perdue de son fils après les événements de la place Tian'anmen
1961 - 1989 : Jusqu'à la fin de la Guerre Froide Chine Documentaires L'Homme de l'Année
15 avril 1989, la place Tian'anmen, la plus grande place de Pékin, est envahie par une foule d'étudiants qui réclament plus de démocratie. Durant deux mois, ils vont l'occuper sous les yeux ébahis du monde et le 4 juin, l'armée va intervenir, faisant des milliers de morts. Cette répression violente et sanglante va émouvoir le monde entier. Encore de nos jours, le massacre de la place Tian'anmen n'est pas évoqué librement en Chine, on parle de 6-4, le sixième mois, le quatrième jour de l'année du coq. Le régime de Pékin a tout fait pour faire oublier ce carnage qui reste un événement marquant de la Chine contemporaine.
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Date de parution | 15 Janvier 2020 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Un album qui se laisse lire, mais je serai moins enthousiaste que mon prédécesseur. Pécau est un vieux routier de ce type de production. Il réussit pas mal à intégrer à l'intrigue des personnages fictifs, comme Sheng, prétendument haut dignitaire du Parti communiste chinois, responsable de l'appareil répressif. Car, si la narration nous place à Pékin en 1999, c'est bien la terrible répression des manifestations de la place Tienanmen en 1989 qui est au cœur de l'intrigue. Et Pécau imagine que le célèbre inconnu qui stoppe momentanément les chars est le fils rebelle de Sheng. L'album est un quasi huis clos durant lequel Sheng présente les motivations de la répression à Lee (ancienne copine de son fils) qui, elle, explique ce qui a bien pu se passer pour elle et le fils de Sheng. Pécau invente tout ( on n'a que peu d'informations précises sur le bilan de la répression, et sur l'identité et le destin de Tank man - ici en retrait finalement), mais son récit peut passer pour crédible. En tout cas ça se laisse lire. Sinon sur les photos et la couverture "Tank man" porte un sac plastique. A un moment Sheng demandé à Lee pourquoi avait-il un sac plastique ? Elle lui répond qu'elle lui dira plus tard. Bon du coup je me disais que ce dialogue a priori sans intérêt allait par la suite déboucher sur une révélation énorme. Eh bien en fait non. Mieux on n'entend plus parler de ce sac...
Tout le monde connait cette photo et cette vidéo qui voit un jeune homme se positionner devant une colonne de chars sur la place Tian'Anmen le 4 juin 1989, et le char de tête qui essaie de le contourner, mais à chaque fois, l'étudiant chinois se remet devant... ça a été relayé dans le monde entier grâce à des photographes occidentaux ayant pris les clichés depuis le balcon de l'hôtel Beijing. Ce qui est arrivé ensuite à cet homme a connu plusieurs versions : il a été arrêté par la police, puis aurait été exécuté par un peloton quelques jours après ; selon une autre version, il serait resté en vie, ayant réussi à se cacher, et à s'exiler dans la campagne chinoise. Cet album ne s'intéresse pas vraiment à son sort en fait, juste un peu vers la fin, puisqu'il s'agit avant tout d'une sorte de huis-clos qui a lieu 10 ans après les événements de la place Tian'anmen et qui développe un face à face tendu entre Lee et Sheng qui représentent 2 conceptions de la liberté et du régime de Pékin, 2 regards sur le monde que tout oppose. Lee est une étudiante chinoise qui était la petite amie de Han, l'homme qui s'est interposé ensuite devant les chars et que l'on surnommera Tank Man. Sheng est un ancien dignitaire du régime, dirigeant les services secrets et dont Han était le fils. Le récit est fictif mais tout le talent de Pécau est de rendre ce récit plausible et réel, c'est très bien conçu. Sheng est un personnage crée par Pécau qui sert à expliquer froidement les raisons qui ont poussé le régime de Pékin à agir et la manière dont il a éradiqué le désordre crée par les étudiants chinois qui réclamaient un peu plus de liberté. Peu d'informations sont connues sur ces événements tragiques, le récit est une approche historique crédible qui s'appuie à la fois sur l'image qu'on connait de cet étudiant arrêtant les chars, symbolisant à jamais la liberté face à la force armée, et sur les raisons qui ont conduit à ce massacre qui a fait des milliers de morts, et qui reste inacceptable pour des démocraties occidentales. Tout y passe, sont évoqués la marche triomphale de Mao, le petit livre rouge, la révolution culturelle... tout ceci est débité avec morgue et arrogance par Sheng au seuil de la mort, alité sur un lit médicalisé et sous respiration artificielle, mais qui trouve toujours à justifier cette répression et le bien fondé du régime de Pékin. J'aime beaucoup le dessin de Gin qui me rappelle un peu ceux de certains auteurs de la collection Vécu chez Glénat, c'est un trait assez épais, aux jolis contours, très fluide, et qui cerne parfaitement l'environnement et le décor choisis. Cet album est une nouvelle réussite de cette collection Homme de l'année, c'est une leçon d'histoire froide, amère et horrifiante, mais très juste et très édifiante. Un album captivant en dépit d'un dialogue abondant mais qui ne lasse pas, où tout ce qui peut être dit d'après les sources que l'on a avec le recul, est dit de façon simple et logique.
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