Breakwater

Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)

La rencontre émouvante de deux êtres solitaires à l’âme meurtrie, employés dans un vieux cinéma de Brighton


Angleterre Auteurs britanniques Gays et lesbiennes La BD au féminin

Le Breakwater, ce cinéma de Brighton, a définitivement connu des jours meilleurs : autrefois grande et somptueuse cette salle est désormais vide à l’exception des souris, des oiseaux, des employés occasionnels en pause, et de quelques rares spectateurs habitués. Assez étrangement, cependant, il est toujours en activité, détenu de manière indépendante par un vieil alcoolique. Chris est une femme introvertie d’une quarantaine d’années, isolée socialement et sous-employée, apparemment par choix, dont les rêves d’un diplôme en travail social sont depuis longtemps derrière elle. Mais, lorsque Dan commence à travailler au Breakwater, il ravive le désir en elle de retourner peut-être à ses études et faire autre chose de sa vie malgré — ou peut-être à cause de — leurs différences évidentes. Car Dan est gay, asiatique, et beaucoup plus jeune. Mais Dan est lui-même désemparé, il vient d’arriver en ville et ne connaît personne. Au fil des jours, une amitié va naître… Le premier roman graphique publié en français de Katriona Chapman, ouvrage époustouflant d’une jeune créatrice qui fera à coup sûr parler d’elle. Élu l’un des meilleurs romans graphiques de 2020 du New York Times.

Scénario
Dessin
Traduction
Editeur / Collection
Genre / Public / Type
Date de parution 08 Juin 2022
Statut histoire One shot 1 tome paru

Couverture de la série Breakwater © Futuropolis 2022
Les notes
Note: 3.25/5
(3.25/5 pour 4 avis)
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28/07/2022 | Blue boy
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Par gruizzli
Note: 3/5
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L'influence du cinéma social est indéniable sur cette BD. Que ce soit Ken Loach ou les frères Dardenne, il y a cette expérience d'un cinéma plus silencieux, proche de ses personnages et explorant les thématiques de l'individu face à la société. Maintenant, l'aspect social d'une œuvre ne se contente pas d'être spectatrice d'un fait sociétal. Il s'agit également d'avoir un propos sur celui-ci, généralement sur la gestion de ce souci par la société ou l'origine par un système déshumanisant et aliénant. C'est la distinction que je fais entre l'art social (porteur d'une part importante de critique, de commentaire) et l'art pseudo-social, qui verse dans le voyeurisme sans jamais s'engager. Ici, je trouve malheureusement qu'on verse plus dans le pseudo-social que dans le social. En effet, la BD développe une relation entre deux personnages très bien campés et qui sentent assez fortement la réalité, mais l'histoire en elle-même ne développe pas au-delà de leur amitié et de la vie de Dan (qui est central au récit). Je ne sais pas exactement ce que l'autrice voulait développer, même si elle évoque à la fin quelques détails qu'elle voulait spécifiquement mettre. L'histoire est surtout celle de Dan, jeune homme asiatique et gay, sujet à certains soucis. Mais finalement, j'ai l'impression que Chris, tout aussi sympathique qu'est son personnage, ne sert pas réellement le récit. Elle accompagne mais n'a pas de réelle histoire. En dehors de Dan, rien d'important ne semble se passer et le final suggère juste que quelque chose pourrait changer ensuite. Du coup, je trouve l'ensemble plutôt léger, il manque ce fond de critique ou de réels questionnements. Et vu tout les sujets qui sont évoqués, il y aurait eu l'embarras du choix pour le développement ! Niveau dessin, ça fait parfaitement le travail et je dirais qu'il m'a évoqué un peu celui de Tom Tirabosco, dans son trait charbonneux et un peu gras. On sent l'ambiance de la vielle Angleterre qui se meurt dans son coin, mais aussi les petites gens, précaires et peu éduqués. Une lecture sympathique mais qui manque clairement de consistance. Je pense que le gros défaut est l'absence claire de critique, de problématique soulevée dans le récit. Il m'aurait fallu d'avantage pour m'intéresser, là en l'état c'est juste sympathique mais je ne pense pas que je la relirais un jour.

25/10/2024 (modifier)
Par Cacal69
Note: 4/5
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Une BD qui ne vous laisse que deux choix, celui de vous emporter ou de vous laisser sur le quai à regarder s'éloigner le train de l'amitié. Il ne s'agit pas d'un train, mais d'un cinéma de quartier sur le déclin, le Breakwater, dans la ville de Brighton en Angleterre. Et ses employés forment une petite famille. Il y a Chris, une quadragénaire renfermée sur elle-même, Craig un jeune garçon paumé qui a quitté l'école, Rose une vieille femme qui s'occupe de la billetterie, Ben un vieux grincheux préposé au stand boissons et friandises et enfin Ted le patron fantomatique qui aime taquiner la bouteille. Et puis un jour arrive Dan, un jeune homme gay, asiatique et traînant un mal de vivre. Chris et Dan vont se rapprocher et nouer une forte amitié. Un récit intimiste, sur la vie des petites gens, qui prend le temps de cerner nos deux protagonistes avec une narration lente, où les cases sans texte disent plus que les mots. Katriona Chapman a su capter mon attention avec une histoire du quotidien qui sonne juste, axé sur les relations humaines et les non-dits. Tout doucement, on va voir évoluer Dan et ainsi découvrir où l'autrice veut en venir, à l'amitié toxique. Touchant et émouvant. La partie graphique dans un style charbonneux et proche du fusain sied à merveille au récit. Il retranscrit avec force cette ambiance morose qui accompagne les personnages dans cette ville hors du temps. J'aime beaucoup. Un excellent moment de lecture.

06/10/2023 (modifier)
Par Gaston
Note: 2/5
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Un roman graphique qui m'a laissé indifférent. Le dessin est correct. J'aime bien ce noir et blanc qui va très bien avec les thèmes abordés dans cet album, mais je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai trouvé le style génial. Le scénario ne m'a pas captivé. Il y a quelques scènes dans le cinéma que j'ai aimées, si ça tournait uniquement autour de ce que c'est de travailler dans un cinéma cela aurait pu donner un bon truc qui mélange l'humour et la tristesse (travailler avec le public c'est TRÈS pénible) sauf que le but premier de l'autrice est de montrer les malheurs de deux employés. Malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à m'attacher aux deux personnages principaux, à ressentir des émotions faces à leurs problèmes, sauf l'ennui, ou à trouver le récit captivant. Je me suis vite ennuyé en lisant des pages et des pages de dialogues qui ne m'intéressaient pas. Je sais pas trop pourquoi je n'ai pas accroché. Il y a aucun défaut dans le scénario qui ressort au point où je pourrais mettre le doigt sur ce qui a fait en sorte que j'ai pas aimé. C'était juste pas un roman graphique pour moi.

26/11/2022 (modifier)
Par Blue boy
Note: 4/5 Coups de coeur expiré
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Ce qui interpelle d’emblée dans ce roman graphique, c’est cette atmosphère particulière. Derrière la grisaille apparente du dessin, qui peut rebuter de prime abord, se dissimule une belle ambiance intimiste, pleine de douceur. Et pourtant, le sujet autant que le contexte n’inspirent pas forcément la gaité, et c’est là tout le paradoxe du livre. « Breakwater », c’est l’histoire d’une femme entre deux âges, résignée à son job d’ouvreuse dans un cinéma décrépit dont la splendeur s’est effacée peu à peu sous la poussière du temps. Loin des multiplexes clinquants, on y joue principalement des films d’art et d’essai. Sa vie est banale à pleurer, mais elle semble toutefois s’en contenter. Un peu timide, Chris va faire connaissance avec Dan, un jeune homme qui vient d’être recruté par le directeur du cinéma. Ces deux êtres que la solitude a rapprochés vont nouer une solide complicité, l’homosexualité de Dan écartant toute ambigüité sur le type de relation qu’il établira avec sa collègue. Mais pour ce dernier, en apparence équilibré, des événements troublants vont peu à peu se faire jour, annonciateurs du drame à venir… Alors pourquoi « Breakwater » est-il si plaisant malgré toute cette « grisaille » ? Cela tient à deux facteurs. Tout d’abord le dessin (noir et blanc bien sûr), qui laisse infuser son charme au fil des pages. Katriona Chapman a su injecter une grande sensibilité dans son trait crayonné somme toute assez rudimentaire. Et si les personnages restent expressifs malgré ce minimalisme, le charme réside en grande partie dans l’ambiance, avec plusieurs pleines pages représentant les couloirs du vieux ciné nimbés d’une lumière rasante, ou la ville de Brighton à la météo chagrine malgré sa position maritime dans l’Angleterre méridionale. L’autre facteur, c’est un scénario simplissime composé des phrases courtes et de silences. De même, l’autrice a su refléter l'humanité des personnages à travers leurs expressions. Ces personnages ordinaires, héros du quotidien à mille lieues du monde de la « win », nous sont extrêmement proches. Sans en faire des tonnes, Katriona Chapman a su leur conférer une âme qui ne peut que toucher le lecteur un tant soi peu empathique, en particulier dans les dernières pages du récit où Chris est confronté à un terrible dilemme. Et comme l’histoire se déroule dans un cinéma, il apparaît plus que logique de faire le lien avec Ken Loach. En effet, le cinéaste britannique aurait très bien pu faire un long-métrage de cette peinture sociale mélancolique, à la fois pleine de fraîcheur et de gravité, et qui laisse tout de même entrevoir une parcelle bienvenue de paradis terrestre. « Breakwater » est sans aucun doute la lecture idéale au cœur de l’été. Un moment de grâce et d’intelligence, où l’intimité rejoint l’intemporalité, loin du fracas de la vie urbaine et de ses égoïsmes. Et tout cela malgré un sujet grave mais dans lequel se retrouveront tout celles et ceux qui peinent parfois à s’intégrer à ce monde « stoned » qui nous assène en permanence ses « souriantes » injonctions à la performance.

28/07/2022 (modifier)