Sermilik - Là où naissent les glaces
L'auteur de L'Oasis nous propose ici la biographie d'un homme ordinaire qui a choisi de vivre son rêve dans l'un des endroits les plus inhospitaliers de la planète...
Biographies Documentaires École supérieure des Arts décoratifs de Strasbourg Froid. Neige. Glace Groenland Les prix lecteurs BDTheque 2022 Tribus et peuples isolés
À 18 ans Max a décidé de quitter Marseille pour s'installer sur la côte Est du Groenland. Dans le village isolé de Tiniteqilaaq où il habite depuis trente ans, il a appris des Inuits leur mode de vie particulièrement rude, à l'aune d'une nature aussi magnifique qu'impitoyable. Un parcours quasi-initiatique, fait de moments intimes ou épiques, dont Max a confié le récit à Simon Hureau.
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Date de parution | 20 Mai 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Simon Hureau publie de plus en plus il me semble (ce qui n’est pas pour me déplaire !), chez des éditeurs moins confidentiels qu’à ses débuts. Et, depuis quelques temps, plusieurs albums nous le montrent attiré par la nature (voir L'Oasis, Un Jardin extraordinaire), bref, quelque chose de moins noir et plus « naturaliste » que ses œuvres antérieures. Ici, il nous présente une sorte de biographie d’un Français, Max, ayant décidé très jeune de quitter Marseille, pour s’installer définitivement au Groenland. Changement radical, la biographie prenant aussi parfois des airs de documentaire, ou de carnet de voyage par procuration. Au travers de la nouvelle vie de Max, c’est aussi le monde inuit qu’il nous est donné à voir, mais aussi à regretter, tant sa disparition est presque au cœur de l’ouvrage. D’ailleurs, il y a un côté amusant, ou triste, mais en tout cas symbolique dans la trajectoire de Max au Groenland. En effet, à ses débuts, il a dû tout apprendre, en commençant par la langue, pour survivre dans ce milieu hyper hostile (les morts jalonnent ce récit d’ailleurs). Max est ainsi devenu un grand chasseur, respecté. Et, alors que les savoirs des anciens se perdent, que les jeunes partent pour les villes ou le Danemark, et que l’alcool et le désœuvrement font des ravages (scènes de violence très tristes), c’est Max, devenu instituteur de son village, qui réapprend aux jeunes inuits à fabriquer et conduire un traineau (remplacé par des voitures et moto-neiges), à fabriquer et diriger un kayak traditionnel, etc. Hureau nous montre en tout cas un parcours atypique, d’un homme ayant été au bout de ses rêves, au bout du monde, dans un moment charnière où le monde dont il rêvait tend à disparaitre. Même si les dernières cases semblent lui redonner espoir, ses enfants vivant à la ville n’ayant visiblement pas envie de perdre leurs racines inuites. Un beau récit en tout cas, vivant, plein d’allant, de fraicheur, et servi par un dessin simple, mais efficace. Note réelle 3,5/5
J’ai moi aussi passé un excellent moment de lecture en compagnie de Max et des Inuits de Tiniteqilaaq. J’ai adoré découvrir leur culture tellement proche de la nature, une culture parfois en porte-à-faux avec les valeurs de notre société « moderne ». Ici, survivre signifie tuer pour manger. Quand un chien de traineau désobéit, on le tue au fusil direct, pour ne pas mettre en danger le reste de la meute. Les rôles hommes / femmes et la symbiose du couple qui en découle font aussi réfléchir à nos modes de vie Européens. Il est par ailleurs fascinant et un peu déprimant d’observer la lente transformation de la communauté inuite face à la modernisation et la perte des traditions, des repères. Il faut dire que Max est un personnage attachant, avec cet optimisme inébranlable, ce souhait de vouloir rendre la pareille, en devenant prof du village pour transmettre les connaissances que les anciens du village lui avaient enseigné lors de son arrivée. La mise en image de Simon Hureau (un auteur que j’apprécie beaucoup) est réussie. Les paysages grandioses du Groenland vont rêver et voyager, et la narration est exemplaire. Un album dépaysant, et une sacrée bouffée d’air frais !
Voilà un album magnifique qui nous relate l'histoire peu banale de Max, jeune marseillais qui va découvrir le rêve de sa vie en feuilletant un documentaire dans une librairie : il sera chasseur arctique ! Forcément, ses potes le charrient, mais à compter de ce jour rien ne pourra dévier Max de cet objectif. C'est donc ce parcours exceptionnel que Simon Hureau nous relate dans cet album qui transpire d'humanité, que ce soit pour le pire ou le meilleur. Max va donc débarquer sur la côte Est du Groenland à 18 ans dans le village de Tiniteqilaaq à une période charnière pour les autochtones. Le glissement de la vie traditionnelle vers une vie plus sédentaire et "occidentalisée" est en marche et Max va en être le témoin direct. Pour sa part, lui n'attend qu'une chose : apprendre les us et coutumes locales pour devenir un chasseur arctique. Si les Inuits le regarde le sourire en coin quand ils voient débarquer le loustique, son abnégation et son opiniâtreté auront raison des apriori locaux, et Max va petit à petit trouver sa juste place dans cet univers implacable. C'est même lui qui va se retrouver à transmettre aux enfants Inuits les savoirs ancestraux qu'il s'est escrimé à apprendre et à redécouvrir. Simon Hureau réalise ici un album des plus réussit, trouvant un équilibre parfait entre le documentaire à tendance "récit de vie" et le "page turner". On est captivé de bout en bout par sa façon de nous raconter cette vie et son parcours au milieu d'une nature aussi hostile et de cette peuplade qu'il n'est pas facile d'intégrer pour les occidentaux que nous sommes. Son trait tout en douceur et en harmonies, tout comme sa mise en couleur, nous proposent des planches qu'on a le plus grand plaisir à parcourir, surtout quand il s'agit de cette nature sauvage. Une très belle découverte qui augure une belle rencontre à l'automne prochain, car j'aurais la chance d’accueillir l'auteur dans la médiathèque où je travaille ! L'occasion supplémentaire de lui poser un tas de question sur cet album !
Cet album est extraordinaire. Extraordinaire car il nous relate la vie d’un personnage ordinaire animé par un rêve peu banal. Extraordinaire car il nous relate la vie d’un peuple ordinaire confronté depuis toujours à une nature extraordinairement inhospitalière. Extraordinaire car il nous relate la fin d’une civilisation, d’une culture, et la disparition de savoirs ancestraux au nom de la mondialisation et de l’uniformisation des modes de vie. Cet album est extraordinaire car il m’a ému comme peu y parviennent. Et puis il y a l’inventivité de Simon Hureau pour nous conter la destinée de Max, usant de narrateurs peu banals, employant un ton léger pour nous parler de choses parfois extrêmement sombres, dramatiques, déprimantes. Et puis il y a le fait que cet album nous présente un peuple extrêmement écologiste mais d’une écologie de terrain si éloignée de notre vision souvent trop idéalisée de l’écologie. Leur rapport à la chasse, les liens qui les unissent à leurs chiens, la violence de certains rapports de force choquent autant que la solidarité qui unit les membres de cette communauté, le respect et l’écoute de la nature dont ils font preuve fascinent. Et puis il y a ce personnage de Max, qui est allé au bout de son rêve et qui aujourd’hui transmet à son tour le savoir qui lui a été transmis à son arrivée. Enfin il y a le fait que cette histoire est réelle, qu’il ne s’agit en rien d’une fiction et qu’elle constitue un extraordinaire témoignage d’une culture appelée à disparaître mais pour laquelle certains se battent avec l’énergie du désespoir. Dois-je vraiment vous préciser que j’ai adoré ?
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