Waco Horror - Elisabeth Freeman, l'infiltrée
Le choc des photos.
1914 - 1918 : La Première Guerre Mondiale Féminisme La BD au féminin Pionnières Racisme, fascisme
1916. Dans une Amérique encore ségrégationniste, Elizabeth Freeman est une suffragette énergique connue pour ses conférences médiatiques et son engagement en faveur des droits des femmes. Tout aussi combatif, son ami le sociologue afro-américain W. E. B. Du Bois, qui lutte pour les droits civiques et l’égalité, s’inquiète de la disparition troublante de Jesse, un adolescent qui travaillait dans les champs de coton à Waco, au Texas. Après avoir été interrogé par le shérif pour une affaire de meurtre, il semble s’être volatilisé dans la nature. Du Bois suggère à Elizabeth de se rendre au Texas pour y mener discrètement son enquête. Prétextant une conférence, elle est accueillie chaleureusement dans cet État qui se veut progressiste. Jesse Washington ? Oui, on le connaît : un féminicide l’a conduit derrière les barreaux… mais encore ? De fil en aiguille, Elizabeth découvre le sort tragique de cet homme ainsi que les photographies de l’horreur : celles qui détaillent les sévices endurés durant son lynchage et distribuées en ville… sous forme de cartes postales ! Bientôt, la curiosité de la suffragette éveille les soupçons des habitants de Waco, bien décidés à conserver dans l'ombre leur terrible secret. Le duo Clément Xavier et Lisa Lugrin (Prix Château de Cheverny de la bande dessinée historique de Blois pour Jujitsuffragettes) nous livre un récit bouleversant et engagé, d’après une histoire vraie qui secoua l’Amérique au début du XXe siècle. Stéphane Soularue trouve le trait juste pour illustrer ce récit dur, avec finesse et sobriété.
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Date de parution | 20 Avril 2022 |
Statut histoire | One shot 1 tome paru |
Les avis
Je découvre la collection (et les auteurs) avec cet album, je ne sais pas s’ils seront tous du même acabit mais une bien bonne entrée en matière. Emprunté et lu au pifomètre, je ne savais pas trop sur quoi j’allais tomber, un bon moment de lecture comme je les aime. Le graphisme est très agréable et c’est très bien raconté, on enquille les pages sans se rendre compte. On se laisse bercer par Elisabeth Freeman, une femme de tous les combats. J’ignorais tout du personnage, des faits et de cette enquête, merci aux auteurs d’éclairer ma lanterne de si belle manière. Dorénavant elle ne me sera plus une inconnue. Comme dit plus haut, c’est formidablement bien narré, les auteurs racontent une histoire vrai (et qui fait froid dans le dos) dans une petite bourgade américaine en 1916. L’interview en fin d’album est un beau cadeau, on découvre que les auteurs ont légèrement romancé certains passages mais ça n’enlève en rien la force et le propos, bien au contraire. Le passage raconté avec les dessins d’enfants est magistral et bien trouvé pour dénoncer une telle horreur.
En découvrant cet album et son titre, j’ai un temps pensé qu’il traitait du siège et du massacre qui se sont déroulés dans les années 1990, autour d’une secte d’illuminés. Mais en fait pas du tout, il s’agit d’une autre horreur, liée aux lynchages de Noirs, au début du XXème siècle. Le sujet est violent, mais son traitement est plutôt « doux », presque calme. Du fait du dessin de Stéphane Soularue, et de la colorisation « apaisée ». Mais aussi ce de certains choix, comme celui de montrer indirectement l’extrême violence du lynchage de Jesse Washington. Les photos existantes, qui ont choqué l’opinion à l’époque, sont ainsi seulement évoquées. Mais un très long passage, où une gamine témoin de la scène décrit ce qu’elle a vu, en accompagnant son témoignage de dessins, et d’une rare brutalité ! Cet album est aussi l’occasion pour moi de découvrir le personnage d’Elisabeth Freeman, qui a milité au sein des suffragettes anglaises (sujet exploré dans le précédent album des scénaristes, Jujitsuffragettes - Les Amazones de Londres), avant de faire de même en Amérique. Elle est aussi ici une pionnière du reportage de guerre (et quasi une enquêtrice de haut vol !), car envoyée enquêter sur cette sordide affaire par le journal d’un homme noir engagé, Du Bois (que je connaissais, lui). Beau personnage, de conviction, que cette Elisabeth Freeman, qui se rend compte que toutes les luttes sont liées, et que l’égalité des droits est valable pour les Noirs comme pour les femmes. Dans un dossier et une interview en fin d’album, les auteurs expliquent comment ils en sont arrivés à traiter de ce sujet, et il semblerait qu’ils n’aient pas modifié grand-chose à la personnalité et aux actions de madame Freeman, effectivement un sacré bout de femme et une belle personnalité. Un album intéressant et une lecture recommandée.
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