Naduah
L'histoire vraie de Cynthia Ann Parker devenue Naduah après son enlèvement par les Comanches et qui sera arrachée une nouvelle fois à sa famille par les blancs.
1816 - 1871 : De la chute du Premier Empire à la Commune Biographies Indiens d'amérique du nord La BD au féminin Le Texas, de la domination espagnole aux Etats-Unis Les Comanches
Après son enlèvement lors de l'attaque du fort où elle vivait, Cynthia Ann Parker devient Naduah pour les Comanches. Elle vivra de 9 à 33 ans au sein de la tribu s'adaptant et adoptant les coutumes des Indiens. Mariée, trois enfants et heureuse elle vivra une nouvelle déchirure lorsque les blancs viendront la récupérer de force l'arrachant à ceux qu'elle aime.
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Date de parution | 09 Mars 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
J’ai eu du mal à me faire au dessin de Vincent Sorel. Non pas qu’il soit mauvais, au contraire, il est plutôt agréable, doux, fluide. Mais le côté « brouillon » et surtout les traits un peu enfantins de certains personnages m’ont un temps troublé, dans un récit qui se veut « adulte » et noir. Mais au final, je m’y suis fait. L’album s’inspire de l’histoire vraie d’une femme qui a vu deux fois sa vie brisée – lorsqu’adolescente elle a été enlevée par les Comanches, puis lorsque des Blancs l’ont brutalement séparée de son mari et de ses fils comanches pour la ramener contre son gré « à la civilisation ». Si je ne connaissais pas vraiment Cynthia Ann Parker, je savais que ce cas de figure s’est présenté à plusieurs autres femmes, et je connaissais surtout l’un de ses fils, qui deviendra ensuite, sous le nom de Quannah Parker, un grand chef Comanche (mais qui ne reverra donc jamais sa mère). Surtout, les amateurs de westerns comme moi feront facilement le lien avec un film inspiré par cette histoire (histoire toutefois grandement modifiée), « La prisonnière du désert ». Un sujet triste mais intéressant donc, qui montre la brutalité des mœurs dans cette Amérique du milieu du XIXème siècle, et surtout envers les femmes. Ce qui met d’autant plus en valeur la force de Naduah, qui pourtant a fini brisée. Un univers empli de violence donc, mais celle-ci est montrée ici de façon brève : les deux attaques extrêmement meurtrières et violentes durant lesquelles Cynthia/Naduah a été enlevée aux siens. C’est brutal, dans tous les sens du terme, et la relative brièveté de ces scènes (où des tons rougeâtres dominent) au milieu d’un récit assez lent et presque doux, accentuent l’effet dévastateur de cette violence. De la même manière, la mort de Naduah ou de sa petite fille n’est pas montrée, mais cela n’empêche pas que le lecteur ressente tristesse et injustice pour ces êtres ballotés par l’obscurantisme. Séverine Vidal a choisi comme personnage principal une jeune adolescente, Anabel, qui va s’intéresser au sort de Naduah (c’est chez elle et son père qu’elle est d’abord « recueillie »). C’est un personnage vif, espiègle, attachant. Mais si Anabel dynamise le récit, elle lui fait aussi perdre un petit peu de crédibilité. En effet, c’est une gamine rebouteuse, sorte de « garçon manqué », d’une maturité sans commune mesure avec son âge. Bref, un personnage sympathique, attachant donc, mais quand même improbable. Mais bon, l’album se laisse lire facilement, et permet de découvrir un sujet et une femme illustrant la violence et l’incompréhension qui ont pourri les relations entre Blancs et Amérindiens. Note réelle 3,5/5. PS: ceux que le sujet (les Comanche et la vie de Naduah et de son fils Quanah) intéresse sont encouragés à rechercher Comanche Moon de Jackson, bien plus complet sur le sujet.
Naduah est une histoire forte dont le sous-titre "Coeur enterré deux fois" illustre bien la vie. Séverine Vidal dans l'interview de fin d'album indique toujours partir des personnages quand elle commence ses histoires. C'est là sa grande force celle de brosser des personnages bien construits auxquels on s'attache. Elle utilise ici un personnage fictif, une petite fille se prénommant Annabel, pour faire le lien entre Naduah et le lecteur. L'enfant est en dehors des préjugés de son époque et pose un regard innocent sur l'indienne. La tragédie de Naduah n'est pas dans son premier enlèvement, même s'il est violent, car elle s'adapte et trouve le bonheur dans la tribu. Non, la tragédie vient du second enlèvement celui censé la sauver de la sauvagerie mais qui la sépare de son mari et de deux de ses enfants ce qui la rendra malheureuse pour le restant de sa vie. Le récit s'attarde moins sur les épisodes violents que sur les moments d'échanges et de bonheur de Naduah renforçant l'impact des uns et des autres. Le dessin de Vincent Sorel retranscrit parfaitement le scénario. On trouve de belles cases pleine page pour les grands espaces et d'autres mettant bien en avant les émotions des personnages. La colorisation douce la plupart du temps est plus ''forte'' lors des deux scènes de bataille avec le choix du rouge et de couleurs sombres. C'est un très bel album pour découvrir le destin de cette femme maltraitée qui aurait pu vivre heureuse mais dont les hommes ont choisi le destin.
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